Australie : Légaliser le cannabis pour limiter les dégâts de l’alcool

Au centre de cette idée quelque peu réactionnaire par rapport à l’opinion publique il y a un constat : là où l’alcool tend à donner des réactions violentes, le cannabis tend à calmer les personnes qui en consomment. Les effets de l’un sont donc contrebalancés, en quelque sorte, par les effets de l’autre. Pour Robin Room, directeur du centre australien de recherche sur les effets de l’alcool, c’est une bonne chose.

Les dommages liés au cannabis sont moindres que ceux liés à l’alcool

Robin Room en est certain : un jeune qui fume de la marijuana est moins susceptible de se retrouver avec de gros problèmes qu’un jeune qui bois de l’alcool. La raison est simple : l’effet est complètement différent et si les deux substances altèrent nos perceptions et notre manière de penser, l’une est plus dangereuse que l’autre.

Pourtant, celle qui pour le professeur Room est plus dangereuse est celle qui est légale : l’alcool. Être sous l’effet de l’alcool conduit plus facilement à la violence et met en danger la vie de la personne elle-même à cause de la perte d’équilibre et d’autres effets similaires.

Outre les violences induites par les effets de l’alcool, et qui ont donné en France la campagne de prévention bien connue « Sans alcool la fête est plus folle », le professeur Room estime que l’alcool a aussi des effets néfastes sur la vie sociale, la vie professionnelle et la vie familiale des jeunes, effets qui seraient réduits chez les consommateurs réguliers de cannabis.

L’alcool, un véritable problème de santé publique

Les effets de l’alcool inquiètent autant les autorités françaises que les autorités australiennes. Ces dernières sont en train de faire face à une recrudescence de crimes et violences liés à l’alcool dans la région de Melbourne, sans compter l’augmentation des hospitalisations liées à la consommation excessive de boissons alcoolisées.

En France, l’alcool reste la première cause d’hospitalisation selon les derniers chiffres publiés en mars 2013 par la société française d’alcoologie. En 2012, ce ne sont pas moins de 400 000 admissions en hôpital qui ont été liées à la consommation d’alcool. Un fléau qui touche,n d’ailleurs, de plus en plus de jeunes autant ponctuellement que sur le long terme, avec des maladies liées à une consommation régulière, comme la cirrhose, qui se développent de plus en plus tôt.

La légalisation du cannabis sous contrôle de l’Etat

Le professeur Robin Room ne nie pas les effets dangereux du cannabis sur la santé, il essaye d’apporter une solution palliative à un problème majeur auquel est confrontée l’Australie. Mais loin de vouloir légaliser le cannabis de manière « sauvage », il estime que le contrôle et la supervision de l’Etat sont plus que nécessaires.

Légaliser le cannabis permettrait, d’une part, de limiter les dépenses de l’Etat dans la lutte contre la criminalité et contre le marché illégal. Mais, pour cela, il faudrait mettre en place un système de revendeurs agréés et un contrôle sévère de la consommation. Le professeur Room estime que, par la même occasion, l’Etat pourrait serre la vis concernant la consommation d’alcool et de tabac.

Robin Room reste néanmoins conscient que sa thèse, légaliser le cannabis pour améliorer la santé publique en Australie, lui vaudra des remarques et même des réponses très négatives autant de la part de spécialistes que des autorités.