En décembre 2018, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a donné son feu vert à l’usage du cannabis thérapeutique. À certaines conditions.
1/Qui pourra bénéficier du cannabis à visée thérapeutique?
« Quelques milliers de patients qui ne sont pas soulagés par les traitements conventionnels actuellement disponibles ou qui ne les tolèrent pas », avance le Pr Nicolas Authier, psychiatre addictologue et président du comité d’experts de l’ANSM. Seront ainsi concernées cinq situations thérapeutiques: les douleurs réfractaires, les contractures musculaires fortes et douloureuses liées à la sclérose en plaques, certaines formes d’épilepsie sévères résistantes aux médicaments, les soins palliatifs et ceux de support en cancérologie.
2/Sous quelle forme?
Le comité d’experts a écarté l’hypothèse d’un cannabis fumé. « La combustion dégage des produits cancérigènes incompatibles avec un usage thérapeutique. Mais il existe de nombreuses autres voies d’administration », précise le médecin. Dispositif d’inhalation (pour une action rapide en quelques secondes), gélules (pour un effet plus durable) et aussi des gouttes sublinguales, des patchs, des infusions, des suppositoires… « Il ne s’agira probablement pas de médicaments nécessitant l’obtention d’une autorisation de mise sur le marché (AMM), mais plutôt de préparations magistrales élaborées par les pharmaciens » poursuit-il.
3/À quelle échéance?
Le comité d’experts se réunira à nouveau durant les six premiers mois de l’année afin d’émettre des propositions pratiques permettant l’accès au cannabis thérapeutique. « On peut imaginer que d’ici à la fin 2019 ou le début 2020, on propose aux patients concernés de participer à une vaste expérimentation: ils bénéficieront gratuitement du cannabis thérapeutique et accepteront en contrepartie que des données scientifiques soient collectées. Cela afin d’évaluer la balance bénéfices-risques ainsi que les effets indésirables », explique le Pr Authier.
4/Qui pourra le prescrire?
Tout médecin ou seulement les spécialistes de centres experts (douleur, sclérose en plaques, cancérologie)… C’est l’une des questions qui restent à trancher. « Actuellement, peu de médecins possèdent les connaissances pour le prescrire. Quelle que soit l’option retenue, il faudra de toute façon envisager une formation », précise le professeur.
5/Sera-t-il remboursé par la Sécurité sociale?
Dans un premier temps, le problème ne devrait pas se poser s’il est distribué dans le cadre d’une expérimentation financée par le ministère de la Santé. « Ensuite, pour qu’il puisse prétendre à un remboursement, il faudra qu’il ait fait la preuve de son efficacité. Produire des études avec un haut niveau de preuve, qui n’existent pour l’instant ni à l’étranger ni en France, c’est l’objectif de l’expérimentation prévue », conclut le Pr Authier.
Merci à Nicolas Authier, psychiatre addictologue et président du comité d’experts de l’ANSM.
Source : notretemps.com