Cannabis : « La France ne sait pas évoluer sur le plan sociétal »

Le Point.fr – Publié le 

Alors que l’Uruguay s’apprête à légaliser le cannabis, Jean-Michel Baylet s’apprête à déposer une proposition de loi en ce sens. Interview.

Le président du Parti radical de gauche a salué le projet de loi uruguayen visant à légaliser la marijuana.

Le président du Parti radical de gauche a salué le projet de loi uruguayen visant à légaliser la marijuana. © FRED DUFOUR / AFP

Par HUGO DOMENACH

Partisan de la libéralisation du cannabis, le sénateur et président du Parti radical de gauche (PRG), Jean-Michel Baylet, a salué sur son blog le vote de la Chambre des députés d’Uruguay qui a adopté un projet de loi visant à en légaliser la consommation. Selon son communiqué, le président uruguayen, José Mujica, « a fait preuve de courage et de pragmatisme ». Membre du groupe d’amitié France-Pays du Cône Sud, il déposera prochainement un projet de loi en ce sens au Sénat. Pour le Point.fr, il revient sur les raisons qui le poussent à prôner l’autorisation de la fumette. Interview tête brulée.

Le Point.fr : Pourquoi êtes-vous pour la libéralisation du cannabis ? 

Jean-Michel Baylet : Pour deux raisons. La première appartient à la sécurité publique. Il s’agit du problème des dealers et de l’insécurité qu’ils génèrent dans les villes, les cités, les cages d’escalier. La seconde est une question de santé publique. Vendue en pharmacie, comme le prévoit le projet de loi uruguayen, la marchandise serait vérifiée, convenablement dosée, vendue par des gens compétents qui pourront expliquer les risques aux clients. La dépénalisation est une solution de faux-cul qui consiste à permettre d’acheter, mais pas de vendre. Mais elle est moins pire que la solution du « tout répressif », qui n’a rien donné puisque la consommation ne cesse d’augmenter en France. Selon une étude de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies, en 2011, 41,5 % des jeunes de 17 ans déclaraient avoir fumé du cannabis au cours de leur vie et 22,4 % d’entre eux déclaraient avoir consommé du cannabis au cours du dernier mois…

Pourquoi le débat est-il si difficile en France ? 

Pendant les primaires socialistes, je m’étais déjà prononcé pour. Les autres candidats me sont tombés dessus. C’est pareil à chaque fois qu’il y a un débat de société. La France ne sait pas évoluer sur le plan sociétal sans que cela génère des polémiques extrêmes. Il y a une frange conservatrice qui ne veut pas que la France évolue. Et les partis politiques de droite ne sont pas étrangers à ces dérives. Quand la Grande-Bretagne a légalisé le mariage homosexuel, on n’en a pas entendu parler.

Êtes-vous un consommateur ?

Je n’ai jamais fumé, ce n’est pas de ma génération. Quand j’étais jeune, c’était très marginal. Mais ce n’est pas parce que je ne suis pas un consommateur que je ne dois pas avoir une vision moderne des choses.

Source : lepoint.fr

 

 

 

 

 

 

Auteur: Philippe Sérié

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