Amende avec sursis pour un myopathe fumeur de cannabis

Souffrant de myopathie, il affirmait fumer du cannabis par « nécessité »thérapeutique mais n’a pas réussi à convaincre le tribunal correctionnel de Belfort : Dominique Loumachi a été condamné mercredi à 300 euros d’amende avec sursis et va faire appel.

Ce myopathe de 40 ans était poursuivi pour « usage et détention » de cannabis, après la découverte par la police chez sa soeur de trois plants de chanvre indien, qu’il cultivait pour sa consommation personnelle depuis 1992. La peine, assortie de cinq ans de mise à l’épreuve, est conforme aux réquisitions du parquet.

 

Atteint de myopathie depuis l’enfance, Dominique Loumachi demandait à la justice de lui reconnaître l’usage du cannabis comme une « nécessité ». Tout en admettant ne pas être surpris par la décision du tribunal, il a aussitôt annoncé qu’il ferait appel. « Je me battrai jusqu’à la cour européenne (des droits de l’Homme) s’il le faut », a-t-il ajouté une fois la décision rendue. A l’appui de son dossier, Dominique Loumachi avait fourni une attestation du docteur François Ziegler, chef de service de neurologie de l’hôpital de Belfort-Montbéliard. M. Loumachi « a une maladie neuromusculaire très rare et la pharmacopée classique ne suffit pas a soulager ses douleurs. Dans son cas, qui n’est pas fréquent, le cannabis peut être efficace », a déclaré mercredi le docteur Ziegler, qui confie avoir quelques patients dans la même situation.

A l’audience, le 14 décembre dernier, le parquet avait assuré avoir pris en compte les arguments du médecin. Mais le prévenu n’a pas « accompli l’ensemble des démarches légales pour se faire soigner », a soutenu le substitut Christophe Gérot, en charge de l’affaire au parquet de Belfort. Il existe en effet selon le parquet une procédure légale, dite de l’ATU (une autorisation temporaire d’utilisation), pour obtenir du Marinol, un cannabinoïde élaboré en laboratoires. D’après l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), une centaine d’ATU ont été autorisées en France depuis 2001, sur environ 150 demandes.

Or Dominique Loumachi refuse de prendre ce médicament « synthétique et sous-dosé », et dit préférer fumer, infuser ou cuisiner du cannabis. Dominique Loumachi estime mener un combat « pour tous les malades ». « Je ne demande pas qu’on légalise le cannabis, qui reste une drogue, mais seulement qu’on tolère son usage thérapeutique, sur ordonnance d’un médecin », fait-il valoir. Et Dominique Loumachi de déplorer « qu’on teste les salles de shoot alors qu’on oublie de parler de l’usage thérapeutique » du cannabis.

 

Source :  l’independant.fr

Auteur: Philippe Sérié

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