23/08/12 Un nogentais revendique l’usage thérapeutique

Publié le jeudi 23 août 2012 à 08H32

Nogent-sur-Seine – Un Nogentais a plaidé en faveur du cannabis prétendu thérapeutique. Il a été condamné à une obligation de soins.

« J’ai l’impression d’être condamné comme un gamin de 18 ans alors que j’ai tout fait depuis des années pour me réinsérer : j’ai monté mon entreprise, j’ai élevé seul mes deux enfants… Et aujourd’hui, je me retrouve devant vous comme si j’étais un délinquant », proteste Fabrice, un autoentrepreneur en menuiserie âgé de 42 ans, installé dans le Nogentais.
Il était poursuivi hier devant le tribunal correctionnel, pour avoir détenu dix grammes de résine de cannabis et avoir confié « dépanner » son voisin, « parce que c’est un ami depuis vingt ans ».
En ce qui concerne « l’usage » de cannabis qui lui est reproché, Fabrice, non seulement l’assume mais, attitude plus rare au tribunal, il le revendique : « C’est à but thérapeutique. Je consomme du cannabis là où d’autres prendraient des antidépresseurs. J’ai trouvé un équilibre, une stabilité avec ça et ça ne nuit en rien à la société. »

Un brin provocateur…

« Vous dites que le cannabis vous calme. Vous avez des problèmes de nerfs ? », questionne Charlène Mahot, substitut du procureur.
« Non, des problèmes de vécu », rétorque le prévenu, un homme écorché vif « par une existence difficile depuis mon enfance ».
Il ajoute un brin provocateur : « Des médecins m’ont dit de continuer si je me sentais bien. Ils m’ont assuré que ça ne représentait aucun danger pour ma santé. »
Quand il précise fumer deux joints par jour depuis l’âge de 16 ans, un des trois juges bondit : « Cela veut dire qu’au volant, vous pouvez être à tout moment poursuivi pour conduite sous l’empire de stupéfiants… »
« Deux joints par jour, je vous assure, c’est très limité. Je ne suis pas à la recherche de la défonce. Beaucoup de gens sous antidépresseurs ont sans doute, au volant, moins de réflexes que moi », expose le prévenu.
Le président Romain Leblanc, après avoir rappelé que le fils de Fabrice a récemment été condamné pour trafic de stupéfiants, demande au prévenu : « Votre fils n’a-t-il pas été influencé par votre attitude ? »
« Je me le reproche un peu bien sûr mais je n’ai jamais été un père laxiste, au contraire », affirme Fabrice.
« Est-ce que vous vous considérez comme un toxicomane ? », lance la représentante du ministère public.
« Non », répond le prévenu, tout en précisant qu’il ne comptait pas arrêter sa consommation.
Sursis et mise à l’épreuve
« Il faut lui faire comprendre que sa vision des choses est erronée. La consommation de cannabis, contrairement à ce que prétend le prévenu, est dangereuse, pour la conduite comme pour la santé et elle favorise la dépression et les maladies psychiques. En plus, c’est interdit par la loi, donc il est délinquant et quoi qu’il en dise, il est toxicomane », a souligné Charlène Mahot avant de requérir six mois de prison avec sursis et mise à l’épreuve.
Déclaré coupable d’usage et de cession de cannabis, Fabrice a été condamné en deçà de la peine requise.
Le tribunal lui a infligé deux mois de prison assortis d’un sursis et d’une mise à l’épreuve : obligation de suivre un stage de sensibilisation aux dangers des stupéfiants et obligation de soins.
« Il faut que vous voyiez un médecin différent de celui qui considère le cannabis sans risque pour votre santé », a conclu le président.

Compte rendu d’audience Valérie ALANIÈCE

Source : lest-eclair.fr 

Auteur: Philippe Sérié

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