Bulletins IACM 2008

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IACM-Bulletin du 11 janvier 2008
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* Science: la consommation quotidienne du cannabis augmente le risque de cirrhose chez les patients atteints d’une hépatite C

Science: la consommation quotidienne du cannabis augmente le risque de cirrhose chez les patients atteints d’une hépatite C

Dans une étude menée par des chercheurs de l’université de Californie, à San Francisco, chez 204 patients atteints d’une hépatite C, la consommation quotidienne du cannabis a été associée à la cirrhose de gravité modérée à sévère. Entre 2001 et 2004, les participants ont été interrogés afin d’établir des données démographiques, des facteurs de risques du virus de l’hépatite C et de la consommation du cannabis et de l’alcool.

Les patients se sont également soumis à des tests virologiques et à une biopsie du foie. L’âge moyen du groupe de patients était de 46,8 ans: 69 % des participants étaient de sexe masculin et 49 % de race blanche. Dans les douze mois qui ont précédé l’étude, 13,7 % de patients consommaient du cannabis quotidiennement, 45,1 % occasionnellement, tandis que la consommation était nulle pour 41,2 %. Il n’a été relevé aucun cas de cirrhose pour 27,5 %, une cirrhose discrète pour 55,4 % et une cirrhose de gravité modérée à sévère pour 17,2 % des sujets.

La consommation du cannabis au cours de l’étude a augmenté de 7 fois la probabilité de développer une cirrhose de gravité sévère. Il n’a pas été relevé d’association entre la consommation quotidienne du cannabis et la cirrhose discrète. Du fait qu’un seul examen a été effectué, il convient d’ajouter que la méthode utilisée dans cette étude a été fortement restrictive en ce qui concerne l’établissement d’une possible relation temporale entre la consommation du cannabis et le stade de la cirrhose. Néanmoins, cette étude confirme les résultats obtenus en 2004, grâce à une étude française, dans laquelle la consommation du cannabis était associée à un risque plus important de cirrhose. Les auteurs ont conclu que «les individus atteints par le virus de l’hépatite C devraient réduire ou arrêter de consommer du cannabis».

Pour plus d’information, veuillez consulter: http://www.natap.org/2006/AASLD/AASLD_07.htm

Pour plus d’information sur les cannabinoïdes et la cirrhose, vous pouvez consulter les bulletins antérieurs de l’IACM, et taper le mot clé «cirrhose» sur http://www.cannabis-med.org/french/home.htm ou directement sur :

http://www.cannabis-med.org/french/bulletin/iacm.php

(Source: Ishida JH, Peters MG, Jin C, Louie K, Tan V, Bacchetti P, Terrault NA. Influence of cannabis use on severity of hepatitis C disease. Clin Gastroenterol Hepatol 2008;6(1):69-75)

Nouvelles en bref:

***États-Unis: population carcérale

Les États-Unis, qui comptent le plus grand nombre de personnes incarcérées au monde, pourraient diminuer ce chiffre de moitié et économiser 20 milliards de dollars par an en appliquant quelques réformes systématiques, dont la décriminalisation de la possession de drogue, comme le propose un groupe de chercheurs-sociologues dans une étude intitulée «Unlocking America». Dans les années 2004 et 2005, 737 citoyens sur 100 000 étaient incarcérés aux Etats-Unis contre 607 en Russie, 487 à Cuba et 98 en Allemagne. Le rapport est disponible en ligne sur: http://www.jfa-associates.com/publications/srs (Sources: JFA, novembre 2007, Telepolis du 27 décembre 2007)

***Europe: consommation du cannabis

Selon le récent rapport annuel de l’EMCDDA (European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction), la consommation du cannabis a augmenté dans les années 1990. «Des informations des plus récentes suggèrent que ce phénomène est en train de se stabiliser bien que les niveaux restent toujours très élevés.» Le rapport indique que probablement plus de 23 millions d’Européens adultes ont consommé du cannabis l’année dernière, ce qui représente 7 % de la population âgée entre 15 et 64 ans. La consommation des jeunes de moins de 15 ans reste très faible. Le rapport annuel est disponible en 23 langues sur le site de l’EMCDDA sur: http://www.emcdda.europa.eu/. (Source: EMCDDA)

***Science: douleurs

Selon une étude faite sur le modèle animal menée à l’université de Calgary, au Canada, les effets analgésiques des cannabinoïdes sont accrus chez les animaux atteints d’arthrite, comparés à ceux obtenus avec des animaux en bonne santé. (Source: Schuelert N & McDougall JJ. Arthritis Rheum 2007;58(1):145-153.)

***Science: cancer

Des chercheurs de l’université Rostock, en Allemagne, se sont intéressés aux mécanismes des cannabinoïdes permettant de réduire la propagation des cellules cancéreuses dans les tissus environnants. Ils ont traité les cellules cancéreuses humaines avec du THC ou un cannabinoïde synthétique (méthanandamide) et ont mesuré la progression des cellules grâce à un gel. L’inhibition de la propagation des cellules provoquée par les cannabinoïdes dépendait de la concentration et les chercheurs ont enregistré une baisse de 68 % de la prolifération avec le dosage minimal de 10nM de THC. Les chercheurs ont conclu que les «cannabinoïdes pouvaient donc constituer une option thérapeutique au traitement des formes de cancer les plus invasives.» (Source: Ramer R & Hinz B. J Natl Cancer Inst, du 25 décembre 2007 [Publication électronique avant l’impression])

IL Y A UN AN:

– IACM: appel à propositions pour la conférence 2007

– Finlande: un malade obtient une autorisation spéciale pour utiliser le cannabis médical

– Science: le THC réduit la pression intraoculaire et améliore l’irrigation sanguine de l’oeil

IL Y A DEUX ANS:

– Etats-Unis : Rhode Island, 11ème Etat à légaliser l’utilisation du cannabis médical

– États-Unis/ Royaume-Uni: GW est autorisée à effectuer des études cliniques aux Etats-Unis

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IACM-Bulletin du 26 janvier 2008
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* Israël: des patients peuvent obtenir une autorisation gouvernementale pour consommer du cannabis dans un cadre médical

* Science: pour les patients souffrant de douleurs neuropathiques, la nabilone a une efficacité analgésique moindre que la dihydrocodéine

* Canada: une Cour fédérale a déclaré inconstitutionnelle la loi qui permet aux producteurs de cannabis de fournir la drogue à un seul et unique patient

Israël: des patients peuvent obtenir une autorisation gouvernementale pour consommer du cannabis dans un cadre médical

Une clinique de Tel-Aviv a commencé à administrer du cannabis à des patients souffrant de cancer et de V.I.H en toute légalité et avec l’approbation du ministère de la Santé. Sans l’ébruiter, la clinique a démarré ce programme il y a six mois. La loi israélienne stipule que le cannabis peut être utilisé légalement comme médicament si le patient obtient une autorisation spéciale de la part du ministère de la Santé. Le cannabis administré est cultivé en Israël.

L’autorisation est délivrée seulement pour les patients souffrant de cancer, de V.I.H ou d’inflammation intestinale. La clinique, que le ministère de la Santé a refusé de nommer publiquement, administre la drogue en de petites quantités contrôlées à condition que le patient présente une autorisation. Un porte-parole de l’association israélienne contre le cancer déclare que la drogue peut réduire les effets secondaires pour les patients qui suivent une chimiothérapie ou d’autres traitements et que l’organisation ajoutera éventuellement d’autres informations à ce sujet sur son site web.

L’article peut être consulté sur: http://www.jpost.com/servlet/Satellite?cid=1198517303901&pa gename=JPost%2FJPArticle%2FShowFull (Source: Jerusalem Post du 6 janvier 2008, communication personnelle du Dr. Raphael Mechoulam)

Science: pour les patients souffrant de douleurs neuropathiques, la nabilone a une efficacité analgésique moindre que la dihydrocodéine.

Au Royaume-Uni, une étude clinique conduite par trois hôpitaux incluant 96 patients qui souffrent de douleurs neuropathiques, a montré que la nabilone, à un dosage quotidien maximal de 2mg, était moins efficace que la dihydrocodéine dosée de manière maximale à 240mg par jour. La nabilone est un dérivé synthétique du THC et dont 2mg produisent le même effet que 15-20mg de THC; 240mg de dihydrocodéine équivalent en gros à 24mg de morphine. Lors de cette étude contrôlée, croisée, les patients ont reçu pendant six semaines les deux médicaments à des dosages croissants ; chaque semaine de traitement a été interrompue par une période dite d’élimination d’une durée de deux semaines chacune. Sur une échelle visuelle analogue mesurant l’intensité de la douleur de 0 à 100 mm, la valeur devait être supérieure à 40 mm. Les participants ont été autorisés à poursuivre leur traitement analgésique, exception faite de la dihydrocodéine et des cannabinoïdes.

64 patients ont achevé l’étude. La dihydrocodéine a eu des effets analgésiques significativement meilleurs que la nabilone, mais les scientifiques ont remarqué «que la signification clinique de cette différence reste faible et qu’aucun de ces deux médicaments ne pouvait être qualifié de spécialement efficace». De ces 64 patients, 3 ont bénéficié d’une réduction de l’intensité de la douleur mesurée à plus de 10mm avec la nabilone et 12 patients avec la dihydrocodéine. En revanche, aucun patient n’a bénéficié d’une réduction de la douleur supérieure à 10mm avec les deux médicaments et aucun important effet secondaire indésirable n’a pu être associé aux deux substances qui, d’ailleurs, ont été bien tolérées. La nabilone a néanmoins enregistré plus d’effets secondaires faibles que la dihydrocodéine.

Le rapport complet est disponible sur: http://www.bmj.com/cgi/search?fulltext=nabilone

(Source: Frank B, Serpell MG, Hughes J, Matthews JN, Kapur D. Comparison of analgesic effects and patient tolerability of nabilone and dihydrocodeine for chronic neuropathic pain: randomised, crossover, double blind study ; BMJ, du 8 janvier 2008 [Publication électronique avant impression])

Canada: une Cour fédérale a déclaré inconstitutionnelle la loi qui permet aux producteurs de cannabis de fournir la drogue à un seul et unique patient

Une décision de la Cour fédérale déroge à une restriction clé du programme relatif à l’usage médical du cannabis: les Canadiens, à qui du cannabis a été prescrit pour soigner leur maladie, n’auront plus à dépendre du gouvernement fédéral pour s’approvisionner. La décision du juge Barry Strayer, publiée le 10 janvier, accorde aux consommateurs de cannabis à usage médical plus de liberté quant au choix de leurs producteurs et permet aux producteurs de fournir la drogue à plus d’un seul patient. Actuellement, les usagers médicaux du cannabis peuvent cultiver le cannabis destiné à leur consommation personnelle, mais les producteurs n’ont pas le droit de fournir plus d’un client.

Dans sa décision, le juge Strayer a déclaré la disposition inconstitutionnelle et arbitraire, car «elle crée un problème majeur d’approvisionnement pour les patients». Le gouvernement devrait en plus reconsidérer les demandes déposées par un groupe de patients, consommateurs de cannabis médical, qui ont introduit auprès de la justice le fait juridique d’un approvisionneur-producteur unique, a déclaré Strayer, dans sa décision longue de 23 pages. Tandis que le gouvernement soutenait que les patients consommateurs ne pouvant pas produire leur propre cannabis pouvaient toujours l’obtenir du gouvernement, en réalité moins de 20 % des patients utilisent cette source d’approvisionnement. Le gouvernement peut faire appel de la décision.

L’article peut être consulté sur: //canadianpress.google.com/article/ALeqM5itrp6kt_GluGtdJ_YR5bWOGSDKPw (Source: Canadian Press, du 11 janvier 2008)

Nouvelles en bref

***Science: V.I.H et consommation de drogue

Des chercheurs de l’université de Californie, à Los Angeles, dans une étude longitudinale qui a commencé en 1996, ont étudié les effets de la consommation de drogue sur les sous-groupes des lymphocytes T chez des hommes infectés par le VIH. Cliniquement, ils n’ont pas trouvé de lien entre la consommation de cannabis ou d’autres drogues et le nombre de cellules CD4 T et CD8 T, les pourcentages et les taux de modification de ces mêmes cellules. (Source: Chao C, et al. Drug Alcohol Depend.; du 2 janvier 2008 [Publication électronique avant impression])

***Science: tolérance aux effets du THC

Des scientifiques américains ont étudié les différences entre les effets du THC chez 30 consommateurs réguliers de cannabis et 20 non-consommateurs. A trois jours différents, les participants ont reçu du THC dosé à 0, à 2,5 puis à 5 mg de THC en intraveineuse. Comparés aux non-consommateurs, les consommateurs réguliers de cannabis ont montré une tolérance aux effets psychomimétiques, c’est-à-dire les effets du THC qui altèrent la perception, détériorent la faculté cognitive et provoquent des angoisses. En revanche, aucune tolérance aux effets euphorisants n’a été observée. (Source: D’Souza DC, et al. Neuropsychopharmacology; du 9 janvier 2008 [Publication électronique avant impression])

***Science: greffe du foie

Des recherches de l’université de Rochester dans l’Etat de New York ont été menées sur les associations entre la récidive suite à une greffe du foie et certaines variables, comme l’abus de drogue et l’addiction. La consommation de drogues n’a pas été associée au risque de récidive. Les chercheurs ont conclu que les patients connus pour abus de drogue «ne devaient pas se voir catégoriquement refuser une greffe du foie». (Source: Nickels M, et al. Exp Clin Transplant 2007;5(2):680-5.)

IL Y A UN AN

– Grande-Bretagne/Science: selon deux études cliniques, un extrait de cannabis est efficace dans le traitement des douleurs neuropathiques

IL Y A DEUX ANS

– Grande-Bretagne: pas de reclassement pour le cannabis

– Science: l’activation du récepteur CB2 diminue la perte osseuse dans l’ostéoporose

– Etats-Unis : le comté de San Diego intente un procès à l’Etat de Californie visant à interdire la loi sur le cannabis médical

– Science: le THC traite efficacement les effets secondaires de la chimiothérapie ne répondant pas aux traitements ordinaires

 

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IACM-Bulletin du 8 février 2008
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* Science : le THC est efficace dans le traitement des nausées résistant à toute autre thérapie chez un patient ayant bénéficié d’un bypass gastrique

* États-Unis: selon un jugement de la Cour Suprême de Californie, les employeurs sont autorisés à renvoyer leurs employés qui consomment du cannabis médical pourtant autorisé par la loi de l’Etat

Science: le THC est efficace dans le traitement des nausées résistant à toute autre thérapie chez un patient ayant bénéficié d’un bypass gastrique

Des médecins californiens ont présenté le cas d’une femme de 31 ans avec une longue histoire d’obésité, qui a bénéficié d’un bypass gastrique afin de réduire la quantité de nourriture qu’elle absorbait. Dans les semaines qui ont suivi l’intervention, elle a présenté des nausées importantes et une incapacité à tolérer liquides et nourriture et a dû être hospitalisée sept fois. Plusieurs médicaments antiémétiques ont été essayés, y compris un antagoniste à la sérotonine, qui n’ont procuré qu’un soulagement limité. Finalement, la patiente a demandé que son bypass gastrique soit ôté. En dernier ressort, il lui a été prescrit du THC par voie orale à un dosage maximal de 15mg par jour. Elle a remarqué une amélioration significative de ses symptômes dès les tout premiers jours de la prise et a bien toléré la médication. Son humeur et son énergie se sont rapidement améliorées et elle a commencé à tolérer la prise d’aliments par la bouche. Elle a pris du THC pendant moins de 4 semaines.

Le bypass gastrique rétrécit l’estomac et permet à la nourriture de court-circuiter une partie de l’intestin grêle. Ainsi les patients ont plus rapidement la sensation d’avoir assez mangé ce qui réduit la quantité de nourriture absorbée. Une quantité moindre de calories étant absorbée cela entraîne la perte de poids. La nausée est une complication postopératoire bien connue pour cette intervention. Très souvent, les traitements standard sont efficaces bien que, dans certains cas, des résistances soient observées. Les auteurs ont déclaré «que le THC pouvait jouer un rôle utile dans le traitement des complications postopératoires et débilitantes». (Source : Merriman AR, Oliak DA. Use of medical marijuana for treatment of severe intractable nausea after laparoscopic Roux-en-Y gastric bypass surgery: case report. Surg Obes Relat Dis, du 26 janvier 2008 [Publication électronique avant impression])

États-Unis: selon un jugement de la Cour Suprême de Californie, les employeurs sont autorisés à renvoyer leurs employés qui consomment du cannabis médical pourtant autorisé par la loi de l’Etat

La Cour Suprême de Californie a statué que les employeurs avaient le droit de renvoyer leurs employés dont le test de drogue se révélait positif suite à la prise de cannabis médical. L’arrêt concerne un ancien mécanicien de l’Air Force, Gary Ross, qui, en 1983 s’était blessé le bas du dos dans une chute de l’aile d’un avion. Afin de soulager ses douleurs persistantes, un médecin lui avait prescrit en 1999 du cannabis dans le cadre de la loi relative à l’usage du cannabis médical (Compassionate Use Act).

Deux années après avoir commencé à utiliser la drogue, M. Ross s’est fait renvoyer de son travail d’administrateur dans une société de télécommunications, après que le test de drogue se soit révélé positif. M. Ross a porté plainte en arguant que son renvoi violait les lois de l’État car basé sur un résultat injuste et une discrimination attribuable à son handicap. Mais la plus haute cour de l’État a rejeté cet argument. Le Juge Kathryn M. Werdegar a écrit que «The Compassionate Use Act ne supprime pas l’existence d’un abus potentiel de marijuana ou de la question légitime de l’employeur pour savoir si oui ou non ses employés consomment la drogue». (Source : New York Times, du 25 janvier 2008)

Nouvelles en bref

***Science: diabète

Dans un communiqué de presse, la société GW Pharmaceuticals a déclaré qu’elle a obtenu des résultats très prometteurs dans les études de pharmacologie préclinique et lors d’un essai en phase I d’un nouveau médicament potentiel au cannabinoïde pour traiter le diabète de type 2 et les troubles métaboliques associés. Le cannabinoïde naturel delta-9- tétrahydrocannabivarine (THCV), qui lors d’études précédentes se comportait comme un antagoniste au récepteur CB1, a eu des effets positifs sur les hormones, telle l’insuline, dans le modèle animal du diabète. De plus, les patients en bonne santé l’ont bien toléré. La société a annoncé qu’elle allait commencer les essais en phase II sur des patients diabétiques de type 2 dès 2008. (Source: communiqué de presse de GW Pharmaceuticals du 22 janvier 2008)

***Science: interaction de l’anandamide avec le 2-AG

Des chercheurs italiens ont fait une découverte surprenante: l’endocannabinoïde anandamide inhibe le métabolisme d’un autre endocannabinoïde, le 2-arachidonoylglycerol (2-AG), en activant le récepteur vanilloïde (VR1). Cet effet a été observé dans la région du cerveau appelée le striatium. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour déterminer la pertinence d’une telle interaction entre les endocannabinoïdes. (Source: Maccarrone M, et al. Nat Neurosci 2008;11(2):152-9)

***Science: glaucome

Des chercheurs de Virginie, États-Unis, ont montré que l’application locale du cannabinoïde synthétique WIN55,212-2 sur les yeux des rats a soulagé l’hypertension intraoculaire de ces animaux. Cet effet est principalement transmis par le récepteur CB1. Aucun effet systémique sur la circulation sanguine n’a été observé. (Source: Oltmanns MH, et al. J Ocul Pharmacol Ther, du 17 janvier 2008 [Publication électronique avant impression])

***Science: le TDAH et le trouble de la tension nerveuse post-traumatique

Une étude californienne a permi d’observer une relation entre des souches du gène qui codifie le récepteur aux cannabinoïdes CB1 et les troubles du déficit de l’attention avec hyperactivité et de la tension nerveuse post-traumatique. (Source: Lu AT, et al. Am J Med Genet B Neuropsychiatr Genet, du 22 janvier 2008 [Publication électronique avant impression])

***Science: emphysème pulmonaire

Des chercheurs de l’université de Monash de Melbourne, en Australie, ont rapporté les résultats de leur travail sur l’une de plusieurs séries de tests. Les patients en question souffraient tous d’un emphysème bulleux dans les zones supérieure et médiane du poumon. Tous étaient des fumeurs réguliers de cannabis et de tabac. Les motifs de leur consultation étaient la dyspné (4 personnes), le pneumothorax (4 personnes) et l’infection pulmonaire (2 personnes). Les auteurs ont remarqué que chez les sujets qui fumaient du cannabis, ces changements pathologiques se produisaient quand ils étaient plus jeunes (environ 20 ans plus tôt) que chez les fumeurs de tabac. (Source: Hii SW, et al. Respirology 2008;13(1):122-7)

IL Y A UN AN

– International : un comité OMS d’experts recommande le reclassement du dronabinol

IL Y A DEUX ANS

– Pays-Bas: projet d’une pharmacie spécialisée dans le cannabis médical à Groningen

– Etats-Unis/Canada: extradition de Steve Kubby

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IACM-Bulletin du 8 mars 2008
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Le rapport d’une étude de cas effectuée par Peter Strohbeck- Kuehner et ses collaborateurs de l’Institut de médecine légale et routière de l’université de Heidelberg, intitulé «Le cannabis améliore les symptômes du TDAH», a été publié le 2 mars 2008 dans CANNABINOIDS, le magazine en ligne de l’IACM. Il peut être consulté sur: http://www.cannabis-med.org/english/home.htm

ERRATUM: une erreur concernant l’American College of Physicians (ACP) s’est malencontreusement glissée dans la rédaction de notre dernier bulletin. Contrairement à ce que nous avions écrit, cette institution n’est pas la plus importante corporation de médecins aux États-Unis, mais la deuxième plus grande. Veuillez nous excuser de cette erreur.

Pays-Bas: Echo Pharmaceuticals développe le comprimé de THC namisol

Selon un communiqué de presse, la société néerlandaise Echo Pharmaceuticals a reçu plusieurs millions d’euros de la part d’un investisseur étranger afin de conduire une recherche clinique sur leur comprimé de THC namisol. Les partenaires d’Echo Pharmaceuticals sont le cultivateur de cannabis Bedrocan, ainsi que les entreprises Farmalyse et Feyecon. Le THC pour le comprimé namisol est directement extrait des plants de cannabis riches en dronabinol, dont la pureté est supérieure à 99%. Farmalyse et Feyecon ont développé un procédé spécial permettant de produire une poudre pour la confection des comprimés. Le THC des comprimés est bien absorbé par les muqueuses de la bouche.

En 1985, le marinol, un dronabinol synthétique produit par Solvay Pharmaceuticals, a été autorisé en tant que médicament aux États-Unis. Le marinol est disponible sous forme de capsules de 2,5 mg, 5 mg et 10 mg de THC dissouts dans l’huile de sésame. Le dronabinol des sociétés allemandes THC Pharm et Bionorica Ethics est obtenu par isomérisation du cannabidiol extrait des fibres du chanvre. Il est aussi possible de produire des huiles (à usage oral) et des solutions d’alcool (pour les inhalations avec un vaporisateur). Le dronabinol du sativex de la société anglaise GW Pharmaceuticals est un composant de l’extrait d’alcool de la plante tout entière. Les deux cannabinoïdes du sativex, le dronabinol et le cannabidiol, sont absorbés d’une part par les muqueuses de la bouche et, d’autre part, par ingestion de la substance liquide. Site web de la société Echo Pharmaceuticals: http://www.echo-pharma.com (Sources: Die Welt, du 25 janvier 2008; communiqué de presse d’Echo Pharmaceuticals, du 23 janvier 2008; Reuters, du 7 novembre 200; communication personnelle de Farmalyse, du 27 mars 2006)

Nouvelles en bref

***Royaume-Uni: teneur du THC

La teneur en cannabinoïdes des échantillons de cannabis saisis en 2004 et 2005 par la police au Royaume-Uni a été analysée. Sur les 452 échantillons, les plants femelles («sinsemilla») non pollinisés ayant poussé à l’intérieur étaient les plus fréquents, suivis de la résine de cannabis (haschich) et du cannabis (marijuana) importé et qui avait poussé à l’extérieur. La teneur moyenne du THC était de 2,1 % pour la marijuana, de 3,5 pour le haschich et de 13,9 % pour la sinsemilla. (Source: Potter DJ, et al. J Forensic Sci 2008;53(1):90-94.)

***Science: pancréatite

Il a été observé que la concentration d’endocannabinoïdes dans les tissus humains de pancréas enflammés a été réduite. L’activation des récepteurs de cannabinoïdes par le cannabinoïde synthétique WIN55,212-2 a réduit l’inflammation. Les chercheurs de l’université technique de Munich ont conclu que les cannabinoïdes «pourraient ainsi constituer une option de traitement des inflammations et de la fibrose dans les cas de pancréatite chronique». Ce rapport peut être téléchargé sur: http://www.pubmedcentral.nih.gov/articlerender.fcgi?artid=2253501&rendertype=abstract (Source: Michalski CW, et al. PLoS ONE 2008;3(2):e1701.)

***Science: douleurs

Les effets de la nabilone sur la perception des douleurs d’échauffement ont été testés sur des sujets en bonne santé (7 hommes et 10 femmes) lors d’une étude croisée contrôlée versus placebo. Des doses orales individuelles de 0,5 mg et de 1 mg ont été administrées. La nabilone n’a pas réduit l’intensité globale de la douleur, mais a provoqué un effet anti-hyperalgique chez les femmes à partir d’un dosage de 1 mg. (Source: Redmond WJ, et al. Curr Med Res Opin 22 Fev 2008 [Publication électronique avant impression])

***Science: infarctus du myocarde

Une étude a été menée incluant 1913 personnes ayant dû être hospitalisées suite à un infarctus du myocarde entre 1989 et 1994 dans l’un des 45 hôpitaux américains pris en compte. Les patients, par la suite, ont été suivis sur une moyenne de 4 ans. 317 patients sont décédés au cours de l’observation. Le risque de mourir d’un incident cardiovasculaire a été multiplié par deux pour les 52 patients ayant rapporté avoir consommé du cannabis l’année précédente de leur accident. D’ailleurs, le risque de mourir d’autres causes a été 5 fois supérieur pour ce groupe. (Source: Mukamal KJ, et al. Am Heart J 2008;155(3):465-70.)

***Science: nouveaux composants du cannabis

Des chercheurs de l’université du Mississippi ont trouvé six nouvelles molécules dans une des variétés de cannabis, dont quatre des cannabinoïdes de type cannabigérol. Le rapport peut être téléchargé sur: http://www.thieme-connect.com/ejournals/abstract/plantamedica/doi/10.1055/s-2008-1034311 (Source: Radwan MM, et al. Planta Med, du 18 février 2008 [Publication électronique avant impression])

IL Y A UN AN

– Science: le sativex efficace pour traiter la spasticité chez des patients SEP dans une étude clinique

– Etats-Unis : des militants pour le cannabis médical portent plainte contre le gouvernement fédéral

IL Y A DEUX ANS

– Science: le cannabis et le THC efficaces dans le traitement de l’hypertension intracrânienne idiopathique

– Science: après une dernière prise, une consommation régulière de cannabis ne peut être dépistée pendant un temps très long, contrairement à ce que l’on croyait jusqu’à présent

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IACM-Bulletin du 22 mars 2008
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La prochaine Conférence de l’IACM se déroulera les 3 et 4 octobre 2009 à Cologne en Allemagne. Les inscriptions seront ouvertes à partir du mois de janvier prochain.

* République Tchèque: la Cour de justice suprême déclare la culture du cannabis à des fins médicales légale

* Espagne: un juge déclare non coupable un patient qui cultive du cannabis médical pour sa propre consommation pendant que le gouvernement reconnait la valeur thérapeutique de la plante

* Etats-Unis: les citoyens du Michigan voteront au mois de novembre pour ou contre la légalisation de l’usage médical du cannabis dans leur Etat

République Tchèque: la Cour de justice suprême déclare la culture du cannabis à des fins médicales légale

Selon un reportage diffusé le 4 mars dernier sur Radio Prah, la Cour suprême du pays aurait déclaré que la culture de cannabis à des fins médicales ne pouvait pas être considérée comme un délit. Cette conclusion est survenue après l’examen du cas d’une patiente qui avait fait appel suite à une condamnation en première instance et qui s’était défendue en affirmant qu’elle utilisait les plantes cultivées pour réduire les troubles dermatologiques et gastriques dont elle souffrait et non pas pour les effets psychotropes de la plante. Petite parenthèse: l’usage médical du cannabis est de plus en plus répandu en République Tchèque.

D’après le verdict des juges, la simple découverte de plants de cannabis n’est pas une preuve suffisante pour condamner une personne et qu’il faut plutôt chercher à connaître l’intention de la personne. Et d’ajouter que la culture du chanvre en vue de fabriquer des pommades n’était qu’un risque mineur de santé publique et ne justifiait pas une criminalisation du fait. Suite à cette décision, le cas doit à nouveau être présenté devant l’instance subordonnée. L’article intégral est disponible sur: http://www.radio.cz/de/artikel/101535 (Source: Radio Praha, du 4 mars 2008)

Espagne: un juge déclare non coupable un patient qui cultive du cannabis médical pour sa propre consommation pendant que le gouvernement reconnait la valeur thérapeutique de la plante

Un juge de la ville de Ferrol en Espagne a déclaré non coupable un patient qui a cultivé et consommé du cannabis pour réduire les douleurs et la spasticité associées à une lésion de la moelle épinière en déclarant que «le patient n’avait pas commis de délit» contre la santé publique. En Espagne, la culture du cannabis chez soi est autorisée, et ce même en vue d’une consommation récréative. Or le patient âgé de 32 ans en question, Juan Manuel Rodriguez, a fait pousser les plants dans la maison médicalisée où il était soigné et qui dépend du service de santé nationale. Il a été dénoncé par le directeur du centre.

Pendant ce temps, le gouvernement espagnol a reconnu l’utilité du cannabis dans le traitement de certaines maladies. Le Plan national sur les drogues, récemment publié par le ministère de la Santé renseigne que «le potentiel thérapeutique du cannabis a été étudié de manière exhaustive» et qu’il existe des « preuves scientifiques démontrant son efficacité contre les nausées et vomissements provoqués par les traitements antinéoplasiques, la perte d’appétit associée au sida ou au cancer en phase finale et des douleurs neuropathiques de la sclérose en plaques.

De plus amples informations sur le cas de ce patient sont disponibles sur: http://juanma-marihuana-medicinal.blogspot.com

Le Plan national sur des drogues (Plan Nacional sobre Drogas) peut être consulté sur: http://www.pnsd.msc.es (Sources: La Voz de Galicia, du 6 février 2008; Plan Nacional sobre Drogas)

Etats-Unis : les citoyens du Michigan voteront au mois de novembre pour ou contre la légalisation de l’usage médical du cannabis dans leur Etat

Les partisans d’une initiative législative en vue d’autoriser l’utilisation médicale du cannabis sous certaines conditions viennent de collecter un nombre suffisant de signatures afin de mettre la proposition aux voix au mois de novembre. L’adoption de cette initiative permettrait aux patients de cultiver ainsi que de consommer de faibles quantités de cannabis pour traiter les douleurs associées au cancer, au sida, à la sclérose en plaques et à d’autres maladies graves. Les conditions sont une autorisation, voire une ordonnance, établie par un médecin suivie par l’obtention d’une carte spéciale afin que les patients puissent se justifier en cas de contrôle par les autorités judiciaires.

Dans quelques autres Etats américains, de telles initiatives sont également en cours. Ainsi, le 5 mars, la Commission de la Santé du Sénat de l’Illinois a voté avec six voix contre quatre pour une loi sur le cannabis. En revanche, le projet de loi similaire a été refusé par un Comité de la Chambre des représentants. Suite à un article du Drug War Chronicle, d’autres initiatives de ce type lancées par des législateurs de l’Alabama, du Minnesota, du New Jersey et de l’Etat de New York seraient en cours. Ainsi, par exemple, un sondage sur 625 votants enregistrés sur les listes électorales de l’Illinois a été récemment publié et a révélé que 68% d’entre eux soutiennent la légalisation de l’usage médical du cannabis par des personnes souffrant d’une maladie grave. (Sources: Peoria Journal Star, du 11 mars 2008; Associated Press, des 3 et 5 mars 2008 www.stopthedrugwar.org/chronicle)

Nouvelles en bref

***Science: détection du THC

Des chercheurs de l’université de Heidelberg (Allemagne) ont étudié la présence de THC 24 heures après la dernière prise chez 16 grands consommateurs de cannabis, c’est-à-dire qui fument plus d’une cigarette de cannabis par jour, (groupe 1), 15 consommateurs modérés (groupe 2) et 16 consommateurs occasionnels (groupe 3). Ils ont ainsi détecté des traces de THC dans le sang de 9 sujets du groupe 1 (56 %), 6 sujets du groupe 2 (40 %) et 1 sujet du groupe 3 (17 %). Les chercheurs ont conclu que la présence de faibles concentrations de THC dans le sang «ne pouvait pas servir de preuve évidente d’une consommation de cannabis récente». (Source: Skopp G & Poetsch L. J Anal Toxicol 2008;32(2):160-4.)

***ONU : déclaration d’Antonio Costa

La Conférence annuelle du Comité sur les narcotiques (Committee on Narcotic Drugs, CND) des Nations unies a été ouverte le 10 mars dernier par Antonio Costa, Directeur du Bureau de contrôle des drogues et de la prévention du crime (UNODC). Dans son discours, il a qualifié l’accès aux soins de santé comme étant un droit fondamental pour tout être humain en expliquant que le principe de santé devrait être la base même du travail de contrôle de la drogue. Et il a ajouté qu’il y avait toujours un nombre trop important de personnes emprisonnées et un nombre insuffisant de personnes pouvant suivre un traitement pour soigner leurs problèmes liés à la drogue. Il a également critiqué le recours à la peine de mort pour des délits liés à la drogue. D’après lui, aucun de ces délits ne pouvait justifier une condamnation à la peine capitale, en ajoutant: «Bien que les drogues peuvent tuer, je ne pense pas que nous devions tuer à cause des drogues». (Source: www.dailydose.net)

***Pays-Bas: politique des drogues

Le parlement néerlandais a décidé d’examiner la politique des drogues menée par le pays. L’objectif de cette décision consiste à définir si oui ou non la pratique de la tolérance face à la consommation de drogues douces a su limiter les risques liés à la consommation de drogues en général, comme cela a été espéré lors du développement de cette politique. En plein débat parlementaire, le ministre de la justice Ernst Hirsch Ballin a déclaré qu’il projetait d’agir sévèrement contre la production de cannabis aux Pays-Bas, notamment en ce qui concerne le nombre important de commerces qui vendent des accessoires pour les cultivateurs, tels que des graines, des lampes et engrais spécifiques. (Source: Dutch News, du 6 mars 2008)

***Science: stéatose hépatique alcoolique

Dans une étude animale, des chercheurs américains ont découvert que la consommation d’alcool a augmenté l’expression du récepteur CB1 dans le foie ainsi que la concentration de l’endocannabinoïde 2-AG. Ils supposent que l’activation des récepteurs CB1 dans le foie est responsable du développement d’une stéatose hépatique alcoolique. (Source: Jeong WI, et al. Cell Metab 2008;7(3):227-35.)

***Science: cancer

Suite à une petite étude, incluant 75 patients et 319 sujets en bonne santé (groupe témoins), des chercheurs néo-zélandais n’ont pas pu démontrer l’existence d’une relation entre la consommation de cannabis et le cancer de la tête et du cou. En revanche, ils ont pu associer la consommation de tabac et d’alcool à une augmentation du risque de développer un cancer. (Source: Aldington S, et al. Otolaryngol Head Neck Surg 2008;138(3):374-80.)

IL Y A UN AN

– Etats-Unis : le Nouveau Mexique est le douzième Etat à légaliser l’usage médical du cannabis

– Science: le dronabinol est aussi efficace que l’ondansétron dans le traitement des nausées et des vomissements post-chimiothérapie cancéreuse

– Etats-Unis : la Cour Fédérale renie les droits fondamentaux à l’usage du cannabis à des fins médicales

 IL Y A DEUX ANS

– Science/Grande-Bretagne: des résultats mitigés après une étude sur le sativex visant à traiter la spasticité de la sclérose en plaques

– Science: le THC réduit l’agitation nocturne chez des patients atteints de la maladie d’Alzheimer

– Science: la consommation régulière mais modérée de cannabis n’altère pas la mémoire ni l’attention

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IACM-Bulletin du 7 avril 2008
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* Etats-Unis : acquittement d’un consommateur de cannabis médical au Texas

* Canada: ces dernières années, les médecins ont augmenté la posologie du cannabis médical

Etats-Unis: acquittement d’un consommateur de cannabis médical au Texas

Une cour du Texas devait examiner le cas d’un homme, accusé de possession illégale de cannabis, qui avait recours à cette drogue pour soulager ses symptômes dus à une infection par le VIH. Le 25 mars, les jurés, après une délibération de moins de quinze minutes, ont déclaré cet homme, Tim Stevens âgé de 53ans, non coupable. En défense, son avocat avait argué que le cannabis était un remède nécessaire au traitement de ses nausées et de ses vomissements. Il semblerait que ce soit la première fois qu’un tel argument de défense ait eu un résultat positif. Le Texas ne fait pas partie des douze États qui ont légalisé l’usage médical du cannabis.

Tim Stevens, dont la séropositivité a été diagnostiquée en 1986, souffre de nausées et de vomissements cycliques d’une gravité telle qu’il a dû être admis à l’hôpital plusieurs fois. Il a été arrêté en octobre dernier sur le perron d’une maison en train de fumer du cannabis. Parmi les témoins cités par la défense figurait le Dr. Steve Jenison, directeur médical du Bureau des maladies infectieuses du Département de la Santé du Nouveau-Mexique, qui a témoigné que Stevens utilisait le cannabis afin de soulager ses symptômes. L’article intégral peut être consulté sur : http://www.elpasotimes.com/ci_8718541 (Source : Associated Press, du 27 Mars 2008)

Canada: ces dernières années, les médecins ont augmenté la posologie du cannabis médical

Ces dernières années, les médecins canadiens ont augmenté les posologies quotidiennes de cannabis pour les patients qui avaient recours à cette drogue dans un cadre médical. L’augmentation de la posologie prescrite est mentionnée dans un rapport récent destiné aux médecins. L’étude a aussi révélé une certaine confusion chez les médecins en ce qui concerne les recommandations de la posologie maximum du ministère de la Santé. Le rapport indique que la plupart des praticiens n’envisageaient ni ne considéraient la surdose ou une posologie au-delà d’une limite optimale.

L’étude a également montré un accord unanime voire même une approbation enthousiaste de la part des médecins pour que le ministère de la Santé commence à fournir du cannabis séché aux pharmaciens formés à ce négoce. Ils ont néanmoins suggéré que la qualité du produit soit améliorée ainsi que le prix réduit et que les assurances maladie remboursent le traitement. Le compte rendu sur cette tendance suit la campagne du ministère de la Santé de l’été dernier qui stipule de garder les posologies en deçà de cinq grammes.

L’article intégral peut être consulté sur: http://www.canada.com/ottawacitizen/news/story.html?id=327d46d2-9cc8-4fe2-a333-10a11f85169f (Source : Ottawa Citizen, du 18 mars 2008)

Nouvelles en bref

***Pays–Bas: interdiction de fumer

Le Ministre de la Santé Ab Klink a écrit dans une lettre adressée au Parlement que la prochaine interdiction de fumer dans les bars et les restaurants ne s’appliquera pas aux cigarettes de cannabis. (Source: NIS-News Bulletin, du 27 mars 2008)

***Science: effet de l’interdiction

Dans un article pour le journal Current Opinion in Psychiatry, des résultats de recherche sont résumés selon lesquels le statut légal du cannabis n’aurait que peu d’incidence sur les quantités consommées. L’auteur déclare que «presque tous les travaux antérieurs sur ce sujet arrivent à cette même conclusion: la décriminalisation du cannabis ne conduit pas à un accroissement substantiel des taux de consommation». (Source: van den Brink W., Curr Opin Psychiatry 2008;21(2):122-6.)

***Science: migraine

Des chercheurs italiens ont trouvé que le taux des protéines responsables de la dégradation de l’endocannabinoïde anandamide et de son absorption par les cellules dans les plaquettes était faible chez les patients souffrant de migraine et de céphalées dues aux médicaments. Ils ont conclu que ces modifications «pouvaient refléter un comportement d’adaptation induit par les migraines chroniques et/ou l’abus de médicaments». (Source: Cupini LM, et al. Neurobiol Dis., du 1er février 2008 [Publication électronique avant impression]

***Science: épilepsie

Il est de plus en plus évident que la perturbation du système endocannabinoïde conduit au développement de crises d’épilepsie, ce qui indique que les endocannabinoïdes jouent un rôle protecteur en supprimant l’excitabilité neuronale pathologique. De nouvelles recherches montrent que le récepteur CB1 est minoré d’un tiers dans l’hippocampe des patients épileptiques comparés aux sujets en bonne santé. (Source: Ludányi A, et al, J Neurosci 2008;28(12):2976-90.)

***Science: propriétés

Il a été montré que différents cannabinoïdes du cannabis naturel, le cannabidiol (CBD) et le dronabinol (THC) inclus, interfèrent non seulement avec les récepteurs cannabinoïdes, mais aussi avec différents sous-familles des canaux ioniques à potentiel de récepteur transitoire (TRP), le TRPV1 (canal TRP vanilloïde de type 1), le TRPA1 (canal TRP ankyrine de type 1) et le TRPM8 (canal TRP mélastatine de type 8). L’interaction avec ces canaux ioniques pourrait expliquer quelques-uns des effets des cannabinoïdes. (Source: De Petrocellis L, et al. J Pharmacol Exp Ther. du19 mars 2008 [Publication électronique avant impression])

***Science: sevrage

Des chercheurs américains ont réalisé une enquête téléphonique pour comparer l’intensité des symptômes de sevrage chez 67 consommateurs quotidiens de cannabis et 54 fumeurs de tabac qui avaient essayé d’arrêter dans les trente jours précédents l’enquête. L’intensité des symptômes était similaire dans les deux groupes, à l’exception du désir de consommer la substance et des manifestations de sueurs plus importants chez les fumeurs de tabac. (Source: Budney AJ, et al. J Subst Abuse Treat, du 12 mars 2008 [Publication électronique avant impression])

***Science: risque d’accident de la circulation

Un groupe de travail français a analysé 10000 procès verbaux d’accidents impliquant 17 000 conducteurs. Le risque proportionnel de provoquer un accident était de 1,7 pour toute la population, de 2,3 pour les fumeurs de cannabis (THC > 1 ng/ml), de 9,4 pour les consommateurs d’alcool (concentration d’alcool dans le sang > 0,5 ‰), et de 14,1 pour les consommateurs de cannabis et d’alcool. Les chercheurs ont conclu que «quel que soit l’âge, l’alcool représente le risque le plus important de créer un accident. Les jeunes conducteurs consommant de l’alcool et du cannabis doivent être les premiers visés par les campagnes de prévention.» (Source: Biecheler MB, et al. Traffic Inj Prev 2008;9(1):11-21.)

IL Y A UN AN

– Science: le THC offre un effet calmant sur le gros intestin et pourrait être bénéfique dans le traitement des douleurs abdominales

– Etats-Unis : rejet de la loi sur le cannabis médical par la Chambre des représentants du New Hampshire

IL Y A DEUX ANS

– Science: selon une importante étude clinique, le cannabis et le THC réduisent l’incontinence induite par la sclérose en plaques

– Etats-Unis : descente de police chez les producteurs de cannabis en Californie

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IACM-Bulletin du 21 avril 2008
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* Espagne: en Catalogne, des résultats positifs ont été obtenus à la suite d’une étude sur l’extrait de cannabis sativex

*Science: selon une étude de cas, le THC est efficace pour traiter le trouble obsessionnel compulsif

* Science: résultats préliminaires d’une étude sur le sativex dans le traitement des douleurs neuropathiques dues à la sclérose en plaques

* Allemagne: empoisonnement au plomb du à du cannabis frelaté

Espagne: en Catalogne, des résultats positifs ont été obtenus à la suite d’une étude sur l’extrait de cannabis sativex

Le 9 avril, le gouvernement de la Catalogne a publié les résultats positifs de son programme pilote destiné à évaluer l’extrait du cannabis sativex. Ce dernier avait été administré par voie orale à différents groupes de patients. Selon l’article publié dans la presse, les symptômes de près de la moitié des patients se sont améliorés. L’étude comptait un total de 207 patients: 32 souffraient de douleurs neuropathiques dues à la sclérose en plaques (SEP), 54 de spasticité due à la SEP, 47 de douleurs neuropathiques dues à d’autres maladies (autres que la SEP), 41 de syndrome d’anorexie-cachexie dû à un cancer ou au SIDA et 33 de nausées et de vomissements provoqués par la chimiothérapie.

Le programme pilote a commencé en janvier 2006 sur ordre du directeur du Département de la Santé en Catalogne et s’est terminé en décembre 2007. Au total 40 médecins répartis dans 6 hôpitaux de la région de Barcelone ont participé à ce projet.

Selon les déclarations de Marina Geli, la directrice du Département de la Santé en Catalogne, 53% des patients qui souffraient d’anorexie-cachexie associée au SIDA ont retrouvé de l’appétit. Le nombre de patients, atteints de sclérose en plaques et qui souffraient de douleurs qualifiées d’insupportables a baissé de 66% à 35%.

Plus d’informations sur : http://production.investis.com/gwp/pressreleases/currentpress/2008-04/09/

 

http://www.420magazine.com/forums/international-cannabis-news/

74830-study-spain-underlines-therapeutic-use-cannabis.html (Sources: communiqué de presse de GW Pharmaceuticals du 9 avril 2008; www.420magazine.com du 11 avril 2008)

Science: selon une étude de cas, le THC est efficace pour traiter le trouble obsessionnel compulsif

En Allemagne, des chercheurs de Berlin ont rapporté à l’American Journal of Psychiatry deux cas de trouble obsessionnel compulsif traités avec du THC administré par voie orale. Ces deux patients, une femme de 38 ans et un homme de 36 ans, étaient réfractaires au traitement conventionnel par neuroleptiques et antidépresseurs. Après que la première patiente eut informé ses médecins que fumer du cannabis la soulageait de ses symptômes, 10 mg de THC administrés trois fois par jour ont été ajoutés à son traitement par clomipramine. Dans les dix jours, on a pu noter une baisse significative de ses symptômes. L’autre patient, dont le traitement en cours a été conservé, était sous dronabinol et dont le dosage a été augmenté jusqu’à atteindre 10 mg de THC deux fois par jour. Dans les deux semaines qui ont suivi, on a pu observer une baisse significative des symptômes.

Les troubles obsessionnels compulsifs sont le plus communément caractérisés par l’intrusion de pensées obsessionnelles et douloureuses qui provoquent des impulsions (tâches et «rituels») effectuées afin de neutraliser les obsessions. Nombre de ces patients ne réagissent pas bien aux traitements conventionnels qui, de plus, entrainent fréquemment des effets secondaires importants. Compte tenu de l’observation que le THC est efficace dans le traitement des tics du syndrome de la Tourette, et que ce syndrome pourrait être génétiquement lié au trouble obsessionnel convulsif, les chercheurs ont émis l’hypothèse que le THC pourrait aussi réduire leurs symptômes.

Le court article (une lettre à l’éditeur) peut être consulté sur: http://ajp.psychiatryonline.org/cgi/content/full/165/4/536?maxtosh ow=&HITS=10&hits=10&RESULTFORMAT=&fulltext=Schindler&searchid=1&FIRSTINDEX=0&sortspec=relevance&resourcetype=HWCIT (Source: Schindler F, Anghelescu I, Regen F, Jockers-Scherubl M. Improvement in refractory obsessive compulsive disorder with dronabinol. Am J Psychiatry. 2008 Apr;165(4):536-7.)

Science: résultats préliminaires d’une étude sur le sativex dans le traitement des douleurs neuropathiques dues à la sclérose en plaques

Le 8 avril, la société GW Pharmaceuticals a annoncé les résultats provisoires de la phase III de l’étude contrôlée versus placebo portant sur son extrait de cannabis sativex et incluant 339 patients souffrant de douleurs neuropathiques centrales dues à la sclérose en plaques et qui n’avaient pas été soulagés suffisamment par les traitements existants. Le premier point de cette étude a été la proportion de malades dont l‘intensité des douleurs (mesurée sur une échelle numérique allant de 0 à 10) a été réduite d’au moins 30%. Puis, 50% des patients, à qui on a administré du sativex ont noté une réduction des douleurs d’au moins 30%. Mais à cause d’un nombre étonnamment élevé de patients du groupe témoin ayant répondu positivement au traitement fictif, aucun résultat notable du point de vue statistique n’a pu être obtenu, et ce malgré l’important écart des résultats en faveur du sativex entre le groupe sativex et le groupe témoin.

Après l’annonce des résultats négatifs, les actions de GW Pharmaceuticals ont perdu plus d’un quart de leur valeur en seulement une journée. Cette étude fait partie des trois études en phase III du sativex prévues pour 2008, chacune ciblant une indication bien spécifique. L’autre étude européenne en phase III de la spasticité de la sclérose en plaques demandée par les autorités AMM anglaises l’année dernière en vue d’obtention d’une autorisation de mise sur le marché pour cette indication se terminera plus tard dans l’année. Selon un communiqué de presse, la stratégie de la GW vise une AMM pour le sativex dans le traitement de la spasticité associée à la SEP en Europe et dans le traitement des douleurs liées au cancer aux États-Unis. (Sources: communiqué de presse de GW Pharmaceuticals du 8 avril 2008; Independent du 9 avril 2008)

Allemagne: empoisonnement au plomb du à du cannabis frelaté

Ces mois derniers, il a été observé en Allemagne quelques cas d’empoisonnement au plomb, principalement dans la région de Leipzig. On a relevé aussi d’autres cas notamment à Munich et à Vienne, en Autriche. Selon un rapport publié dans le New England Journal of Medicine, 29 patients ont été admis dans 4 hôpitaux dans la région de Leipzig avec les signes et symptômes d’une intoxication par le plomb, chose qui ne s’était pas produite en Allemagne depuis plusieurs dizaines d’années. Tous les patients étaient des consommateurs réguliers de cannabis et du plomb a été détecté dans le cannabis appartenant à quelques uns d’entre eux.

Une enquête judiciaire a été ouverte afin de déterminer la cause de cette dénaturation de la substance. Le plomb a probablement était ajouté à la drogue par les trafiquants pour augmenter poids et profit. Un programme de dépistage préservant l’anonymat destiné aux consommateurs de cannabis a été lancé et permis de découvrir 95 personnes avec des taux de plomb dans le sang nécessitant un traitement. Sabine Baetzing, Commissaire à la Drogue du gouvernement fédéral, a fait publier un avertissement relatif au cannabis frelaté. Plusieurs organisations allemandes ont demandé la possibilité pour les consommateurs de cannabis de faire pousser leur propre cannabis afin de réduire les risques. L’article peut être consulté sur: http://content.nejm.org/cgi/content/full/358/15/1641 (Source: Busse F, Omidi L, Leichtle A, Windgassen M, Kluge E, Stumvoll M. Lead poisoning due to adulterated marijuana. N Engl J Med 2008;358(15):1641-2.)

Nouvelles en bref

***Pays-Bas: Maastricht 

Le 1er avril, une cour du district de Maastricht a déclaré illégal le décret municipal stipulant que les boutiques et coffee-shops qui vendent du cannabis devaient refuser les clients étrangers. Désormais, les Français, les Allemands et les Belges devraient à nouveau pouvoir y être reçus. Une discrimination basée sur le «lieu de résidence» n’est pas légale au motif de l’interdiction des discriminations de l’article 1 de la Constitution, à moins qu’elle ne soit raisonnable, et assortie d’un motif qui la justifie. Or le juge a estimé que ces conditions n’étaient pas réunies. (Source: NIC News Bulletin du 2 avril 2008)

***Science: fibromyalgie

Comparés à des sujets en bonne santé, 22 sujets atteints d’une fibromyalgie primaire présentaient une augmentation du taux d’anandamides dans le sang. Les chercheurs supposent que les patients atteints de fibromyalgie pourraient bénéficier d’une manipulation pharmacologique du signal de l’endocannabinoïde.» (Source: Kaufmann I, et al. Psychoneuroendocrinology, du 4 avril 2008 [Publication électronique avant impression])

***Science: dépendance

Des chercheurs de l’université de Columbia de New-York ont reporté deux cas de dépendance au cannabis qui ont été traités avec du THC par voie orale. Ils ont conclu, qu’étant donné «que les agents agonistes n’ont pas été efficaces pour traiter les dépendances aux opiacées et à la nicotine, l’utilité clinique du dronabidiol dans les cas de dépendance au cannabis constituait une approche justifiée.» (Source: Levin FR & Kleber HD. Am J Addict 2008;17(2):161-4.)

***Science: douleurs neuropathiques

Des chercheurs anglais, à partir d’études sur le modèle animal, ont conclu que le récepteur CB2 dans le thalamus, une région du cerveau, pourrait avoir un rôle fonctionnel dans les douleurs neuropathiques. (Source: Jhaveri MD, et al. Eur J Neurosci 2008;27(7):1722-30.)

***Science: douleurs neuropathiques

Des études sur le modèle animal ont montré que l’activation du récepteur CB2 de la moelle épinière pourrait réduire la douleur après une lésion nerveuse. (Source: Romero-Sandoval A, et al. Anesthesiology 2008;108(4):722-34.)

IL Y A UN AN

– Italie: le gouvernement voudrait autoriser des médicaments à base de cannabis

– Science : une étude clinique a conclu que l’usage de cannabis ne modifie pas l’efficacité de deux traitements anti-cancéreux

IL Y A DEUX ANS

– Science: les cannabinoïdes diminuent les inflammations intestinales dans le modèle animal

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IACM-Bulletin du 5 mai 2008
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* Science: dans une étude clinique, le cannabis s’est montré efficace pour traiter les douleurs neuropathiques

* Science: le nabilone a réduit l’intensité des douleurs ainsi que des nausées chez des patients atteints d’un cancer avancé, et leur a permis de diminuer les doses d’opiacés

* Science: les cannabinoïdes peuvent être bénéfiques pour diminuer les effets secondaires indésirables associés aux médicaments antiviraux préconisés dans le traitement de l’hépatite C

* Science: dans le modèle animal du diabète, l’anandamide a été efficace pour lutter contre l’impuissance

Science: dans une étude clinique, le cannabis s’est montré efficace pour traiter les douleurs neuropathiques

Dans une étude clinique contrôlée contre placebo menée à l’université de Californie (États-Unis), incluant 38 patients âgés de 46 ans en moyenne, le fait de fumer du cannabis a permis de réduire les douleurs neuropathiques d’origines diverses (dont, entre autres, le diabète, la paraplégie et la sclérose en plaques). Á trois occasions distinctes, les participants ont reçu du cannabis dosé à 3,5 % de THC, à 7 % de THC ou encore à 0 % de THC (placebo). Lors des séances, espacées d’au moins trois jours, les patients ont respecté un protocole standardisé fixant le nombre exact d’inhalations à faire avec les cigarettes de cannabis afin de garantir au maximum le respect des dosages pour les 3 différentes teneurs en THC.

Tous les participants avaient déjà expérimenté le cannabis auparavant, mais n’avaient plus consommé ni du cannabis ni du THC (marinol) depuis un minimum de 30 jours avant le début de l’étude. 31 patients étaient en plus sous traitement avec des opiacés qu’ils ont continué de prendre pendant l’étude. Les deux dosages de cannabis contenant du THC ont provoqué une réduction notable de l’intensité des douleurs pendant plusieurs heures, et ce sans différence entre les deux doses. Les chercheurs ont souligné que «les effets psychoactifs ont été faibles et bien tolérés, mais, qu’en revanche, l’apparition de déficiences neuropsychologiques posait des problèmes, notamment dans le cas de la concentration en THC la plus élevée ». (Source: Wilsey B, Marcotte T, Tsodikov A, Millman J, Bentley H, Gouaux B, Fishman S. A randomized, placebo-controlled, crossover trial of cannabis cigarettes in neuropathic pain. J Pain, du 8 avril 2008 [publication électronique avant impression])

Science: le nabilone a réduit l’intensité des douleurs ainsi que des nausées chez des patients atteints d’un cancer avancé, et leur a permis de diminuer les doses d’opiacés

Une étude d’observation prospective sur l’efficacité du nabilone, un dérivé synthétique du THC, chez des patients atteints d’un cancer avancé a été conduite à l’université de Toronto (Canada). Pour mener ce travail, les effets du nabilone administré à 47 patients ont été étudiés puis comparés à un groupe témoin composé de 65 patients également atteints d’un cancer.

Parmi les patients traités avec le médicament cannabinoïde, les chercheurs ont observé une réduction significative de l’intensité des douleurs ainsi que de la consommation d’opiacés, et une nette amélioration quant à l’apparition de nausées, d’angoisses et de stress en général. Comparés au groupe témoin, les patients ayant reçu le traitement à base de cannabinoïdes ont moins souvent entamé un traitement avec des anti-inflammatoires non stéroïdiens, des antidépresseurs tricycliques, de l’antalgique gabapentine, de la cortisone dexaméthasone et des antiémétiques métoclopramide et ondansétrone ou, s’ils prenaient l’un de ces médicaments, ils étaient davantage enclins à arrêter celui-ci. (Source: Maida V, Ennis M, Irani S, Corbo M, Dolzhykov M. Adjunctive nabilone in cancer pain and symptom management: a prospective observational study using propensity scoring. J Support Oncol 2008;6(3):119-24.)

Science: les cannabinoïdes peuvent être bénéfiques pour diminuer les effets secondaires indésirables associés aux médicaments antiviraux préconisés dans le traitement de l’hépatite C

Des chercheurs de l’université d’Ottawa (Canada) indiquent que l’utilisation de cannabinoïdes pouvait être bénéfique pour traiter la perte de l’appétit et les nausées chez des patients atteints d’une hépatite C. Pour établir cette hypothèse, ils ont consulté les dossiers de tous les patients atteints d’une hépatite C (au total 191 personnes) ayant bénéficié entre août 2003 et janvier 2007 d‘un traitement à base de ribavirine et d’interféron. Parmi eux, il y avait également 25 personnes qui ont reçu en plus un traitement oral à base de cannabinoïdes. Ce dernier a été commencé généralement sept semaines après le début lu traitement antiviral. Les principales raisons pour une préconisation des cannabinoïdes ont été la perte d’appétit (pour 72 %) et les nausées (pour 32 %).

Parmi les 25 patients ayant bénéficié de ce traitement complémentaire, 64 % ont rapporté avoir ressenti une amélioration des symptômes. Avant la prise des cannabinoïdes, les patients avaient perdu en moyenne 4,5 kg. Puis, au bout d’un mois, une stabilisation du poids a été observée chez les patients traités avec les cannabinoïdes. Quelques rares cas de diminution des doses d’interféron ont pu être enregistrés, sans différence notable du nombre des patients ayant reçu le traitement complémentaire et des autres. En revanche, le pourcentage des personnes qui ont terminé un cycle entier de traitement antiviralcontre l’hépatite C et qui ont atteint une réponse virologique durable a été plus important chez les personnes ayant reçu les cannabinoïdes. (Source: Costiniuk CT, Mills E, Cooper CL. Evaluation of oral cannabinoid-containing medications for the management of interferon and ribavirin-induced anorexia, nausea and weight loss in patients treated for chronic hepatitis C virus. Can J Gastroenterol 2008;22(4):376-80.)

Science: dans le modèle animal du diabète, l’anandamide a été efficace pour lutter contre l’impuissance

Selon une étude de l’Institut de pharmacologie de l’université de Téhéran (Iran), l’endocannabinoïde anandamide a permis de mieux relâcher les muscles du corps caverneux du sexe de rats masculins diabétiques. Pour mener ce travail, les chercheurs ont dû tuer les animaux puis isoler les corps caverneux qui, une fois mélangés à une solution, ont été mis en contact avec différentes substances. Comparés aux corps caverneux de rongeurs en bonne santé, la capacité de relâchement des corps des animaux diabétiques a été diminuée par la présence d’un champ électrique. C’est ce qui a pu être améliorée par l’administration de deux substances: l’anandamide et l’arginine. Cette amélioration a encore été accentuée par l’administration des deux substances associées, et ce même avec des concentrations faibles.

Nous savions déjà que les diabétiques pouvaient souffrir de troubles neurogènes se traduisant au niveau du corps caverneuxet entraînant des troubles de l’érection. Il est possible que ce trouble soit dû à une production insuffisante de monoxyde d’azote. C’est cette molécule qui déclenche le processus qui permet ensuite de relâcher les muscles du corps caverneux pour augmenter l’irrigation sanguine et, par conséquent, l’érection. L’acide aminé arginine est le précurseur du monoxyde d’azote et intervient dans l’accroissement du taux de cette molécule dans le sang. L’anandamide exerce une fonction favorisant l’érection par l’activation des récepteurs CB1 et du récepteur vanilloïde 1. Des travaux permettant de savoir si oui ou non le THC pourraitjouer le même rôle n’ont pas encore été menés.  (Source: Ghasemi M, Sadeghipour H, Dehpour AR. Anandamide improves the impaired nitric oxide-mediated neurogenic relaxation of the corpus cavernosum in diabetic rats: involvement of cannabinoid CB1 and vanilloid VR1 receptors. BJU Int 2007;100(6):1385-90.)

Nouvelles en bref

***Science: la théorie de la drogue-palier

La théorie sur le cannabis comme drogue-palier n’a pas pu être confirmée par les résultats d’une étude conduite par des chercheurs de l’université de Pennsylvanie auprès de jumeaux. Ils ont noté que «au lieu de soutenir l’interprétation selon laquelle la consommation de la marijuana pousserait à la consommation de drogues dures, nos résultats suggèrent plutôt que le modèle longitudinal de la consommation de drogues, jusqu’alors interprété comme ‘effet-palier’, correspondraient davantage à un processus évolutif sous influence génétique ». (Source: Cleveland HH &Wiebe RP. Dev Psychopathol 2008;20(2):615-32.)

***Espagne/Autriche: sativex

Il est désormais possible de se procurer du sativex dans toute l’Espagne. Le médicament est classé par l’administration comme substance d’utilisation de secours (compassionate use), c’est-à-dire à utiliser dans le cas où aucun autre médicament n’est suffisamment efficace. Il s’agit d’une conséquence directe des résultats d’une étude avec le sativex qui a été conduite en Catalogne. Depuis peu, le sativex est aussi disponible en Autriche sur présentation d’une ordonnance médicale. (Source: communiqué personnel de Marta Duran et de Kurt Blaas)

***Chypre: Congrès de l’ICRS

L’ICRS (Société internationale de recherche sur les cannabinoïdes) organise du 1er au 4 mai 2008 un Congrès à Chypre sur le potentiel thérapeutique des cannabinoïdes. Le programme ainsi que les résumés de toutes les conférences sont disponibles sur: http://www.cannabinoidsociety.org/SYMPOSIUM.2008/2008.Limassol/Program/2008.Limassol.Satellite.Program.pdf (Source : ICRS)

***Argentine: acquittement

Une cour d’appel de Buenos Aires a déclaré l’interdiction de possession de drogues pour la consommation personnelle non constitutionnelle et a acquitté deux prévenus jugés pour avoir possédé de petites quantités de cannabis et d’ecstasy. La cour suprême d’Argentine réexaminera le cas. Selon un article dans la presse, le gouvernement serait en faveur d’une dépénalisation de la consommation de drogues. (Source: El Financiero, du 23 avril 2008)

***Science: lésion cérébrale

Des chercheurs de l’université d’Oxford (Grande-Bretagne) ont étudié la structure cérébrale de consommateurs réguliers de cannabis ayant commencé à un âge jeune. Ils ont découvert des modifications anormales dans le corps calleux qui pourraient être à l’origine de conséquences d’ordre cognitif néfastes suite à une consommation importante et sur le long terme de cannabis par ces personnes. Le corps calleux relie les deux hémisphères cérébraux entre-eux. (Source: Arnone D, et al. Neuroimage, du 14 mars 2008 [publication électronique avant impression])

***Science: endométrite

L’endomètre est la membrane qui tapisse l’intérieur de l’utérus. Des chercheurs de l’université de Naples (Italie) ont découvert que l’inflammation de l’endomètre (endométrite) est associée à une augmentation du nombre de récepteurs CB2 dans l’utérus. Ils supposent que cette augmentation pourrait favoriser un possible effet anti-inflammatoire des endocannabinoïdes grâce à leur liaison aux récepteurs CB2. (Source: Iuvone T, et al. J Cell Mol Med 2008;12(2):661-670.)

***Science: arthrite

Une recherche a focalisé la présence de récepteurs aux cannabinoïdes et d’endocannabinoïdes dans les genoux de 45 patients ayant subi une intervention chirurgicale à cause d’une arthrite. Ils ont découvert la présence de deux endocannabinoïdes, l’anandamide et le 2-AG dans le liquide synovial des patients, alors que ces molécules sont absentes chez les sujets en bonne santé (groupe témoin). Cette découverte laisse supposer que les cannabinoïdes pourraient être bénéfiques dans le traitement des douleurs et inflammations de l’arthrite. (Source: Richardson D, et al. Arthritis Res Ther 2008;10(2):R43.)

***ONU : Antonio Costa

Au cours de la Conférence annuelle du Comité chargé des questions sur les Narcotiques (CND, Committee on Narcotic Drugs) des Nations unies qui s’est déroulée au mois de mars dernier, Bruno Costa, Directeur du Bureau de contrôle des drogues et de la prévention du crime (UNODC), a été interpellé sur la question des Pays-Bas et la raison pour laquelle ce pays n’enregistrait pas un taux de consommation de cannabis plus élevé que les pays voisins. Comme M. Costa l’a déjà fait auparavant, il a évité d’y répondre. La vidéo sur cette question et la réaction de Monsieur Costa est disponible sur: http://www.youtube.com/watch?v=fe208nLLEwk (Source : www.youtube.com)

IL Y A UN AN

– International : pour des raisons politiques, la Commission des stupéfiants des Nations unies se prononce contre le reclassement du dronabinol (THC)

– Science: le THC favorise la prise de poids chez des personnes d’un certain âge souffrant de pertes d’appétit et de poids

– Science: l’inhalation du cannabis est un moyen efficace pour assimiler le THC selon une étude clinique

– Science: dans le modèle animal du cancer du poumon, le THC réduit l’évolution de la maladie et sa propagation

IL Y A DEUX ANS

– Etats-Unis : la FDA enregistre une perte de crédibilité suite à sa prise de position dénigrant les propriétés médicales du cannabis

– Allemagne: aucune relation entre poursuites judiciaires et niveau de consommation de cannabis

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IACM-Bulletin du 17 mai 2008
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PRIX DE L’IACM : L’IACM, lors de sa conférence qui aura lieu les 2 et 3 octobre 2009, récompensera quatre personnes dont les actions quant à la réintroduction du cannabis et des cannabinoïdes comme médicament ont particulièrement abouti. Nous vous invitons donc à proposer des candidats par courriel à award2009@cannabis-med.org, avant le 30 novembre 2008. Donald Abrams, Ester Fride, Giovanni Marsicano, Mario van der Stelt, Mauro Maccarrone, Raphael Mechoulam et Willy Notcutt constituent les membres du comité chargé de la sélection. Chaque gagnant recevra un prix de 500€ (environ 750 US $).

* États-Unis: un homme meurt après qu’on lui ait refusé une greffe du foie, car il prenait du cannabis à des fins médicales

États-Unis: un homme meurt après qu’on lui ait refusé une greffe du foie, car il prenait du cannabis à des fins médicales

Un homme, à qui l’on a refusé une greffe du foie pour la raison principale qu’il prenait du cannabis médical afin de soulager ses symptômes dus à une hépatite C, vient de décéder. Timothy Garon, âgé de 56 ans, est mort le 1er mai, après qu’un médecin du comité du Centre Médical de l’université de Washington ait à nouveau refusé de l’inscrire sur la liste des demandeurs d’une greffe du foie. L’équipe lui avait dit qu’il ne serait pas accepté sur la liste avant qu’il ne suive un programme de désintoxication d’une durée de 60 jours. Ce cas met l’accent sur les considérations éthiques de ceux qui octroient des greffes d’organes: l’usage de cannabis recommandé par un médecin devrait-il être retenu à l’encontre d’un patient nécessitant une greffe de manière urgente ?

Le United Network for Organ Sharing, l’organe qui supervise le système des greffes aux États-Unis laisse aux hôpitaux la possibilité de développer leurs propres critères. Dans quelques-uns de ces hôpitaux, y compris ceux qui se situent dans l’un des douze États autorisant l’usage du cannabis à des fins médicales, les demandes des patients qui consomment des «substances illicites» sont automatiquement rejetées. Le Dr. Brad Roter, qui a autorisé M. Garon à fumer du cannabis afin d’alléger ses nausées, ses douleurs abdominales et de stimuler son appétit a indiqué qu’il ne savait pas que cela constituerait un tel obstacle à une éventuelle greffe. Le nombre de patients auxquels une greffe a été refusée pour cause d’usage médical du cannabis est inconnu, mais une chose est certaine: le cas de Timothy Garon n’est pas isolé. (Source: Associated Press du 26 avril et du 2 mai 2008)

Nouvelles en bref

*** Pays-Bas: recette fiscale

Aux Pays-Bas, 400 millions d’euros provenant de la vente de cannabis dans les coffee shops sont versés annuellement à l’État. Selon une estimation prudente réalisée par Reporter, une émission de télévision, les ventes de ce secteur totalisent près de 2 milliards d’euros. Il a été calculé qu’environ 265 tonnes de haschich et de cannabis sont vendues annuellement dans les 730 coffee shops du pays. Ces produits sont principalement issus de la culture locale. (Source : NIS News Bulletin du 3 mai 2008)

***Royaume-Uni: nouvelle classification

Madame Jacqui Smith, ministre de l’Intérieur néerlandaise, a déclaré que le cannabis devrait être reclassé dans la catégorie B. Elle a annoncé vouloir revenir sur le déclassement de Tony Blair qui date de 2004, à cause de l’incertitude relative en termes d’impact de ce produit sur la santé mentale. Un tel reclassement signifie, par exemple, qu’une condamnation à une peine de prison pour possession de cannabis repasse de deux à cinq ans. La déclaration de Madame la Ministre au Parlement a été faite malgré l‘article publié par l’Advisory Council on the Misuse of Drugs, qui avait été commissionné par Gordon Brown, et qui disait que le cannabis devrait rester dans la catégorie C. (Source : BBC News du7 mai 2008)

***États-Unis: lettre au DEA (Drug Enforcement Administration)

John Conyers, président du Comité Judiciaire de la Chambre, désire que la DEA s’explique sur l’usage croissant de «raids d’exécution de style paramilitaire» et d’ordres de confiscation à l’encontre des patients qui, en Californie, font du cannabis un usage médical, et de leurs fournisseurs. Considérant l’augmentation du trafic de drogues et la montée en violence des cartels internationaux, «pensez-vous que les ressources limitées de la DEA sont bien utilisées quand elles servent à des raids sur les individus et leurs soignants qui, compte tenu de la loi en vigueur, se comportent légalement ?», demande-t-il à l’agence dans une lettre datée du 29 avril. Les maires de Californie et les législateurs ont insisté pour qu’il convoque des audiences, mais d’abord «je veux vous donner la possibilité de réagir à ces doléances». On peut télécharger la lettre sur : //www.safeaccessn.w.org/downloads/Conyers_DEA_Letter.pdf (Source : San Francisco Chronicle du 7 mai 2008)

***Science: psychose

Selon une étude menée par des chercheurs des Pays-Bas à Trinidad, sur 472 patients âgés de 12 à 23 ans, la consommation de cannabis augmente le risque de symptômes psychotiques, mais seulement si cet usage a commencé tôt. Ainsi, le fait d’avoir consommé du cannabis avant l’âge de 14 ans, et non pas après, a été associé avec un taux croissant de symptômes psychotiques. Les chercheurs ont conclu que le début de l’adolescence peut être une période critique quant aux effets psychomimétiques du cannabis. (Source : Konings M, et al. Acta Psychiatr Scand. du 28 avril 2008 [publication électronique avant impression])

***Science: dépressions

Dans une étude menée par l’université Brown de Rhode Island, aux États-Unis, la relation entre les désordres liés à la consommation de substance et des désordres dépressifs majeurs à été examinée. 460 participants âgés de 24 à 30, atteints de dépressions, y ont participé. L’usage de stimulants et les dépressions représentaient des facteurs prospectifs mutuels à risques au cours des 6 années de l’étude. Les désordres dus à la consommation d’alcool et de cannabis n’ont pas été fortement associés à la dépression. (Source : Leventhal AM, et al. Am J Drug Alcohol Abuse 2008;34(3):259-67)

IL Y A UN AN

– États-Unis : le Senat et la Maison des représentants de Rhode Island ont voté pour rendre permanente la Loi d’état sur le cannabis médical

IL Y A DEUX ANS

– Science: le cannabis réduit efficacement les douleurs postopératoires

– Mexique: sous la pression américaine, le président Fox a opposé son veto à une loi sur les stupéfiants adoptée par le congrès

– Science: la consommation modérée de cannabis n’est pas nocive pour le cerveau d’adolescents, selon une étude basée sur l’IRM

– États-Unis la Cour suprême de l’Oregon donne raison à un employeur ayant licencié un ouvrier qui consommait du cannabis médical

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IACM-Bulletin du 16 juin 2008
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* Europe: un avocat soutient que la position de l’Irlande quant à l’usage du cannabis dans un cas de sclérose en plaques contrevient aux Accords de Schengen

* Science: une consommation importante et prolongée du cannabis pourrait provoquer le rétrécissement de deux zones importantes du cerveau

*Grande-Bretagne: l’Agence de régulation des médicaments annonce cinq décès liés à l’usage médical du rimonabant

Europe: un avocat soutient que la position de l’Irlande quant à l’usage du cannabis dans un cas de sclérose en plaques contrevient aux Accords de Schengen

Un avocat néerlandais soutient que le gouvernement irlandais déroge à ses engagements pris dans le cadre des Accords de Schengen en interdisant l’accès à son pays à un patient atteint de sclérose en plaques et qui a besoin de cannabis en tant que traitement médical. C’est ainsi que Noel McCullagh se trouve au cœur d’une bataille légale qui devrait lui permettre de rentrer en Irlande en rapportant avec lui la drogue qui lui a été prescrite aux Pays-Bas. M. McCullagh, actuellement aux Pays Bas, explique qu‘il n’a pas pu voir ses parents depuis deux ans car les officiers irlandais l’arrêteraient en découvrant la drogue dans ses bagages.

Son avocat, Jasper Pauw, déclare que compte tenu des Accords de Schengen destinés à abolir les frontières des pays européens, M. McCullagh devrait être autorisé à rapporter du cannabis en Irlande. Et d’ajouter que l’Irlande a signé l’article 75 des Accords de Schengen et « quand une personne prend un médicament dans un pays de l’Espace Schengen, et que ce médicament y est légal, cette personne peut aussi voyager librement à l’intérieur de cet espace et transporter le médicament à condition de pouvoir présenter une ordonnance correspondante». Une porte-parole du Département de la Santé publique irlandaise déclare que « toute personne entrant dans le pays avec du cannabis médical pourrait être arrêtée pour possession de substances illégales ce qui constitue un délit conformément à la Loi sur les stupéfiants (Misuse of Drugs Act)». Le Département de la Justice examine actuellement cette affaire.

Plus d’informations sur: http://www.ireland.com/newspaper/ireland/2008/0531/1212156446070.html (Source: The Irish Times, du 31 mai 2008)

Science: une consommation importante et prolongée du cannabis pourrait provoquer le rétrécissement de deux zones importantes du cerveau

Selon une étude menée par un groupe de chercheurs australiens, une consommation importante et prolongée du cannabis pourrait conduire au rétrécissement de deux zones importantes du cerveau (l’hippocampe et le noyau amygdalien) riches en récepteurs cannabinoïdes. Les chercheurs ont comparé les clichés du cerveau de 15 consommateurs de cannabis (âge moyen: 39,8 ans) qui ont fumé quotidiennement cinq cigarettes de cannabis pendant au moins 10 ans (durée moyenne: 19,7 ans) et de non consommateurs (âge moyen: 36,4 ans). Dans le groupe des fumeurs de cannabis, le volume de l’hippocampe était réduit en moyenne de 12 % et celui du noyau amygdalien en moyenne de 7 % par rapport aux non-fumeurs. L’hippocampe joue in rôle important pour la mémoire ainsi que l’émotion, et le noyau amygdalien joue un rôle essentiel dans l’expression de l’agression et de la peur. De plus, de légers signes de troubles psychotiques ont été davantage observés chez les fumeurs de cannabis.

La publication dans les médias de cet article a attiré une grande attention. Les critiques ont fait remarquer que cette étude avait été menée avec un nombre relativement restreint de participants et que la grande majorité des consommateurs de cannabis ne consommaient pas des doses si importantes. Une étude antérieure menée par des chercheurs de l’université de Harvard de Boston et publiée en 2005 n’avait pas montré une différence du volume moyen de l’hippocampe entre 22 personnes qui consommaient du cannabis de manière importante et depuis longtemps et 26 non-consommateurs. Les chercheurs de l’étude la plus récente reconnaissent que leur investigation ne prouve pas que ce soit le cannabis et non pas un autre facteur qui est à l’origine de la différence de la différence de taille observée. Mais le Dr. Murat Yucel, responsable de l’étude, a déclaré que les résultats laissaient néanmoins suggérer que le cannabis en soit la cause.

Plus d’informations sur: http://www.reuters.com/article/latestCrisis/idUSN02271474 (Sources: Reuters, du 2 juin 2008; Yucel M, Solowij N, Respondek C, Whittle S, Fornito A, Pantelis C, Lubman DI. Regional Brain Abnormalities Associated With Long-termHeavy Cannabis Use. Arch Gen Psychiatry 2008;65(6):694-701.)

Grande-Bretagne: l’Agence de régulation des médicaments annonce cinq décès liés à l’usage médical du rimonabant.

Au Royaume-Uni, d’après un rapport de l’Agence régulatrice des médicaments, cinq décès et 2123 effets secondaires indésirables sont associés à l’usage médical du rimonabant (selon 720 rapports réceptionnés par l’agence) depuis sa mise sur le marché en Grande-Bretagne il y a deux ans. Le rimonabant est un bloqueur des récepteurs cannabinoïdes de la société Sanofi-Aventis. On le trouve en Grande-Bretagne et dans d’autres pays européens sous l’appellation d’Acomplia où il est consommé pour favoriser la perte de poids. Dans un premier temps, Sanofi-Aventis a cru que ce médicament allait devenir un best-seller. Mais, aujourd’hui, son avenir semble plutôt compromis. En effet, aux Etats-Unis, l’Agence de régulation des médicaments (FDA) l’a rejeté il y a un an, notamment parce qu’il était accusé d’engendrer des idées suicidaires.

Selon le rapport, il y a eu un cas de suicide et deux tentatives. Les quatre autres cas de décès étaient liés à des attaques cardiaques (2 personnes), une mort subite et un cas de maladie infectieuse. Parmi les effets secondaires indésirables, il y avait 48 cas d’idées suicidaires et 149 cas de dépression. Sanofi-Aventis a relevé que les cas de décès intervenaient dans un groupe de population connue pour ses risques cardio-vasculaires, en plus de l’obésité.

Plus d’informations sur: http://www.reuters.com/article/rbssHealthcareNews/idUSL0386

413220080603 (Sources: Reuters, du 3 juin 2008; Deutsches Aerzteblatt, du 4 juin 2008)

Nouvelles en bref

***États-Unis: Californie

Selon un article publié dans le New York Times, l’État de Californie perçoit approximativement 100 millions de dollars (environ 64 millions d’euros) de taxes sur les 2 milliards de dollars (environ 1,3 milliard d’euros) de revenus des dispensaires de cannabis, dont le nombre est estimé à 500.

Plus d’informations sur: http://www.nytimes.com/2008/05/31/technology/31online.html

(Source: New York Times, du 31 mai 2008)

***Science: teneur en THC du cannabis

Des chercheurs du Centre national australien de recherche sur les stupéfiants et l’alcool ont travaillé sur la littérature disponible afin d’étudier l’évolution des teneurs en THC du cannabis. Ils ont noté que «les échantillons de cannabis analysés aux États-Unis, aux Pays-Bas, en Grande-Bretagne et en Italie révélaient une augmentation des teneurs au cours de ces dix dernières années. Dans certains autres pays aucune augmentation significative n’a été observée, tandis que d’autres encore n’ont pas effectué d’analyses sur la durée.» Ils ont conclu que «l’opinion publique qui parle d’une augmentation de 20 à 30 % de la teneur en THC (…) ne pouvait pour l’instant pas être appuyée par les informations disponibles». (Source: McLaren J, et al. Addiction, du 20 mai 2008 [publication électronique avant impression])

***Science: inflammation intestinale

La recherche sur le modèle animal (souris) montre que les substances qui augmentent la concentration des endocannabinoïdes réduisent aussi l’inflammation des intestins. (Source: Storr MA, et al. J Mol Med, du 21 mai 2008 [publication électronique avant impression])

***Science: effets du THC

Des chercheurs néerlandais ont administré par vaporisation des doses croissantes de THC (2, 4, 6 et 8 mg) à intervalles de 90 minutes à des sujets en bonne santé. Alors que le rythme cardiaque présentait une accélération et un déclin rapides après chaque administration, les différents paramètres subjectifs (vigilance, effets psychologiques) ne revenaient pas à leur niveau initial entre les doses. (Source: Zuurman L, et al. J Psychopharmacol, du 30 mai 2008 [publication électronique avant impression])

***Science: sevrage du cannabis

Des chercheurs australiens ont mené une étude pilote avec 20 participants afin d’étudier les effets du carbonate de lithium sur les symptômes liés au sevrage du cannabis. Deux des participants se sont retirés de l’étude à cause d’effets secondaires indésirables. 12 participants ont suivi le traitement d’une durée de sept jours et 5 personnes se sont abstenues de consommer du cannabis pendant un temps d’observation moyen de 107 jours. Les chercheurs recommandent d’effectuer une étude avec un placebo. (Source: Winstock AR, et al. J Psychopharmacol, du 30 mai 2008 [publication électronique avant impression])

***Science: taille de la pupille

Alors que l’on pensait que le THC en quantité modérée ne modifie pas de manière significative la taille de la pupille, des travaux de recherche réalisés au Maroc ont montré que la taille de la pupille pouvait effectivement être influencée. Les variations du diamètre avant et après avoir fumé du cannabis ont été mesurées sur les 2 yeux de 17 participants volontaires dans une pièce sombre et fermé. Les résultats ont montré un accroissement notable de la taille de la pupille suite à la consommation de cannabis. (Source: Merzouki A, et al. J Forensic Leg Med 2008;15(5):335-8)

***Science: consommation de cannabis des adolescents

Une étude effectuée avec 549 adolescents français d‘une moyenne d’âge de 15,5 ans a montré que la consommation de cannabis n’était pas influencée de manière notable par l’attitude de leurs parents envers la consommation de cannabis mais plutôt par l’usage dans le passé ou actuel de leurs pères. Les chercheurs ont conclu que «l’absence d’influence des attitudes parentales suggère que la désapprobation parentale n’a pas d’effet sur la prévention de la consommation, alors que l’exemple donné par le père en a». (Source: Chabrol H, et al. Encephale 2008;34(1):8-16.)

***Science: développement

D’après une étude longitudinale conduite en Nouvelle-Zélande la consommation de cannabis entre 14 et 21 ans est associée à un faible niveau d’éducation, un revenu précaire à l’âge de 25 ans, un taux de chômage important et un faible niveau de satisfaction de la vie en général. Les chercheurs ont conclu que «les résultats de cette étude suggèrent qu’une consommation croissante de cannabis à la fin de l’adolescence et au début de l‘âge adulte entrainerait es conséquences négatives plus tard dans la vie». (Source: Fergusson DM & Boden JM. Addiction 2008;103(6):969-76.)

IL Y A UN AN:

– Science: le THC améliore l’appétit et la prise de poids chez les patients atteints du sida

– Science: une pommade à base de THC réduit la réaction allergique de la peau chez les souris

IL Y A DEUX ANS:

– Science: une étude pilote montre que le THC réduit les douleurs chroniques du «syndrome fibromyalgique»

– Science: des études cliniques animales indiquent que le cannabidiol inhibe le développement tumoral dans la leucémie et le cancer du sein

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IACM-Bulletin du 30 juin 2008
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Deux articles sur le potentiel thérapeutique des cannabinoïdes dans le traitement des dépressions viennent d’être publiés dans CANNABINOIDS, le magazine en ligne de l’IACM. Le premier sujet, intitulé « Animal research highlights a therapeutic potential of cannabinoids for the treatment of depression », signé du Dr. Regina Mangieri de l’Institut de pharmacologie de l’université du Texas à Austin (États-Unis), résume les résultats issus de la recherche fondamentale conduite sur les animaux relative au potentiel thérapeutique des cannabinoïdes dans le traitement des dépressions. Dans le deuxième article « Treating depression with cannabinoids», rédigé par le Dr. Kurt Blaas, Médecin généraliste à Vienne, l’auteur décrit ses dix années d’expériences pratiques en matière de prescription médicale de dronabinol (THC) pour traiter les dépressions et les symptômes du burnout. Cet article inclut également deux études de cas. Les deux articles sont, pour l’instant, disponibles seulement en anglais sur : http://www.cannabis-med.org/english/home.htm

Les traductions allemandes pourront prochainement être consultées sur : http://www.cannabis-med.org/german/home.htm

* Science: l’utilisation des cannabinoïdes à des fins médicales n’augmente pas le risque d’effets indésirables dangereux pour la santé

* Science/États-Unis: conséquences controversées del’augmentation de la teneur du cannabis au cours des dix dernières années

Science: l’utilisation des cannabinoïdes à des fins médicales n’augmente pas le risque d’effets indésirables dangereux pour la santé

Des chercheurs du Centre de santé de l’université McGill de Montréal et de l’université British Columbia de Vancouver (Canada) ont déclaré que la consommation de médicaments à base de cannabinoïdes était en hausse augmentant parallèlement aussi les préoccupations quant aux manifestations potentielles des effets indésirables. Le Dr. Mark Ware du Centre de santé de l’université McGill a déclaré que l’équipe de chercheurs a analysé pas moins de 31 études cliniques sur les médicaments à base de cannabinoïdes, conduites entre 1966 et 2007, et classé les effets indésirables associés en deux groupes distincts: les effets dangereux (provoquant le décès, l’hospitalisation ou l’invalidité) et les effets non dangereux pour la santé.

Dans un communiqué de presse, le Dr. M. Ware a déclaré: «En résumé, nous avons observé une augmentation du nombre des effets indésirables non dangereux de 86 % chez les patients traités avec des cannabinoïdes, comparés au groupe témoin». Et d’ajouter que «pour la plupart, ces effets ont été qualifiés de faible à moyennement fort» et qu’ils concernaient principalement des manifestations de vertige et de fatigue. Les résultats des travaux, accompagnés de commentaires faites par des chercheurs australiens, ont été publiés dans le magazine de la Société canadienne de médecine.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur: http://www.cmaj.ca/cgi/content/full/cmaj;178/13/1669

http://www.cmaj.ca/cgi/content/full/178/13/1685

(Sources: UPI, du 17 juin 2008; Wang T, Collet JP, Shapiro S, Ware MA. Adverse effects of medical cannabinoids: a systematic review. CMAJ 2008;178(13):1669-78; Degenhardt L, Hall WD. The adverse effects of cannabinoids: implications for use of medical marijuana. CMAJ 2008;178(13):1685-6.)

Science/États-Unis: conséquences controversées de l’augmentation de la teneur du cannabis au cours des dix dernières années

Selon un rapport rédigé par la Maison blanche, les concentrations de THC (dronabinol) dans le cannabis saisi aux États-Unis auraient évolué, respectivement étaient d’environ 4 % en 1983 et atteignant 9,6 % en 2007. John Walters, Directeur du Service chargé de la politique nationale de lutte contre la drogue de la Maison blanche, a ainsi déclaré: «La teneur de la marijuana a fortement augmenté au cours des dix dernières années renforçant les inquiétudes au sujet des jeunes adultes». En guise d’arguments, il a cité les risques de développer des problèmes psychologiques, cognitifs et respiratoires, ainsi qu’une dépendance accrue des consommateurs de cannabis aux drogues, tels que la cocaïne et l’héroïne.

Une augmentation d’environ 2,5 fois de la teneur du cannabis au cours des 25 dernières années réfute les affirmations de la Maison blanche qui qualifie le phénomène comme étant une hausse drastique en seulement dix ans et, en même temps, confirme les résultats obtenus par une équipe australienne travaillant à l’Institut national de recherche sur l’alcool et les drogues et à l’Institut national de recherche sur les drogues. Ces chercheurs ont conduit une étude sur l’évolution des teneurs en dronabinol du cannabis cultivé dans différents pays en résumant que les déclarations tentant d’affirmer l’existence d’un rapport cause-effet entre l’augmentation de la teneur de cannabis et l’apparition de problèmes psychiques n’étaient pas basées sur des preuves scientifiques. En effet, à cause des importantes variations des teneurs observées dans les différents échantillons de cannabis analysés, les consommateurs seraient autant exposés à ce phénomène au cours d’une même année que pendant une période de dix ans. (Sources: Associated Press, du 12 juin 2008; UPI, du 18 juin 2008; McLaren J, Swift W, Dillon P, Allsop S. Cannabis potency and contamination: a review of the literature. Addiction 2008;103(7):1100-9.)

Nouvelles en bref

***États-Unis : consommation de cannabis des adolescents

Selon une étude conduite par des chercheurs de l’université de l’État de New York, les lois sur le cannabis médical en vigueur dans douze états n’ont pas entraîné une augmentation de la consommation du cannabis parmi les jeunes, et ce malgré les craintes énoncées lors des premières discussions sur une mise en place d’une telle loi. Au contraire: la consommation de cannabis des adolescents a diminué dans chacun de ces douze états et, plus précisément, a diminué de manière plus significative que la moyenne annoncée pour l’ensemble des états américains. Le rapport, basé entièrement sur des informations issues de sondages sur la consommation de drogues financés par le gouvernement aux niveaux fédéral et des états, est disponible sur: http://www.mpp.org/teens/. (Source: MPP, du 16 juin 2008)

***États-Unis : cas de décès suite à un abus de médicaments prescrits

Des travaux réalisés en 2007 à partir des résultats d’autopsies menées en Floride ont révélé que le nombre de décès provoqués par des médicaments prescrits était trois fois supérieur à celui relatif aux overdoses (toutes drogues classées dans les catégories des substances illicites). Selon un rapport du New York Times, ces résultats correspondraient à ceux obtenus par des études similaires conduites par l’Administration de répression des narcotiques (Drug Enforcement Administration) qui a avancé le chiffre d’environ 7 millions de citoyens américains ayant consommé de manière abusive des médicaments prescrits. Dans ce cas, l’augmentation serait de 80 % au cours des six dernières années et le nombre total des personnes concernées serait supérieur à celui des citoyens américains consommateurs illégaux de cocaïne, d’héroïne, d’hallucinogènes, d’ecstasy ou autres solvants. (Source: New York Times, du 14 juin 2008)

***Science : cannabidiol

Selon des études conduites au Japon, l’acide de cannabidiol (c’est-à-dire la forme dont le cannabidiol, CBD, est présent dans la plante) est un inhibiteur sélectif de la cyclooxègénase 2 (inhibiteur COX-2) bien plus efficace que l’acide de delta-9-tétrahydrocannabinol (THCA). Les inhibiteurs COX-2 offrent des effets anti-inflammatoires. Des médicaments, tels que l’aspirine (acide acétylsalicylique), inhibent la production de prostaglandines et de thromboxanes en activant l’enzyme cyclooxygénase. Mais l’aspirine n’inhibe pas seulement le COX-2, mais aussi l’enzyme COX-1, ce qui pourrait provoquer des saignements intestinaux en tant qu’effets secondaires indésirables. (Source: Takeda S, et al. Drug Metab Dispos, du 12 juin 2008 [publication électronique avant impression])

***Science : granulome

Des travaux réalisés par des chercheurs italiens ont révélé que les cannabinoïdes qui activent les récepteurs CB1 et CB2 inhibent la production de vaisseaux sanguins dans les granulomes freinant ainsi les inflammations dans le cas de maladies associées aux granulomes, dont le Morbus Crohn, la tuberculose et la sarcoïdose. (Source : De Filippis D, et al. Br J Pharmacol, du 16 juin 2008 [publication électronique avant impression])

***Sciences : lymphome

Selon des travaux menés par des chercheurs de l’Institut Karolinska de Stockhom (Suède), la plupart des lymphomes autres que les lymphomes de Hodgkin présentent des taux élevés de récepteurs CB1 et CB2. Un constat attribué à la mort des cellules cancérigènes provoquée par les cannabinoïdes. Les chercheurs ont conclu que «nos résultats laissent suggérer que des traitements qui utilisent des coordinats de récepteurs aux cannabinoïdes sont efficaces dans la réduction de la charge tumorale en présence de lymphomes malignes qui provoquent l’expression des CB1 et CB2». (Source : Gustafsson K, et al. Int J Cancer, du 10 juin 2008 [publication électronique avant impression])

IL Y A UN AN :

– Allemagne : l’Institut fédéral des médicaments et des dispositifs médicaux autorise l’utilisation de cannabis médical à titre exceptionnel

– Canada : selon un communiqué, un extrait de cannabis remplirait les conditions pour obtenir l’autorisation d’utilisation pour traiter des douleurs liées au cancer

– Suisse : des patients souffrant de sclérose latérale amyotrophique (S.L.A.) ne sont pas autorisés à poursuivre leur traitement à base de THC une fois l’étude clinique terminée

Il Y A DEUX ANS :

– Allemagne : l’opinion publique est majoritairement favorable à l’utilisation médicale du cannabis

– Science : les meilleurs spécialistes de la douleur considèrent les cannabinoïdes comme très prometteuses parmi l’ensemble des molécules actives sur les douleurs neuropathiques

– États-Unis: la Société américaine contre la sclérose en plaques finance une étude menée par l’université de Californie sur le cannabis et le THC comme traitement de la SEP

– Science: la consommation de cannabis n’augmente pas le risque de blessures corporelles accidentelles

 

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IACM-Bulletin du 22 juillet 2008
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* Allemagne : la Diète fédérale (Bundestag) examine des demandes concernant l’usage médical du cannabis

*Économie : un générique du dronabinol est maintenant disponible

* Monde/Science : selon une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé, la consommation de cannabis n’est pas simplement fonction de la politique en matière de drogue

* Europe : l’Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies (EMCDDA) publie une vaste monographie scientifique sur le cannabis

Allemagne : la Diète fédérale (Bundestag) examine des demandes concernant l’usage médical du cannabis

Le 26 juin, le Parlement fédéral allemand (Bundestag) a débattu de deux propositions relatives à l’usage médical du cannabis. Ces deux propositions similaires émanaient respectivement des Verts et de la Fraction de gauche. Les porte-paroles des 5 partis représentés au Bundestag, les chargés des questions sur la consommation de drogues et Sabine Baetzing (SDP, Parti des sociaux-démocrates) y ont participé. À ce sujet, le comité Santé du Bundestag tiendra le 15 octobre 2008 une audience publique avec la participation de spécialistes.

Les interventions de Detlef Parr (Parti libéral-démocrate), Monika Noche (la Gauche) et le Dr. Harald Terpe (les Verts) demandaient clairement que l’accès aux médicaments contenant du cannabis soit facilité et qu’il soit mis un terme aux poursuites visant ceux qui sont gravement malades. «C’est de notre devoir d’aider les personnes concernées en clarifiant le point de vue législatif», a expliqué M. Parr. Les deux représentantes du Parti des sociaux-démocrates (Dr. Marlies Volkmer, Sabine Baetzing) ont exprimé de la compassion et de la bienveillance pour les douleurs des malades sans pour autant proposer la moindre modification de la loi existante. Maria Eichhorn, représentante du Parti des chrétiens-démocrates est passée à côté du sujetet a surtout insisté sur les dangers de la consommation du cannabis pour les mineurs.

Mme. Blaetzing, qui s’est exprimée au nom du gouvernement fédéral, a déclaré que «aucun de nous ne doute que le cannabis est un médicament utile pour beaucoup de malades». Mais elle a fait remarquer qu’une modification de la loi en faveur des patients n’est actuellement pas possible compte-tenu «du manque de preuves scientifiques sur les bienfaits thérapeutiques du cannabis, à l’exception du dronabinol pour certaines indications». Ainsi «l’Institut fédéral des médicaments et des dispositifs médicaux (BfArM) continuera à évaluer soigneusement (…) l’innocuité de l’usage thérapeutique du cannabis au cas par cas», et ce bien que les procédures relatives aux demandes individuelles «soient estimées bien plus exigeantes» que la prescription d’un narcotique, et « exige beaucoup plus d’efforts» de la part des patients déjà souffrant de maladies graves. Jusqu’à présent, l’Institut (BfArM) a délivré des autorisations spécifiques à l’usage médical de cannabis à 10 patients et rejeté 32 autres demandes.

Les textes des interventions peuvent être consultés sur le site Internet de l’IACM:

http://www.cannabis-med.org/german/bundestag_2008.pdf (Source : Deutscher Bundestag, Protokoll der 172. Sitzung der 16. Wahlperiode, du 26 juin 2008)

Économie : un générique du dronabinol est maintenant disponible

Le 30 juin, la société Watson Pharmaceuticals a annoncé qu’à la suite d’un accord d’approvisionnement signé avec la société Solvay Pharmaceuticals, elle a mis sur le marché un générique autorisé du dronabinol sous forme de capsules de 2,5 mg, de 5 mg et de 10 mg. Dronabinol est la dénomination commune internationale (DCI) d’un cannabinoïde naturel issu de la plante de cannabis. Les capsules marinol de Solvay Pharmaceuticals contiennent un dronabinol de synthèse indiqué pour le traitement des nausées et des vomissements dans le cas de la chimiothérapie contre le cancer pour les patients qui n’ont pas répondu positivement aux traitements antiémétiques conventionnels. Le dronabinol est aussi indiqué dans les cas de manque d’appétit associé à une perte de poids pour les patients atteints du SIDA. Pour l’année 2007, Solvay a déclaré avoir atteint un chiffre de 105 millions de dollars (environ 66 millions d’euros) pour la vente de marinol.

Selon les termes du contrat d’approvisionnement, Solvay Pharmaceuticals fournira les capsules de dronabinol à Watson Pharmaceuticals qui se chargera de la commercialisation, de la vente et de la distribution du produit aux États-Unis. Solvay Pharmaceuticals recevra une part des bénéfices issus de la vente du générique sur le marché américain. Watson Pharmaceuticals, avec siège à Corona en Californie, développe, produit, commercialise, vend et distribue des produits pharmaceutiques de marque ainsi que des génériques.

Pour plus d’informations, consultez : http://ir.watson.com/phoenix.zhtml?c=65778&p=irol-newsArticle&ID=1170280 (Source : communiqué de presse de Watson Pharmaceuticals, du 30 juin 2008)

Monde/Science : selon une étude de l’Organisation Mondiale de la Santé, la consommation de cannabis n’est pas simplement fonction de la politique en matière de drogue

Selon une étude regroupant les informations des 17 premiers pays à participer à l’initiative de l’enquête sur la santé mondiale, menée par l’Organisation Mondiale de la Santé, «la consommation de drogue n’est pas également répartie, ni simplement liée à la politique en matière de drogue ; les pays dotés d’une législation sévère à l’encontre des consommateurs n’enregistrent pas des taux de consommation inférieures à ceux des pays bénéficiant d’une législation plus libérale».

Des enquêtes incluant un échantillon de la population, au total 85052 personnes, ont été menées sur le continent américain (Colombie, Mexique, États-Unis), en Europe (Belgique, France, Allemagne, Pays-Bas, Espagne, Ukraine), au Moyen-Orient et en Afrique (Israël, Liban, Nigéria, Afrique du Sud), en Asie (Japon, Chine) et en Océanie (Nouvelle-Zélande). La prévalence et les corrélats d’un vaste éventail de troubles psychologiques et liés à la consommation de substances ont été enregistrés. La consommation de cannabis aux États-Unis et en Nouvelle-Zélande (42% pour les deux pays) était bien plus importante que dans n’importe quel autre pays et deux fois plus élevée qu’aux Pays-Bas. Le pourcentage d’adolescents de moins de 15 ans, qui avaient déjà consommé du cannabis, était de 3,3% en Italie, de 7% aux Pays-Bas, de 8,5% en Espagne, de 13% en Allemagne, de 15,3% en France et de 20, 2% aux États-Unis.

Les auteurs ont conclu que « les États-Unis, qui ont conduit une part importante dans la recherche sur les drogues et sur les politiques associées au niveau mondial, se démarquent des autres pays avec des taux de consommation plus élevés d’alcool, de cocaïne et de cannabis, et ce en dépit d’une législation répressive. Les Pays-Bas, dont l’approche répressive est plus souple, présentent des taux de consommation inférieurs à ceux enregistrés aux Etats-Unis, notamment parmi les jeunes adultes. Il semble donc évident qu’une politique répressive quant à la possession et la consommation de drogues n’intervient que partiellement sur les taux de consommation de substances illégales à l’échelle des pays.»

L’article peut être consulté sur: http://medicine.plosjournals.org/perlserv/?request=get-document&doi=10.1371/journal.pmed.0050141&ct=1

Deux articles publiés par Reuters à propos de cette étude sont disponibles sur: http://www.reuters.com/article/latestCrisis/idUSN01254783

http://www.reuters.com/article/reutersComService4/idUSL0320469420080704 (Sources : Reuters, des 1 et 3 juillet 2008 ; Degenhardt L, Chiu WT, Sampson N, Kessler RC, Anthony JC, Angermeyer M, Bruffaerts R, de Girolamo G, Gureje O, Huang Y, Karam A, Kostyuchenko S, Lepine JP, Mora ME, Neumark Y, Ormel JH, Pinto-Meza A, Posada-Villa J, Stein DJ, Takeshima T, Wells JE. Toward a Global View of Alcohol, Tobacco, Cannabis, and Cocaine Use: Findings from the WHO World Mental Health Surveys. PLoS Med 2008;5(7):e141.)

Europe : l’Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies (EMCDDA) publie une vaste monographie scientifique sur le cannabis

On estime qu’un Européen adulte sur cinq a fait l’expérience du cannabis au cours de sa vie; et qu’au cours du mois dernier, plus de 13 millions d’Européens en ont consommé. Globalement, près de 50 000 tonnes de cannabis, sous forme d’herbe ou de résine, sont produites pour être consommées chaque année. Il semble donc évident que le cannabis soit devenu un phénomène culturel controversé.

Une nouvelle monographie de l’EMCDDA (Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies), qui compte plus de 700 pages, souligne que le cannabis n’est pas seulement une plante statique, mais un produit dynamique dont la puissance, la prévalence et la culture évoluent au fur et à mesure. Dans cette publication, des experts de premier ordre fournissent de courts aperçus percutants sur toute une série de sujets liés au cannabis, tout en apportant des conseils de lectures supplémentaires pour chacun d’eux. De brefs articles éditoriaux fournissent des introductions concises sur les sujets abordés. La monographie contient un chapitre écrit par le Dr. Manfred Fankhauser sur le cannabis en tant que médicament dans l’Europe du 19ème siècle et aussi un chapitre du Dr. John Witton sur la ré-émergence de l’usage thérapeutique des produits dérivés du cannabis.

La monographie en anglais est disponible gratuitement sur: http://www.emcdda.europa.eu/publications/monographs/cannabis (Source : communiqué de presse de EMCDDA, du 26 juin 2008)

Nouvelles en bref

***Science : caryophyllène

Des chercheurs suisses ont découvert que le bêta-caryophyllène est un agoniste des récepteurs CB2. Ce cannabinoïde que l’on trouve dans le cannabis est aussi un constituant des huiles essentielles de nombreuses plantes alimentaires et des épices. Ainsi on le trouve dans le clou de girofle, le chanvre (plante textile) et le romarin. L’activation du récepteur CB2 peut résulter en une réduction de l’inflammation et un ralentissement du développement de l’athérosclérose. (Source : Gertsch J, et al. Proc Natl Acad Sci U S A., du 23 juin 2008 [publication électronique avant impression])

***Autriche : culture du cannabis

L’Agence pour la Santé et la Sécurité des Aliments (AGES, Agentur für Gesundheit und Ernährungssicherheit) est autorisée, sous la supervision du Ministère de la santé, à cultiver du cannabis à des fins médicales. Ceci a été rendu possible par un amendement de la loi sur les narcotiques approuvé par le Comité de la santé. Cette modification permet de cultiver du cannabis afin de recueillir les principes actifs de la plante destinés à la fabrication de médicaments. (Source : Der Standard, du 2 juillet 2008)

***États-Unis : étudiants en médecine

Lors de sa conférence annuelle, la Section des étudiants de l’Association de Médecins Américains (AMA) a appuyé à l’unanimité une résolution encourageant l’AMA à soutenir le reclassement du cannabis destiné à l’usage médical. La résolution va maintenant être présentée à la Maison des délégués pour un vote final lors de la réunion intérimaire de novembre 2008.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur: http://stopthedrugwar.org/chronicle/541/ama_medical_student_section_supports_medical_marijuana (Source : Drug War Chronicle du 27 juin 2008)

***Science : étude incluant le cannador

Suite à une évaluation intérimaire relative à l’étude en cours sur le cannador dans les cas de spasticité de la sclérose en plaques, au total 200 personnes ont été acceptés pour y participer. Le cannador est un extrait de cannabis en capsules. Le Centre Interne d’Observation (IDMC) a pris position de manière très claire «(1) L’IDMC recommande la poursuite de l’étude. (2) L’ IDMC est conscient des difficultés de recrutement des patients pouvant participer à l’étude. (3) L’IDMC pense que pour des raisons statistiques, il est conseillé de poursuivre l’étude avec un total de 300 patients choisis au hasard.» (Source : communication personnelle du Dr. Martin Schnelle, Institute for Clinical Research, Berlin)

***Science : glaucome

Une étude menée par des chercheurs américains a démontré que l’endocannabinoïde 2-AG (2-arachidonylglycerol) augmente l’humeur aqueuse qui s’écoule des yeux. (Source : Njie YF, et al. Exp Eye Res., du 14 mai 2008 [publication électronique avant impression])

***Science : douleurs

Lors d’une étude sur 18 sujets sains, le dronabinol s’est révélé inefficace pour réduire diverses formes de douleurs aigues expérimentales. (Source : Kraft B, et al. Anesthesiology 2008;109(1):101-10.)

***Science : sécurité routière

Une équipe de chercheurs canadiens a mené une enquête sur les effets des drogues au volant sur 1021 sujets traités pour abus de cocaïne ou de cannabis. Ils ont conclu que «le cannabis et la cocaïne ont tous deux des effets néfastes quoique différents sur l’aptitude de conduire un véhicule.Les effets physiques néfastes du cannabis peuvent réduire la vigilance active face la circulation routière.» (Source : MacDonald S, et al. Traffic Inj Prev 2008;9(3):190-4.)

***Science: douleurs

De faibles doses de cannabinoïdes ont accru l’effet analgésique des agonistes du récepteur métabotrope du glutamate lors d’études réalisée sur les rats. (Source : Lee MK, et al. Pain, du 18 juin 2008 [publication électronique avant impression])

IL Y A UN AN :

– Science : chez les séropositifs VIH et les malades du sida, le cannabis et le THC provoqueraient une assimilation accrue de calories et donc une prise de poids

IL Y A DEUX ANS :

– Science : une étude clinique pilote teste les effets du THC sur les tumeurs cérébrales

– Allemagne : l’Institut Fédéral des Médicaments exige des patients candidates pour une utilisation thérapeutique du cannabis des conditions complètement irréalistes

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IACM-Bulletin du 26 juillet 2008
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* Science : dans une étude clinique, le sativex diminue l’intensité de la douleur évaluée objectivement avec un marqueur neurophysiologique

* Science : un rapport de cas démontre l’efficacité du nabilone dans le traitement de l’agitation associée à la maladie d’Alzheimer

* Autriche : dépénalisation de la possession de cannabis à usage personnel indépendamment de la quantité

Science : dans une étude clinique, le sativex diminue l’intensité de la douleur évaluée objectivement avec un marqueur neurophysiologique

Des chercheurs de l’université de Rome (Italie) ont étudié les changements du « réflexe de flexion» en administrant soit l’extrait de cannabis sativex soit un placebo à un groupe de 17 patients présentant une sclérose en plaques. Ce réflexe, également appelé réflexe nociceptif de flexion, a pour fonction de protéger le corps de stimuli nocifs, dont l’exemple le plus connu est sans aucun doute celui du retrait immédiat de la main dès que celle-ci rencontre une source de chaleur. La technique du réflexe de flexion est couramment appliquée pour évaluer le seuil de douleur ainsi que pour étudier les systèmes neurotransmetteurs qui jouent un rôle dans la maîtrise de la douleur. Ce réflexe se compose de deux réactions: une première, appelée réflexe RII et une deuxième appelée réflexe RIII. Il est supposé que le seuil d’apparition du réflexe RIII correspond au seuil d’apparition de la douleur et que la puissance du réflexe au niveau de la perception douloureuse.

Chez les patients, à qui l’on a administré le sativex, une élévation du seuil d’apparition et une baisse de la puissance du réflexe RIII ont été notées. Les auteurs de l’étude ont conclu que « les changements produits par les cannabinoïdes dans les domaines du seuil et de la puissance du réflexe RIII sont une preuve neurophysiologique objective de l’action des cannabinoïdes sur le système nociceptif chez les patients SEP ». (Source : Conte A, Bettolo CM, Onesti E, Frasca V, Iacovelli E, Gilio F, Giacomelli E, Gabriele M, Aragona M, Tomassini V, Pantano P, Pozzilli C, Inghilleri M. Cannabinoid-induced effects on the nociceptive system: A neurophysiological study in patients with secondary progressive multiple sclerosis. Eur J Pain, du 4 juillet 2008 [publication électronique avant impression])

Science : un rapport de cas démontre l’efficacité du nabilone dans le traitement de l’agitation associée à la maladie d’Alzheimer

Un médecin de la clinique psychiatrique de l’université de la Colombie britannique (Canada) a rapporté le cas d’un homme âgé de 72 ans, atteint de la maladie d’Alzheimer, chez qui l’administration à faible dose de nabilone a permis de calmer l’agitation du patient de manière tout à fait remarquable. Trois années après le diagnostic de la maladie d’Alzheimer, des symptômes comportementaux, dont l’errance, l’agitation et l’agressivité, sont apparus chez l’homme en question. Ce dernier a dû être transféré dans une maison médicalisée où de nombreux médicaments (y compris la gabapentine, le trazodone et la quétiapine) lui ont été administrés dans le but d’adoucir le comportement. Les symptômes n’ont répondu que faiblement – voire pas du tout – aux traitements qui, en outre, ont provoqué d’importants effets secondaires nécessitant finalement l’hospitalisation du patient. Le comportement fortement agressif de ce dernier envers le personnel au moment de la toilette a nécessité un recours régulier au sédatif lorazépame produisant des effets variables. Une légère amélioration de l’agitation, avec toutefois une anxiété persistante, a été observée chez le patient suite au remplacement du trazodone.

En fait, on a décidé de lui administrer chaque soir du nabilone, un dérivé du THC, à un dosage de 0,5 mg. Le nouveau traitement a conduit à une réduction immédiate de l’intensité de l’agitation et de l’anxiété pendant la toilette du soir. Suite à ce constat, l’administration a été étendue à deux prises de 0,5 mg par jour toujours avec l’objectif de faciliter les soins d’hygiène corporelle au personnel de l’hôpital. L’apaisement de l’anxiété s’est poursuivi sans provoquer d’effets secondaires. Après six semaines de traitement avec le nabilone et grâce à une amélioration fort positive des symptômes comportementaux, l’homme a pu retourner à la maison médicalisée. Trois mois plus tard, ceux-ci étaient toujours parfaitement contrôlés. L’auteur de ce rapport de cas a conclu que « pour l’instant, il existe seulement peu – voire pas du tout – de possibilités de traitement pour les patients présentant des symptômes, tels que l’agitation et l’agressivité, associés à une démence persistante qui agissent immédiatement, qui sont bien tolérées et dont les effets bénéfiques persistent à long terme ». (Source : Passmore MJ. The cannabinoid receptor agonist nabilone for the treatment of dementia-related agitation. Int J Geriatr Psychiatry 2008;23(1):116-7.)

Autriche : dépénalisation de la possession de cannabis à usage personnel indépendamment de la quantité.

Un verdict récent met en lumière la question des conséquences de l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi sur les substances narcotiques en Autriche : c’est avec un non-lieu en poche qu’un citoyen autrichien ayant récolté plus de dix kilos de cannabis a pu quitter tout récemment le tribunal. En effet, le Parquet venait d’annuler la procédure avec une mise à l’épreuve de deux ans. Sous la nouvelle Loi sur les substances narcotiques, le Procureur ne peut désormais plus invoquer le chef d’accusation de la possession de substances si celles-ci sont destinées «exclusivement à l’usage personnel » de l’accusé. Cependant, dans le cas d’une récidive au cours de la mise à l’épreuve, la personne en question risque tout de même une inculpation du fait que la possession de cannabis reste toujours illégale.

Jusqu’au premier janvier et sous l’ancienne loi, le non-lieu n’était possible que si l’accusé était en possession d’une « quantité très faible » – représentant pour le cannabis – comme, entre autres, en Allemagne – seulement quelques grammes. Or la nouvelle loi ne se base plus sur la limite des quantités, mais sur le fait de posséder la substance en vue de la consommer personnellement. Dans le cas relaté ci-dessus, l’accusé s’est défendu en expliquant qu’il avait cueilli ce cannabis parce qu’il avait découvert la plantation « par hasard » et rendant ainsi les preuves permettant de présumer une commercialisation de la drogue insuffisantes. D’après un collaborateur du ministère autrichien de la Justice, l’amendement de la Loi sur les substances narcotiques était nécessaire suite à une décision-cadre sur le trafic illicite de stupéfiants, qui vise à sanctionner plus sévèrement les trafiquants. Par conséquent, il fallait également différencier de manière beaucoup plus précise le trafic illicite et la possession à des fins de consommation personnelle de cannabis.

Pour plus d’infos : http://www.nachrichten.at/regional/705256?PHPSESSID=7bcf2b7f4067d1e6acf5009be45df31a (Source : www.nachrichten.at, du 2 juillet 2008)

Nouvelles en bref

***Science : extrait de cannabis

Selon des recherches menées à l’université de Milan (Italie), un extrait de cannabis (sativex) s’est montré plus efficace que le THC seul (dronabinol) pour réduire les douleurs neuropathiques dans le modèle animal. L’effet complémentaire ainsi découvert n’a pas été transmis par les récepteurs aux cannabinoïdes, mais par les récepteurs vanilloïdes. En se basant sur les faits que, primo, seul le cannabidiol (CBD) était représenté à forte concentration dans la composition et que, secundo, lui seul se lie à ces récepteurs, les chercheurs présument que c’était aussi le CBD qui était responsable de l’effet analgésique complémentaire. (Source : Comelli F, et al. Phytother Res, du 10 juillet 2008 [publication électronique avant impression)

***Suisse : initiative du chanvre

Lors de la votation du 30 novembre prochain, les citoyens suisses pourront se prononcer sur l’initiative « pour une politique raisonnable en matière de chanvre protégeant efficacement la jeunesse ». Cette initiative populaire prévoit de dépénaliser la consommation des composants psychoactifs du chanvre, ainsi que la possession, l’approvisionnement et la culture pour consommation personnelle de la plante. Le Parti démocrate-chrétien (PDC) recommande à ses électeurs de rejeter l’initiative tandis que les Socialistes (PS) et les Libéraux-Radicaux (PLR) Libéraux prônent le oui. (Source : 20min.ch, du 28 juin 2008)

***États-Unis : politique en matière de drogues

Dans un essai, John Carnevale, ancien Directeur du budget du Service chargé de la politique nationale de lutte contre la drogue de la Maison Blanche (ONDCP, Office of National Drug Control Policy) contredit les affirmations de l’ONDCP, selon lesquelles les États-Unis progresseraient dans ce qu’ils appellent « la Guerre contre les drogues ». Il écrit que L’ONDCP « affirme que l’Amérique est arrivée à un tournant dans la lutte contre les drogues. En réalité, peu de raisons laissent réellement croire qu’un changement important se soit produit. Bien que le Congrès ait instauré l’ONDCP pour définir une politique guidée par la recherche et basée sur des résultats, valuer celle-ci par rapport aux chiffres sur l’efficacité et, si nécessaire, la modifier en fonction,….l’ONDCP échoue à toutes ces tâches ». (Source : NORML, du 17 juillet 2008)

***Italie : mouvement rastafari

Le 10 juillet, la Cour de cassation italienne a jugé que le mouvement religieux rastafari considère le cannabis comme sacrement et que, par conséquent, ses adeptes doivent être jugés différemment que les autres citoyens s’ils sont accusés de trafic de drogues après avoir été arrêtés en possession de cannabis, mais aussi de reconsidérer les limites des quantités autorisées. Le cas qui a été présenté devant les juges étaient celui d’un musicien reggae, condamné à 16 mois d’emprisonnement par un tribunal inférieur de Pérouse pour avoir possédé une quantité de cannabis qui aurait permis de rouler pas moins de 70 cigarettes. La Cour de cassation a prononcé le non-lieu en jugeant que cette quantité pourrait être celle destinée à une consommation personnelle compte tenu des doses importantes que les rastas ont l’habitude de fumer. Les juges ont néanmoins demandé que le cas soit étudié par la Cour d’appel de Florence. (Source : Reuters, du 10 juillet 2008)

***Argentine : consommation à usage personnel

Tout récemment, une Cour d’appel d’Argentine a prononcé un non-lieu suite à la condamnation d’un homme qui a cultivé du cannabis sur son balcon pour sa consommation personnelle. Cette décision a ainsi annulé le jugement d’un tribunal inférieur. (Source : www.asteriscos.tv, du 10 juin 2008)

***Science : leucémie

Des chercheurs de l’université de Londres (Grande-Bretagne) ont découvert un effet synergétique du dronabinol (THC) et de substances cytotoxiques, tous deux utilisés dans le traitement de la leucémie. Dans cette étude, le dronabinol a sensibilisé les cellules leucémiques à deux médicaments cytotoxiques. Les auteurs ont conclu que « un traitement qui associe le THC à des substances cytotoxiques reconnues peut renforcer le pourcentage de mort cellulaire in vitro ». (Source : Liu WM, et al. Leuk Lymphoma, du 30 juin 2008 [publication électronique avant impression])

***Science : douleurs

Des chercheurs danois ont comparé divers effets analgésiques produits par un cannabinoïde synthétique (WIN55,212-2) à faible dosage dans les modèles animaux des douleurs neuropathiques et associées au cancer. Ils ont découvert qu’un traitement de 18 jours a réduit l’expression de la douleur chez les animaux avec un cancer sans pour autant l’améliorer chez les animaux avec des douleurs neuropathiques. (Source : Hald A, et al. Pharmacol Biochem Behav, du 20 juin 2008 [publication électronique avant impression])

***Science : nouveau promédicament du THC

Des chercheurs de l’université du Mississippi (États-Unis) ont étudié les possibilités permettant de stabiliser un nouveau promédicament thermolabile du THC, le THC-hémi-glutarate ou THC-HG. La composition a été développée grâce à un procédé spécial qui permet à la substance de fondre dans la bouche et d’être ainsi absorbée par les muqueuses buccales. (Source : Thumma S, et al. Eur J Pharm Biopharm, du 18 juin 2008 [publication électronique avant impression])

***Science : violence à la télévision

Des travaux conduits à l’université de New York, ont associé la consommation de programmes violents à la télévision vers la fin de l’adolescence à une dépendance à la nicotine et aux drogues plus tard dans la vie. (Source : Brook DW, et al. Am J Addict 2008;17(4):271-7.)

IL Y A UN AN :

– Science : le rimonabant proposé dans le traitement de l’addiction au cannabis

IL Y A DEUX ANS :

– Science : une étude clinique d’envergure montre l’inefficacité du THC et du cannabis à faibles doses dans la perte pondérale et de l’appétit lors d’un cancer

– États-Unis : en Alaska, un juge déclare nulles certaines dispositions d’une nouvelle loi interdisant la possession de faibles quantités de cannabis

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IACM-Bulletin du 11 août 2008
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Une liste de 25 pages répertoriant des ÉTUDES et des rapports de cas sur l’efficacité thérapeutique du cannabis et des cannabinoïdes spécifiques, regroupés par indication, substance et type d’étude est disponible sur: http://www.cannabis-med.org/french/studies.htm

* Etats-Unis : le Nouveau Mexique travaille sur les dispositions réglementaires relatives à la production du cannabis médical

* Science/Etats-Unis : forte augmentation du nombre de décès suite à des erreurs d’automédication

* Science/Grande-Bretagne: un rapport de la British Drug Policy Commission indique que l’application des lois répressives en matière de drogues n’améliore pas la situation

* Etats-Unis : le Nouveau Mexique travaille sur les dispositions réglementaires relatives à la production du cannabis médical

Le département de la Santé du Nouveau Mexique a annoncé le 24 juillet qu’il tiendra une audience publique le 8 septembre afin de créer une possibilité de débat sur les directives qui régiront les cartes d’identification des patients et le système de contrôle pour l’autorisation, la délivrance et la production du cannabis médical. La loi de l’État qui a pris effet en juillet 2007 autorise l’usage médical du cannabis aux personnes atteintes d’une maladie grave. Jusqu’à présent, le département de la Santé a autorisé 169 personnes d’user de cette prérogative.

D’après les explications du Dr. Alfredo Vigil du département de la Santé, le Nouveau Mexique est particulièrement soucieux de l’élaboration d’une réglementation car c’est le premier État à développer un système législatif quant à la délivrance et la production du cannabis. L’État propose deux types de producteurs pouvant prétendre à une autorisation spéciale: un patient accepté qui peut cultiver jusqu’à 4 plants pour son usage personnel et une entité non commerciale qui gère une unité destinée à maintenir une production régulière de 95 plantes mûres ainsi que de jeunes plants. Les dispositions réglementaires englobent des mesures destinées à prévenir l’usage prohibé du cannabis en s’assurant du passé pénal des demandeurs et des mesures de sécurité pour les unités de production. (Source : Associated Press, du 24 juillet 2008)

Science/États-Unis: forte augmentation du nombre de décès suite à des erreurs d’automédication

Une forte augmentation de cas de décès suite à des erreurs d’automédication a été enregistrée grâce à une étude des certificats de décès des vingt dernières années aux Etats-Unis. Les auteurs de cette étude accusent la prescription grandissante d’antalgiques et d’autres médicaments puissants. Les résultats basés sur presque 50 millions de certificats ont été publiés dans Archives of Internal Medicine. Le nombre de décès dus à des erreurs d’automédication est passé de 1.132 en 1983 à 12.426 en 2004. Comparés à l’augmentation de la population, ces chiffres révèlent une hausse de presque 700 % au cours de cette période.

Par contre, à l’exclusion de l’automédication, l’augmentation des erreurs médicales, hôpitaux inclus, ne représente que 5 % du total des décès. L’abus de médicaments prescrits joue certes un rôle, mais il est difficile de déterminer son impact réel. «Des médicaments prescrits et pris par erreur, spécialement des narcotiques (opiacés), sont en grande partie responsables de l’augmentation du nombre de décès », ont estimé des experts après avoir tiré les conclusions de l’étude. De plus, l’association non recommandée de médicaments délivrés sous ordonnance, tels que des somnifères et des antalgiques, tout comme la prise d’alcool et de drogues illicites avec certains médicaments jouent un rôle important. En revanche, aucune augmentation notable n’a été enregistrée pour les cas d’empoisonnement (surdosage avec intention de se donner la mort et meurtres). (Sources: Associated Press, du 29 juillet 2008 ; Phillips DP, Barker GEC, Eguchi MM. A steep increase in domestic fatal medication errors with use of alcohol and/or street drugs. Arch Intern Med 2008;168:1561-6.)

Science/Grande-Bretagne : un rapport de la British Drug Policy Commission indique que l’application des lois répressives en matière de drogues n’améliore pas la situation

Dans leur étude intitulée «Tackling drug markets and distribution networks in the UK: a review of the recent litterature», la British Drug Policy Commission (organisation non gouvernementale) a noté que les marchés de la drogue en Grande-Bretagne sont «extrêmement solides» et que la multiplication des saisies n’ont eu qu’un faible impact sur les quantités de drogues disponibles. Les derniers chiffres amènent à une estimation du marché illicite de la drogue de 5,3 milliards de livres, c’est-à-dire 6,7 milliards d’euros ou 10,5 milliards de dollars américains.

Les chercheurs ont écrit que «les auteurs n’ont pas été en mesure d’établir une évidence approfondie basée sur des publications en Grande-Bretagne quant à l‘efficacité relative des différentes approches de l’application de la loi. Ils n’ont pas non plus pu produire des analyses sur les rapports coûts/profits ou valeurs monétaires, toujours à partir des documents disponibles, pour les différentes interventions ». Malgré les centaines de millions de livres dépensées chaque année pour la lutte anti-drogue, ils ont conclu que «il faut noter le peu de résultats quant au démantèlement des marchés et à la diminution des possibilités d’approvisionnement ». Ils ont également observé que «l’application de la loi peut avoir un impact négatif important, bien que non volontaire, sur la nature et l’ampleur des dommages associés aux drogues et il est important de reconnaître et de

réduire ce fait. ». Pour plus d’informations, veuillez consulter : http://www.ukdpc.org.uk/Publications.shtml (Source: UK Drug Policy Commission. Tackling drug markets and distribution networks in the UK: a review of the recent literature, du 30 juillet 2008)

Nouvelles en bref

***Science : schizophrénie

Le Cochrane Schizophrenia Group de l’université de Nottingham (Grande-Bretagne) a conduit une étude afin d’évaluer les effets de la consommation de cannabis sur les patients atteints de schizophrénie et de maladies apparentées. Seul un essai randomisé a été évalué et qui n’a pas révélé d’effet significatif du cannabis sur la maladie. Les chercheurs ont conclu que «actuellement, il n’existe pas d’évidence suffisante pour encourager ou rejeter le cannabis/les substances à base de cannabinoïdes pour les patients souffrant de schizophrénie». (Source: Rathbone J, et al. Cochrane Database Syst Rev 2008;(3):CD004837.)

***Science : schizophrénie

Des chercheurs de l’université Flinders à Adélaïde (Australie) ont demandé aux patients atteints de schizophrénie, pourquoi ils consommaient du cannabis sachant que la drogue pouvait aggraver le cours de leur maladie. Ils ont répondu qu’ils utilisaient le cannabis «pour contrôler les symptômes, se sentir normal, améliorer la faculté cognitive, réduire les souffrances psychologiques et se rendre plus énergique ». Les auteurs ont noté que «cette recherche a des conséquences pour les pratiques cliniques car les cliniciens n’aperçoivent pas suffisamment la signification de l’exagération de phénomènes chez les personnes atteintes de schizophrénie ». (Source : Costain WF. Int J Ment Health Nurs 2008;17(4):227-35.)

***Espagne: récolte de cannabis

Un groupe du nom de Asociación Viguesa de Estudios de María, AVE María a indiqué qu’il était en train de procéder collectivement à la récolte du cannabis et que les patients qui l’utilisaient à des fins thérapeutiques en recevront une partie. L’association ne produit du cannabis que pour ses membres. D’après les décisions des cours de Catalogne et de la région basque, les clubs de cannabis tels que l’AVE Maria sont légaux puisque la possession de cannabis pour un usage personnel est autorisée en Espagne. (Source : www.farodevigo.es, du 1er août 2008)

***Science: douleurs neuropathiques

Des chercheurs de l’université de Géorgie ont rapporté que l’activation sélective des récepteurs CB2 inhibe les douleurs neuropathiques induites par l’agent chimiothérapique paclitaxel dans des essais conduits sur les rats. (Source : Rahn EJ, et al. J Pharmacol Exp Ther., du 29 juillet 2008 [publication électronique avant impression])

***Science: aliments à base de chanvre

Des chercheurs américains ont enquêté sur la présence de THC dans 79 produits issus du chanvre et ont noté que la teneur en THC «dans des produits mis à la disposition du public est plus faible aujourd’hui qu’avant 2003. » Les concentrations allaient de «non détectables» à 117,5 mg/kg. Aucune présence de THC n’a été détectée dans 58 % des produits avant la modification du Code of Federal Regulations (CFR) et dans 86 % des produits fabriqués après le changement. (Source : Holler JM, et al. J Anal Toxicol 2008;32(6):428-32.)

IL Y A UN AN :

– Science/Royaume-Uni : un nouveau bilan fréquemment cité soutient les études précédentes selon lesquelles la consommation de cannabis est associée à une augmentation du risque de psychoses

– Europe : retrait de la demande d’autorisation de mise sur le marché pour le sativex

– Science : en buvant de la tisane de cannabis, seulement une petite partie du THC est absorbée

IL Y A DEUX ANS :

– Science : une étude clinique démontre l’efficacité de la nabilone dans le traitement des douleurs chroniques

– Canada : le ministère de la Santé cherche un nouveau fournisseur de cannabis médical

– Science : l’application locale d’un endocannabinoïde naturel s’est montrée efficace dans le traitement du prurit

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IACM-Bulletin du 28 août 2008
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* Science : le cannabis fumé est efficace dans le traitement des douleurs neuropathiques chez les patients VIH

* Allemagne : le ministère de la Santé durcit les conditions permettant d’obtenir une dérogation pour l’utilisation du cannabis médical

* Science : dans une étude d’observation des douleurs neuropathiques, certains cannabinoïdes se sont montrés aussi efficaces que d’autres médicaments

Science : le cannabis fumé est efficace dans le traitement des douleurs neuropathiques chez les patients VIH

Des chercheurs de l’université de Californie de San Diego (États-Unis) ont étudié les effets du cannabis fumé chez 34 patients VIH, dont 28 qui ont terminé l’étude. Tous les patients souffraient de douleurs neuropathiques qui persistaient malgré l’administration de traitements antalgiques. L’étude versus placebo a été organisée comme suit: lors des phases de traitement, les patients ont fumé 4 fois par jour des cigarettes de cannabis avec une teneur de 1 à 8 % de dronabinol et des placebos. Les patients ont suivi deux phases de 5 jours avec traitement, interrompues par 2 semaines sans traitement. Chaque premier jour d’une phase de traitement servait à définir le dosage pour chacun des patients, en commençant par une cigarette contenant 4 % de dronabinol. Ensuite, le dosage a été progressivement augmenté, ou réduit, en fonction des effets secondaires et de la douleur. En parallèle de l’étude, les 34 patients ont continué de prendre leur traitement antalgique qui, pour 22 personnes, était composé d’opiacés et, pour 21 personnes, d’anticonvulsivants.

La modification de l’intensité des douleurs a été mesurée sur l’échelle DDS (Descriptor Differtial Scale). Comparés au placebo, les résultats enregistrés avec le cannabis ont révélé une réduction significative de l’intensité des douleurs, c’est-à-dire une amélioration chez 46 % des 28 patients ayant terminé l’étude et une réduction des douleurs de plus de 30 % avec le cannabis, comparés aux 18 % avec le placebo. Pendant la phase avec traitement (cannabis fumé), la plupart des patients ont reçu du cannabis dosé à 2 % de THC (n = 9) et 4 % de THC (n = 10), tandis que le dosage avec le placebo a été poussé au maximum, c’est-à-dire jusqu’à 8 % (n = 26). Les effets secondaires enregistrés ont été généralement faible à moyennement fort, sauf pour deux patients chez qui ils ont été très forts. Les auteurs de l’étude ont conclu que «le cannabis fumé était généralement bien toléré et efficace pour réduire les douleurs ne répondant pas à d’autres médications et s’il est associé à un traitement antalgique chez des patients atteints du VIH et d’une polyneuropathie distale à prédominance sensitive». (Source : Ellis RJ, Toperoff W, Vaida F, van den Brande G, Gonzales J, Gouaux B, Bentley H, Atkinson JH. Smoked medicinal cannabis for neuropathic pain in HIV: a randomized, crossover clinical trial. Neuropsychopharmacology, du 6 août 2008 [publication électronique avant impression])

Allemagne: le ministère de la Santé durcit les conditions permettant d’obtenir une dérogation pour l’utilisation du cannabis médical

Au mois de juillet, l’Institut fédéral du médicament et des produits pharmaceutiques (BfArM) du ministère de la Santé allemand a modifié les conditions permettant aux patients d’obtenir une autorisation spéciale pour l’utilisation du cannabis médical. Avant cette modification, l’une des conditions était soit l’inefficacité du dronabinol soit le non-remboursement du traitement à base de dronabinol par la caisse d’assurance maladie compétente. Maintenant, ce deuxième point n’entre plus en compte et seulement la preuve de l’inefficacité du dronabinol (THC) reste un argument valable pour que la demande puisse recevoir un avis favorable.

Jusqu’à présent, c’est le jugement du 19 mai 2005 de la Cour administrative fédérale qui a servi de cadre au BfArM. Basé sur celui-ci, l’institut a accepté une douzaine de dérogations pour l’utilisation du cannabis médical. Or, dans ce verdict, il a été clairement formulé que l’institut en question ne pouvait pas rejeter des demandes sur le seul argument que le dronabinol est disponible de la même façon que quasi toute autre préparation pharmaceutique. Et d’ajouter que «le renvoi à un médicament en vente libre et à un prix abordable n’est pas une option suffisante pour ignorer l’intérêt général accordé à l’utilisation du cannabis pour lutter contre certaines maladies». Dans un courrier adressé à Sabine Bätzing, responsable des drogues auprès du gouvernement fédéral, le Dr. Franjo Grotenhermen, président de l’Association allemande pour le cannabis médical (ACM) a écrit : «Dans ce contexte, je souhaiterais connaître votre opinion afin de savoir si, d’après vous, les conditions actuelles permettant aux patients d’obtenir une dérogation pour l’utilisation du cannabis médical sont toujours conformes à la décision prise par la Cour administrative fédérale». (Source : Hinweise für Patienten zur Beantragung einer Ausnahmeerlaubnis (§ 3 Abs. 2 BtMG) zum Erwerb eines Cannabis-Extrakts zur Anwendung im Rahmen einer medizinisch betreuten und begleiteten Selbsttherapie, Bundesinstitut für Arzneimittel und Medizinprodukte, modification du mois de juillet 2008)

Science : dans une étude d’observation des douleurs neuropathiques, certains cannabinoïdes se sont montrés aussi efficaces que d’autres médicaments

Dans une étude d’observation incluant 182 patients, des chercheurs de l’université de Calgary (Canada) ont comparé les effets thérapeutiques de divers médicaments utilisés dans le traitement des douleurs neuropathiques. Avant leur transfert dans la Clinique spécialisée en troubles musculaires entre juillet 2003 et décembre 2005, tous les patients souffraient de douleurs neuropathiques d’origines diverses et n’avaient bénéficié, outre des analgésiques faibles, d’aucun autre traitement.

Comme premier traitement de l’étude, plus d’un tiers des patients (37 %) ont reçu de la gabapentine, plus de 10 % de la prégabaline, plus de 10 % du topirimate, plus de 10 % de l’amitriptyline et plus de 5 % des cannabinoïdes (nabilone et sativex). Les auteurs de l’étude ont observé que « le fait d’avoir surtout choisi la gabapentine comme premier traitement était dû à plusieurs raisons: ses faibles effets secondaires, l’habitude de l’administrer et sa prise en charge quasi complète par les caisses d’assurance maladie». Cependant, aucun autre médicament administré n’a provoqué des effets secondaires importants, la fréquence d’apparition des effets indésirables non tolérés par les patients a été similaire pour chacun des groupes de médicaments tout comme les résultats moyens sur les douleurs trois et six mois après le début du traitement. (Source : Toth C, Au S. A prospective identification of neuropathic pain in specific chronic polyneuropathy syndromes and response to pharmacological therapy. Pain, du 6 août 2008 [publication électronique avant impression])

Nouvelles en bref

***France : marché du cannabis

En France, la vente illégale de cannabis génère un bénéfice annuel entre 746 et 832 millions d’euros (1,11 à 1,24 milliards de dollars), d’après une estimation de l’Observatoire français des drogues et de la toxicomanie. Les dépenses annuelles moyennes par consommateur de la drogue sont estimées à environ 202 euros, compares aux 124 euros pour les consommateurs en Nouvelle-Zélande et aux Pays-Bas et les 362 euros pour ceux des États-Unis. (Source : Legleye S, et al. Drug Alcohol Rev 2008;27(5):466-72.)

***États-Unis : Californie

La Cour d’appel du 4ème district du comté de San Diego a maintenu la Loi sur le cannabis médical en vigueur en Californie en rejetant les arguments des districts San Diego et San Bernardino, selon lesquels les autorisations spéciales établies par des médecins pour l’utilisation de la drogue par des patients étaient contraire à la Loi fédérale qui régit les drogues. (Source : San Francisco Chronicle, du 1er août 2008)

***Espagne : séminaire

Le deuxième séminaire européen sur la neuro-imagerie et l’addiction (Neuroimaging and Addiction) consacré au thème «Les effets de la consommation de cannabis sur le cerveau humain» se déroulera le 4 septembre à Barcelone. Il est organisé, entre autres, par la section Neuro-Imagerie de la Société européenne de psychiatrie (AEP). Si vous souhaitez recevoir des informations détaillées sur la manifestation, prière de contacter Estel Gelabert (egelabert@imim.es). (Source : communiqué personnel d’Estel Gelabert)

***Science : sevrage du cannabis

Les inhibiteurs de la dégradation des endocannabinoïdes viennent d’être proposés comme traitement dans le sevrage du cannabis. (Source : Clapper JR, et al. Neuropharmacology, du 19 juillet 2008 [publication électronique avant impression])

IL Y A UN AN :

– Allemagne : le ministère fédéral de la Santé délivre une autorisation exceptionnelle pour l’utilisation médicale du cannabis à une patiente SEP

– Canada : le ministère de la Santé autorise l’utilisation d’un extrait de cannabis pour traiter les douleurs associées au cancer

– États-Unis : le ministère de santé de l’état du Nouveau-Mexique n’envisage ni la culture ni la distribution de cannabis médical

IL Y A DEUX ANS :

– Belgique/Espagne : légalisation des clubs de cannabis médical en Espagne et création d’un premier club en Belgique

– Science : la consommation de cannabis n’est pas associée aux facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires

– Science : le THC inhibe le principal marqueur de la maladie d’Alzheimer

 

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IACM-Bulletin du 6 septembre 2008
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* Science : la nabilone a été efficace pour traiter les sueurs nocturnes de quatre patients atteints d’un cancer à un stade avancé

* Science : selon un rapport de cas, le dronabinol a été efficace pour traiter les troubles hyperkynétiques dus à un dysfonctionnement cellulaire rare

Science : la nabilone a été efficace pour traiter les sueurs nocturnes de quatre patients atteints d’un cancer à un stade avancé

Un chercheur d’un service de Médecine palliative de l’université de Toronto au Canada a présenté quatre cas de réussite du traitement des sueurs nocturnes avec la nabilone, un dérivé synthétique du dronabinol, chez des patients souffrant de cancer à un stade avancé. Les sueurs nocturnes constituaient les préoccupations symptomatiques les plus signifiantes chez ces patients qui avaient été dirigés vers l’hôpital. Sur une échelle de 0 (absence de sueurs nocturnes) à 10 (fortes sueurs nocturnes), l’intensité moyenne des sueurs était de 7,75. On a administré 1mg de nabilone par jour au coucher à deux patients et 1 mg deux fois par jour aux deux autres patients qui souffraient en plus de douleurs puissantes, de nausées et de perte de l’appétit. Dans les 48 heures qui ont suivi l’administration, tous ces patients ont noté une amélioration de leur état. Après deux jours de traitement, le niveau des sueurs nocturnes a encore diminué pour atteindre une intensité moyenne de 2,75, puis de seulement 2,00 après 14 jours de traitement. Aucun effet secondaire n’a été relevé.

Les sueurs nocturnes appartiennent aux nombreux symptômes dont souffrent les patients atteints de cancer à un stade avancé. En persistant, elles diminuent la qualité de vie des patients car elles troublent leur sommeil. Une étude récente a montré que ces sueurs font partie d’un ensemble de symptômes caractéristiques auquel appartiennent également la perte de l’appétit et la réduction du poids. De plus, ces sueurs sont l’un des symptômes qui empirent quand les patients arrivent en fin de vie. D’autres médicaments disponibles se révèlent souvent inefficaces. (Source: Maida V. Nabilone for the treatment of paraneoplastic night sweats: a report of four cases. J Palliat Med 2008;11(6):929-34.)

Science : selon un rapport de cas, le dronabinol a été efficace pour traiter les troubles hyperkynétiques dus à un dysfonctionnement cellulaire rare.

Un chercheur du service de Neurologie de l’université du Michigan, aux États-Unis, a présenté le cas d’une femme âgée de 24 ans qui souffrait de troubles hyperkynétiques dus à une dysfonction cellulaire rare (cytopathie mitochondriale). Cette patiente a bien répondu aux traitements à base de produits issus du cannabiset qui se sont montrés efficaces: du cannabis fumé par automédication et un traitement avec du dronabinol par voie orale, à raison de 5mg trois fois par jour. Avant les traitements, la femme présentait des tremblements, une dystonie généralisée et des troubles hyperkynétiques. Il lui était difficile de maintenir son poids de 36 kg, probablement à cause de la forte demande en calories de ses mouvements combinés avec une perte de l’appétit.

Enceinte à l’âge de 26 ans, on lui a administré du dronabinol (THC) afin de l’aider à mieux contrôler les mouvements involontaires et d’accroître son poids pendant la grossesse. D’autres médicaments qui auraient pu être utilisés afin de contrôler ses mouvements lui étaient contre-indiqués. L’utilisation régulière du dronabinol lui a permis de réduire les troubles hyperkynétiques sans signe de développement d’une tolérance ni la nécessité d’augmenter les doses. Finalement, elle a pris 20 kg pendant sa grosses et a accouché sans complications d’un bébé visiblement en bonne santé. (Source : Farooq MU, Ducommun E, Goudreau J. Treatment of a hyperkinetic movement disorder during pregnancy with dronabinol. Parkinsonism Relat Disord., du 7 août 2008 [publication électronique avant impression]

Nouvelles en bref

***Science : activité antibactérienne

Des chercheurs italiens ont découvert que certains cannabinoïdes naturels, tels que le cannabidiol, le cannabichromene, le cannabigérol, le dronabinol et le cannabinol offrent une activité antibactérienne à l’égard de souches de staphylocoques résistantes à certains antibiotiques. Ils ont remarqué que l’usage de cannabinoïdes en tant qu’agents systémiques antibactériens doit encore être testé dans des essais cliniques, mais que leur application locale sur la peau, afin de réduire les staphylocoques résistants, «semble être prometteur». (Source : Appendino G, et al. J Nat Prod 2008;71(8):1427-30.)

***Australie : soutien pour l’usage médical de la marijuana

Dans un sondage sur le thème de la stratégie nationale de lutte contre les drogues réalisé en 2007, plus de 23000 Australiens de plus de 12 ans ont été questionnés sur leur usage et leur attitude envers différentes opinions en matière de drogues, il en est ressorti que 68,6 % des personnes questionnées étaient favorables  à un changement de la législation qui autoriserait l’usage médical de la marijuana.

Pour plus d’information, consultez: http://www.aihw.gov.au/publications/index.cfm/title/10579full_publication.

Les informations sur l’enquête figurent dans le chapitre 4 (« Community support for drug-related policy »). (Source : Australian 2007 National Drug Strategy Household Survey)

***États-Unis : Californie

Cette semaine, le sénat de l’État de Californie a voté un projet de loi qui rendrait illégal le licenciement d’un employé pour le seul motif que celui-ci consomme du cannabis. Ce projet renverserait une décision rendue précédemment cette année qui maintenait le renvoi d’un employé qui ne s’était pas présenté à un test de drogues, en ayant auparavant averti son employeur qu’il faisait usage de cannabis à des fins médicales en dehors de ses heures de travail. Il reste maintenant au projet d’être signé par le Gouverneur Arnold Schwarzenegger. (Source : Ukiah Daily Journal, du 25 août 2008)

***États-Unis : Californie

Le 25 août, le procureur général de la Californie, Jerry Brown a promulgué de nouvelles directives à propos de l’usage médical du cannabis: les patients qualifiés et les soignants peuvent posséder jusqu’à 230 grammes de plants séchés de marijuana et cultiver jusqu’à 6 plants adultes (ou 12 jeunes plants), à moins qu’un médecin en recommande des quantités plus importantes. Dans cette recommandation de 11 pages, Jerry Brown demande aux agents fédéraux de ne pas arrêter les patients qui font usage du cannabis conformément aux dispositions de la loi en vigueur dans l’État. De plus, la directive stipule qu’un dispensaire opérant de façon bénévole est légal. Les directives ont provoqué des discussions controversées. (Sources : Times-Standard, du 26 août 2008; Inland Valley Daily Bulletin, du 27 août 2008)

***Science : performances neurocognitives

24 sujets, dont 12 consommateurs occasionnels et 12 consommateurs réguliers de cannabis, ont participé à des tests neurocognitifs après avoir consommé la drogue. Les deux groupes ont reçu des doses uniques d’un placebo et de 0,5 mg/kg de poids corporel de dronabinol sous forme de cigarettes, c’est-à-dire entre 22,5 – 47,5 mg de THC selon la masse corporelle. Le THC a diminué significativement la performance des consommateurs occasionnels de cannabis lors de la plupart des tests. En revanche, il n’a pas modifié celle des gros consommateurs. Les chercheurs ont conclu que «le passé de consommation détermine fortement la réponse comportementale à des doses uniques de THC». (Source : Ramaekers JG, et al. J Psychopharmacol, du 21 août 2008 [publication électronique avant impression]

IL Y A UN AN :

– États-Unis : lutte pour la reconnaissance de la loi autorisant le cannabis médical par le gouvernement Bush

IL Y A DEUX ANS :

– Science : GW Pharmaceuticals annonce une nouvelle étude clinique (phase III) enEurope et en Amérique du Nord, et pour la première fois aux États-Unis

– Etats-Unis : un juge du Dakota du Sud ordonne la reformulation d’un projet de loi sur le cannabis médical

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IACM-Bulletin du 20 septembre 2008
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* Science : un extrait de cannabis s’est montré efficace contre les douleurs chez des patients SEP dans une étude à long terme

Science : un extrait de cannabis s’est montré efficace contre les douleurs chez des patients SEP dans une étude à long terme

Selon un communiqué de presse de la société britannique GW Pharmaceuticals, le sativex a été efficace dans une étude incluant 42 patients atteints de la sclérose en plaques provoquant des douleurs neuropathiques. Ces patients ont déjà suivi l’étude en phase III et ont continué encore douze semaines avec le traitement à base de sativex. Puis, ils ont poursuivi l’étude sur le sativex en double aveugle contrôlée placebo pendant quatre semaines supplémentaires. Le sativex, disponible en spray qui est administré par vaporisation dans la bouche, est un extrait de cannabis composé de dronabinol (THC) et de cannabidiol (CBD) à teneur égale. Pendant la phase de traitement de quatre semaines, le dosage était défini au départ sans possibilité de l’adapter individuellement.

Dans le groupe des patients à qui l’on a administré le cannabis, les intensités des douleurs n’ont pas évolué. En revanche, dans le groupe témoin, les indices relatifs à l’intensité des douleurs et à la qualité du sommeil ont marqué une régression. Les chercheurs ont donc déduit une différence notable au niveau des résultats obtenus soit avec le sativex soit avec le placebo. De plus, la qualité du sommeil des patients ayant reçu l’extrait de cannabis a pu être nettement améliorée. Au cours des quatre semaines d’étude, des effets secondaires sont apparus chez deux patients traités avec le sativex et chez cinq patients du groupe témoin. Parmi ce dernier, un patient a abandonné l’étude. Aucun symptôme pouvant être associé au syndrome de sevrage n’a été observé. Le Dr. Stephen Wright de GW Pharmaceuticals a expliqué : « Il s’agit de la première étude contrôlée contre placebo qui démontre que le sativex est efficace à long terme chez des patients SEP présentant des douleurs neuropathiques. Ce résultat soutient les résultats obtenus avec des études ouvertes conduites et publiées auparavant ». Plus d’infos sur http://www.gwpharm.com/

(Source : communiqué de presse de GW Pharmaceuticals, du 8 septembre 2008)

Nouvelles en bref

***Grande-Bretagne : puissance du cannabis

Selon des sources officielles, la puissance du cannabis saisi entre 2004 et 2007 a baissé d’environ 25 %, allant d’une concentration moyenne en THC de 12,7 % à 9,5 %. En 2004, le cannabis a été déclassé, de la classe B en classe C, moins sévère, conformément aux catégories stipulées par la loi britannique sur la détention et l’usage de stupéfiants. Aujourd’hui, le gouvernement envisage de faire marche arrière en invoquant une augmentation de la puissance de la substance au cours des dernières années, voire décennies. À ce sujet, le journal The Guardian a écrit récemment que « ces nouvelles révélations sèment le doute sur le bien fondé de l’argument clé utilisé par le gouvernement dans l’objectif qui consiste à vouloir réinscrire la drogue en classe B ». (Source : The Guardian, du 28 août 2008)

***Science : nouveaux composants du cannabis

Des chercheurs du Centre national de recherche sur les produits naturels de l’université du Mississippi (États-Unis) viennent d’isoler six nouveaux composants non cannabinoïdes dans une variété de cannabis à forte puissance. De plus, ils ont y découvert pour la première fois des traces de deux substances déjà connues: chrysoeriol et 6-prenylapigénine. Il a été découvert que certaines de ces substances offrent une activité allant d’intensité faible à forte contre les bactéries ainsi que les vecteurs de la leishmaniose et de la malaria. (Source : Radwan MM et al. Phytochemistry, du 4 septembre 2008 [publication électronique avant impression])

***Science : schizophrénie et hyperactivité

Des chercheurs de l’université de Nottingham (Grande-Bretagne) ont étudié les effets de la consommation de cannabis sur la santé mentale dans trois groupes de jeunes adultes composés comme suit : 36 frères et sœurs non psychotiques d’adolescents schizophrènes (groupe à haut risque génétique), 25 adolescents souffrant de troubles du déficit de l’attention avec hyperactivité (TDAH) et 72 personnes témoins en bonne santé. Chez les jeunes personnes à haut risque génétique (schizophrénie), la consommation de cannabis a été associée à des troubles de santé mentale. Chez les adolescents avec TDAH, la consommation a montré une tendance à la baisse en termes de désorganisation et d’hyperactivité/déficit de l’attention. Les chercheurs ont conclu que pour des personnes de ce groupe, le cannabis pourrait offrir un bénéfice thérapeutique. (Source : Hollis C, et al. Schizophr Res, du 1er septembre 2008 [publication électronique avant impression])

***Science : neurotoxicité

Des taux élevés en endocannabinoïdes ont réduit la toxicité d’une substance (diisopropylfluorophosphate, DFP) qui provoque l’accumulation de neurotransmetteurs acétylcholines et la stimulation excessive de récepteurs cholinergiques. Les chercheurs ont conclu que ces « résultats laissent supposer que l’appui de l’envoi de signaux par les endocannabinoïdes peut diminuer l’activité toxique aigue des DFP et poser ainsi la base pour des recherches futures sur le rôle des endocannabinoïdes dans la toxicité cholinergique ». (Source : Nallapaneni A, et al. Neurotoxicology, du 13 août 2008 [publication électronique avant impression])

***Science : psychoses

Des chercheurs espagnols ont étudié les effets de la consommation de cannabis avec l’âge lors d’apparitions de psychoses chez 131 patients présentant un premier épisode psychotique et qui, pour cette raison, ont dû être hospitalisés. Ils ont découvert que la psychose apparaît beaucoup plus tôt chez les consommateurs de cannabis que chez les non consommateurs et que d’une part celle-ci est liée au dosage et, d’autre part, n’est pas associable à la consommation d’autres types de drogues. (Source : González-Pinto A, et al. J Clin Psychiatry, du 29 juillet 2008 [publication électronique avant impression])

IL Y A UN AN :

– Science : le cannabidiol serait efficace dans la prévention de l’encéphalopathie spongiforme bovine (ESB, dite aussi « maladie de la vache folle »)

IL Y A DEUX ANS :

– Science : la consommation de cannabis améliore le résultat d’un traitement antiviral chez des patients atteints d’hépatite C

– Italie : la ministre de la Santé autorise l’importation de médicaments qui contiennent du THC

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IACM-Bulletin du 6 octobre 2008
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* Sri Lanka: le Ministère de la médecine indigène propose un plan de culture de cannabis à des fins médicales

* Pays-Bas : la Cour suprême autorise la culture du cannabis à des fins thérapeutiques

* Science : une étude pilote indique que le cannabidiol est efficace pour traiter des symptômes psychotiques chez des patients atteints de la maladie de Parkinson

Sri Lanka : le Ministère de la médecine indigène propose un plan de culture de cannabis à des fins médicales

Pour faire face à la carence de cannabis frais qui entre dans les préparations médicinales ayurvédiques, le Ministère de la médecine indigène a annoncé ce mois-ci un plan en vue de cultiver annuellement 4 tonnes de cannabis. Le ministère voudrait ainsi obtenir une dérogation aux lois qui ont rendu le cannabis illégal au Sri Lanka. Asoka Malimage, qui travaille au ministère, a déclaré: «Nous sommes désireux d’obtenir une approbation du plan afin de cultiver du cannabis avec le sponsorat du gouvernement et les contrôles nécessaires. En ce moment, nous sommes en train de vérifier ces points en particulier.»

L’Ayurvéda est une forme de médecine traditionnelle qui utilise principalement les plantes et les remèdes naturels. Au Sri Lanka, les praticiens de l’ayurvéda sont plus nombreux que les médecins issus d’une école de médecine européenne. Asoka Malimage a en outre déclaré: « Le cannabis frais frit dans le ghee, une sorte de beurre clarifié, entre dans la préparation de près de 18 remèdes traditionnels différents pour traiter de nombreuses maladies».Et d’après le docteur Dayangani Senasekara, Directeur de l’Institut national Bandaranaike Memorial Ayurvedic Research Institute de Colombo, «le cannabis intercepté par la police est habituellement utilisé; mais il est alors vieux et desséché». L’institut utilise le cannabis pour élaborer des préparations qui traitent le diabète, la polyarthrite rhumatoïde et d’autres maladies.

Plus d’infos sur : http://www.reuters.com/article/latestCrisis/idUSCOL342932

(Source : Reuters, du 25 septembre 2008)

Pays-Bas : la Cour suprême autorise la culture du cannabis à des fins thérapeutiques

Le 16 septembre, la Cour suprême a confirmé une décision d’appel qui statuait sur la légalité de la culture du cannabis par un patient atteint de sclérose en plaques. Citant «les circonstances  exceptionnelles», la cour a statué «qu’il était acceptable d’en cultiver sans autorisation spéciale ». L’homme souffrait d’effets secondaires néfastes provoqués par du cannabis acheté en pharmacie, ce qui le décida de cultiver lui-même son cannabis, a indiqué la Cour Suprême dans un communiqué.

Le jugement était consécutif à une décision du bureau du procureur qui défiait la décision de la Cour d’appel qui permettait à Wim Moorlag et sa femme Klasiena Hooijers de cultiver du cannabis afin de réduire les symptômes liés à la maladie de Wim.

Aux Pays-Bas, la vente et la consommation de petites quantités de cannabis sont autorisées et régulées dans des coffee shops. Les citoyens peuvent légalement acheter cinq grammes de cannabis par jour et posséder jusqu’à 30 grammes pour leur consommation personnelle sans être poursuivis. Par contre, la culture de cannabis est illégale.

Plus d’infos sur : http://news.yahoo.com/s/afp/20080916/hl_afp/netherlandsdrugshealth_080916153500

http://www.reuters.com/article/oddlyEnoughNews/idUSLG1398720080916

(Sources : AFP, du 16 septembre 2008; Reuters, du 16 septembre 2008)

Science : une étude pilote indique que le cannabidiol est efficace pour traiter des symptômes psychotiques chez des patients atteints de la maladie de Parkinson

Une étude pilote ouverte réalisée à l’université de São Paulo, au Brésil, a montré que le cannabidiol (CBD) était efficace pour traiter les symptômes psychiques de malades souffrant de la maladie de Parkinson. Six patients (quatre hommes et deux femmes) atteints de la maladie de Parkinson et qui souffraient depuis au moins trois moins de psychose ont été sélectionnés pour cette étude. Tous ont reçu des doses variables (en commençant avec 150mg par jour administrés par voie orale) pendant quatre semaines, en plus de leur traitement habituel.

Les symptômes psychotiques ont notablement diminué avec le traitement de CBD. Ce cannabinoïde n’a pas perturbé les fonctions motrices des patients et n’a pas provoqué d’effets secondaires indésirables. Les auteurs ont conclu que «ces premières données suggéraient que le CBD pourrait être efficace, sûr, et bien toléré pour traiter les psychoses dans le cas de la maladie de Parkinson». (Source : Zuardi A, Crippa J, Hallak J, Pinto J, Chagas M, Rodrigues G, Dursun S, Tumas V.Cannabidiol for the treatment of psychosis in Parkinson’s disease. J Psychopharmacol., du 18 septembre 2008 [publication électronique avant impression])

Nouvelles en bref

***Science : douleurs

Selon des recherches conduites à l’université de Varsovie (Pologne) sur le modèle animal des douleurs neuropathiques, le médicament anti-inflammatoire indométacine a augmenté l’activité antihyperalgésique des cannabinoïdes faiblement dosés. (Source : Bujalska M. Pharmacology 2008;82(3):193-200.)

***Science : psychose maniacodépressive

À la faculté de médecine de l’université de São Paulo, au Brésil, l’effet du cannabidiol (CBD) dans le cas de la psychose maniacodépressive (BAD) a été étudié sur deux patients. Ces derniers ont reçu des doses allant jusqu’à 1200mg de CBD par jour sans aucune amélioration ni effet secondaire. Les chercheurs ont noté que «ces premières données suggéraient que le CBD est probablement inefficace pour l’épisode maniaque de la BAD». (Source : Zuardi A, et al. J Psychopharmacol., du 18 septembre 2008 [publication électronique avant impression])

IL Y A UN AN :

– Science : le THC a régulé les troubles psychomoteurs et de l’humeur chez un patient souffrant de troubles hyperactifs

– États-Unis : l’État de Washington essaie de définir une dose normalisée pour le cannabis

IL Y A DEUX ANS :

– Science : la nabilone réduit les douleurs chez des patients souffrant de spasticité

– Allemagne : bilan après une année d’activité de la pharmaciepour le cannabis

– Science : le THC diminue la pression intraoculaire chez des patients atteints de glaucome

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IACM-Bulletin du 21 octobre 2008
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Description des situations juridiques et politiques pays par pays : L’IACM a besoin de votre aide pour décrire les situations juridiques et politiques dans différents pays en ce qui concerne les possibilités d’usage médical du cannabis et des cannabinoïdes en particulier. En guise d’exemples, vous pouvez consulter les descriptions en ligne des situations relatives à l’Allemagne, à la Finlande et aux États-Unis sur le site : http://www.cannabis-med.org/countries/main.htm

Á l’heure qu’il est, les situations en Belgique, en France, au Canada, en Italie, en Suisse, en Autriche, aux Pays-Bas, en Espagne et en Grande-Bretagne sont déjà décrites. Nous recherchons donc des personnes susceptibles de nous informer sur tous les autres pays restants. Si vous avez envie de collaborer à ce projet, nous vous invitons chaleureusement à nous contacter via e-mail à l’adresse : info@cannabis-med.

* Allemagne : déclaration commune (médecins/patients) de soutien à l’utilisation thérapeutique des produits issus du cannabis

* Grande-Bretagne/Science: un groupe d’éminents experts écrivent dans un rapport que le cannabis est moins nocif que le tabac et l’alcool

* Allemagne : l’absence de remboursement du dronabinol reste un critère toujours valable pour l’attribution d’une autorisation spéciale pour l’utilisation médicale du cannabis

Allemagne : déclaration commune (médecins/patients) de soutienà l’utilisation thérapeutique des produits issus du cannabis

En préparation de l’audition publique organisée le 15 octobre par le Comité de santé publique du Bundestag fédéral, des fédérations de médecins et des organisations de patients exigent plus de facilités pour l’usage thérapeutique des produits issus du cannabis. D’une voix commune, elles ont ainsi rédigé la déclaration suivante, intitulée « Berliner Erklärung zur medizinischen Verwendung von Cannabisprodukten» (Déclaration berlinoise sur la question de l’utilisation thérapeutique des produits issus du cannabis): « En 1998, des fédérations de médecins, des associations d’entre-aide de malades et des personnalités du monde politique, scientifique et culturel ont formulé la «Frankfurter Resolution» (La résolution de Francfort) revendiquant ainsi une autorisation afin d’utiliser le cannabis médical. Aujourd’hui, dix ans plus tard, les recherches sur le potentiel thérapeutique du cannabis et des cannabinoïdes en particulier ont grandement progressé et le bénéfice thérapeutique des cannabinoïdes n’est plus mis en doute pour un certain nombre d’applications. Les patients ont la possibilité de se faire prescrire du dronabinol par leur médecin, mais les caisses d’assurance maladie refusent régulièrement de rembourser ce médicament. Ceux pour qui le prix du traitement reste trop élevé et qui se tournent vers la consommation de cannabis comme automédication, encourent toujours le risque d’une poursuite pénale D’ailleurs, quelques patients ont été condamnés à des peines de prison et, dans seulement quelques cas isolés, les prévenus ont été acquittés. La possibilité d’obtenir une autorisation spéciale pour l’utilisation médicale du cannabis, établie par l’Institut fédéral des produits pharmaceutiques et médicaux (BfArM) n’a malheureusement pas modifié de manière satisfaisante cette situation insoutenable.

Concluant que de nombreux patients atteints d’une maladie grave pourraient bénéficier des produits issus du cannabis, mais qui en restent privés pour des raisons sociales (coûts élevés du dronabinol) ou des obstacles administratifs (autorisation spéciale délivrée par le BfArM), les signataires de la présente déclaration demandent explicitement au Gouvernement fédéral, et au Bundestag de

1. veiller au remboursement du dronabinol par les caisses d’assurance maladie légales si le traitement est prescrit pour une indication pour laquelle la substance a été scientifiquement reconnue comme étant bénéfique,

2. protéger des poursuites pénales tous les patients qui utilisent le cannabis à des fins thérapeutiques et qui disposent d’une ordonnance correspondante établie par un médecin,

3. encourager le travail de recherche sur le potentiel thérapeutique des produits à base de cannabis.»

Les signataires de la déclaration sont :

– ADHS Deutschland e.V. (Association allemande du déficit de l’attention et de l’hyperactivité)

– akzept e.V. (Fédération nationale allemande pour un travail accepté et une politique humaine en matière de drogues)

– Arbeitsgemeinschaft Cannabis als Medizin e.V. (Association allemande pour le cannabis médical)

– Deutsche AIDS-Hilfe e.V. (Association allemande de lutte contre le SIDA)

– Deutsche Epilepsievereinigung e.V. (Association allemande d’épilepsie)

– Deutsche Gesellschaft für Suchtmedizin e.V. (Société allemande de médicine de l’addiction)

– Deutsche Gesellschaft für Schmerztherapie e.V. (Société allemande de thérapie contre la douleur)

– Deutsche Schmerzliga e.V. (Association allemande de la douleur)

– Deutscher Patienten Schutzbund e.V. (Association allemande de protection des patients)

– Initiative Selbsthilfe Multiple Sklerose Kranker e.V. (Initiative d’entraide de patients de la sclérose en plaques)

– Interessenverband Tic & Tourette Syndrom e.V. (Association de défense des intérêts des patients atteints du syndrome de de la Tourette et des tics)

– Polio Allianz e.V. (Alliance allemande contre la polio)

– Republikanischer Anwältinnen- und Anwälteverein e.V. (Association républicaine des avocats)

– Selbsthilfenetzwerk Cannabis Medizin (Réseau d’entraide pour le cannabis médical)

– Tourette-Gesellschaft Deutschland e.V. (Société allemande de la Tourette)

La «Berliner Erklärung» est disponible en allemand sur: http://www.cannabis-med.org/german/berliner_erklaerung.pdf

Des déclarations concernant l’audition publique du 15 octobre, y compris une déclaration faite par la branche allemande de l’IACM sont disponibles, également en allement, sur: http://www.bundestag.de/ausschuesse/a14/anhoerungen/097/stllg/index.html (Source : ACM)

Grande-Bretagne/Science: un groupe d’éminents experts écrivent dans un rapport que le cannabis est moins nocif que le tabac et l’alcool

Dans un rapport de la Global Cannabis Commission, composée d’éminents scientifiques, commandé par la Fondation britannique Beckley, il est écrit que le fait de fumer du cannabis est moins nocif que de fumer des cigarettes ou de boire de l’alcool. Ce rapport a été rédigé par un groupe de chercheurs parmi les plus éminents dans le domaine de la politique en matière de drogues et relative au cannabis, dont Benedikt Fischer de l’université Simon Fraser de Vancouver (Canada), Peter Reuter de l’université du Maryland (États-Unis), Wayne Hall de l’université du Queensland (Australie), Simon Leñon de l’Institut technologique national de recherche sur les stupéfiants de l’université Curtin (Australie) et Robin Room de l’université de Melbourne (Australie). Ils ont écrit : «Même si le cannabis peut avoir une influence négative sur la santé, y compris la santé mentale, les dégâts qu’il provoque restent moins nocifs que ceux entraînés par l’alcool ou le tabac… Beaucoup des dégâts qui sont associés à la consommation de cannabis sont le résultat de l’interdiction même, notamment des dégâts sur le plan social provoqués par des arrestations et des peines de prison… Il n’y a que la régulation du marché qui va pouvoir protéger les jeunes personnes des variétés de plus en plus puissantes de cannabis.»

Le rapport est disponible sur : http://www.beckleyfoundation.org/pdf/BF_Cannabis_Commission_Report.pdf (Source : Fondation Beckley, du 2 octobre 2008)

Allemagne : l’absence de remboursement du dronabinol reste un critère toujours valable pour l’attribution d’une autorisation spéciale pour l’utilisation médicale du cannabis

L’Institut fédéral des produits pharmaceutiques et médicaux (BfArM), un Institut du ministère allemand de la Santé a modifié en juillet 2008 ses critères d’acceptation pour des patients ayant déposé une demande d’autorisation spéciale pour l’utilisation du cannabis à des fins médicales. Cette modification a entraîné un durcissement des conditions d’admissibilité. Le ministère fédéral de la Santé vient maintenant de spécifier que les règlementations précédentes restaient toujours en vigueur. Tandis que le refus de remboursement des traitements avec du dronabinol par des caisses d’assurance maladie ne figure plus parmi les nouveaux critères, le ministère soutient que le refus de remboursement est toujours valable comme motif pour les demandes d’autorisation spéciales.

Dans un courrier adressé au porte-parole des Verts, le Dr. Harald Terpe, la Secrétaire d’État du ministère de la Santé, Marion Caspers-Merck, écrit que les «critères relatifs aux demandes d’une autorisation spéciale» ont été reformulés en juillet 2008. Et d’ajouter que «cette nouvelle version a eu pour but d’éclaircir le contenu du texte aux yeux des patients». «Du fait que la question sur la prise en charge par les caisses d’assurance maladie légales est d’une signification majeure, cet aspect est particulièrement considéré dans le cadre de l’examen des demandes par l’Office fédéral des narcotiques», ajoute-t-elle dans ce courrier. D’après Mme Caspers, une nouvelle révision des critères serait programmée. Dans un autre courrier de Sabine Bätzing, chargée des questions sur les stupéfiants de la Fédération, à l’attention du Dr. Franjo Grotenhermen de l’Association pour le cannabis médical (ACM), cette intention est appuyée. Suite à cette réaction, l’ACM suppose que la modification par le BfArM en juillet 2008 aurait été entreprise sans accord préalable avec le ministère fédéral de la Santé. (Sources : Courrier de Mme. Marion Caspers-Merck à l’att. du Dr. Harald Terpe; courrier de Mme. Sabine Bätzing à l’att. du Dr. Franjo Grotenhermen)

Nouvelles en bref

***États-Unis : Michigan

Un sondage a révélé que 66 % des électeurs du Michigan approuvent une proposition de loi qui permettrait à des patients atteints d’une maladie grave de cultiver et de consommer du cannabis. Cette proposition sera soumise au vote le 4 novembre prochain. (Source: UPI, du 30 septembre 2008)

***Mexique : projets de décriminalisation

Le président mexicain, Felipe Calderon souhaite légaliser la possession de petites quantités de cannabis, de cocaïne et d’autres drogues. Le projet de loi de F. Calderon vise à décharger la police afin que celle-ci puisse davantage se concentrer sur la poursuite des dealers et des trafiquants de drogue. Une forte opposition au projet est cependant à prévoir dans ce pays majoritairement conservateur, mais aussi de la part de son grand voisin du Nord, les États-Unis. (Source : Reuters, du 2 octobre 2008)

***États-Unis : Californie

Le gouverneur de Californie, Arnold Schwarzenegger, a déposé son veto au projet de loi qui aurait permis de protéger les salariés du risque de licenciement pour motif de consommation de cannabis médical en dehors de leur lieu de travail. Ces derniers seront donc obligés à se soumettre à des tests qui relèvent aussi des traces de cannabis médical fumé en dehors du temps de travail et sur recommandation d’un médecin. (Source : San Francisco Chronicle, du 1er octobre 2008)

***États-Unis : État de Washington

Le 2 octobre dernier, le ministère de la Santé de l’État de Washington a fixé les limites légales en matière de possession de cannabis médical pour les patients. Les quantités autorisées pour deux mois de traitement sont désormais fixées à 24 onces (env. 680 grammes) de cannabis prêt à la consommation et jusqu’à 15 plants. Cette décision met fin à dix années d’incertitude sur cette question. (Source : Associated Press, du 3 octobre 2008)

***Science : nausées

Dans un modèle animal (musaraignes) des nausées provoquées par les mouvements (p. ex. le mal de mer), le THC s’est montré efficace pour réduire l’intensité des vomissements chez les rongeurs testés – contrairement au CBD. (Source : Cluny NL, et al. Basic Clin Pharmacol Toxicol 2008;103(2):150-6.)

IL Y A UN AN :

– IACM : actualités du Congrès 2007 de l’IACM à Cologne

– IACM : Donald Abrams, Giovanni Marsicano, Mauro Maccarrone et Raphael Mechoulam ont été récompensés cette année

IL Y A DEUX ANS :

– Science: le spray à base de cannabis sativex se montre efficace pour traiter la spasticité et les troubles de la vessie induits par la sclérose en plaques

– Science: un lien moléculaire entre le THC et la maladie d’Alzheimer

– Science: une attribution de 11 millions de dollars aux chercheurs de l’université du Mississippi pour la recherche sur le cannabis et d’autres plantes psychotropes

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IACM-Bulletin du 28 novembre 2008
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Nous aimerions instaurer un forum de discussion et de question- réponse sur le site francophone de l’IACM. De tels forums existent déjà sur les pages en allemand et en espagnol. Deux patients sont prêts à jouer le rôle de modérateur sur ce forum et demandent le soutien d’un médecin ou d’un scientifique qui dispose de connaissances en pharmacologie et en toxicologie propres au cannabis.

Les personnes intéressées sont priées de contacter l’association par e-mail à l’adresse suivante: info@cannabis-med.org.

* Science: pourquoi les fumeurs de cannabis pourraient-ils être moins exposés au risque de cancer que les fumeurs de tabac ?

Science: pourquoi les fumeurs de cannabis pourraient-ils être moins exposés au risque de cancer que les fumeurs de tabac ?

Onze chercheurs américains et taïwanais ont rassemblé des données issues de la recherche fondamentale et réétudié les résultats d’une étude épidémiologique réalisée en 1997 par Sidney et coll. Leur conclusion laisse suggérer que le fait de fumer du cannabis n’augmente pas — voire diminue – la fréquence d’apparition de certaines formes de cancer associées au tabagisme. Bien que la fumée issue d’une cigarette de cannabis produise des taux plus élevés en hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) carcinogènes que le produit de combustion des cigarettes de tabac, cela ne signifie pas forcément que les fumeurs de cannabis courent un risque plus important de contracter un cancer que les fumeurs de tabac. En effet, les taux de HAP produisent un effet de moindre importance que l’influence de substances qui, avec leurs enzymes, activent les HAP dans le foie. Dans un article, les chercheurs ont déclaré qu’il n’était «pas surprenant de constater que l’association de delta-9-THC au goudron de tabac a conduit à une réduction significative de l’activité cancérigène» dans des essais avec des cellules cancéreuses.

Nous savons que fumer du cannabis – comme fumer du tabac – provoque l’apparition de phases préliminaires du cancer de l’épithélium. En revanche, les études montrent que ces phases «ont une valeur plutôt faible, voire nulle, en matière de prévision» et que ces lésions sont «en règle générale réversibles et peuvent tout à fait disparaître de manière spontanée». Dans des essais conduits avec des primates, «une exposition prolongée à la fumée de marijuana n’a pas produit d’effets carcinogènes».

Dans l’étude d’ensemble réalisée sur un groupe de personnes par Sidney et coll. (1997) auprès d’environ 65000 personnes avec une durée d’observation moyenne de 8,6 ans, un risque notablement plus élevé de développer un cancer du poumon a été observé chez les fumeurs de tabac, comparés aux risques chez les fumeurs de cannabis. Face aux groupes des non-consommateurs, ces derniers ont en outre montré un risque moins significatif en termes de développement de ce type de cancer. À la critique, selon laquelle Sidney et coll. n’auraient pas accompagné leurs sujets suffisamment longtemps pour découvrir une augmentation du risque de développer un cancer chez les consommateurs de cannabis, les chercheurs ont répondu que «le temps d’observation était curieusement suffisamment long pour découvrir 179 cas de cancers associés au tabagisme chez les fumeurs de tabac. En partant du principe que le risque était égal à celui chez les non-fumeurs, il aurait fallu s’attendre à seulement 130 cas. Comparés à ces chiffres, seulement trois cas de cancer associés à la consommation de cigarettes de cannabis ont été observés. Si la fréquence d’apparition de formes de cancers associés au tabagisme chez les fumeurs de cannabis était égale à celle chez les non-fumeurs, «alors on aurait pu s’attendre à 16 cas parmi les fumeurs de marijuana». (Source: Chen AL, Chen TJ, Braverman ER, Acuri V, Kemer M, Varshavskiy M, Braverman D, Downs WB, Blum SH, Cassel K, Blum K. Hypothesizing that marijuana smokers are at a significantly lower risk of carcinogenicity relative to tobacco-non-marijuana smokers: evidenced based on statistical reevaluation of current literature. J Psychoactive Drugs 2008;40(3):263-72.)

Nouvelles en bref

***États-Unis: Nouveau Mexique

Selon des informations communiquées par la Drug Policy Alliance, le Nouveau-Mexique compte environ 200 consommateurs de cannabis médical depuis la légalisation de la substance à des fins thérapeutiques en 2007 dans cet État. En revanche, à ce jour, il n’y a toujours pas de lieux où les patients peuvent se procurer le cannabis médical. (Source: Daily Lobo, du 13 novembre 2008)

***Science: tabac et THC

D’après des travaux de recherche conduits à l’université de Leiden (Pays-Bas), le fait de mélanger le cannabis au tabac augment la quantité de THC inhalée par gramme de cannabis d’une moyenne de 33 mg/g pour les cigarettes de cannabis pur à 59 mg/g pour les cigarettes composées d’un quart de cannabis et de trois quarts de tabac. (Source: Van der Kooy F, et coll. Inhal Toxicol, du 14 octobre 2008 [publication électronique avant impression]

***République tchèque: lois sur le cannabis

Suite à une révision de la législation adoptée par la Chambre des députés le 11 novembre dernier, la possession de faible quantité de cannabis pour la consommation personnelle sera punie moins sévèrement que la possession d’autres substances illicites. Tandis que la production et le commerce de drogues sont passibles d’une peine allant de 5 à 15 ans d’emprisonnement, la loi révisée considère désormais la possession d’une faible quantité de cannabis comme infraction mineure. Pour entrer en vigueur, la révision de la loi doit encore être débattue au Sénat, puis signée par le Président. (Source: Ceske noviny, du 11 novembre 2008)

***Pays-Bas: maires

Une majorité des maires néerlandais (54 sur 88 maires des villes qui comptent au moins un coffee shop) soutient la légalisation de l’ensemble de la chaîne de production liée au cannabis. Ces maires souhaitent ainsi mettre fin au problème logistique créé par le fait que la vente de cannabis est autorisée, mais non pas la culture de la plante. (Source: Psychonaut.com, du 19 novembre 2008)

***Science: psychoses

Selon des chercheurs britanniques, la consommation de cannabis augmente l’apparition d’hallucinations chez des personnes qui présentent un risque de crises psychotiques. Les résultats des travaux laissent suggérer que la réaction d’une personne à une consommation forte de cannabis pourrait être un marqueur pour l’apparition d’effets psychotropes néfastes associés au cannabis. (Source: Mason O, et coll. Psychol Med, du 19 novembre 2008 [publication électronique avant impression])

***Science: dépendance au cannabis

Une étude réalisée aux États-Unis incluant 1923 personnes révèle que certaines variantes de la séquence ADN du gène du récepteur CB1 pourraient être associées à un risque élevé d’une dépendance au cannabis. (Source: Agrawal A, et al. Am J Med Genet B Neuropsychiatr Genet, du 14 novembre 2008 [publication électronique avant impression])

***Science: schizophrénie

Selon une étude réalisée à l’hôpital universitaire de psychiatrie de Zurich (Suisse) sur les raisons de la consommation de cannabis, il a été observé que les patients schizophrènes étaient plus souvent des consommateurs de cannabis que les personnes du groupe témoin pour les raisons suivantes: lutter contre l’ennui et faciliter le contact social. (Source: Schaub M, et al. Aust N Z J Psychiatry 2008;42(12):1060-5.)

***Science: douleurs

Des chercheurs de l’université de Bonn (Allemagne) ont démontré que le récepteur CB2 localisé sur des cellules du système immunitaire participe à l’évolution des douleurs neuropathiques. Le récepteur CB2 joue un rôle important dans la modulation de l’activation des cellules gliales en réponse à une lésion nerveuse. (Source: Racz I, et al. J Neurosci 2008;28(46):12125-35.)

***Science: ingestion d’aliments

Des essais sur animaux ont montré que les ligands qui fixent les récepteurs CB2 pourraient jouer un rôle dans l’ingestion d’aliments et la consommation d’alcool. (Source: Onaivi ES, et al. Ann N Y Acad Sci 2008;1139:426-33.)

***Grande-Bretagne: sondage sur les substances illicites

Selon un sondage réalisé pour les journaux Observer et Guardian, 27% des Anglais ont déjà consommé des substances illicites, dont 87% du cannabis. 32% des personnes interrogées ont déclaré que les lois sur les stupéfiants en Grande-Bretagne sont trop souples, 50% qu’elles sont appropriées et 18% qu’elles ne sont pas suffisamment souples. 27% ont en outre déclaré que certaines drogues devraient être décriminalisées, voire légalisées. Ce sondage a été réalisé via l’IACM-Research auprès de 1008 personnes âgées d’au moins 16 ans et qui vivent en Grande-Bretagne. (Source: The Observer, du 16 novembre 2008)

IL Y A UN AN:

– Science: le cannabis a réduit les douleurs neuropathiques dans une étude clinique

– Science: le cannabidiol pourrait être utile dans la réduction de l’agressivité des cellules du cancer du sein

IL Y A DEUX ANS:

– Pays-Bas: le Canada, l’Allemagne et l’Italie sont intéressés par le cannabis médical cultivé aux Pays-Bas

– États-Unis: décision provisoire pour le maintien de la loi sur le cannabis médical en Californie

– Science: des patients évaluent le cannabis naturel dans une étude contrôlée

– Science: cause pour laquelle le cannabis nuit à la mémoire et pourrait être efficace contre l’épilepsie

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IACM-Bulletin du 15 décembre 2008
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* Allemagne : les premiers patients bénéficient de cannabis issus du « Programme néerlandais de cannabis médical »

* Science/Chine : découverte de cannabis contenant du THC dans la tombe d’un shaman vieille de 2700 ans

* Pays-Bas : constitution d’une nouvelle association pour l’usage médical du cannabis

* Science : le THC et les douleurs chroniques

Allemagne : les premiers patients bénéficient de cannabis issus du « Programme néerlandais de cannabis»

Le 27 novembre 2008, l’Institut fédéral des produits pharmaceutiques et médicaux (BfArM) du ministère de la Santé a notifié à quatre patients qu’ils recevront, dès 2009, du cannabis médical produit par le «Programme néerlandais de cannabis médical». Depuis juillet 2007, une trentaine de patients ont reçu une autorisation spéciale par le BfArM à utiliser du cannabis médical. Pourtant, cette autorisation, qui se réfère à un extrait de cannabis liquide produit par une société allemande avec du cannabis cultivé aux Pays-Bas ne représente pas une solution satisfaisante pour certains patients.

Le 3 décembre, le comité de la Santé du Parlement allemand a rejeté, comme on s’y attendait, deux propositions assez identiques venant des Verts et du Parti de Gauche, qui auraient décriminalisé l’usage médical du cannabis quand celui-ci était prescrit par un médecin. L’usage médical du cannabis continue à être limité à des cas exceptionnels. Les partis du gouvernement justifient ce rejet en stipulant qu’une approbation régulière des médicaments à base de cannabis par la législation fédérale en matière de drogues devrait déboucher sur une solution en accord avec les besoins des patients. Une étude multicentrique en cours est destinée à obtenir l’approbation du dronabinol pour les patients atteints de sclérose en plaques qui souffrent de douleurs chroniques. Il est impossible d’obtenir des informations sur l’avancée de l’étude, car les médecins et les cliniques qui y participent sont tenus au secret. (Source : communication personnelle)

Science/Chine : découverte de cannabis contenant du THC dans la tombe d’un shaman vieille de 2700 ans

Le Journal of Experimental Botany (magazine sur la botanique expérimentale) a récemment publié un article sur l’examen biochimique et génétique de 789 grammes de cannabis vieux de 2700 ans trouvé dans une tombe à Xinjiang en Chine. La plante avait été enterrée le long du corps d’un homme blanc aux yeux bleus et aux cheveux clairs, probablement un shaman issus de la culture Gushi près de Tupan dans la partie nord-ouest de la Chine. Les conditions extrêmement sèches et alcalines du sol ont entraîné une très bonne conservation, ce qui a permis à une équipe de scientifiques d’analyser soigneusement le cannabis, qui était toujours vert, tout en ayant perdu son odeur particulière.

L’équipe pluridisciplinaire de Chine, d’Angleterre, d’Italie, des États-Unis, et d’autres pays ont démontré que ce produit était cultivé et contenait du THC et ses métabolites, des THCA-synthétases, ces enzymes qui permettent la synthèse du THC par la plante. On peut en déduire que la civilisation Gushi utilisait le cannabis comme médicament ou comme aide à la divination.

Dans un article du directeur de l’étude, le Dr. Ethan Russo, il est stipulé que «d’après nos connaissances, ces investigations fournissent la preuve la plus ancienne selon laquelle le cannabis a été utilisé comme substance pharmacologique active».

Pour plus d’informations: http://www.thestar.com/sciencetech/article/544684

L’article originel, un supplément ainsi que des photos peuvent être consultés sur http://jxb.oxfordjournals.org/cgi/reprint/59/15/4171 http://jxb.oxfordjournals.org/cgi/data/ern260/DC1/1

(Sources : communication personnelle de Ethan Russo ; Canadian Press, du 27 novembre 2008 ; Russo EB, Jiang HE, Li X, Sutton A, Carboni A, Del Bianco F, Mandolino G, Potter DJ, Zhao YX, Bera S, Zhang YB, Lü EG, Ferguson DK, Hueber F, Zhao LC, Liu CJ, Wang YF, Li CS.Phytochemical and genetic analyses of ancient cannabis from Central Asia. J Exp Bot 2008;59(15):4171-82.)

Pays-Bas : constitution d’une nouvelle association pour l’usage médical du cannabis

Une «Association pour le cannabis légal et ses constituants comme médicament» (en néerlandais: Nederlandse Associatie voor legale Cannabis en haar Stoffen als Medicatie ou NCSM) s’est récemment créée pour répondre aux développements positifs du «Programme néerlandais de cannabis médical ». C’est une organisation à but non lucratif financée exclusivement par des dons.

La NCSM est une plateforme de connaissances et un forum de discussions sur l’usage médical du cannabis. Sa mission est d’améliorer l’acceptation du cannabis médicinal par le dialogue en utilisant une approche scientifique. Simultanément, il y a l’intention d’écouter les opinions et les expériences des patients et de ceux qui en prennent soin. La NCSM ne travaille qu’avec des professionnels dans le domaine du cannabis médical.

L’association participera activement à la législation, la recherche et l’enseignement sur le cannabis.

Pour plus d’informations: http://www.ncsm.nl

(Source : communication personnelle de Arno Hazekamp)

Science : le THC et les douleurs chroniques

Une étude clinique ouverte a étudié l’efficacité et les effets indésirables du THC oral (dronabinol) sur 13 patients qui souffraient de douleurs chroniques que la pharmacothérapie conventionnelle ne pouvait soulager.

Cinq des treize patients ont répondu positivement au traitement, alors que huit patients n’ont pas amené de réponse ou seulement une réponse inappropriée. Sept des patients n’ont éprouvé aucun effet indésirable, six des effets indésirables, dont deux d’entre eux ont dû abandonner le traitement. À partir de leurs observations, les chercheurs américains (États-Unis) ont conclu que « le traitement oral par le THC peut être une option thérapeutique valable pour certains patients atteints de douleurs chroniques non malignes, qui n’ont pu être soulagés par des traitements antérieurs ». (Source : Haroutiunian S, Rosen G, Shouval R, Davidson E. Open-Label, Add-on Study of Tetrahydrocannabinol for Chronic Nonmalignant Pain. J Pain Palliat Care Pharmacother 2008;22(3):213-217.)

Nouvelles en bref

***Suisse : pas de légalisation

Le 30 novembre, les électeurs suisses ont rejeté une initiative destinée à la légalisation de la culture et la possession de cannabis. 36,8 % des électeurs ont voté en faveur de cette initiative et 63,2 % contre. Un amendement de la loi sur les narcotiques a été accepté à une large majorité (68 %). Elle doit entre autres faciliter l’usage du dronabinol. Il existe toutefois une incertitude relative aux effets concrets de cet amendement sur cette question. (Sources : Swissinfo.ch, communications personnelles)

***Etats-Unis: Hawaii

Ces deux dernières années, le nombre des patients faisant un usage médical du cannabis a progressé de 87%, (pour une population de 1,3 million d’habitants). Selon le ministère de la Sécurité intérieure, 4200 patients ont été enregistrés en juin 2008. Une raison de cette tendance est l’augmentation du nombre de médecins (85 médecins en plus en 2008) qui ont inscrits des patients au programme afin qu’ils puissent bénéficier du programme. (Source : Honolulu Advertiser, du 24 novembre 2008)

***États-Unis: Californie

Le 1er décembre, la Cour Suprême des États-Unis a rejeté sans commentaire un appel d’une ville de Californie qui demandait à la justice de renverser une décision statuant que la police devait retourner le cannabis médical saisi à un patient. Un représentant de l’association Americans for Safe Access a déclaré: «Il est maintenant établi que les officiers de la police de l’État ne peuvent arrêter les patients faisant usage de cannabis médical ou se saisir de leur médicament». (Source : San Francisco Chronicle, du 2 décembre 2008)

***Science : cannabidiol

Selon la recherche sur le modèle animal, le cannabidiol (CBD), un cannabinoïde non psychotrope, est une substance qui favorise la réaction d’alerte et active les cellules nerveuses dans les zones correspondantes dans le cerveau. (Source : Murillo-Rodríguez E, et al. Behav Neurosci 2008;122(6):1378-82.)

***États-Unis : mort en prison

La mère d’un détenu paraplégique, qui est mort en 2004 à la une prison de Washington D.C. s’est entendue avec l’administration du district sur des indemnités de dédommagement. Cet arrangement a été obtenu après le mort controversée de Jonathan Magbie, un citoyen du Maryland âgé de 27 ans et qui était paralysé à partir du cou. J. Magbie est mort le 4ème jour de sa détention à la suite d’une condamnation de 10 jours pour possession de cannabis qu’il consommait à des fins médicales. La prison n’était pas équipée d’un appareil d’assistance respiratoire dont il avait besoin pendant son sommeil et c’est ce qui a finalement causé sa mort. (Source : Washington Post, du 3 décembre 2008)

*** États-Unis: Californie

Le 24 novembre, la Cour Suprême a décidé que la personne qui fournit de la drogue à un patient qui a l’approbation d’un médecin peut être poursuivie pour trafic de drogue. Les avocats des deux parties se sont mis d’accord sur le fait que cela encouragerait les Californiens à obtenir du cannabis médical auprès des coopératives des patients qui sont autorisées par la loi de l’État de Californie depuis 2003, plutôt qu’auprès de trafiquants. (Source : San Francisco Chronicle, du 24 novembre 2008)

***Science : cannabis et nicotine

Une étude jumelée s’est intéressée à la relation de dépendance entre la nicotine et le cannabis. Les chercheurs ont conclu que les personnes qui consommaient du cannabis quand ils étaient jeunes présentent un risque plus élevé de développer une dépendance à la nicotine, mais que le risque restait surtout attribuable à une vulnérabilité génétique commune. «Il n’y a pas d’évidence de relation entre l’usage du cannabis et la dépendance à la nicotine», ont conclu les chercheurs dans un rapport. (Source : Agrawal A, et al. Addiction 2008;103(11):1896-904.)

IL Y A UN AN :

– Science/États-Unis : une étude clinique avec l’extrait de cannabis sativex a commencé aux États-Unis

– Etats-Unis : le Nouveau-Mexique veut établir un système de production et de distribution du cannabis à usage médical

IL Y A DEUX ANS :

– Science : la consommation modérée de cannabis a un effet positif sur le traitement de la dépendance à la cocaïne chez des patients avec un TDAH

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IACM-Bulletin du 27 décembre 2008
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Un résumé du Dr. John McPartland de la clinique de Médecine familiale de la faculté de médecine de l’université du Vermont Burlington (États-Unis) vient de paraître dans CANNABINOIDS. L’article, intitulé « Adulteration of cannabis with tobacco, calamus, and other cholinergic compounds», traite des effets pharmacologiques du tabac sur le cannabis et peut être consulté, pour l’instant seulement en anglais, sur le site de l’IACM: http://www.cannabis-med.org/english/home.htm.

La traduction allemande sera prochainement disponible en ligne sur:

http://www.cannabis-med.org/german/home.htm

Nouveau site (en anglais et en français) sur le cannabis et le TDAH (Trouble Déficitaire de l’Attention/Hyperactivité): http://mcforadhd.free.fr

* Science : le THC réduit les reflux acides de l’estomac

* Allemagne : Fagron est la seule société autorisée à importer du cannabis en Allemagne

Science : le THC réduit les reflux acides de l’estomac

Les chercheurs du Centre Médical Académique d’Amsterdam (Pays-Bas) se sont penchés sur les effets du THC (dronabinol) sur le relâchement du sphincter inférieur de l’œsophage (anneau musculaire qui se situe entre l’estomac et l’oesophage) et les reflux acides de l’estomac dans l’oesophage (reflux gastro-oesophagiens) chez les chiens et chez l’homme. Chez l’espèce canine, le dronabinol a réduit en fonction du dosage les relâchements du sphincter inférieur de l’œsophage ainsi que le taux de reflux acides, annulés par un antagoniste des récepteurs CB1 (SR141716A) indiquant ainsi que cet effet produit par le THC est transmis par le récepteur CB1.

A partir de ces résultats, une étude contrôlée versus placebo a été conduite sur 18 volontaires en bonne santé à qui l’on a administré trois fois soit un placebo, soit 10 mg de dronabinol, soit 20 mg de dronabinol. Le THC a réduit de manière significative la fréquence de relâchement du sphincter et conduit à une diminution non significative des épisodes de reflux acides au cours de la première heure suivant une prise de nourriture. Le reflux gastro-oesophagien est un dysfonctionnement du sphincter inférieur de l’œsophage qui se relâche de manière anormale laissant ainsi une partie du contenu gastrique remonter dans l’œsophage. Le risque consiste en un développement d’oesophagite, c’est-à-dire une lésion inflammatoire chronique de la paroi intérieure de l’œsophage. (Source : Beaumont H, Jensen J, Carlsson A, Ruth M, Lehmann A, Boeckxstaens GE. Effect of Delta(9)-tetrahydrocannabinol, a cannabinoid receptor agonist, on the triggering of transient lower oesophageal sphincter relaxations in dogs and humans. Br J Pharmacol, du 6 décembre 2008 [publication électronique avant impression])

Allemagne: Fagron est la seule société autorisée à importer du cannabis en Allemagne

En Allemagne, le cannabis médical sera distribué par la société Fagron Allemagne, une unité du grossiste belge spécialisé en produits médicaux Arseus, selon une déclaration faite par ce même grossiste. Fagron Allemagne dispose d’une licence d’exclusivité pour l’importation et la distribution du cannabis médical dans tout le pays. Dans cette déclaration, il est également expliqué que Fagron Pays-Bas a pris une part active du marché du cannabis médical néerlandais, et ce depuis 2003. Fagron Pays-Bas distribue le cannabis aux pharmacies néerlandaises.

L’usage médical de la plante n’est pas autorisé en Allemagne. Cependant, l’Institut fédéral des médicaments et des dispositifs médicaux a délivré une autorisation spécifique à quatre personnes gravement malades leur permettant d’acheter du cannabis en pharmacie. De telles exceptions se basent sur des recommandations de plusieurs médecins et après avoir établi qu’aucun autre médicament disponible sur le marché ne pourra suffisamment soulager ces patients.

Pour plus d’information : http://www.reuters.com/article/rbssPharmaceuticals%20-%20Generic%20&%20Specialty/idUSL89274320081208 (Source : Reuters, du 8 décembre 2008)

Nouvelles en bref

***Science : sclérose en plaques

Un groupe de chercheurs espagnols s’est intéressé aux effets du cannabinoïde synthétique (WIN55,212-2) dans le modèle animal de la sclérose en plaques. Ils ont découvert que le cannabinoïde inhibait de manière significative les molécules d’adhésion présentes dans le cerveau. Ces molécules régulent la migration des cellules blanches du sang à travers la barrière hémato- encéphalique lors d’une sclérose en plaques. Ceci pourrait expliquer l’effet anti-inflammatoire du THC dans le cas de la SEP. (Source : Mestre L, et al. Mol Cell Neurosci, du 19 novembre 2008 [publication électronique avant impression])

***Science : greffe du foie

Des chercheurs de l’université du Michigan à Ann Arbor (États-Unis) se sont intéressés aux effets de l’usage du cannabis sur les résultats des transplantations du foie, notamment aux chances de survie des patients. Pour conduire leurs travaux, ils ont inclus 155 consommateurs de cannabis et 1334 patients non consommateurs. Le fait de consommer du cannabis n’a pas révélé d’effet significatif sur la chance de survie des patients après une greffe du foie. (Source : Ranney DN, et al. Am J Transplant, du 27 novembre 2008 [publication électronique avant impression])

***États-Unis: New Jersey

Le Gouverneur du New Jersey, Jon S. Corzine, a déclaré qu’il était favorable à l’usage médical du cannabis, et qu’il soutiendrait et signerait un projet allant dans ce sens. Le 15 décembre, le Comité de Santé du Sénat de l’État a approuvé le projet de loi sur le cannabis médical par un vote de 6 voix contre 1. Le projet doit encore être présenté au Sénat. (Source : Press of Atlantic City, du 17 décembre 2008)

***Science : lésions rénales

Dans des essais sur animaux, le cannabinoïde non psychotrope cannabidiol (CBD) a réduit les lésions rénales induites par le cisplatine. Le cisplatine est un complexe utilisé dans la chimiothérapie anti-cancéreuse. Le CBD a atténué le stress oxydatif, l’inflammation et la mort cellulaire dans les reins et a amélioré la fonction rénale. Les chercheurs ont conclu que «le cannbidiol pourrait représenter une nouvelle stratégie prometteuse pour protéger contre une néphrotoxicité induite par le cisplatine». (Source : Pan H, et al. J Pharmacol Exp Ther, du 12 décembre 2008 [publication électronique avant impression])

***Science : parodontite

D’après une étude réalisée sur les rats, le cannabidiol a diminué la résorption osseuse en inhibant les cytokines pro-inflammatoires dans le modèle animal de la parodontite. (Source : Napimoga MH, et al. Int Immunopharmacol, du 11 décembre 2008 [publication électronique avant impression])

***Science : cancer du foie

Des chercheurs de l’université de Palerme (Italie) ont démontré qu’un cannabinoïde synthétique (WIN55,212-2) pouvait programmer la mort de cellules cancéreuses du foie. Ceci pourrait constituer un potentiel thérapeutique pour les cannbinoïdes chez les patients atteints d’un cancer du foie. (Source : Giuliano M, et al. Biochimie, du 27 novembre 2008 [publication électronique avant impression])

***Science : cancer du poumon

Une étude réalisée par l’Agence Internationale de la Recherche sur le cancer de Lyon (France) s’est intéressée aux effets de la consommation du cannabis fumé et aux risques de cancer du poumon sur 430 patients atteints d’un tel cancer en Tunisie, au Maroc et en Algérie. Tous les fumeurs de cannabis fumaient aussi du tabac. En tenant également compte d’autres variables, il a été noté que la consommation de cannabis doublait le risque de cancer du poumon. Les chercheurs ont conclu que « fumer du cannabis pourrait être considéré comme un facteur à risque pour développer un cancer du poumon. Cependant, le tabagisme ou d’autres facteurs influents possibles pourraient expliquer la part supplémentaire de risque». (Source : Berthiller J, et al. J Thorac Oncol 2008;3(12):1398-403.)

***Science : test d’urine

Dans une étude réalisée par l’Institut américain de l’Abus des Drogues du Maryland (États-Unis), l’urine de 60 consommateurs réguliers de cannabis a été analysée pendant 30 jours d’abstinence afin de détecter les traces de THC-COOH. Au cours de l’étude, d’importantes fluctuations entre les jours de test positif et les jours de test négatif ont été observées. De même, l’absence d’une réduction constante des taux de THC-COOH a été notée. Le nombre moyen de jours afin qu’un premier test soit négatif (THC-COOH inférieur à 50 ng/ml lors d’un immuno-essai) était de 3,2 jours et celui afin qu’un dernier test soit positif était de 15,4 jours. (Source : Goodwin RS, et al. J Anal Toxicol 2008;32(8):562-9.)

***États-Unis: Californie

Le Centre de santé Harborside (HHC), un dispensaire de cannabis médical autorisé par la ville, a annoncé avoir commencé à analyser le cannabis qu’il distribuait. Tous les produits médicinaux issus du cannabis approuvés pour la distribution au HHC seront ainsi testés au niveau de leur sécurité et de leur puissance. (Source : communiqué de presse par Harborside Health Center, du 11 décembre 2008)

***Maroc : discussion sur la légalisation

Le 3 décembre, la légalisation du cannabis a été discutée à la télévision marocaine. La question principale était de savoir s’il était possible de diriger la culture du cannabis vers des usages industriels et thérapeutiques. Un résumé de la discussion peut être consulté sur :

http://www.encod.org/info/MOROCCO-OPENS-THE-DEBATE-ON.html. (Source : ENCOD)

***Science/Allemagne : Spice

La nouvelle drogue Spice, dont la publicité est faite sur l’Internet qui la présente comme un mélange d’herbes à utiliser comme parfum d’ambiance, mais qui est plus généralement fumé provoquant ainsi des effets similaires à ceux du cannabis, contient le cannabinoïde synthétique JWH-018, selon une analyse faite par un laboratoire de Francfort (THC Pharm). Immédiatement après la confirmation de la présence de ce principe actif, Spice a été interdite en Autriche. (Source : Frankfurter Rundschau, THC Pharm)

IL Y A UN AN :

– Science : le THC diminue la douleur chronique des patients que les opiacés soulagent peu

– Royaume-Uni : l’Agence de régulation des médicaments et des produits de santé publie un rapport d’information sur le sativex

– Science : composition qualitative similaire des fumées du cannabis et du tabac

IL Y A DEUX ANS :

– Suisse : le parlement a décidé de proposer l’assouplissement des dispositions relatives à l’utilisation de cannabis à des fins médicales

– Science : la nabilone réduit les douleurs et autres symptômes chez des patients atteints d’un cancer.

 

 

 

 

 

 

 

Auteur: Philippe Sérié

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