Canada :«Pas de barrière inutile à l’accès au cannabis», dit le Collège des médecins

LA PRESSE CANADIENNE

Mélanie Noël
MÉLANIE NOËL
La Tribune

(Sherbrooke) «Nous ne mettrons pas de barrière inutile à l’accessibilité au cannabis séché. Mais nous souhaitons que le cannabis soit prescrit de façon conforme aux données de la science et de façon à alimenter la science. Un aspect qui a cruellement manqué jusqu’à maintenant dans ce dossier qui a été surtout juridique, politique et social», a évoqué, mardi, le Dr Yves Robert, secrétaire du Collège des médecins du Québec, en marge à l’entrée en vigueur du nouveau Règlement fédéral sur la marijuana à des fins médicales.

Afin d’aider ses membres dans l’application du règlement et en vue d’assurer la sécurité des patients, le Collège des médecins du Québec a produit des outils et des formulaires, en collaboration avec le Consortium canadien pour l’investigation des cannabinoïdes (CCIC), et les a rendus publics mardi matin.

« Le Collège des médecins du Québec réaffirme que l’usage du cannabis à des fins médicales n’est pas un traitement reconnu par la profession médicale. Toutefois, à la suite de l’obtention d’un avis légal sur le sujet, le Collège a jugé de son devoir de prévoir un mécanisme permettant de se conformer au nouveau règlement fédéral et de rendre accessible le cannabis séché à certains patients, tout en reconnaissant qu’il s’agit d’un traitement non reconnu. Pour le Collège, la solution passe par la voie de la recherche », a affirmé le Dr Charles Bernard, président-directeur général du Collège des médecins.

La consommation de cannabis prescrite par un médecin était récemment au coeur de l’actualité régionale puisqu’un patient en soins palliatifs au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke (CHUS), Charles Bury, a été le premier à inhaler de la marijuana dans un établissement hospitalier.

«Les médecins du CHUS sont partagés sur la question. Certains des 600 médecins croient que ce n’est pas notre rôle de prescrire ce type de substance. Par contre, ceux qui voient de plus près la souffrance des patients, les médecins traitant la douleur chronique ou ceux aux soins palliatifs, sont plus ouverts», déclare le Dr Serge Lepage, président du Conseil des médecins, dentistes et pharmaciens au CHUS.

Avant d’envisager l’usage du cannabis séché dans le traitement d’une condition médicale, d’autres options thérapeutiques devront être considérées, notamment d’autres formes de cannabinoïdes dont la prescription est autorisée par Santé Canada. Et c’est, selon le Dr Lepage, le réflexe des médecins du CHUS.

Mais parfois, cette solution n’est pas efficace et le patient désire se tourner vers le cannabis séché. Dans ces cas, la directive du Collège des médecins est claire: l’usage d’un traitement non reconnu ne peut se faire que dans un cadre de recherche.

Le hic est qu’aucun projet de recherche sur le sujet n’existe pour le moment au CHUS. Et un certain délai est à prévoir pour en mettre un en branle. «Un médecin doit d’abord lever la main pour être porteur de ce projet. Ensuite, l’élaboration du projet peut prendre quelques mois, car on doit définir quels sont les objectifs, combien de patients seront suivis, etc. Puis le projet doit obtenir l’approbation du centre de recherche du CHUS qui nécessite normalement un délai de deux mois», soutient le Dr Lepage.

Règles concrètes d’utilisation à venir

À la suite du cas Charles Bury, un comité de travail a été formé au CHUS afin d’établir les règles d’utilisation du cannabis au sein de l’établissement. «Le Collège nous donne des pistes de solution aujourd’hui (mardi), mais ne couvre pas tous les points. Comment le cannabis sera-t-il consommé à l’intérieur des hôpitaux? Qui contrôlera l’émission des gaz? Est-ce que les patients consommeront ce cannabis dans une salle commune ou privée? Un registre et un suivi doivent être faits auprès des patients. Qui paiera pour tout cela?», demande le Dr Lepage soutenant qu’un projet de recherche peut coûter des dizaines, voire des centaines de milliers de dollars.

«Je ne crois pas que ce soit les consommateurs ou les producteurs qui paient ces frais», ajoute-t-il.

Le comité de travail du CHUS accélérera ses réflexions, assure Dr Lepage, pour que les règles d’utilisation soient mises en place le plus rapidement possible. «Pour éviter, un vide et encadrer l’utilisation de façon sécuritaire», conclut-il.

Source : http://www.lapresse.ca/la-tribune/sherbrooke/201404/01/01-4753597-pas-de-barriere-inutile-a-lacces-au-cannabis-dit-le-college-des-medecins.php

Auteur: Philippe Sérié

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