Drogues au volant: après une expérimentation concluante, des tests salivaires plus performants généralisés

Drogues au volant: après une expérimentation concluante, des tests salivaires plus performants généralisés | AFP

SÉCURITÉ ROUTIÈRE – L’alcool et la vitesse tuent sur les routes, la drogue aussi. Pour répondre à la hausse de la mortalité routière, Manuel Valls réunit ce vendredi 2 octobre un comité interministériel de sécurité routière (CISR). Quatre ans après le dernier comité de ce type, une série de nouvelles mesures pour lutter contre les comportements à risque doit être annoncée.

La Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) a confirmé au HuffPost que, parmi ces annonces, figure la généralisation de nouveaux tests salivaires pour détecter l’usage de drogues au volant. Après une expérimentation concluante, menée entre décembre 2014 et juin 2015 dans onze départements, ces tests devraient être utilisés sur tout le territoire dans le courant de l’année 2016, précise Danièle Jourdain Menninger, présidente de la Mildeca.

300.000 heures de gagnées

L’intérêt de ce nouveau dispositif? Un gain de temps et d’argent. A l’heure actuelle, lors d’un contrôle de stupéfiants par les forces de l’ordre, un premier test salivaire avec une bandelette est effectué. Si celui-ci se révèle positif à l’une des quatre drogues qu’il détecte (cannabis, cocaïne, héroïne et amphétamines), le résultat doit être confirmé par une prise de sang qui sera analysée plus tard. Le conducteur doit donc être amené aux urgences.

Une étape très chronophage car elle mobilise deux agents pendant environ trois heures. En 2014, sur les 125.000 contrôles effectués avec le test de la bandelette, 50.000 se sont avérés positifs et ont donc nécessité une prise de sang. Au total, ces actes médicaux ont demandé 300.000 heures aux forces de l’ordre, sans compter les frais des prises de sang, pris en charge par la justice.

Avec les nouveaux tests salivaires, le passage par la case urgence est tout simplement supprimé. Lors d’un contrôle, dans le cas où le test à la bandelette est positif, les forces de l’ordre pourront procéder au prélèvement salivaire directement sur le lieu de l’infraction. Il sera ensuite envoyé à analyse et en cas d’usage avéré de drogues, le conducteur recevra une convocation au tribunal, comme c’est actuellement le cas avec la prise de sang. Pour rappel, conduire sous l’emprise de stupéfiants est passible de deux ans d’emprisonnement et de 4500 euros d’amende.

Augmenter le nombre de contrôles des stupéfiants

Ce dispositif, déjà employé en Espagne, a été testé sur 200 conducteurs volontaires, selon les recommandations du comité scientifique. A l’issue de l’expérimentation, durant laquelle un prélèvement sanguin et un prélèvement salivaire ont été effectués, les résultats entre les deux méthodes concordaient à plus de 99%.

Le temps économisé grâce à cette technique devrait donc être mis à profit pour augmenter le nombre de contrôles. « Aujourd’hui, il y a 125.000 contrôles liés à la drogue, contre 11 millions de contrôles pour l’alcool. Or, 14% des personnes impliquées dans un accident mortel sont sous l’emprise de stupéfiants », souligne Danièle Jourdain Menninger. « Par ailleurs, le risque de mortalité est multiplié par deux en cas de consommation de drogues, et par 15 lorsque drogue et alcool sont mélangés », poursuit-elle.

Cependant, avant que cette nouveauté n’entre en vigueur, il faut que la loi change. En effet, dans les textes, seul un test sanguin peut caractériser l’infraction. Les choses sont déjà en route puisque fin septembre, les sénateurs ont amendé la loi santé afin que les tests salivaires aient aussi valeur de preuve. « Après la modification de la base législative et le décret d’application, nous passerons à la phase de généralisation du dispositif », indique la présidente de la Mildeca. « Il faudra ensuite passer un appel d’offres pour équiper les forces de l’ordre, ce qui devrait être le cas d’ici à la fin de l’année 2016. Cela nous laisse le temps, en parallèle, de diffuser l’information mais également de continuer à faire de la prévention autour de cette question ».

Source: Huffingtonpost.fr

Auteur: Philippe Sérié

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