Le tribunal dit non à l’usage thérapeutique du cannabis – 24/05/2014

CHÂLONS-EN-CHAMPAGNE (51). Pour calmer ses angoisses, un Marnais avait décidé d’inhaler de l’herbe qu’il cultivait à la maison. Il a été condamné à trois mois de prison avec sursis.

Prevenu chalon

Le prévenu cherchait à se soigner avec « quelque chose de naturel ».

 

Le 8 janvier dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a autorisé la mise sur le marché du Sativex®, un médicament à base de cannabis destiné à certains patients atteints de sclérose en plaques. Pour autant, l’usage thérapeutique du chanvre indien riche en psychotropes, fait toujours débat. En témoigne le cas d’un habitant de Mardeuil, près d’Épernay, qui avait décidé d’abandonner ses traitements médicamenteux au profit d’herbe de cannabis pour soigner ses angoisses sans avoir à supporter les effets secondaires des produits pharmaceutiques.

Âgé de 28 ans, le jeune homme, salarié d’une jardinerie, avait ainsi acheté sur Internet un kit de culture qu’il avait installé dans un placard, au domicile de ses parents, à Vauciennes, pour y faire pousser ses plants. Mais un incendie dans le sous-sol, en juin 2013, avait permis aux gendarmes de découvrir le pot aux roses. Deux plants poussaient alors sous lampes, et dix-huit autres dans le jardin. Un peu plus de 162g d’herbe avaient également été saisis.

Jugé pour détention et usage de stupéfiants, mercredi, devant le tribunal correctionnel de Châlons, celui-ci a expliqué s’être lancé dans la culture dans la seule perspective d’un usage personnel et thérapeutique. Se disant contre tout type de trafic, il souhaitait de cette manière se débarrasser de son mal-être avec « quelque chose de naturel », en l’inhalant à l’aide d’un vaposystème acquis sur le Net. « C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour régler mes angoisses sans problèmes gastriques » a-t-il déclaré à la barre.

Son avocat parisien, Me Francis Caballero, s’est pour sa part appuyé sur le décret du 5 juin 2013 autorisant l’usage et la détention de cannabis par délivrance médicale, tout en plaidant, au titre d’une disposition du code de santé publique, la requalification des poursuites en trafic de cannabis, soumis au régime spécial des plantes vénéneuses et non des stupéfiants.

En juin 2002, la Cour d’appel de Papeete (Polynésie française) avait d’ailleurs relaxé un homme paraplégique qui utilisait du cannabis pour calmer ses douleurs, en estimant que le prévenu n’avait, pour cela, pas d’autres solutions que d’en consommer.

Mais la juridiction correctionnelle de Châlons en a cependant jugé autrement en reconnaissant le prévenu coupable de « détention et usage de stupéfiants ». Condamné en répression à trois mois d’emprisonnement intégralement assortis d’un sursis, celui-ci devra désormais trouver un moyen autrement plus légal pour calmer ses angoisses. Autant dire que le débat sur l’usage thérapeutique du cannabis a encore de beaux jours devant lui.

 

Source : lunion.presse.fr

Auteur: Philippe Sérié

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