Newsletter IACM 2006

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Bulletin de l’IACM du 19 février 2006
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* Etats-Unis: Rhode Island, 11ème Etat à légaliser l’utilisation du cannabis médical
* Etats-Unis/Grande-Bretagne : GW est autorisée à effectuer des études cliniques aux Etats-Unis

1. Etats-Unis: Rhode Island, 11ème Etat à légaliser l’utilisation du cannabis médical

Le 3 janvier, Rhode Island est devenu le 11ème Etat américain à autoriser l’utilisation du cannabis à des fins médicales. Avec 59 voix contre 13 et une abstention, la Chambre des Représentants a voté majoritairement contre le veto du gouverneur Don Carcieri. Désormais, les personnes atteintes d’un cancer ou du sida peuvent cultiver en toute légalité jusqu’à 12 plants de cannabis ou acheter 70 g de marijuana pour soulager les symptômes liés à leur maladie. Selon la loi, ces personnes doivent être enregistrées officiellement et détenir une carte spéciale portant leur photo d’identité.

L’utilisation du cannabis est interdite par les lois fédérales ; cependant, certains Etats, dont le Maine, le Vermont, l’Alaska, la Californie, le Colorado, Hawaï, le Montana, le Nevada, l’Oregon et Washington ont adopté des Lois d’Etat locales autorisant la culture et la consommation de cannabis à des fins médicales. La loi sur le cannabis médical adoptée à Rhode Island est la troisième ayant été votée par des représentants élus.
Dans les huit autres Etats, c’est le vote populaire qui a décidé.

Le 7 juin 2005, les représentants de l’Etat de Rhode Island ont voté pour le projet de loi sur le cannabis médical. Puis le gouverneur Don Carcieri y a opposé son veto. Le lendemain même, le Sénat de l’Etat est passé outre en votant majoritairement en faveur de la loi. Pour annuler le veto d’un gouverneur,  trois cinquièmes des voix sont nécessaires, les deux

Chambres réunies. Ainsi, la loi sur le cannabis médical entre en vigueur sans délai dans l’Etat de Rhode Island.

(Source : Associated Press du 3 janvier 2006)

2. Etats-Unis/Grande-Bretagne : GW est autorisée à effectuer des études cliniques aux Etats-Unis

Le 4 janvier, la société pharmaceutique britannique GW Pharmaceuticals a déclaré avoir reçu le feu vert de la part des autorités américaines pour conduire des études cliniques en
phase III avec le Sativex, un médicament à base de cannabis, pour traiter les douleurs liées au  cancer.

GW prévoit de commencer les études cliniques aux Etats-Unis vers la fin de cette année. Les patients, atteints d’un cancer avancé, recevront alors la substance sous la forme d’un spray buccal.  L’étude clinique randomisée va porter sur 250 personnes et on estime sa durée entre 24 et 36 mois. Par conséquent, il est peu probable que le Sativex ne soit commercialisé aux Etats-Unis avant 2010.

Geoffrey Guy, président de GW, a déclaré que l’autorisation émise par la FDA (Food and Drug Administration) pour réaliser les études cliniques en phase III était de bonne augure pour sa société et permettait de gagner du temps puisque les études des phases antérieures n’avaient pas besoin d’être reconduites.

(Source : Reuters du 4 janvier 2006)

3. En bref

***ETATS-UNIS : Oregon
Le 1er janvier, une loi est entrée en vigueur permettant aux patients autorisés d’augmenter le nombre de plants de cannabis cultivés ainsi que les quantités de cannabis séché.  Désormais, ils peuvent  faire pousser jusqu’à 6 plants de cannabis adultes et 18 jeunes plants et posséder 24 onces (env. 700 g) de cannabis séché. (Source: Associated Press du 26 décembre 2005)

***Suisse : des signatures pour une révision de la loi sur les stupéfiants
Une initiative visant la révision de la loi sur les stupéfiants prévoit de déposer le 13 janvier 135 000 signatures à la chancellerie fédérale pour une demande de référendum. D’après la législation, un tel évènement nécessite 100 000 signatures valables. L’initiative a pour ambition de dépénaliser la possession, l’acquisition et la culture de cannabis pour usage personnel. De plus, la pétition  demande aux instances fédérales de prévoir un cadre règlementaire pour la culture et l’acquisition de cannabis.  Il faut compter environ deux ans avant que le référendum ne soit soumis au vote des citoyens.  (Source: www.projugendschutz.ch)

***Science : douleurs postopératoires
Une étude clinique, menée par l’université d’Ulm, Allemagne, s’est penchée sur les possibles effets synergiques entre l’opiacé piritramide et le THC dans le traitement des douleurs postopératoires. 100 patients, ayant subi une ablation de la prostate, ont reçu soit 5 mg de THC soit un placebo, par voie orale, en huit administrations à partir de la veille de l’intervention chirurgicale jusqu’à deux jours après. Les patients du groupe THC ont eu besoin en moyenne 54 mg de l’opiacé contre 74 mg pour le groupe témoin. La différence n’était pas statistiquement significative.  Les chercheurs en ont conclu qu’ils n’ont découvert ni une action synergique ni un effet additifs dans l’interaction du THC et de l’opiacé dans le cas de douleurs postopératoires aiguës.  (Source : Seeling W, et al. dans Anästhesist du 3 janvier 2006 [version électronique avant impression])

***Science : douleurs
Des scientifiques de l’université de Richmond, Virginie, ont observé un effet synergique du THC et de la morphine pour calmer les douleurs.  Les participants à cette étude, tous des
volontaires en bonne santé, ont reçu les quatre traitements suivants : 5 mg de THC par voie orale ou un placebo et  90 minutes plus tard 0,02 mg par kg de poids de morphine par voie intraveineuse ou un placebo. Après un quart d’heure, on a demandé aux participants d’évaluer la douleur, constituée par un stimulus de chaleur sur la peau. Tandis que l’association du THC et de la morphine n’a pas eu d’effet sur la composante sensorielle (intensité de la douleur), on a cependant observé une réduction significative de la composante affective (douleur émotionnelle liée au stress). (Source : Roberts JD, et al. dans Eur J Pharmacol, du 20 décembre 2005 [version électronique avant impression])

***Science : encéphalite
Des scientifiques allemands ont démontré qu’en cas d’encéphalite, la concentration de l’endocannabinoïde anandamide est plus élevée qu’en temps normale ce qui, grâce à son action sur les cellules microgliales, protège les cellules nerveuses des lésions liées à la réaction inflammatoire. Les cellules microgliales sont des cellules immunitaires du système nerveux ; leur activité a été réduite et contrôlée par l’anandamide. (Source : Eljaschewitsch E. et al. dans Neuron 2006;49(1):67-79)

***Science : maladie d’Alzheimer
Des chercheurs italiens ont étudié le mécanisme permettant au cannabidiol (CBD) d’inhiber l’effet toxique de la protéine beta-amyloïde sur certaines cellules (P 12). Une des causes de la maladie d’Alzheimer est attribuée en effet à une forte concentration de beta-amyloïde. Les chercheurs ont découvert que ces résultats « offrent de nouvelles perspectives moléculaires concernant les actions neuroprotectrices du cannabidiol ce qui laisse supposer un rôle possible des cannabinoïdes dans l’abord pharmacologique de la maladie d’Alzheimer ». (Source : Esposito G, et al. dans J Mol Med  du 31 décembre 2005 [version électronique avant impression])

4. IL Y A UN AN
– Science : D’après une étude à long terme, le THC améliore la spasticité en cas de sclérose en plaques

IL Y A DEUX ANS
– Canada : Une étude est en cours sur les effets du cannabis fumé sur la douleur
– Etats-Unis : Autorisation de la première étude clinique avec du cannabis vaporisé

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IACM-Bulletin du 26 février 2006
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* Grande-Bretagne: Pas de reclassement pour le cannabis
* Science: L’activation des récepteurs CB2 diminue la perte osseuse dans l’ostéoporose
* Etats-Unis: Le comté de San Diego intente un procès à l’Etat de Californie visant à interdire la loi sur le cannabis médical
* Science: Le THC traite efficacement les effets secondaires de la chimiothérapie ne répondant pas aux traitements ordinaires

1. Grande-Bretagne: Pas de reclassement pour le cannabis

Le ministre de l’Intérieur, Charles Clarke, a déclaré le 19 janvier que le cannabis ne sera plus reclassé en catégorie B. Tout en promettant qu’une nouvelle campagne d’information sur les dangers liés à sa consommation sera mise en place, il a également indiqué, face aux parlementaires, que le dernier déclassement n’avait pas entraîné une augmentation de la consommation de cannabis, d’après les conclusions du rapport du Conseil consultatif sur l’usage inapproprié des drogues (Advisory Council on the Misuse of Drugs).

C’était David Blunkett, son prédécesseur au ministère de l’Intérieur, qui avait ordonné en janvier 2004 le déclassement du cannabis de la catégorie B à la catégorie C. Depuis, le fait d’être en possession de cannabis n’est plus considéré comme un délit passible d’arrestation, sauf cas exceptionnel. Parallèlement,  ce déclassement a amplifié la crainte d’un éventuel lien entre consommation de cannabis à haute teneur en THC et maladies mentales.

Au sujet de la campagne d’information, M. Clarke a indiqué que son but consistera à souligner que « le cannabis est tout sauf inoffensif ». Et il a ajouté que les directives publiées en novembre dernier autorisant à des personnes de posséder jusqu’à une livre de cannabis pour leur consommation personnelle, seront modifiées. « J’aimerais informer la Chambre basse sur ma décision finale qui sera en faveur d’une limite nettement en dessous de celle proposée actuellement qui est de 500 g », a-t-il ajouté. De plus, le ministre prévoit une nouvelle
initiative pour permettre l’arrestation des producteurs et des revendeurs de cannabis.

(Source: Times Online du 19 janvier 2006)

2. Science: L’activation du récepteur CB2 diminue la perte osseuse dans l’ostéoporose

Des scientifiques de l’université de Jérusalem ont étudié le rôle joué par les récepteurs CB2 lors de la formation et lors de la perte osseuse. Au cours de leurs études, ils ont observé chez des souris dépourvues de récepteurs CB2 une accélération de la perte osseuse liée à l’âge, une augmentation de l’activité des ostéoblastes (cellules qui forment le tissus osseux) ainsi qu’un accroissement du nombre d’ostéoclastes (cellules qui résorbent le tissus osseux). Les récepteurs CB2 se trouvent sur les ostéoblastes, les ostéoclastes et les ostéocytes (cellules osseuses).

Le cannabinoïde synthétique (HU-308), qui se fixe spécifiquement aux récepteurs CB2, a augmenté le nombre ainsi que l’activité des ostéoblastes en même temps qu’il a réduit la production d’ostéoclastes. Ce même cannabinoïde a, d’une part, freiné la perte osseuse déclenchée par l’ablation des ovaires, et, d’autre part,  stimulé significativement la formation osseuse. Les scientifiques en ont conclu que ces résultats « révèlent le rôle essentiel joué par le système des cannabinoïdes endogènes dans la conservation de la masse osseuse grâce aux signaux échangés entre les récepteurs CB2, les ostéoblastes et les ostéoclastes. Ainsi, les récepteurs CB2 offrent un site d’attaque moléculaire pour permettre d’établir le diagnostic ainsi que le traitement de l’ostéoporose qui, aujourd’hui, fait partie des maladies
dégénératives les plus répandues dans les pays développés».

(Source: Ofek O, Karsak M, Leclerc N, Fogel M, Frenkel B, Wright K, Tam J, Attar-Namdar M, Kram V, Shohami E, Mechoulam R, Zimmer A, Bab I. Peripheral cannabinoid receptor, CB2, regultes bone mass. Proc Natl Acad Sci USA 2006;103(3):696-701)

3. Etats-Unis: Le comté de San Diego intente un procès à l’Etat de Californie visant à interdire la loi sur le cannabis médical

Le 20 janvier, le comté de San Diego a introduit une action en justice devant le tribunal de Grande Instance de San Diego contre l’Etat californien, s’attaquant ainsi à la loi, votée au suffrage universel autorisant l’utilisation du cannabis médical.
Cette procédure vise à demander à un juge fédéral de décider laquelle des législation devait avoir plus de poids : les lois fédérales, interdisant toute consommation de cannabis ou la loi californienne, autorisant son utilisation à des fins médicales. La requête lui demande aussi de se prononcer pour suspendre la mise en application de la loi californienne. D’après John Sansone, brillant avocat du comté, la date du début des auditions par la Cour n’est pas encore connue.

L’Organisation américaine pour la défense des libertés individuelles, The American Civil Liberties Union, a déclaré le 18 janvier, qu’elle était en train de rédiger un courrier au comté le menaçant d’intervenir s’il ne se prononçait pas en faveur de la loi californienne, approuvée à l’époque par 55 % des électeurs.

En effet, la majorité des électeurs du comté de San Diego est favorable à la loi sur le cannabis médical en vigueur depuis neuf ans déjà .Ces gens s’appuient sur un sondage publié le 9 janvier dernier. Ils se disent prêts à attaquer en justice le projet de la direction du comté en se basant sur un récent sondage téléphonique randomisé auprès de 500 électeurs du comté, qui a révélé que 67% des personnes interrogées soutenaient la loi autorisant le cannabis médical. 70% ont affirmé que le comté devait suivre la Loi d’Etat californienne.

(Sources: North County Times des 10 et 21 janvier 2006, Associated Press du 19 janvier 2006)

4. Science: Le THC traite efficacement les effets secondaires de la chimiothérapie ne répondant pas aux traitements ordinaires

Des scientifiques de l’université de Göttingen (Allemagne) ont traité avec du THC (dronabinol) sept patients atteints de la forme la plus sévère des cancers de la peau (mélanome malin avec métastases hépatiques). Tous les patients avaient suivi auparavant un traitement antiémétique classique qui n’avait pas soulagé suffisamment les effets secondaires de la chimiothérapie.

La majorité des patients ont observé une augmentation significative de l’appétit ainsi qu’une diminution des nausées. Ces effets ont perduré pendant plusieurs semaines avant de décliner avec l’évolution de la maladie et la dégradation de l’état générale des patients. Tous ont observé des vertiges d’intensité faible à moyennement forte, mais ce qui n’a pas nécessité une interruption provisoire voire définitive de la thérapie à base de THC. En conclusion, les chercheurs ont déclaré qu’il était possible, dans certains cas individuels, de traiter avec du THC « la perte d’appétit et les nausées provoquées par le foie métastasé dans le mélanome malin».

(Source :  Zutt M, Hanssle H, Emmert S, Neumann C, Kretschmer L. Dronabnol zur supportiven Therpie metastasierter maligner Melanome mit Lebermetstasen. Hautarzt du 12 janvier 2006 [version électronique avant publication])

5. Nouvelles en bref

***Science: Nausées pendant la grossesse
Au Canada, un sondage a été mené auprès de 59 femmes enceintes souffrant de nausées et de vomissements. Parmi elles, 40 femmes ont utilisé le cannabis pour calmer les symptômes dont 37 (92,5 %) l’ont jugé efficace ou très efficace. (Source : Westfall RE, et al. Complement Ther Clin Pract. 2006 Feb;12(1):27-33)

***Science: Inflammation du colon
L’inhibition de la dégradation ou de la réassimilation de l’anandamide a ralenti l’inflammation du colon chez des souris et des rats. Les animaux ont reçu pendant trois ou sept jours un traitement à base de l’une de ces substances. L’inhibiteur de la réassimilation a été significativement plus efficace que l’inhibiteur de la dégradation de l’anandamide. Les substances utilisées lors des études sur les animaux ont également augmenté le taux d’anandamide dans des échantillons de tissus de patients atteints de rectocolite ulcéro-hémorragique (Colitis ulcerosa). (Source: D’Argenio G, et al. FASEB J. du 10 janvier 2006 [version électronique avant impression])

***Science: Mémoire
Lors de cette étude, des rats ont été habitués à associer un son spécifique à un électrochoc sur la patte. Grâce à cette expérience, des observations antérieures ont pu être confirmées: les cannabinoïdes permettent d’oublier plus rapidement les souvenirs désagréables. Une telle action met en jeu le récepteur CB1. (Source: Pamplona FA, Takahashi RN. Neurosci Lett. 4. du 4 janvier 2006 [version électronique avant publication])

***Science: Schizophrénie
Le cannabidiol n’a pas été jugé efficace chez trois patients, atteints d’une schizophrénie résistante à tout traitement. Tous ont reçu pendant les cinq premiers jours un placebo remplacé, du sixième au trente-cinquième jour, par du CBD par voie orale.
De 40 mg initiaux on est passé progressivement à 1280 mg par jour. A partir du trente-sixième jour, le traitement à base de CBD a été relayé par un placebo pendant encore cinq jours qui fut finalement permuté avec l’antipsychotique olanzapin pendant plus de 15 jours. Durant le traitement à base de CBD, les symptômes se sont améliorés chez l’un des trois patients, tandis que chez les deux autres, aucune amélioration n’a été observée.
(Source : Zuardi AW, et al. J. Psychopharmacol du 9 janvier 2006 [version électronique avant impression])

6. IL Y A UN AN

– Grande-Bretagne/Science: En étude clinique, un extrait de cannabis diminue les douleurs liées au cancer
– Etats-Unis: Conflit sur le permis de conduire des utilisateurs de marijuana médicale

IL Y A DEUX ANS
– Science: Les endocannabinoïdes responsables des sensations d’euphorie chez les coureurs
– Etats-Unis: Augmentation considérable du nombre de consommateurs de cannabis médical

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IACM-Bulletin du 2 mars 2006
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* Pays-Bas : Projet d’une pharmacie spécialisée dans le cannabis médical à Groningen
* Etats-Unis/Canada : Extradition de Steve Kubby

1. Pays-Bas: Projet d’une pharmacie spécialisée dans le cannabis médical à Groningen

A Groningen, les patients qui souhaitent soulager leurs douleurs, pourront bientôt acheter à prix raisonnable du cannabis médical de première qualité. C’est dans cette ville néerlandaise, que l’ouverture d’une première pharmacie spécialisée dans le cannabis médical est
prévue. Et bien qu’aux Pays-Bas le cannabis soit en vente partout dans les fameux coffee-shops, la « Société néerlandaise pour le cannabis
médical » souhaite installer une pharmacie dans le Nord du pays afin que les patients puissent se procurer sur place du cannabis de bonne qualité à un tarif convenable.

Le prix du cannabis médical sera fixé à environ 5 euros le gramme, ce qui correspond au prix pratiqué dans les coffee-shops, d’après un article paru le 31 janvier dans le NRC Handelsblad. Ce projet est soutenu conjointement par l’Agence pour le Cannabis médical du ministère
néerlandais de la Santé, par la ville de Groningen ainsi que par la police locale. Deux autres pharmacies seront également prévues dans les villes Hoogezand et Assen.
(Source: Reuters du 1er février 2006)

2. Etats-Unis/Canada: Extradition de Steve Kubby

Cinq années après sa fuite au Canada (pour échapper à une peine de 4 mois de prison) le militant pour le chanvre médical, Steve Kubby, est depuis le 26 janvier de retour en Californie. Il souffre d’une forme rare de cancer (tumeur du cortex de la glande surrénale) et traite les symptômes les plus pénibles avec du cannabis. S. Kubby, ancien candidat libre au poste de gouverneur, était en 1996 l’un des moteurs dans la campagne pour l’autorisation du cannabis médical 1996 en Californie. Son extradition vers les Etats-Unis a eu lieu, après que toutes ses requêtes pour rester au Canada aient échoué et que sa demande d’asile ait été rejetée.

A l’époque, Steve Kubby fut arrêté par la police à l’aéroport international de San Francisco, peu après l’atterrissage de son avion en provenance de Vancouver. Au printemps 2001, il s’enfuît à Columbia au Canada, accompagné de sa femme Michèle et ses deux filles. Il risque aujourd’hui une peine maximale de trois ans d’emprisonnement pour violation de liberté conditionnelle plus les 4 mois d’emprisonnement qui correspondent à la peine prononcée en 2001 par le juge d’un tribunal californien pour possession illégale de petites quantités de mescaline et de psilocine (un composant de la psilocybine).
(Sources: Los Angeles Times du 28 janvier 2006, Globe and Mail du 1er février 2006)

3. Nouvelles en bref

***Etats-Unis : Nouveau-Mexique
Le 30 janvier, le Sénat de l’Etat du Nouveau-Mexique a voté majoritairement pour une proposition de loi autorisant le cannabis
médical pour les personnes atteintes d’une maladie grave, avec 34 voix contre 6. Il revient maintenant à la chambre des représentant de se prononcer. Or, l’année dernière, celle-ci a déjà rejeté une proposition similaire. Il est possible que cette fois encore la décision prenne la même tournure avec tout de même la différence que le gouverneur Bill Richardson a déclaré son intention de signer cette proposition. (Source: Associated Press du 31 janvier 2006)

***Science: Douleurs
Des chercheurs de la clinique Mayo de Rochester se sont penchés sur une étude visant à prouver scientifiquement l’efficacité des
cannabinoïdes dans le traitement des douleurs chroniques. Dans un article paru dans la revue Annals of Pharmacotherapy, ils ont résumé les
résultats de leur recherche: « Il semble que les cannabinoïdes offrent une approche tout à fait différente dans le traitement de la douleur, avec une nouvelle cible et un nouveau mécanisme thérapeutiques. Très souvent, la base du traitement des douleurs chroniques est poly-médicamenteuse et, de ce fait, les cannabinoïdes semblent parfaitement cadrer avec cet ensemble ». (Source: Burns TL, Ineck JR. Ann Pharmacother, du 31 janvier 2006 [version électronique avant impression])

***Science: Douleurs
Une nouvelle étude a révélé que l’action analgésique du très célèbre antalgique paracétamol est due au blocage des récepteurs CB1. Les
scientifiques ont établi que ces résultats laissent supposer que l’inhibition de la douleur par le paracétamol s’effectue par « l’implication
du système cannabinoïde ». (Source: Ottani A, et al. Eur J Pharmacol, du 23 janvier 2006 [version électronique avant impression])

***Science: Anesthésie
D’un coté, les scientifiques ont mesuré le taux d’anandamide dans le sang de 12 patients sous anesthésie générale induite avec de l’étomidate et maintenue avec du sévoflurane sous forme gazeuse. Ensuite, ils ont pratiqué la même mesure chez 12 patients anesthésiés par voie intraveineuse avec du propofol. Les patients du groupe sévoflurane ont révélé une baisse significative du taux d’anandamide à partir de l’induction de l’anesthésie jusqu’à 40 minutes après celle-ci, tandis que ce même taux est resté stable dans le groupe propofol. Les scientifiques en ont conclu que les résultats « pouvaient expliquer en partie l’apparition des effets secondaires des substances utilisées pour l’anesthésie générale, tels que les effets anti-émétiques et psychotropes (psychiques) du propofol ainsi que le pourcentage élevé des symptômes postopératoires comme les nausées et les vomissements après une anesthésie par inhalation ». (Source: Schelling G, et al. Anesthesiology 2006;10452):273-27)

***Science: Douleurs
Des recherches récentes ont révélé des effets additifs entre le cannabinoïde synthétique WIN 55,212-2 et l’anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) ketoralac dans le modèle animal (souris) des douleurs inflammatoires. En conclusion, ils ont déclaré que « l’association de
cannabinoïdes aux AINS peut être bénéfique dans les traitements médicamenteux de la douleur». (Source: Ulugol A, et al. Anesth Analg
2006;102(2):443-7)

4. IL Y A UN AN

– Espagne : La Catalogne prévoit de rendre le cannabis disponible sur ordonnance dans le cadre d’une étude pilote
– Allemagne: Etude clinique sur le cannabis et la maladie de Crohn

IL Y A DEUX ANS
– Grande-Bretagne: Entrée en vigueur d’une loi moins sévère sur le cannabis
– Grande-Bretagne/Suisse: Le cannabis n’a pas entraîné la mort
– Science : Le THC renforce les effets anti-émétiques de l’ondansetron au cours d’une étude sur animaux

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IACM-Bulletin du 8 mars 2006
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* Science: le cannabis et le THC efficaces dans le traitement de l’hypertension intracrânienne idiopathique
* Science : après la dernière prise, une consommation régulière de cannabis ne peut être dépistée pendant un temps très long, contrairement à ce que l’on croyait jusqu’à présent

1. Science: le cannabis et le THC efficaces dans le traitement de l’hypertension intracrânienne idiopathique.

Des scientifiques de l’Institut psychiatrique de New York ont présenté l’étude de cas d’une patiente qui souffre depuis plusieurs années d’hypertension intracrânienne idiopathique. Ils ont rapporté une diminution des symptômes de la maladie (maux de tête, sensibilité à la
lumière, tâche aveugle grandissante et acouphènes) chez la patiente quand celle-ci fumait du cannabis. L’ensemble des symptômes, y compris l’œdème papillaire (inflammation de la zone de naissance du nerf optique), sont associés à l’hypertension intracrânienne. Ainsi les résultats de cette étude révèlent l’efficacité du cannabis dans le traitement de cette maladie. De plus, un résultat semblable a été obtenu avec le THC, administré initialement 2 fois par jour à la dose de 10 mg et ensuite 2 fois par jour à 5 mg.

L’hypertension intracrânienne idiopathique est un trouble neurologique, caractérisé par une tension trop élevée au niveau du liquide céphalorachidien où baigne le cerveau. La maladie est également connue sous le nom de syndrome d’hypertension intracrânienne bénigne du fait que les signes ressemblent à ceux provoqués par une tumeur cérébrale.

Le cerveau est entouré d’un liquide, semblable à l’eau, appelé « liquide céphalo-rachidien » (LCR). Dans le cas ou le volume du LCR augmente, la tension exercée sur le cerveau s’amplifie, car la boîte crânienne osseuse n’est pas extensible. Les causes de cette maladie restent inconnues à ce jour bien que les cas les plus fréquents se retrouvent chez des femmes en âge de procréer présentant un excès pondéral. En revanche, elle est rare chez les hommes minces.

(Source : Raby WN, Modica PA, Wolintz RJ, Murtaugh K. Dronabinol reduces signs and symptoms of idiopathic intracranial hypertension: a
case report. J Ocul Pharmacol Ther 2006; 22(1):68-75)

2. Science: après une dernière prise, une consommation régulière de cannabis ne peut être dépistée aussi longtemps que supposé jusqu’alors.

Selon les conclusions publiées dans la dernière édition du magazine « Drug Court Review », il semble plutôt rare de pouvoir déceler au-delà d’un délai de sept jours la présence de cannabinoïdes dans l’urine chez des consommateurs occasionnels, si l’on applique les limites de détection (cutoff) habituelles. De même, il semble peu probable d’obtenir un résultat positif aux tests après 21 jours chez des fumeur habituels de cannabis ayant arrêté leur consommation, en appliquant une limite de détection basée sur 20 ng/ml. » Par conséquent, les résultats d’un dépistage de substances illicites (drug screening), avec une limite de détection de 50 ng/ml, ne peuvent plus être considérés comme fiables après un délai de dix jours chez les consommateurs réguliers et seulement entre 3 et 4 jours chez les consommateurs occasionnels.

L’auteur de l’article, le Dr Paul Cay de l’université du Missouri, fait remarquer qu’en règle générale les scientifiques, les représentants de la justice ainsi que les consommateurs de cannabis pensent que les tests de dépistage à partir d’échantillons d’urine peuvent déceler la présence de cannabis pendant 30 jours, voire plus. Or, selon ses découvertes, il pense que certains tests, ayant décelé la substance longtemps après leur prise, montrent des faiblesses autant sur le plan basique que méthodique de la procédure. D’après lui, le principal facteur qui heurte la fiabilité de ces tests serait « le manque d’éléments permettant de prouver de manière certaine que les participants aient réellement cessé de consommer de la marijuana». Malgré les réserves faites sur les études existantes (« puisque souvent les résultats ne proviennent que d’un seul participant »), l’analyse du Dr Cary a démontré qu’il était rare de prouver de manière fiable la présence de cannabinoïdes dans l’urine après un délai de 30 jours, voire plus. Dans sa recherche, la durée moyenne permettant de déceler la présence du métabolite de THC le THC-COOH chez des consommateurs de cannabis habituels, en appliquant un taux limite de 20 ng/ml, était de 14 jours. Il en a conclu qu’en matière de limite de détection de cannabis dans l’urine «les résultats issus d’observations rares ont eu une influence disproportionnée sur l’opinion publique en général ».

Le texte intégral est disponible sous http://www.ndci.org/NDCIR%20VI.pdf

(Source: Cary PL. The marijuana detection window: determining the length of time cannabinoids will remain detectable in urine following
smoking: a critical review of relevant research and cannabinoid detection guidance for drug courts. Drug Court Rev 2005;5(1):23-58.)

3. Nouvelles en bref

***Science: leucémie infantile
Une étude d’envergure contrôlée placebo, menée auprès d’enfants dont les mères avaient consommé du cannabis lors de leur grossesse, n’a pas révélé un risque plus important pour développer une leucémie infantile.

Le rapport établi par le groupe de recherche en cancers infantiles (Children’s Cancer Group) des Etats-Unis et du Canada, s’est basé sur 517 cas d’enfants atteints de leucémie myéloblastique aigue (LMA), diagnostique entre 1989 et 1993, et sur 610 cas-témoins. Les résultats n’ont pas révélé de corrélation significative entre un risque plus élevé de leucémie infantile et la consommation de cannabis par les mères, qu’elle soit habituelle ou contemporaine de la période de grossesse. Les chercheurs en ont conclu que « l’association positive, relatée auparavant entre la consommation de marijuana par les mères, soit avant soit pendant la grossesse, et une AML n’a pas pu être confirmée ». (Source: Trivers KF, et al. Paediatr Perinat Epidemiol 2006;20(2):110-8)

***Science: hypotension et rimonabant
Lors de cette étude, le fait de fumer une cigarette de cannabis n’a pas provoqué d’effet constant sur la pression artérielle. En revanche, on a trouvé une tendance hypotensive accompagnée de signes psychotropes (vertiges, étourdissement…) chez 7 des 40 participants en bonne santé. Par conséquent, l’antagoniste du récepteur CB1 rimonabant réduit l’effet de baisse de tension, démontrant ainsi que le récepteur CB1 joue un rôle important dans la régulation de cette dernière. (Source: Gorelick DA, et al. Am Heart J 2006;151(3):754)

4. IL Y A UN AN

– Science: les cannabinoïdes réduisent la progression de la maladie d’Alzheimer chez les animaux
– Grande-Bretagne/Etats-Unis: GW Pharmaceuticals accélère son projet de mise sur le marché de Sativex aux Etats-Unis

IL Y A DEUX ANS
– Canada: proposition pour rendre le cannabis disponible en pharmacie
– Etats-Unis: la Conférence internationale sur les drogues au volant appelle à la tolérance zéro

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IACM-Bulletin du 22 mars 2006
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* Science/Grande-Bretagne: des résultats mitigés après une étude sur le sativex visant à traiter la spasticité de la sclérose en plaques
* Science: le THC réduit l’agitation nocturne chez des patients atteints de la maladie d’Alzheimer
* Science: la consommation régulière mais modérée de cannabis n’altère pas la mémoire ni l’attention.

1. Science/Grande-Bretagne: des résultats mitigés après une étude sur le sativex visant à traiter la spasticité de la sclérose en plaques

Le 17 mars, GW Pharmaceuticals a présenté les résultats décevants d’une étude clinique en phase III avec l’extrait de cannabis sativex, menée auprès de 335 personnes atteintes de spasticité liée à la sclérose en plaques (SEP). La société pharmaceutique a déclaré que les patients atteints de SEP qui avaient suivi le protocole d’étude auraient très bien pu profiter du traitement. Or une analyse basée sur les résultats de tous les participants – peu importe qu’ils aient suivi le protocole ou pas – n’a pas révélé de bénéfices statistiquement significatifs du sativex comparé au placebo.

Il est probable que de tels résultats puissent repousser la date de la demande de classification et l’autorisation de mise sur le marché du
sativex par GW Pharmaceuticals en Grande-Bretagne. Justin Gover, directeur de GW, a déclaré à l’agence Reuters que « concernant le dépôt de demande d’autorisation, nous avons tout d’abord besoin d’un délai.
Ensuite, nous déciderons s’il vaut mieux mettre le paquet pour faire avancer la demande ou si, au contraire, il ne serait pas plus astucieux
d’attendre d’abord les résultats de l’étude des effets sur les douleurs liées à une neuropathie.»

L’ensemble des patients, qui ont participé à l’étude présentée le 17 mars, a pris les meilleurs médicaments disponibles sur le marché pour traiter la spasticité et les a absorbés pendant tout le temps de l’essai clinique. Par conséquent, les améliorations observées au cours de l’étude ont été obtenues en supplément de tous les traitements à base de médicaments disponibles aujourd’hui. L’objectif premier a été la réduction de la spasticité, mesurée sur une échelle allant de 0 à 10, pendant 14 semaines environ.
(Sources: communiqués de presse de GW Pharmaceuticals du 17 mars
2006, Reuters du 17 mars 2006)

2. Science: le THC réduit l’agitation nocturne chez des patients atteints de la maladie d’Alzheimer

Des scientifiques de l’hôpital Charité de Berlin ont observé un effet positif du THC sur l’agitation nocturne, lors d’une petite étude menée avec six patients atteints de démence avancée (dont cinq patients « Alzheimer »). Les patients ont reçu pendant deux semaines une dose de 2,5 mg de THC administrée le soir. Une réduction de l’activité motrice nocturne, mesurée à l’aide d’un appareil placé sur le bras, a été observée de façon objective chez tous les participants. Les mouvements pendant le sommeil ont ainsi pu être réduits de 59 % en moyenne, par rapport à l’agitation mesurée avant le traitement.

Parallèlement à l’étude, les chercheurs ont mené une enquête, au moyen d’un questionnaire standardisé (Neuropsychiatric Inventory), sur les symptômes neuropsychologiques. Les résultats ont révélé une influence positive du THC sur le comportement moteur, l’état d’agitation, l’irritabilité et les troubles de l’appétit des patients. Des effets secondaires n’ont pas été observés. Cette nouvelle étude confirme les résultats des recherches menées en 1997 et 2003, selon lesquelles le THC peut réduire l’agitation chez des patients atteints de la maladie d’Alzheimer.

Or, avec les médicaments actuellement disponibles tels que les neuroleptiques, le traitement de l’agitation est insuffisant. Les auteurs de l’étude font remarquer que le THC représente une nouvelle possibilité de traitement pour ce groupe de patients. Il pourrait notamment être utile pour éviter des hospitalisations longues et coûteuses des patients « Alzheimer ». De plus, il est même envisageable qu’une augmentation des doses pourrait avoir une efficacité thérapeutique supérieure.

(Source: Walther S, Mahlberg R, Eichmann U, Kunz D. Delta-9-tetrahydrocannabinol for nighttime agitation in severe dementia. Psychopharmacology (Berl) du 7 mars 2006; [version électronique avant impression])

3. Science: la consommation régulière mais modérée de cannabis n’altère pas la mémoire ni l’attention

Des scientifiques de l’université de Utrecht (Pays-Bas) n’ont pas découvert de différence dans les résultats des tests mesurant le travail de mémoire et l’attention sélective, sur un groupe de consommateurs réguliers et modérés de cannabis face à un groupe de non consommateurs. De même, aucune différence dans le modèle de l’activité cérébrale, mesurée au moyen d’imagerie par résonance magnétique (IRM) n’a pu être détectée entre les deux groupes. Cependant, en regardant de plus près l’activité cérébrale, les chercheurs ont remarqué une altération significative dans une petite zone située dans le cortex gauche.

Jusqu’à ce jour, les consommateurs réguliers de cannabis ont fumé au total et en moyenne entre 675 et 5400 cigarettes de cannabis au cours de leur vie et entre 75 et 900 cigarettes au cours de l’année précédente (en moyenne 350 cigarettes). Quant aux non consommateurs, ils ont fumé en tout entre 0 et 15 cigarettes de cannabis. Lors du test évaluant le travail de mémoire, les participants ont dû mémoriser cinq consonnes différentes. Plus tard, on leur a montré un certain nombre de consonnes et ils devaient appuyer sur un bouton dès l’apparition d’une des consonnes mémorisées auparavant. Lors du test évaluant l’attention sélective, les participants ont dû reconnaître des tonalités, qui étaient plus aigues ou plus basses qu’une tonalité donnée ainsi que des points plus petits ou plus grands qu’un point de référence.

Les chercheurs en ont conclu qu’ils « n’ont pas trouvé d’indications désignant une déficience soutenue et prolongée de la mémoire et de l’attention sélective chez des consommateurs réguliers et modérés de cannabis après une semaine d’abstinence ». Ils ont néanmoins ajouté qu’en raison des différences mises en lumière dans une région cérébrale, impliquée dans le travail de mémoire, lors des exercices « ils ne pouvaient pas exclure totalement l’implication des effets du cannabis sur la fonction cérébrale ». D’après eux, les études réalisées auparavant auraient stigmatisé seulement les grands consommateurs de cannabis et de ce fait ne pouvaient s’appliquer aux consommateurs occasionnels de cannabis.

(Source: Jager G, Kahn RS, Van Den Brink W, Van Ree JM, Ramsey NF. Long-term effects of frequent cannabis use on working memory and attention: an fMRI study. Psychopharmacology (Berl) du 7 mars 2006 [version électronique avant impression])

4. Nouvelles en bref

***Argentine: utilisation du cannabis à des fins médicales.
C’est une première en Argentine. La justice a considéré que la possession de cannabis pour la consommation personnelle pourrait être justifiée, se elle s’inscrivait dans le cadre d’une utilisation à des fins médicales. Une cour d’appel a annulé la condamnation d’une femme en première instance, jugée coupable d’avoir été en possession de cannabis. L’explication du verdict en appel soulève le point des motifs de la possession, à savoir l’ignorance par le tribunal d’instance de la destination pour usage médical du produit incriminé. María Romilda Servini de Cubría a indiqué qu’elle consommait du cannabis afin de calmer ses douleurs provoquées par une maladie de la colonne vertébrale et pour améliorer la qualité de son sommeil. (Source: El Pais du 13 mars 2006)

***Allemagne: étude relative aux poursuites pénales
Selon une étude de l’Institut Max Planck relative au droit pénal aux niveaux national et international, il y aurait d’importantes disparités en terme de poursuites pénales pour violation de la loi sur les stupéfiants entre les différents « Länders » en Allemagne. Selon une étude ordonnée par le ministère allemand de la santé, « en Bavière, jusqu’à 60 % des délits relatifs à la consommation de cannabis se soldent sans poursuites judiciaires contre jusqu’à 90 % dans le Schleswig-Holstein et Berlin. Ces disparités se sont présentées « à la lumière des prescriptions du tribunal constitutionnel comme étant problématiques ». En effet, ce dernier a exigé des responsables politiques en 1994, à ce qu’ils veillent à un exercice du droit aussi homogène que possible. (Source: communiqué de presse de l’Institut Max Planck du 9 mars 2006)

***Science: arthrite
Dans une étude portant sur des cellules cartilagineuses, des chercheurs britanniques ont testé l’action de deux cannabinoïdes synthétiques sur la dégradation de composants du cartilage induite par l’interleukine-1 gamma. Celle-ci est une protéine qui participe au processus
inflammatoire. L’étude a révélé que les cannabinoïdes ont eu un effet protecteur sur la structure du cartilage avant sa dégradation, probablement par le biais des récepteurs aux cannabinoïdes. (Source: Mbvundula EC, et al. J Pharm Pharmacol 2006;58(3):351-8)

***Etats-Unis: sondage sur la légalisation
Selon un sondage, mené par Zogby International, 46 % des citoyens américains sont pour une modification de la loi fédérale « qui permettrait aux divers Etats de réglementer et de taxer la marijuana comme les alcools et les loteries ». 49 % de personnes se sont prononcées contre la modification de la loi et 5 % se sont abstenues, sur un total de 1004 personnes interrogées. (Source: NORML du 16 mars 2006)

***Etats-Unis: Steve Kubby
Selon une source officielle, Steve Kubby de Californie, militant pour l’utilisation médicale du cannabis, qui, en début d’année a été contraint à retourner aux Etats-Unis, serait sorti de prison après avoir purgé un tiers de sa peine de 4 mois d’emprisonnement. Il aurait été libéré pour bonne conduite et pour le soustraire à la promiscuité. En 2001, il s’était réfugié au Canada après une condamnation pour possession de substances hallucinogènes. (Source: Associated Press du 7 mars 2006)

5. IL Y A UN AN

– Grande-Bretagne: enquête sur l’utilisation thérapeutique du cannabis
– Pays-Bas: comparaison entre le cannabis des coffee-shops et celui de l’Agence pour le cannabis médical

IL Y A DEUX ANS
– Allemagne: un tribunal administratif rejette les poursuites judiciaires contre l’Institut fédéral des produits pharmaceutiques et médicaux
– Science : le rimonabant, un (antagoniste) bloquant des récepteurs aux cannabinoïdes, est efficace contre l’obésité et le tabagisme

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IACM-Bulletin du 4 avril 2006
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La 4ème Conférence de l’IACM sur les Cannabinoïdes et la Médecine se déroulera les 21 et 22 septembre 2007 au Holiday Inn à Cologne
(Allemagne). Nous continuerons à nous réunir tous les deux ans pour ces conférences. Début 2007, vous trouverez une documentation tenant compte de vos critères permettant d’établir la liste des sujets à débattre ainsi que les formulaires d’inscription via notre Bulletin.

* Science: selon une importante étude clinique, le cannabis et le THC réduisent l’incontinence induite par la sclérose en plaques
* Etats-Unis: descentes de police chez les producteurs de cannabis en Californie

1. Science: selon une importante étude clinique, le cannabis et le THC réduisent l’incontinence induite par la sclérose en plaques

Les résultats d’une étude clinique contrôlée par placebo publiés en mars 2006 ont révélé un effet réducteur de l’incontinence obtenu par un extrait de cannabis et par du THC isolé. Ces recherches, qui faisaient partie d’une importante étude multicentrique menée en Grande-Bretagne, avaient pour objectif de tester les effets des cannabinoïdes auprès de 630 patients atteints de sclérose en plaques (CAMS study).

Les principaux résultats issus de cette étude avaient déjà été publiés en 2004.

Pendant 15 semaines, les participants ont reçu comme traitement soit du cannador en gélules (un extrait de cannabis) soit du marinol (une préparation à base de THC) soit un placebo, à un dosage quotidien maximal entre 10 et 25 mg de THC, calculé en fonction du poids du patient. Parallèlement, il a été demandé aux patients de tenir un journal sur l’évolution de l’incontinence dont ils souffraient. Les résultats ainsi obtenus ont démontré une réduction effective de l’incontinence chez 38 % des patients traités avec l’extrait de cannabis, chez 33 % des patients traités avec le THC et chez 18 % des patients du groupe témoin. Les chercheurs en ont conclu que ces « résultats laissent supposer l’existence d’un effet thérapeutique réel du cannabis sur les épisodes d’incontinence chez des patients SEP».

(Source: Freeman RM, Adekanmi O, Waterfield MR, Waterfield AE, Wright D, Zajicek J. The effect of cannabis on urge incontinence in patients with multiple sclerosis: a multicentre, randomised placebo-controlled trial (CAMS-LUTS). Int Urogynecol J Pelvic Floor Dysfunct, du 22 mars 2006 [version électronique avant impression])

2. Etats-Unis: perquisitions musclées chez les producteurs de cannabis en Californie

Le 16 mars, lors de cinq descentes de la DEA (Drug Enforcement Administration) organisées simultanément dans trois villes californiennes (Oakland, Emeryville, Lafayette), des centaines de boîtes contenant des confiseries à base de cannabis ainsi que des milliers de plants de marijuana ont été saisis. Les autorités ont qualifié cette action comme étant la plus grande opération de ce genre, concernant la production et la distribution de cannabis sur la Côte Ouest américaine.

Lors de ces descentes, auxquelles la police locale a également participé, douze personnes ont été arrêtées. Ils risquent une condamnation pour trafic de cannabis. Selon la DEA, les boîtes étaient destinées aux clubs de cannabis ou à la distribution sur Internet. Les défenseurs du cannabis médical ont souligné qu’il s’agit là de producteurs dont l’activité est reconnue et autorisée par la loi californienne. De plus, sur l’emballage des confiseries il y avait des indications sur le dosage à respecter, des renseignements sur la composition du contenu ainsi qu’une annotation indiquant que le produit était seulement conseillé pour une utilisation médicale. (Source: The Oakland Tribune, du 17 mars 2006)

3. Nouvelles en bref

***Etats-Unis: Rhode Island
A Rhode Island, la loi autorisant l’utilisation du cannabis à des fins médicales est entrée en vigueur le 31 mars 2006. En janvier dernier, Rhode Island est devenu le 11ème Etat américain à légaliser l’utilisation médicale du cannabis. Le programme pour la marijuana médicale offre ainsi aux personnes atteintes d’une maladie grave, telle que la sclérose en plaques et le glaucome, la possibilité de se munir d’une carte spéciale qui les autorise à cultiver jusqu’à 12 plants de cannabis ou d’acheter jusqu’à 2,5 onces (env. 70 g) de marijuana médicale. (Source: Associated Press, du 31 mars 2006)

***Italie : autorisation exceptionnelle
L’ancien ministre de la Santé, Francesco Storace, avait délivré une autorisation exceptionnelle pour l’utilisation de l’extrait de cannabis sativex à un habitant du Tyrol du Sud atteint de la sclérose en plaques. Ce cas sans précédent avait soulevé beaucoup de bruit en Italie.
(Source: Die Neue Südtiroler Tageszeitung, du 23 mars 2006)

***Allemagne: pharmacie pour le cannabis
Selon des informations issues du site Internet « pharmacie pour le cannabis » (www.hanfapotheke.org), à ce jour, 29 patients auraient été admis au programme de parrainage sur recommandation d’un médecin associé. Parmi eux, au moins 22 personnes ont déjà pu obtenir au moins une fois du cannabis offert par un donneur anonyme.12 programmes de parrainage sont actuellement lancés, dans lesquels un donneur anonyme s’engage formellement à fournir du cannabis à un patient admis. Il reste néanmoins encore 11 patients sur les listes qui attendent pour être parrainés à leur tour. (Source: Information sur le site, du 10 mars 2006)

***Pays-Bas: nouvelle méthode permettant d’isoler les cannabinoïdes
La société Farmalyse BV, en collaboration avec l’université de Leiden, a annoncé par e-mail le développement d’une nouvelle méthode permettant d’isoler les cannabinoïdes naturels. Et d’ajouter qu’elle devenait ainsi le seul fournisseur pour de nombreux cannabinoïdes différents et que le taux de pureté du THC (dronabinol) ainsi obtenu serait supérieur à 99 %. « Ensemble avec Feyecon BV, nous avons développé une toute nouvelle préparation qui enferme la substance active permettant ainsi une administration sublinguale du produit. Le THC étant donc enfermé, permet d’obtenir une poudre facilitant la production de comprimés.» (Source: é-mail de Farmalyse BV, du 27 mars 2006)

***Etats-Unis : sondage d’opinion sur le cannabis et l’alcool
D’après un sondage du Pew-Research-Center sur des questions actuelles d’éthique auprès de 1502 citoyens américains, le fait de fumer du cannabis est moins considéré comme amoral que la consommation excessive d’alcool. Ce sondage a été effectué au mois de février et les résultats ont été publiés le 28 mars dernier. 10 thèmes actuels ont été ainsi classifiés selon leur degré de non-éthique. 88 % des participants ont déclaré qu’ils jugeaient l’adultère comme amoral, plaçant ainsi ce thème à la tête de la liste. La troisième place du classement, avec 61 % des personnes interrogées, a été attribuée à la consommation excessive d’alcool et la cinquième place, avec 50 % des réponses au fait de fumer du cannabis. Sources: Chicago Tribune, du 29 mars 2006,
http://pewresearch.org/)

***Science : respiration et spasticité
On a présenté le cas d’un patient souffrant de spasticité de l’abdomen et des jambes, du fait d’une lésion de la colonne vertébrale au niveau du cou. Cette personne souffrait de problèmes respiratoires sans avoir besoin d’une assistance mécanique au cours de la journée. Et puisque aucun médicament communément utilisé n’avait apporté un bénéfice thérapeutique, le patient a essayé un traitement à base de THC, administré quotidiennement à un dosage de 2,5 mg de THC en deux prises. Les trois premiers jours, cette thérapie a amélioré les symptômes avant d’accentuer à nouveau les problèmes respiratoires. Le traitement à base de THC a donc du être arrêté. (Source: Neuburger M, et al. Schmerz, du 16 mars 2006 [version électronique avant impression])

***Science : Echinacea
Des chercheurs de l’Institut fédéral suisse de la technologie de Zurich ont mis en évidence que des composants d’Echinacea, appelés alkylamides, montraient des effets de modulation immunitaire impliquant des mécanismes multiples qui, selon le cas, dépendaient ou non de l’activation des récepteurs CB2. Les chercheurs ont démontré que divers alkylamides d’Echinacea se fixent davantage aux récepteurs CB2 que les endocannabinoïdes. Ils réduisent ainsi des inflammations grâce aux effets sur les cytokines, par exemple par l’inhibition du TNF-alpha (facteur de nécrose de tumeurs-alpha). (Source: Raduner S, et al. J Biol Chem, du 17 mars 2006 [version électronique avant impression])

***Science : douleurs
Des chercheurs de l’université d’Arizona à Tucson ont mis en évidence grâce à divers procédés que l’activation des récepteurs CB2 réduisait effectivement l’intensité des douleurs. Pour effectuer ces tests, ils se sont servis de souris génétiquement modifiées et d’antagonistes des récepteurs aux cannabinoïdes. (Source: Ibrahim MM, et al. Pain, du 21 mars 2006 [version électronique avant impression])

***Science: douleurs
En Italie, des chercheurs de Schering-Plough ont présenté leurs travaux effectués sur des animaux. Selon eux, les récepteurs CB2 de la moelle épinière pourrait être impliqués dans les effets analgésiques transmis par ces mêmes récepteurs. On savait déjà que l’activation des récepteurs CB2 périphériques provoquait une réduction des douleurs. Ces travaux confirment que les récepteurs CB2, présents dans le système nerveux central, participent à l’action des agonistes des récepteurs CB2. (Source: Beltramo M, et al. Eur J Neurosci 2006;23(6):1530-8)

4. IL Y A UN AN

– Pays-Bas: le ministre de la santé envisage l’arrêt de la vente de cannabis thérapeutique en pharmacie
– Science : le THC et le cannabis augmentent la prise alimentaire chez des séropositifs avec perte pondérale
– Science : le THC par voie orale accusé d’induire des psychoses

IL Y A DEUX ANS
– Canada: projet pilote en Colombie Britannique sur la vente de cannabis en pharmacie
– Pays-Bas: la vente de cannabis en pharmacie moins importante que prévue
– Etats-Unis: l’utilisation médicale de marijuana est un argument de défense valable lors d’un procès

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IACM-Bulletin du 19 avril 2006
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* Science: les cannabinoïdes diminuent les inflammations intestinales dans le modèle animal

1. Science: les cannabinoïdes diminuent les inflammations intestinales dans le modèle animal

Chez la souris, les cannabinoïdes ont eu un effet réducteur sur les signes inflammatoires intestinaux et la diarrhée. Les animaux avaient reçu de l’extrait concentré de moutarde qui provoque de fortes diarrhées. Bien que les deux agonistes des récepteurs CB1 et CB2 aient réduit le rétrécissement de la lumière du tractus intestinal, son inflammation et la diarrhée, l’agoniste du récepteur CB1 s’est montré quelque peu plus efficace.

Les récepteurs CB1 ont été plus nombreux sur les filets nerveux du colon inflammatoire en comparaison d’un colon sain. De même leur taux a été plus élevé dans l’endothélium (première couche de tissus en contact direct avec le bol alimentaire du colon) que dans les tissus exempts d’inflammation. Quant aux récepteurs CB2, ils étaient également plus nombreux dans les cellules immunitaires ayant envahi le tissu siège de l’inflammation. Les auteurs des tests soulignent, eu égard aux effets des récepteurs CB1, « l’importance jouée par l’activation nerveuse lors d’inflammations intestinales». (Source: Kimball ES, Schneider CR, Wallace NH, Hornby PJ. Agonists of cannabinoid receptor 1 and 2 inhibit experimental colitis induced by oil of mustard and by dextran sulfate sodium. Am J Physiol Gastrointest Liver Physiol du 30 mars 2006; [version électronique avant impression])

2. Nouvelles en bref

***Etats-Unis: conférence sur le cannabis thérapeutique
La quatrième conférence nationale sur le cannabis thérapeutique, organisé par «Patients Out of Time», s’est déroulée du 6 au 8 avril au Santa Barbara City College. Parmi les intervenants on peut citer, entre autres, Donald Abrams, Rick Doblin, Robert Melamede, Daniele Piomelli, Mark Ware, Marco van de Velde, Mary Lynn Mathre, Melanie Dreher. Lors du petit-déjeuner du vendredi matin, le Dr Tod Mikuriya a reçu un prix récompensant ses travaux pour la légalisation du cannabis médical.
(Sources: Daily Nexus du 7 avril 2006, www.medicalcannabis.com)

***Allemagne: tribunal fédéral des affaires sociales
Le 4 avril, le tribunal fédéral des affaires sociales s’est prononcé pour l’application de la décision prise le 6 décembre 2005 par la cour fédérale constitutionnelle. Ainsi, dans le cas d’une maladie extrêmement grave, les caisses d’assurance maladie sont obligées de prendre en charge les frais de thérapies habituellement non autorisées en Allemagne, si aucun autre traitement alternatif est disponible et «s’il y a une chance réelle d’obtenir un effet positive sur l’évolution de la maladie».

Voici un exemple qui montre parfaitement les conséquences d’une telle application:
Une patiente suivait un traitement contre le cancer lui provoquant de puissants effets secondaires. Les médecins ont alors eu recours à un autre médicament, jusqu’alors non autorisé en Allemagne, mais autorisé au Canada. Par conséquent, la décision prise par le tribunal fédéral des affaires sociales pourrait profiter à de nombreux patients atteints de maladies très graves et autoriser ainsi les thérapies à base de dronabinol.
(Source: communiqué de presse du tribunal fédéral des affaires sociales du 5 avril 2006)

***Science: sclérose latérale amyotrophique (maladie de Charcot)
Dans un modèle animal de la sclérose latérale amyotrophique (souris), l’application du cannabinoïde synthétique WIN55,212-2 a eu pour effet le retard du déclenchement de la maladie ainsi que l’inhibition de la dégradation des endocannabinoïdes, sans pour autant influencer la durée de vie des animaux. Par contre, chez des souris génétiquement modifiées et dépourvues de récepteurs CB1, le traitement n’a pas agi sur le déclenchement de la maladie mais, en revanche, il a significativement augmenté la durée de vie des animaux. Les chercheurs suggèrent que des effets bénéfiques sont obtenus grâce aux cannabinoïdes sans l’implication de mécanismes liés aux récepteurs CB1. (Source: Bilsland LG, et al. FASEB J du 29 mars 2006; [version lectroniqueavant impression])

***Science: découverte probable d’un antagoniste des récepteurs aux endocannabinoïdes
La recherche fondamentale suggère que la sphingosine ainsi que son équivalent synthétique (FTY720) pouvaient jouer le rôle d’antagoniste des récepteurs CB1. (Source: Paugh SW, et al. Mol Pharmacol du 29 mars 2006 Mar 29; [version électronique avant impression])

***Uruguay: soutien pour la légalisation
« Le trafic de drogues disparaîtrait en cas de légalisation de celles-ci », a déclaré lors d’une interview l’ancien président de l’Uruguay Jorge Batlle. Il a soutenu que «mieux valait dépenser l’argent pour soutenir et guérir les personnes dépendantes des drogues plutôt que de le jeter par la fenêtre pour des mesures de répression totalement inutiles. Ainsi, les prix des drogues chuteraient, le marché noir évalué à des milliers de milliards de dollars cesserait d’exister et des groupes armés paramilitaires, financés par le trafic de drogues, seraient au moins affaiblis voire même disparaîtraient.» (Source: ABC Color du 5 avril 2006).

3. IL Y A UN AN

– Science: Le THC ralentit le développement de la maladie d’Alzheimer chez les animaux

IL Y A DEUX ANS
– IACM: 2004 Conférence sur l’utilisation des cannabinoïdes en médecine
– Pays-Bas: le cannabis médical vendu en pharmacie ne revient pas plus cher aux patients
– Espagne: les pharmaciens catalans demandent une étude pilote sur le cannabis disponible en pharmacie
– Etats-Unis: les réticences du législateur sur la question du cannabis médical pourraient être alimentées par une mauvaise appréhension du sujet

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IACM-Bulletin du 8 mai 2006
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* Etats-Unis: la FDA enregistre une perte de crédibilité suite à sa prise de position dénigrant les propriétés médicales du cannabis.
* Allemagne : aucune relation entre poursuites judiciaires et niveau de consommation de cannabis

1. Etats-Unis : la FDA enregistre une perte de crédibilité suite à sa prise de position dénigrant les propriétés médicales du cannabis.

Lors d’une prise de position le 20 avril 2006, la FDA (Food and Drug Administration) a décrété que « il n’existe aucune étude scientifique, suffisamment pertinente, pour soutenir l’utilisation de la marijuana médicale aux Etats-Unis. De même, il n’y a pas de résultats, issus de tests sur des personnes ou des animaux, qui prouvent la sûreté ou l’efficacité dans l’application médicale de la marijuana.»

Suite à cette déclaration, de nombreux journalistes ont fait remarquer que la FDA avait ainsi perdu sa crédibilité. Ainsi le New York Times a écrit à ce sujet : « Cette habitude qu’a le gouvernement Bush, de politiser les institutions scientifiques, a de nouveau fait parler d’elle sur tous les écrans au cours de la semaine, c’est-à-dire lorsque la FDA, sans raison aucune et de manière complètement inattendue, a pris brièvement position au moyen de piètres arguments pour nier les valeurs thérapeutiques de la marijuana. La prise de position a été justifiée comme étant une réponse aux nombreuses demandes émises par la Maison Blanche, bien que la véritable intention semble plutôt se trouver dans le soutien aux perquisitions contre les personnes qui fument de la marijuana pour des raisons médicales ainsi que pour aller contrer les nombreux efforts déployés par certains états fédéraux pour légaliser ces pratiques. (…) En règle générale, quand la FDA traite un sujet aussi critique, elle a pour habitude de faire appel à un groupe d’experts qui, après avoir évalué les résultats des dernières études scientifiques, se prononcent pour ou contre l’utilisation sûre et efficace de la substance en question. Or, cette fois-ci, la prise de position de l’office fédéral comportait à peine une page dans laquelle il assurait que « il n’existe aucune étude scientifique, suffisamment pertinente, pour soutenir l’utilisation de la marijuana médicale».

Et voici l’article publié par le magazine britannique The Economist :
« Admettons que le cannabis ne soit pas encore connu et qu’un beau jour, des scientifiques à la recherche de nouveaux principes actifs issus de végétaux découvrent cette plante qui pousse dans une crevasse éloignée. Alors, cette découverte serait sans doute qualifiée de révolutionnaire dans le domaine de la recherche médicale. Les scientifiques loueraient le potentiel thérapeutique de la plante fraîchement découverte pour traiter d’innombrables troubles, allant des maux de tête jusqu’aux cancer et ils s’émerveilleraient devant ce riche éventail de possibilités thérapeutiques – puisque de nombreux composants de la plante imitent les molécules vitales présentes dans le corps humains. Or, en réalité, le cannabis accompagne l’humanité depuis des milliers d’années bien que souvent de nombreux gouvernements (notamment aux Etats-Unis) le considèrent comme une drogue dangereuse et totalement inutile. » Et plus loin dans l’article, on peut lire que cette prise de position de la FDA était surtout « dépourvue de bon sens».

Dans le New York Times, le Dr Daniele Piomlli, professeur en pharmacologie à l’université de Californie, a expliqué : « Je n’ai encore jamais rencontré un seul scientifique ayant déclaré que la marijuana était dangereuse ou inutile ». Et il a ajouté que les études menées démontrent clairement que certains patients profitent effectivement de quelque(s) propriété(s) de la marijuana. «Et avec cela, nous sommes tous d’accord.»

(Sources: New York Times des 21 et 22 avril 2006, The Economist du 27 avril 2006, www.fda.gov)

2. Allemagne: aucune relation entre poursuites judiciaires et niveaux de consommation de cannabis

Selon une étude de l’Institut Max Planck relative aux différents droits pénaux nationaux et le droit international, à la demande du ministre fédéral pour la santé, il y aurait en Allemagne d’importantes disparités en termes de poursuites judiciaires pour violation de la loi sur les stupéfiants entre les différents «Länders». Une comparaison avec une enquête menée par l’Institut de recherches thérapeutiques a démontré que le développement de la consommation de cannabis n’était pas en relation avec les pratiques des poursuites judiciaires.

Pour cette étude, l’Institut Max Planck a examiné les pratiques de poursuites judiciaires dans six des seize «Länders» (Bavière, Berlin, Hesse, Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Saxe et Schleswig-Holstein). D’ailleurs, à ce sujet, le tribunal fédéral avait demandé déjà en 1994 une suspension des procédures pénales pour la possession de « petites quantités » de cannabis. Or, aujourd’hui, les directives ainsi décrétées varient significativement d’un « Land » à l’autre. Ainsi la quantité maximale pour suspendre une procédure pénale est fixée à six grammes en Bavière et en Saxe, à dix grammes en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, à quinze grammes à Berlin et en Hesse ainsi qu’à 30 grammes en Schleswig-Holstein. D’autres disparités, par exemple la récidive de possession de drogues, conduit à de grandes différences, depuis l’absence de poursuites judiciaires sans conditions jusqu’à l’inverse selon les «Länders»; en d’autres termes entre 40 à 60 % de poursuites pour la Bavière contre 80 à 90 % en Schleswig-Holstein et à Berlin.

En 2003, l’Institut pour la recherche thérapeutique, à la demande du ministre fédéral pour la santé, a étudié la fréquence de la consommation de drogues en Allemagne. Pour cela, 8061 personnes (entre 18 et 59 ans) ont été questionnées par écrit. D’après ce questionnaire, 4,4 % des personnes interrogées ont consommé du cannabis au cours des 12 derniers mois en Schleswig-Holstein, le «Land» le plus libéral en matière de politique de stupéfiants. Quant à la Saxe et à la Bavière, figurant parmi les «Länders» les plus répressifs en ce domaine, le pourcentage s’élevait entre 4,7 et 5,5 %. L’Institut Max Planck en a conclu qu’il était probable que les différentes pratiques pénales n’avaient pas d’influence directe sur la consommation illégale de drogues mais a souligné que les données ayant servi de base pour ces recherches n’étant pas assez significatives, ne permettaient pas une réponse scientifiquement correcte à cette question.

(Source : Schäfer C, Paoli L. « Drogenkonsum und
Strafverfolgungspraxis ». Institut Max Planck, Berlin 2006)

3. Nouvelles en bref

***Science: vaporisateur
Des chercheurs de l’université de Leiden ont testé la capacité du vaporisateur Volcano en terme de reproductibilité de la diffusion de THC. Ils ont résumé leurs observations comme suit : « Nous avons observé qu’environ 54 % du THC passe de manière reproductible dans le ballon du vaporisateur. En cas d’utilisation clinique du vaporisateur, il a été démontré que les patients expiraient en moyenne 35 % du total de THC inhalé. Nos résultats prouvent que grâce au Volcano, un système de prise de cannabinoïdes sûr et efficace peut être mis à la disposition des patients. La prise de THC par les poumons est similaire à celle du cannabis fumé, sans les inconvénients liés au fait de fumer pour les poumons. (Source: Hazekamp A, et al. J Pharm Sci, du 24 avril 2006; [publication électronique avant impression])

***Mexique: légalisation
Les deux Chambres du parlement mexicain ont adopté un projet de loi, prévoyant de dépénaliser la possession de petites quantités de drogues diverses (cannabis, cocaïne, etc.) Pour le cannabis, la quantité limite de possession devrait être fixée à 5 grammes. Les proches du président Vicente Fox ont déjà déclaré que le président allait signer la loi. (Sources: La Segunda du 28 april 2006, elNuevoHerald.com du 28 avril 2006)

***Science: cancers infantiles
Des chercheurs de l’université de la Caroline du Nord ont étudié une possible relation entre le neuroblastome, un type de cancer infantile déclenché par la glande surrénale, et la consommation de drogues par la mère lors de la grossesse. Les recherches ont été menées auprès de 538 enfants atteints d’un neuroblastome. Le risque d’un développement de neuroblastome (OR = 1,82) chez l’enfant est quasiment doublé quand la mère consomme une substance illicite. Le facteur de risque le plus élevé (OR = 4,75), c’est-à-dire quasiment multiplié par cinq, a été observé en cas de consommation de cannabis par la mère pendant les trois premiers mois de grossesse. Quant à la
consommation de cannabis au cours du mois précédant la grossesse, aucune augmentation du risque n’a pu être enregistrée. La démonstration de l’effet néfaste du cannabis a surtout été significative pour les enfants chez qui le diagnostic a été fait au cours de leur première année de vie. (Source : Bluhm EC, et al. Cancer Causes Control 2006; 17(5):663-9)

***Science: toux
Des recherches fondamentales ont révélé que l’inhibition de la dégradation d’anandamide réduit la toux chez les souris, celle-ci étant provoquée par la capsaïcine. Pour conduire ces études, les chercheurs ont utilisé la procédure de blocage du transport de l’anandamide par le VDM11. Ils en ont conclu que l’anandamide modifie la sensibilité de déclenchement de la toux avec un effet antitussif. (Source: Kamei J, et al. Cough 2006;2(1):2)

***Etats-Unis: Ed Rosenthal
En Californie, une cour fédérale a annulé le 26 avril le verdict prononcé contre Ed Rosenthal pour non révélation de certaines informations aux jurés. E. Rosenthal a été condamné en juin 2003 par un tribunal pour avoir cultivé plusieurs centaines de plants de cannabis destinés au programme de cannabis médical de la ville d’Oakland. Lors du procès, les jurés n’avaient pas été informés sur le fait que les cultures de cannabis étaient destinées à l’utilisation médicale. La cour fédérale a toutefois maintenu le droit de pénalisation des cultures de cannabis à des fins médicales pour les autorités fédérales. (Source: Associated Press du 26 avril 2006)

4. IL Y A UN AN

– Canada/Grande-Bretagne : le sativex obtient l’autorisation au Canada pour le traitement des neuropathies de la sclérose en plaques
– Science: le THC efficace contre la perte pondérale et de l’appétit dans les broncho-pneumopathies sévères (BPOC)
– Science : les inhalateurs de THC offrent une administration sûre et rapide

IL Y A DEUX ANS
– Etats-Unis : un juge ordonne au gouvernement fédéral de laisser les centres de cannabis médical en paix

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IACM-Bulletin du 20 mai 2006
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* Science: le cannabis réduit efficacement les douleurs postopératoires
* Mexique: sous la pression américaine, le président Fox a opposé son veto à une loi sur les stupéfiants adoptée par le congrès
* Science: la consommation modérée de cannabis n’est pas nocive pour le cerveau d’adolescents, selon une étude basée sur l’IRM
* Etats-Unis: la Cour suprême de l’Oregon donne raison à un employeur ayant licencié un ouvrier qui consommait du cannabis médical

1. Science: le cannabis réduit efficacement les douleurs postopératoires

Une étude multicentrique menée dans douze centres britanniques a eu pour objet de vérifier l’efficacité et l’innocuité d’un extrait de cannabis en gélules (cannador) pour traiter les douleurs postopératoires. Les teneurs en THC et autres cannabinoïdes des gélules cannador sont standardisées. Trois doses uniques (de 5, de 10 et de 15 mg de THC) ont été administrées aux patients ayant décidé de suspendre le traitement analgésique postopératoire standard adapté à chaque patient et à condition qu’un traitement anti-douleur par voie orale leur soit indiqué. Dans le cas où l’extrait de cannabis se montrait insuffisant, les patients pouvaient également demander un traitement anti-douleur supplémentaire.

Les essais avec 5 mg de THC, conduits chez 11 patients, ont été suspendus ; tous ont demandé un traitement anti-douleur supplémentaire moins de six heures après la prise de l’extrait de cannabis. Par conséquent, cette dose a été jugée insuffisante. Les essais avec 10 mg de THC ont été terminés dès qu’on a atteint le chiffre de 30 patients. Parmi eux, 50 % (15 patients sur 30) ont eu besoin de médicaments supplémentaires en l’espace de six heures. Les essais avec 15 mg de THC, chez 24 personnes, ont été suspendues suite à l’apparition d’importants effets secondaires (hypotension, pâleur, ralentissement du pouls) chez le dernier patient. Dans ce groupe, 25 % de personnes(6 patients sur 24) ont eu besoin d’un traitement médicamenteux anti-douleur supplémentaire. Dans l’ensemble, l’intensité des effets secondaires a été généralement faible. Le patient, chez qui le traitement avait provoqué une baisse de tension et un ralentissement du pouls, n’a pas eu besoin d’un traitement médicamenteux et s’est rapidement rétabli.

Les chercheurs en ont conclu que «le cannador à une dose de 10 mg, était le mieux adapté du fait qu’il a calmé de manière efficace les douleurs postopératoires chez des patients adultes et en bonnes conditions physiques sans provoquer d’effets secondaires sérieux ou graves.»

(Source: Holdcroft A, Maze M, Dore C, Tebbs S, Thompson S. A multicenter dose-escalation study of the analgesic and adverse effects of an oral cannabis extract (Cannador) for postoperative pain management. Anesthesiology 2006;104(5):1040-1046)

2. Mexique: sous la pression américaine, le président Fox a opposé son veto à une loi sur les stupéfiants adoptée par le congrès

Suite à une forte pression de la part des Etats-Unis, le président Vincente Fox a demandé au congrès de remanier la loi, adoptée fin avril, visant la dépénalisation de la possession de petites quantités de certaines drogues.

Lors d’une prise de position du 3 mai, le président Fox a déclaré qu’il fallait modifier la loi «afin de lever toute ambiguïté sur le fait que la possession ainsi que la consommation de drogues est et restera un délit dans notre pays». Le 1er mai, des représentants officiels du ministère américain des Affaires étrangères et du service de contrôle des stupéfiants de la maison blanche ont rencontré l’ambassadeur du Mexique, auquel ils ont fait part de leur inquiétude concernant cette loi. Ils ont prétendu qu’elle allait attirer des touristes vers le Mexique dans le seul but d’y consommer des drogues, et que par conséquent, cela entraînerait une augmentation de la consommation de stupéfiants, d’après les explications de Tom Riley, porte-parole de l’office fédéral chargé de la politique nationale de contrôle sur les drogues.

Le chef de la police nationale du Mexique, Eduard Medina Mora, un des principaux acteurs du premier projet de loi, envoyé au congrès par le président Fox, a expliqué que la loi rendrait en effet illégal la possession d’une petite quantité de stupéfiants. Et il a ajouté, que les personnes arrêtées qui étaient en possession de telles drogues, devaient encore répondre devant un juge et risquaient toujours un certain nombre de sanctions. La loi en vigueur contient une disposition permettant aux personnes inculpées pour possession de drogue de se justifier en expliquant qu’ils étaient dépendants et qu’elle était destinée à leur consommation personnelle. Medina Mora a expliqué que cette nouvelle loi fixe une quantité limite de possession pour chacune des drogues, en dessous de laquelle il était possible de se justifier en invoquant une dépendance.

(Source: New York Times du 3 mai 2006)

3. Science: la consommation modérée de cannabis n’est pas nocive pour le cerveau d’adolescents, selon une étude basée sur l’IRM

Des chercheurs de l’Institut Nathan S. Kline, centre de recherche en psychiatrie et de la faculté de médecine de New York ont étudié comparativement le cerveau de 10 personnes ayant consommé régulièrement du cannabis pendant leur adolescence à celui de 10 personnes d’un groupe témoin de«non-consommateurs». Les études ont utilisé la technique IRM. Lors de ces recherches, les chercheurs n’ont pas trouvé «d’indications relatives à une atrophie cérébrale ou à une perte d’intégrité de la substance blanche» et ils en ont conclu que «la consommation régulière de cannabis ne présentait probablement pas d’effet neurotoxique pour le cerveau en cours de développement normal».

Les anciens consommateurs de cannabis avaient au moment des tests entre 18 et 27 ans. A l’époque de leur adolescence, leur habitude de consommation se situait entre à 2 à 3 fois par semaine, pour une durée de une à plusieurs années. Tous avaient arrêté de consommer du cannabis au moment des tests. Les résultats ont été comparés avec ceux obtenus dans le groupe témoin. Les données collectées concernaient d’une part le cerveau entier et, d’autre part, certaines régions cérébrales souvent en relation avec des expériences psychotiques et la mémoire.

Les chercheurs ont déclaré que «les données obtenues étaient provisoires et qu’elles nécessitaient d’autres tests impliquant un plus grand nombre de volontaires, bien qu’elles aient une importance pour rejeter l’hypothèse selon laquelle le cannabis seul pouvait déclencher un trouble psychique, tel que la schizophrénie induite par une lésion cérébrale».

L’article complet peut être téléchargé sous http://www.harmreductionjournal.com/content/3/1/17

(Source: Delisi LE, Bertisch HC, Brown K, Majcher M, Bappal A, Szulc KU, Ardekani BA. A preliminary DTI study showing no brain structural change associated with adolescent cannabis use. Harm Reduct J 2006;3(1):17 [publication électronique avant impression])

4. Etats-Unis: la Cour suprême de l’Oregon donne raison à un employeur ayant licencié un ouvrier qui consommait du cannabis médical

Le 4 mai 2006, la Cour suprême de l’Oregon a jugé qu’un employeur ayant licencié un de ses ouvriers, consommateur de cannabis médical, n’avait pas agi contre la loi sur les personnes à mobilité réduite. Le cas rapporté est celui de Robert Washburn, ajusteur-mécanicien, licencié suite aux résultats positifs lors d’un test de dépistage de substances illicites. R. Washburn possède une carte officielle,l’autorisant à faire usage de cannabis médical pour calmer les spasmes de ses jambes qui l’empêchent de dormir la nuit.

Il consommait le cannabis médical chez lui, jamais sur son lieu de travail, ce qui n’a pas empêché son licenciement en 2001. Un tribunal avait premièrement déclaré que la loi fédérale sur le cannabis médical n’impliquait pas le fait que l’employeur  » devait en plus être responsable de la consommation de cannabis sur le lieu de travail». A quoi la cour fédérale de l’Oregon avait répondu que les résultats des tests ne prouvaient pas que R. Washburn ait consommé la drogue pendant son temps de travail. Et puis, la Cour suprême a proclamé à son tour que le trouble dont souffrait Washburn n’atteignait pas un niveau permettant de considérer le plaignant comme personne à mobilité réduite selon la loi fédérale, du fait que la thérapie à base de médicaments administrée au préalable l’avait suffisamment soulagé et qu’il n’était donc pas contraint d’utiliser du cannabis médical.

(Source: Associated Press du 4 mai 2006)

5. Nouvelles en bref

***France: consommation de cannabis
D’après les indications des experts en dépendance, Astrid Fontaine et Michel Hautefeuille, la consommation de cannabis est en constante augmentation chez des cadres travaillant dans les milieux financiers, économiques et dans des sociétés privés. (Source: ANSA du 3 mai 2006)

***Science: plaidoyer pour un reclassement
Dans un article phare, le Dr. George Lundberg, éditeur de MedGenMed et professeur en politique de la santé à l’université Harvard de Boston a pris position pour un reclassement du cannabis aux Etats-Unis afin de pouvoir l’utiliser à des fins médicales : «En pratique, la mise en place de lois irréalistes relatives à la marijuana a certainement occasionné plus de dégâts que la marijuana elle-même. Et bien qu’elle soit loin d’être inoffensive selon des critères de pathologie ou de toxicologie, la marijuana est significativement moins dangereuse que de nombreuses autres substances, appartenant à des classes moins restrictives, telles que la morphine ou la cocaïne, sans citer les tueurs en série comme le tabac ou l’alcool. Il est évident que la marijuana possède une utilité médicale prouvée pour traiter certaines pathologies.

Les gens respectent les lois qu’ils tiennent pour justes et utiles mais ils ne respectent pas les lois sur le cannabis parce qu’ils savent qu’elles sont injustes, pour ne pas dire absurdes.» (Source: Lundberg GD. MedGenMed 2005;7(3):47)

***Science: ulcère de l’estomac
Un cannabinoïde synthétique (ACEA), qui se lie de manière sélective aux récepteurs CB1, a inhibé la formation d’ulcères de l’estomac chez les rats. L’acide acétylsalicylique (aspirine) a provoqué des lésions des muqueuses de l’estomac au cours des trois heures qui ont suivi son administration, qui ont pu être réduites proportionnellement au dosage du cannabinoïde. L’hypothèse émise est celle de l’effet provoqué par la réduction des secrétions d’acide gastrique. (Source: Rutkowska M, et al. Pharmazie 2006;61(4):341-2)

6. IL Y A UN AN

– Etats-Unis: projet de loi en faveur de l’usage médical du cannabis présenté au congrès

IL Y A DEUX ANS
– Science: la dépénalisation n’augmente pas la consommation de cannabis
– Science: chez les personnes atteintes d’hépatite C chronique, l’usage quotidien de cannabis pourrait favoriser le développement de
fibrose du foie

IACM-Bulletin du 1 juin 2006

* Science: une association de THC et de prochlorpérazine se montre efficace dans la diminution des nausées et vomissements chez la femme après chirurgie du sein.

* Science: une étude d’envergure démontre l’absence de relation entre le cancer du poumon et le cannabis fumé

* Science: le cannabidiol diminue l’évolution du diabète dans une étude menée sur des animaux

* Economie: la nabilone à nouveau disponible aux Etats-Unis

Science: une association de THC et de prochlorpérazine se montre efficace dans la diminution des nausées et vomissements chez la femme après chirurgie du sein

 

Des chercheurs de l’université et de l’hôpital central des vétérans de l’Arkansas ont étudié l’effet de 5 mg de THC par voie orale associés à 25 mg de prochlorpérazine par voie rectale quant à la fréquence des nausées et vomissements chez des femmes opérées du sein sous anesthésie générale. Comparée à celle des patientes du groupe témoin, la fréquence des nausées est tombée de 59 % à 15 % et celle des vomissements de 29% à 3 %. Une étude rétrospective a été menée sur dossier de 242 patientes triées et opérées entre juillet 2001 et mars 2003. Les résultats ont pu être exploités. Parmi elles, 127 patientes ont subi l’intervention sans traitement préventif avant septembre 2002 et 115 autres, opérées après septembre 2002, ont reçu du THC (dronabinol) par voie orale ainsi que de la prochlorpérazine par voie rectale avant l’intervention. Les données sont issues des dossiers de l’hôpital. Les chercheurs en ont conclu que les nausées et vomissements postopératoires (PONV, postoperative nausea and vomiting) représentent «un problème important pour les patientes qui doivent se faire opérer du sein. Le traitement préopératoire à base de dronabinol et de prochlorpérazine a réduit de manière significative la fréquence ainsi que la gravité du syndrome nauséeux accompagné de vomissements (PONV).» (Source: Layeeque R, Siegel E, Kass R, Henry-Tillman RS, Colvert M, Mancino A, Klimberg VS. Prevention of nausea and vomiting following breast surgery. Am J Surg 2006;191(6):767-72)

Science: une étude d’envergure démontre l’absence de relation entre le cancer du poumon et le cannabis fumé

Une étude d’envergure sur la relation causale entre le fait de fumer du cannabis et le cancer du poumon vient d’être présentée à San Diego à l’occasion du Congrès de l’American Thorax Society (Société américaine de chirurgie thoracique). Elle a suscité un grand intérêt auprès des médias. Cette même étude avait déjà été présentée en 2005 au Congrès international de la Société de Recherche sur le Cannabinoïdes. D’après les résultats obtenus avec 611 personnes atteintes d’un cancer du poumon, 601 personnes souffrant d’un cancer de la tête ou du cou et 1040 sujets sains, nulle augmentation de risque lié à la prise de cannabis n’a pu être observée, même en cas de forte consommation prolongée. «Nous nous attendions à ce que chez de gros consommateurs de marijuana (entre 500 et 1000 prises de drogue) le risque de cancer augmente plusieurs années, voire des décennies, après l’exposition à la substance», a déclaré le Dr. Donald Tashkin de l’université de Californie, directeur de l’étude, dans la revue Scientific American. Or les chercheurs ont découvert que même chez les participants qui ont fumé plus de 20.000 cigarettes de cannabis au cours de leur vie, aucune augmentation de risque pour le cancer du poumon n’a pu être observée. Sources: Scientific American du 24 mai 2006; Morgenstern H, et al. Marijuana use and cancers of the lung and upper aerodigestive tract: results of a case-control study. Presentation at the ICRS Conference on Cannabinoids, 24-27 June 2005, Clearwater, USA)

Science: le cannabidiol diminue l’évolution du diabète dans une étude menée sur des animaux

Des chercheurs du centre hospitalier universitaire de Hadassah, à Jérusalem, ont étudié les effets du cannabidiol naturel (CBD) sur l’évolution du diabète chez des souris génétiquement modifiées. Les rongeurs, nommés souris NOD, ont développé à l’âge de 4 à 5 semaines une insulite lymphocytaire (infiltration lymphocytaire des îlots de Langerhans), suivie de diabète au bout de 14 semaines en moyenne. L’insulite est une inflammation des cellules du pancréas qui produisent l’insuline. Le diabète est le résultat de la destruction de ces cellules.

Chez les souris NOD, âgées entre 6 et 12 semaines qui ont reçu entre 10 et 20 injections de CBD (5 mg par kg de poids), la fréquence du diabète a été réduite significativement, c’est-à-dire de 30 % par rapport aux souris du groupe non traité montrant 89 % de diabète. Dans le groupe des rongeurs qui ont reçu le traitement, les souris qui ont développé le diabète, le début de la maladie a été clairement retardé. Les taux de deux cytokines responsables d’inflammations, la IFN-gamma et la TFN-alpha, ont été généralement plus élevés chez les souris NOD. Un traitement à base de CBD a déclenché une diminution significative (plus de 70 %) du nombre de ces deux cytokines. Lors d’un autre test, les souris ayant reçu un traitement à base de CBD ont été observées pendant 26 semaines. Les cinq souris contrôlées placebo ont toutes développé un diabète, contrairement aux trois des cinq rongeurs traités avec du CBD pendant le même laps de temps.

Les chercheurs en ont conclu qu’une confirmation des effets de modulation immunitaire du CBD pourrait mener à « une application clinique de cette substance pour prévenir le diabète de type 1#», voire éventuellement pour d’autres maladies auto-immunes. Ils ont attiré l’attention sur le fait que de nombreux patients, chez qui un diabète de type-1 a été diagnostiqué, présentaient au moment de sa découverte un taux encore suffisant de cellules productrices d’insuline. Par conséquent, ces patients pourraient être des candidats potentiels pour recevoir un traitement par «#modulation immunitaire». (Source: Weiss L, Zeira M, Reich S, Har-Noy M, Mechoulam R, Slavin S, Gallily R. Cannabidiol lowers incidence of diabetes in non-obese diabetic mice. Autoimmunity 2006;39(2):143-51)

Economie: la nabilone à nouveau disponible aux Etats-Unis

17 ans après son retrait du marché américain, la nabilone, un dérivé synthétique du THC, est à nouveau disponible à la vente comme médicament pour traiter les nausées et vomissements de la chimiothérapie, selon une déclaration faite le 16 mai par le fabricant. La nabilone est commercialisée sous le nom de cesamet par la société Valeant Pharmaceuticals International, située à Costa Mesa en Californie. Cette société pharmaceutique a acheté la licence du médicament à Eli Lilly en 2004 et vend actuellement le produit au Canada. Valeant a déclaré que Eli Lilly avait obtenu l’autorisation de mise sur le marché pour la nabilone en 1985 par la FDA (Food and Drug

Administration) et qui, en 1989, l’avait à nouveau retirée. Le cesamet va entrer en concurrence avec le marinol (médicament à base de dronabinol, extrait de THC qui est le premier principe actif du cannabis), commercialisé aux Etats-Unis par Solvay Pharmaceuticals. Le dronabinol, la dénomination commune internationale (INN, international non-proprietary name) du premier principe actif du cannabis, est souvent appelé par erreur THC synthétique, puisque la molécule pour le marinol est fabriquée par synthèse biochimique. De plus, le marinol fut le premier produit à bas de dronabinol en vente dans les pharmacies. Les effets secondaires de la nabilone sont similaires à ceux du dronabinol. Sources: Communiqué de presse de Valeant Pharmaceuticals International du 16 mai 2006, Associated Press du 16 mai 2006)

Nouvelles en bref

***Suisse: Berne

Le conseil municipal de la ville de Berne a décidé de lancer un projet pilote relatif à la vente contrôlée de cannabis. Cette décision va à l’encontre de celle prise par le gouvernement fédéral et les autorités cantonales. Ce projet pilote concerne la libre vente de cannabis, à condition que l’interdiction de publicité, l’interdiction de la vente à des mineurs ainsi que la quantité maximale journalière de vente fixée soient respectées. L’année dernière, un projet de loi sur la distribution contrôlée de cannabis a été rejeté par le parlement suisse (Source: 20min.ch du 23 mai 2006)

IACM-Bulletin du 5 juillet 2006

* Allemagne: l’opinion publique est majoritairement favorable à l’utilisation médicale du cannabis

* Science: les meilleurs spécialistes de la douleur considèrent les cannabinoïdes comme très prometteuses parmi l’ensemble des molécules actives sur les douleurs neuropathiques.

* Etats-Unis: la société américaine de la sclérose en plaques finance une étude menée par l’université de Californie sur le cannabis et le THC comme traitement de la SEP

* Science: la consommation de cannabis n’augmente pas le risque de blessure corporelle accidentelle.

Allemagne: l’opinion publique est majoritairement favorable à l’utilisation médicale du cannabis

L’utilisation de produits naturels du cannabis pour traiter les patients atteints d’une maladie grave trouve un large soutien parmi la population allemande. Il en va de même pour une prise en charge du dronabinol (principe actif du cannabis) par les caisses d’assurance maladie. C’est ce qu’a révélé un sondage mené par l’Institut d’enquêtes publiques Allensbach au cours dumois de juin. Selon cette enquête, le pourcentage le plus élevé en faveur de l’utilisation médicale du cannabis se composait de personnes ayant suivi des études supérieures et d’adhérents des partis politiques hors coalition (libéraux, les verts et les socialistes). Cependant, un taux d’avis favorables (au-delà de 70 %) a également été relevé au sein des milieux d’ouvriers et de partisans de la CDU et la CSU.

D’après ces résultats, 77 % de la population allemande se sont prononcés pour la légalisation de l’utilisation des produits naturels du cannabis, tels que la marijuana et le haschich, pour les personnes atteintes d’une maladie grave à condition que le médecin soit d’accord et sans obligation de prise en charge du traitement à base de dronabinol par les caisses d’assurance maladie. Seulement 11 % de la population ont exprimé un avis défavorable. Quant à la question de l’obligation de remboursement du traitement à base de dronabinol par les caisses d’assurance maladie, à condition que l’effet positif du médicament soit fondé, 77 % des Allemands se sont prononcés pour, et 7 % seulement contre.

Pour ce sondage représentatif, 1438 citoyens allemands (de plus de 16 ans) ont été questionnés individuellement sur ce qu’ils savaient et sur ce qu’ils pensaient de l’utilisation des produits comme le cannabis. Parmi les personnes interrogées, 69 % ont déclaré qu’ils étaient déjà informés sur l’utilisation médicale du cannabis ou des produits de synthèse aux effets comparables, contre 31 % qui n’étaient pas informés du tout.

D’après l’Association pour le Cannabis Médical (ACM) à Neunkirchen-Seelscheid (Allemagne), qui avait demandé cette étude, il s’agit du premier sondage représentatif sur le sujet en Europe. Dr. Franjo Grotenhermen, président de l’association, s’est félicité des résultats tout en ajoutant qu’il n’en était pas vraiment surpris: «Lors de sondages similaires, le pourcentage des opinions favorables au cannabis médical a atteint une fourchette de 60% à 70 % aux Etats-Unis et 90 % au Canada», a expliqué le Dr. Grotenhermen. «Les gens sont tout à fait en mesure de distinguer l’utilisation médicale du cannabis de son usage récréatif. Je souhaite que les politiciens compétents se mettent enfin à réfléchir sur le statut législatif si peu satisfaisant. Il faut cesser de pousser les utilisateurs de cannabis médical vers des situations d’illégalité.»

L’étude de l’Institut de sondage Allensbach sur le cannabis médical est disponible sur Internet (au format PDF) et peut être téléchargée sur http://www.cannabis-med.org/german/allensbach.pdf

Science: les meilleurs spécialistes de la douleur considèrent les cannabinoïdes comme très prometteuses parmi l’ensemble des molécules actives sur les douleurs neuropathiques.

Les cannabinoïdes offrent une approche essentielle pour le traitement d’un type de douleurs très répandu, d’après les constatations d’un groupe d’algologues de renom. Ils ont été invités par MedPanel, pour discuter sur les défis liés au traitement des douleurs neuropathiques (douleurs induites par une lésion nerveuse) ainsi que sur l’avenir de ces thérapies. Les douleurs neuropathiques apparaissent souvent chez des patients atteints de diabète, d’un cancer, du VIH, de troubles du système nerveux central, de sclérose en plaques ainsi que chez des personnes ayant subi certaines interventions chirurgicales.

Matt Fearer de MedPanal a déclaré: «Lors du sommet, nous avons demandé au groupe d’évaluer les données issues de nouvelles formes de traitements médicamenteux ainsi que celles relatives à la classification de substances encore en étude. Ils en ont conclu que le potentiel thérapeutique des cannabinoïdes représentait à leurs yeux l’approche la plus intéressante parmi beaucoup d’autres produits étudiés ici. Selon eux, les cannabinoïdes offrent un effet analgésique puissant, agissent positivement et de manière étendue sur le système nerveux, limitent l’apparition d’effets secondaires et peuvent être utilisés en association avec beaucoup d’autres types de thérapies. Cependant il apparaît qu’un climat sociopolitique peu propice à une autorisation, retarde, voire empêche, la possibilité d’accès à un traitement à fort potentiel pour des millions de personnes atteintes de douleurs neuropathiques.»

MedPanel est une organisation internationale siègeant à Cambridge qui met à disposition de ses clients une plate-forme scientifique en ligne, pour les conseiller dans des domaines aussi essentiels que l’investissement, le développement des produits et le marketing. (Source: PRNewswire du 21 juin 2006)

Etats-Unis: la société américaine contre la sclérose en plaques finance une étude menée par l’université de Californie sur le cannabis et le THC comme traitement de la SEP

Suite à un abandon du soutien financier d’une étude à l’université de Californie, c’est la société américaine de la sclérose en plaques qui a pris le relais. Ainsi l’association a décidé de financer jusqu’à la fin (prévue pour mars 2008) une étude sur les effets du cannabis fumé et du THC par voie orale pour traiter la SEP. Le Dr. Mark Agius et ses collègues ont développé un système permettant de mesurer objectivement l’activité musculaire tout spécialement pour ces recherches. Le Centre d’Etudes sur le cannabis médical à l’université de Californie s’est vu privé de son soutien financier alors que les travaux scientifiques de la première tranche venaient de s’achever.

Les recherches relatives aux effets du cannabis et du THC sur la spasticité de la sclérose en plaques sont contrôlées placebo et comprennent trois branches, chacune de 20 patients, à qui les traitements suivants ont été administrés : du cannabis inhalé et un placebo par voie orale; un placebo inhalé et du THC par voie orale; un placebo inhalé et un placebo par voie orale. Il s’agit de la première étude de ce type, financée par la société américaine de la sclérose en plaques. (Source: http://www.nationalmssociety.org/)

Science: la consommation de cannabis n’augmente pas le risque de blessures corporelles accidentelles.

Selon une vaste étude à cas contrôlés, menée par des chercheurs de l’université du Missouri à Columbia, le cannabis ne présente pas une augmentation du risque pour des accidents nécessitant des soins hospitaliers. Les chercheurs ont étudié le rapport entre la consommation illégale de stupéfiants et les blessures accidentelles chez des adultes entre 18 et 60 ans. Dans le cadre de leur recherche, ils ont questionné 2161 personnes accidentées, soignées dans les services de soins externes ainsi que 1856 sujets témoins du même âge et de même sexe.

A l’origine des blessures on a trouvé 27 % de chutes, 19 % de heurts avec un objet, 18 % d’accidents de la circulation et 44 % de mécanismes divers. «Dans le cadre de cette étude, le signalement spontané d’une consommation de marijuana jusqu’à sept jours avant l’accident correspond à une réduction du risque de blessure accidentelle», ont déclaré les chercheurs. En revanche, la consommation d’autres substances illicites et/ou la consommation récente d’alcool (jusqu’à six heures avant l’accident) sont en relation avec «une augmentation significative du risque de blessure.». (Source: Vinson D. Marijuana and other illicit drug use and therisk of injury: a case-control study. Missouri Medicine 2006;103(2).)

Nouvelles en bref

***Etats-Unis: église presbytérienne

Lors de son assemblée générale du 21 juin, l’église presbytérienne a soutenu l’utilisation médicale du cannabis pour des personnes atteintes d’une maladie grave. Une résolution a été adoptée à l’unanimité qui «demande expressément une législation fédérale autorisant la consommation, la production ainsi que la distribution de cannabis à des fins médicales». (Source: Religion News Service du 22 juin 2006)

***Science: hypertension artérielle

Dans un article du Jerusalem Post, le groupe de travail du Dr. Raphael Mechoulam, professeur de l’université hébraïque de Jérusalem, aurait fabriqué une version synthétique du cannabinoïde naturel cannabigérol qui, dans le modèle animal (rats), baisserait la tension artérielle. Toujours d’après l’article, la molécule aurait provoqué un relâchement des vaisseaux sanguins et possèderait des propriétés anti-inflammatoires.

Yehoshua Maor, l’un des étudiants travaillant sous la direction du professeur Mechoulam, est l’un des lauréats du Kaye Innovation Awards. Il a été récompensé par l’université le 13 juin de cette année pour ses travaux sur les effets des cannabinoïdes sur le système cardio-vasculaire. (Sources: Jerusalem Post du 13 juin 2006, eMaxHealth.com du 19 juin 2006)

IL Y A UN AN

– Canada: le sativex disponible à présent en pharmacie

– Science: un groupe international étudie l’efficacité du cannabis sur la migraine et les rhumatismes.

– Etats-Unis: des agents fédéraux ont perquisitionné un dispensaire de cannabis médical à San Francisco

– Canada/Etats-Unis: audience du tribunal pour Renee Boje en septembre

IL Y A DEUX ANS

– Pas de parution de l’IACM-Bulletin

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IACM-Bulletin du 29 juillet 2006
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* Science: une étude clinique d’envergure montre l’inefficacité du THC et du cannabis à faibles doses dans la perte pondérale et de l’appétit lors d’un cancer

* Etats-Unis: en Alaska, un juge déclare nulles certaines dispositions d’une nouvelle loi interdisant la possession de faibles quantités de cannabis

Science: une étude clinique d’envergure montre l’inefficacité du THC et du cannabis à faibles doses dans la perte pondérale et de l’appétit lors d’un cancer

On vient de publier les résultats d’une étude clinique sur l’efficacité du THC et d’extraits de cannabis destinés à la prise orale (cannador) dans le traitement de l’anorexie et la perte pondérale chez des patients atteints d’un cancer. Les recherches ont été menées entre 1999 et 2002 dans 25 centres de recherches en Allemagne, en Suisse et aux Pays-Bas. A partir de 2002, suite à des données cliniques déjà analysables comme «insatisfaisants», on a suspendu le recrutement de nouveaux patients. Cette étude partielle des résultats a montré l’inexistence de différence significative entre les résultats obtenus avec les patients traités quotidiennement pendant 6 semaines avec 5 mg de THC (extrait de cannabis), les patients traités avec 5 mg de THC (isolé) et ceux ayant reçu un placebo afin d’augmenter l’appétit et améliorer la qualité de vie des personnes.

Parmi les 243 participants tirés au hasard, 164 patients ont mené le traitement jusqu’à terme avec, respectivement, 66 avec le cannador (2 x 2,5 mg de THC), 65 avec le THC (2 x 2,5 mg) et 33 avec le placebo. Nulle différence significative des effets recherchés ou secondaires à la prise de cannabinoïdes agonistes n’a pu être observée. Un regain d’appétit a été indiqué par 73% des patients sous cannador, 58% des patients sous THC et 69% des patients ayant reçu un placebo. Il en ressort pour les chercheurs que « la dose de 5 mg de THC utilisée lors de cette étude, semble être trop faible». (Source: Strasser F, Luftner D, Possinger K, Ernst G, Ruhstaller T, Meissner W, Ko YD, Schnelle M, Reif M, Cerny T. Comparison of orally administered cannabis extract and delta-9-tetrahydrocannabinol in treating patients with cancer-related anorexia-cachexia syndrome: a multicenter, phase III, randomized, double-blind, placebo-controlled clinical trial from the Cannabis-in-Cachexia-Study-Group. J Clin Oncol 2006;24(21):3394-400.)

Etats-Unis: en Alaska, un juge déclare nulles certaines dispositions d’une nouvelle loi interdisant la possession de faibles quantités de cannabis.

Le 10 juillet, un juge a déclaré que la nouvelle loi en vigueur en Alaska qui interdit la possession de faibles quantités de cannabis n’était pas applicable dans son intégralité en stigmatisant certaines contradictions avec une décision prise en 1975 par la Cour suprême de l’Alaska. On s’attend à un appel de la part du ministère de la justice.

Patricia Collins, juge à la Cour suprême, a déclaré qu’un tribunal inférieur n’est pas compétent pour modifier une décision prise par la Cour suprême. Celle-ci s’était prononcée en 1975 pour une loi protégeant la vie privée y compris le droit de posséder chez soi de petites quantités de cannabis destinées à l’utilisation personnelle. Le juge Collins a limité sa décision sur une possession en dessous d’une once (28,5g) de cannabis.

Avant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi en Alaska, il était autorisé de posséder jusqu’à 4 onces de cannabis dans cet état américain or, désormais, même la possession de très petites quantités est interdite. Ainsi le fait de posséder moins d’une once de cannabis peut être sanctionné par une peine de prison allant jusqu’à 90 jours. (Source: Associated Press du 10 juillet 2006)

Nouvelles en bref

***Etats-Unis: Montana

En 2004, 62 % des électeurs du Montana se sont prononcés pour l’adoption d’une loi autorisant l’utilisation du cannabis médical. Actuellement, 220 patients sont ainsi enregistrés auprès du ministère de la santé, contre seulement 119 il y un an. Le Montana compte 100 médecins qui ont recommandé du cannabis à leurs patients. Selon la loi du Montana, un patient déclaré ou un aide-soignant agréé peut cultiver jusqu’à six plants de cannabis ou de posséder jusqu’à une once (28,5g) de cannabis prêt à l’utilisation. (Source: Helena Independent Record du 9 juillet 2006)

***Etats-Unis: Californie

Le 6 juillet dernier, cinq personnes ont été arrêtées et 13 dispensaires distribuant du cannabis médical perquisitionnés. Selon les autorités, ces descentes de police visent à démanteler les réseaux de production et de distribution de la drogue qui opèrent en invoquant l’excuse de son usage médical. De plus, des poursuites ont été engagées contre 4 médecins soupçonnés de délivrer, moyennant rétribution, des recommandations pour l’utilisation du cannabis médical à des personnes non qualifiables médicalement pour un tel usage. Les autorités précisent que les patients impliqués dans la vente ne seront pas arrêtés. Les enquêtes ont été menées conjointement par les autorités locales et fédérales. (Source: SignOnSanDiego.com du 6 juillet 2006)

***Etats-Unis: Californie

L’Union Américaine des Libertés Civiles (ACLU, American Civil Liberties Union), l’association Americans for Safe Access et l’Alliance Drug Policy Alliance sont intervenues le 7 juillet au sujet d’une plainte déposée par plusieurs comtés californiens visant à anéantir la loi fédérale qui autorise l’utilisation du cannabis médical pour des patients ayant reçu une ordonnance spéciale de la part d’un médecin agréé. «La législation est claire: les lois fédérales sur le cannabis médical ne peuvent pas passer outre la loi de l’Etat de Californie, qui a légalisé l’utilisation du cannabis médical. Les comtés de San Diego, San Bernardino et Merced soutiennent que les lois fédérales interdisant toute consommation de marijuana, annulent les lois de l’état qui autorisent son usage médical pour des patients reconnus et déclarés. (Source: ACLU du 7 juillet 2006)

***Pays-Bas: projets pour la légalisation de la production

Les maires de 20 des 30 plus grandes villes aux Pays-Bas soutiennent la légalisation de la production de cannabis médical. A ce jour, la vente de cannabis n’est autorisée que dans les coffee-shops tandis que la production reste toujours illégale. Les nouveaux projets, visant à autoriser même la production de cannabis médical sont soutenus par Alexander Pechthold, ministre chargé des problèmes intérieurs. Le parlement néerlandais a lui aussi déjà débattu le projet. Une proposition du parlement demande le lancement d’expériences pilotes pour la légalisation de la vente de cannabis aux coffee-shops.

(Source: Thijs Lammers du 3 juillet 2006)

***Science: douleurs neuropathiques

L’induction de douleurs neuropathiques chez des rats par des chercheurs de l’université de Californie à Los Angeles a eu pour résultat une augmentation des récepteurs CB1, du taux de l’endocannabinoïde anandamide et des 2-AG dans la moelle épinière. Les chercheurs ont écrit que «les résultats sont concordants avec les effets analgésiques observés provoqués par les cannabinoïdes sur les douleurs neuropathiques et offrent ainsi une base rationnelle pour ledéveloppement de moyens thérapeutiques agissant dans ce domaine par le biais des endocannabinoïdes.». (Source: Mitrirattanakul S, et al. Pain, du 13 juillet 2006;

***Science: sommeil

Dans une étude animale, le cannabidiol (CBD) a renforcé la réaction d’éveil lors des phases «allumer la lumière». Les chercheurs en ont conclu que le CBD «pouvait avoir un effet positif pour traiter les troubles du sommeil, comme la fatigue excessive».

(Source: Murillo-Rodriguez E, et al. FEBS Lett, du 10 juillet 2006; PARUTION D’UN NOUVEAU LIVRE * Russo E, Grotenhermen F, Eds. Handbook of Cannabis Therapeutics. Binghamton, USA: Haworth Press, 2006.

IL Y A UN AN

– Science: richesse du cannabis en Europe au cours des 10 dernières années: seulement une augmentation modérée

– Allemagne: Cour fédérale constitutionnelle (ne se prononce pas juridiquement sur les recours)

IL Y A DEUX ANS

    • Pas de parution de l’IACM-Bulletin

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IACM-Bulletin du 8 août 2006
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Désormais le IACM-Bulletin est également disponible en portugais. Pour plus d’informations, veuillez vous rendre sur le site Internet www.cannabis-med.org et cliquez sur « Associação Internacional para o Uso Medicinal da Cannabis».

* Science: une étude clinique démontre l’efficacité de la nabilone dans le traitement des douleurs chroniques

* Canada: le ministère de la Santé cherche un nouveau fournisseur de cannabis médical

* Science: l’application locale d’un endocannabinoïde naturel s’est montrée efficace dans le traitement du prurit

Science: une étude clinique démontre l’efficacité de la nabilone dans le traitement des douleurs chroniques

Des médecins d’une clinique de Vienne (Autriche) ont mené une étude, contrôlée par placebo, avec de la nabilone chez 30 patients atteints de douleurs chroniques résistantes au traitement classique contre la douleur. Au cours des 14 semaines de l’étude, on a administré alternativement aux patients; de la nabilone pendant 4 semaines et un placebo pendant les 4 semaines suivantes. Les participants ont pu choisir eux-mêmes la dose de médicament située entre une et quatre gélules (0,25 à 1 mg) de nabilone par jour s’ils n’optaient pas pour le placébo. Seize semaines après la fin de l’étude, on a laissé les patients choisir librement le médicament qui les soulageait le mieux (soit le médicament A soit le médicament B).

La nabilone est un cannabinoïde synthétique qui offre des propriétés similaires que le cannabinoïde naturel, appelé THC. L’administration de nabilone a diminué significativement les douleurs d’origine médullaire, de façon notable l’intensité moyenne des céphalées et amélioré la qualité de vie des patients. Le nombre de participants à l’étude a préféré la nabilone au placebo dans un rapport de quatre sur un.

Les chercheurs en ont conclu que la plupart des patients souffrant de douleurs chroniques considèrent l’administration de nabilone en plus de leur traitement classique comme un moyen thérapeutique utile sans risque supplémentaire. De fait, ce type de traitement pourrait enrichir indubitablement les traitements anti-douleur. (Source: Pinsger M, Schimetta W, Volc D, Hiermann E, Riederer F, Polz W. [Benefits of an add-on treatment with the synthetic cannabinomimetic nabilone on patients with chronic pain – a randomized controlled trial.] [Article en allemand] Wien Klin Wochenschr 2006;118(11-12):327-35)

Canada: le ministère de la Santé cherche un nouveau fournisseur de cannabis médical

En décembre 2000, le gouvernement canadien avait signé un contrat de cinq ans avec la société Prairie Plant Systems pour approvisionner le ministère de la santé du Canada (Health Canada) en cannabis médical destiné aux patients et à la recherche médicale. Ce contrat a été prolongé jusqu’à fin septembre 2006. Aujourd’hui, le ministère attend des propositions de la part de fournisseurs potentiels et invite toutes les sociétés et personnes intéressées à soumettre une offre en vue d’un nouveau contrat avec l’Etat.

Cet appel peut soit conduire à un renouvellement du contrat avec la société Prairie Plant Systems soit à l’établissement d’un nouveau contrat avec un ou plusieurs autres fournisseurs. Philippe Lucas, porte-parole de l’organisation « Canadians for Safe Access » a fait remarquer qu’il serait préférable de ne pas dépendre d’un seul fournisseur. En effet, les patients qui utilisent de la marijuana à des fins médicales répondent mieux au traitement quand celui-ci provient d’un choix multiple de fournisseurs. Il a ainsi demandé que les patients puissent disposer de cette liberté de choix. Actuellement, près de 280 patients achètent au gouvernement du cannabis médical cultivé par la société Prairie Plant Systems dans une partie de mine désaffectée. De nombreux patients payent 150 dollars canadiens (env. 105 €) le sachet de 30g. (Source: Canadian Press du 27 juillet 2006)

Science: l’application locale d’un endocannabinoïde naturel s’est montrée efficace dans le traitement du prurit

Des chercheurs de l’université du Münster (Allemagne) ont mené une étude ouverte avec du N-palmitoyléthanolamide (PEA) portant sur 22 patients atteints de prurit aigu (démangeaisons) d’étiologies variables. Le PEA a été administré directement sur la peau sous forme de crème émolliente. Le PEA est un endocannabinoïde qui se lie aux récepteurs aux cannabinoïdes de la même façon que tout cannabinoïde comme le THC etc…On trouve de tels récepteurs dans la peau.

Chez 14 des 22 participants aux tests, on a observé en moyenne 86,4% d’effets calmants sur les démangeaisons. La thérapie a été bien tolérée par l’ensemble des patients, sans apparition d’effets secondaires locaux ou généraux. Les chercheurs en ont conclu que « les cannabinoïdes agonistes en application locale représentent un nouveau traitement efficace et bien toléré pour le prurit d’origines diverses réfractaire aux traitements usuels. Des crèmes plus fortement dosées pourraient se montrer encore plus efficaces et peut-être élargir le champ d’applications thérapeutique.» (Source: Ständer S, Reinhardt HW, Luger TA. [Topical cannabinoid agonists : An effective new possibility for treating chronic pruritus.] [article en allemand] Hautarzt, du 28 juillet 2006; 4.

Nouvelles en bref

***Science: congrès annuel de l’ICRS

Le recueil contenant les résumés de toutes les conférences qui se sont récemment déroulées en Hongrie ainsi que les affiches du congrès de l’ICRS (Société Internationale de Recherche sur les Cannbinoïdes) est désormais disponible sur Internet. Vous pouvez le télécharger à l’adresse suivante: http://cannabinoidsociety.org/symposium.2006/2006.icrs.program.and.abstracts.pdf.

***Etats-Unis: Californie

Du fait que les clubs de marijuana médicale subissent une pression de plus en plus forte de la part d’organismes prônant l’application de la loifédérale, les défenseurs des clubs ont demandé avec insistance au conseil municipal de San Diego d’intervenir pour mettre fin aux descentes de la police fédérale et que les autorités locales réglementent enfin le fonctionnement de ces clubs. Le 7 juillet dernier, des autorités locales et fédérales ont mené conjointement plusieurs descentes de police dans des clubs et ont arrêté au total 15 personnes. Puis, le 21 juillet, des autorités fédérales ont visité 10 clubs, confisqué du cannabis médical et menacé les gérants parce que leur activité était illégale et qu’ils risquaient une arrestation. Les défenseurs du cannabis médical ont demandé au conseil municipal d’adopter une résolution qui empêcherait les autorités locales d’assister les agents fédéraux lors d’arrestations ou de poursuites de patients et de gérants de clubs. (Source: San Diego Union Tribune du 26 juillet 2006)

***Science: douleurs postopératoires

Des chercheurs d’une clinique de Montréal (Canada) ont étudié l’effet de la nabilone sur les douleurs postopératoires lors d’une étude contrôlée par placebo. On a administré aux 45 patients soit 1 où 3 mg de nabilone,un placebo ou un autre antalgique (ketoprofène) à des intervalles de huit heures, pendant les 24 heures qui ont suivi les différentes opérations chirurgicales. Parmi les 4 groupes testés, la quantité totale de morphine administrée n’a pas été augmentée par rapport à la dose de référence initiale ordinaire. Contrairement aux attentes, une dose plus élevée de nabilone a produit à une augmentation des douleurs au lieu de les amender. (Source: Beaulieu P. Can J Anaesth 2006;53(8):769-75)

***Science: gestation

Des chercheurs de l’université Vanderbilt de Nashville (Etats-Unis) ont étudié les effets d’une dose variable d’anandamide sur le développement de l’embryon et sur la migration des œufs chez la souris. Les résultats ont montré qu’un taux d’anandamide supérieur à la normale ou de THC ont tous les deux perturbé le développement de l’embryon ainsi que la migration des œufs chez les rongeurs. (Source: Wang H, et al. J Clin Invest 2006;116(8):2122-2131)

IL Y A UN AN

– Science: les cannabinoïdes pourraient être profitables aux patients atteints de maladies inflammatoires des intestins

– Canada/Etats-Unis la police canadienne perquisitionne le siège du British Columbia Marijuana Party

IL Y A DEUX ANS

– Pas de parution de l’IACM-Bulletin

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IACM-Bulletin Spécial du 13 août 2006
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CANNABINOIDS, c’est le nom du tout nouveau magazine en ligne édité par l’IACM et publié en plusieurs langues sur le site Internet de l’association. Le premier article rédigé par le Dr. Arno Hazekamp de l’univeristé de Leiden (Pays-Bas) vient de paraître en six langues sous le titre de « une évaluation de la qualité du cannabis à usage thérapeutique aux Pays-Bas ». L’éditeur invite les lecteurs et les lectrices à envoyer des articles et des courriers rédigés en anglais. Un recueil de courriers de lecteurs, choisis et traduits en plusieurs langues, sera publié sur le site Internet de l’IACM. La publication de nouveaux articles et de courriers sera régulièrement annoncée dans le IACM-Bulletin.

Nous avons besoin de traducteurs de langue maternelle allemand, français, italien et néerlandais pour des textes à partir de l’anglais. Toutes les personnes intéréssées sont invitées à nous contacter via e-mail à l’adresse suivante : journal@cannabis-med.org. Nous vous remercions par avance.

CANNABINOIDS est composé des rubriques suivantes :

* infos en bref: résumé des articles relatifs aux dernières découvertes en recherche médicale, apportant des renseignements sur les idées innovantes ou traitant des grands thèmes à la mode.

* commentaires: font référence à des articles récents, parus dans d’autres revues. Cette rubrique résume les résultats et les conclusions essentiels, replace l’information dans son contexte et éclaire sur les points forts et/ou faibles des textes publiés.

* courrier: comme son nom l’indique, il s’agit d’un recueil de courriers des lecteurs qui souhaitent réagir par rapport à des articles parus dans CANNABINOIDS. Ils sont vivement encouragés à nous écrire, bien que la publication de leurs textes ne puisse être garantie par l’éditeur. La publication d’autres articles n’entrant pas dans l’une de ces rubriques (p. ex. critiques littéraires, articles originaux) n’est pas exclue mais ne fait pas partie de l’objectif premier du magazine.

La publication du magazine CANNABINOIDS n’est pas régulière. Ce choix permet une plus grande flexibilité en terme de rapidité pour publier des commentaires puisqu’il n’est pas nécessaire d’attendre une date de parution fixe. Afin de pouvoir citer les articles, publiés dans un délai de trois mois, on procédera à leur regroupement dans une même édition. Les articles seront rédigés de manière à être accessibles à tous les médecins et praticiens sans spécialisation scientifique complémentaire.

CANNABINOIDS est édité par Dr. Franjo Grotenhermen, e-mail: journal@cannabis-med.org

Conseillers, conseillères scientifiques et auteurs de textes éditoriaux : Donald Abrams, San Fransisco, Etats-Unis – David Baker, Londres, Grande-Bretagne – Rudolf Brenneisen, Berne, Suisse – Greg Chesher, Paddington, Australie – Vincenzo Di Marzo, Pozzuoli/Naple, Italie – Marta Duran, Barcelone, Espagne – Javier Fernandez-Ruiz, Madrid, Espagne – Ester Fride, Ariel, Israël – Lester Grinspoon, Boston, Etats-Unis – Manuel Guzman, Madrid, Espagne – Leslie Iversen, Oxford, Grande-Bretagne – Markus Leweke, Cologne, Allemagne – Beat Lutz, Mainz, Allemagne – John McPartland, Middlebury, Etats-Unis – Raphael Mechoulam, Jérusalem, Israël – Robert Melamede, Colorado, Etats-Unis – Kirsten Mueller-Vahl, Hannovre, Allemagne – Richard E. Musty, Burlington, Etats-Unis – William Notcutt, Great Yarmouth, Grande-Bretagne – Emmanuel Onaivi, Paterson, Etats-Unis – Daniela Parolaro, Varese, Italie – David W. Pate, Amsterdam, Pays-Bas – Roger Pertwee, Aberdeen, Grande-Bretagne – Daniele Piomelli, Irvine, Etats-Unis – Philip Robson, Oxford, Grande-Bretagne – Ruth Ross, Aberdeen, Grande-Bretagne – Ethan Russo, Missoula, Etats-Unis – Rob Verpoorte, Leiden, Pays-Bas – Mark Ware, Montréal, Canada – John Zajicek, Plymouth, Grande-Bretagne – Antonio Waldo Zuardi, Sao Paulo, Brésil

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IACM-Bulletin du 22 août 2006
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* Espagne/Belgique: légalisation des clubs de cannabis médical en Espagne et création d’un premier club en Belgique
* Science: la consommation de cannabis n’est pas associée aux facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires
* Science: le THC inhibe le principal marqueur de la maladie d’Alzheimer

Espagne/Belgique: légalisation des clubs de cannabis médical en Espagne et création d’un premier club en Belgique

Récemment en Espagne, on a crée un certain nombre de clubs de cannabis à but non lucratif dont la légitimité vient d’être confirmée par les tribunaux de Catalogne et au Pays basque espagnol. Ces clubs ont été fondés par l’association de personnes qui cultivent ensemble du cannabis afin de le revendre à prix coûtant aux membres de ces clubs.
Seuls les membres ont accès aux espaces de culture et au cannabis. La loi espagnole interdit le commerce de cannabis mais autorise la possession pour usage personnel. Un tribunal de Bilbao, la principale ville du Pays basque, a innocenté quatre membres d’un club de cannabis (qui compte au total 66 membres), accusés d’avoir cultivé illégalement 150 kg de cannabis sur pied (correspondant à 17,4 kg de cannabis séché). 39 des
membres du même club utilisent le cannabis à des fins médicaux.

L’ENCOD (Coalition européenne pour une politique plus juste et efficace dans la lutte contre les drogues) estime que les autres pays devraient prendre pour modèle les clubs espagnols de cannabis. C’est ce qu’a fait tout récemment la Belgique qui, à son tour, a vu naître une première association de cultivateurs de cannabis. Comme en Espagne, la
possession de cannabis pour usage personnel y est légale

Sources: El Confidential.com du 7 août 2006; www.encod.org)

Science: la consommation de cannabis n’est pas associée aux facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires.

Conformément à des recherches publiés dans le magazine américain «Journal of Cardiology», la consommation de cannabis n’est pas corrélée avec les facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires, telles que l’infarctus du myocarde et l’accident vasculaire cérébral (AVC). Et, bien qu’une forte consommation de cannabis soit associée à une augmentation de l’appétit et à une modification de la tension artérielle, une étude à long terme (l’étude CARDIA), menée aux Etats-Unis avec 3617 participants, n’a révélé aucun effet sur la tension artérielle et les lipides imputable à la consommation régulière de cannabis.

Chez les participants à cette étude, qui, au cours des 15 dernières années, ont consommé du cannabis pendant plus de 1800 jours, on a observé une augmentation quotidienne de l’absorption de calories, une consommation d’alcool plus importante, une tension artérielle et un taux sanguin de triglycérides légèrement plus élevé. En revanche, leur taux de
lipides et la glycémie sont restés identiques à ceux des autres participants. Une analyse plus approfondie a montré que la consommation d’alcool était responsable de l’augmentation de la tension artérielle et du taux de triglycérides. La conclusion des chercheurs stipule que la consommation de cannabis « n’était pas seulement associée aux facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires mais qu’elle a pu être biaisée par d’autres comportements nocifs tels qu’une augmentation incontrôlée de l’ingestion calorique, la consommation de tabac et d’autres drogues illicites ».

L’étude CARDIA fait le point sur le développement des maladies cardiaques chez l’adulte. Elle a démarré en 1986, incluant un groupe de 5115 hommes et femmes, blancs et de couleur, âgés entre 18 et 30 ans. Les participants issus de 4 villes des Etats-Unis ont été sélectionnés de manière à constituer des sous-groupes identiques en nombre d’individus
selon des critères raciaux, de genre (sexe) et d’éducation. Ces mêmes participants ont été sollicités de nouveau pour les suites de l’étude, de 1987 – 1988 (2ème année), 1990 – 1991 (5ème année), 1992 – 1993 (7ème année), 1995 – 1996 (10ème année), 2000 – 2001 (15ème année). (Source: Rodondi N, Pletcher MJ, Liu K, Hulley SB, Sidney S. Marijuana Use, Diet, Body Mass Index, and Cardiovascular Risk Factors (from the CARDIA Study). Am J Cardiol 2006;98(4):478-484.)

Science: le THC inhibe le principal marqueur de la maladie d’Alzheimer

Les scientifiques de l’Institut de recherche The Scripps Research Institute de La Jolla (Californie) ont trouvé que le THC inhibe la formation des plaques amyloïdes, le principal marqueur pathologique de la maladie d’Alzheimer. L’étude destinée à une publication dans Molecular Phrmaceutics stipule que «le THC offre un effet d’inhibition
considérablement plus important sur la formation par agrégation des plaques amyloïdes que celui de plusieurs médicaments officiels actuellement utilisés pour traiter la maladie».

Conformément à cette étude expérimentale récente, le THC inhibe une protéine qui intervient comme accélérateur dans le processus conduisant à la formation de dépôts amyloïdes dans le cerveau des patients «Alzheimer». Bien que les spécialistes ne s’accordent pas sur le point de savoir si les plaques béta-amyloïdes dans ces aires cérébrales critiques pour la mémoire et la cognition constituent la cause ou le résultat de la maladie, ils sont unanimes sur le fait qu’il s’agit bien d’un marqueur pathologique essentiel. Grâce à ses importantes propriétés inhibitoires, le THC pourrait, selon l’étude, «offrir une meilleure thérapie pour les patients Alzheimer, traitant à la fois les symptômes et l’évolution
de la maladie». (Source: Communiqué de presse de Scripps-Forschungsinstituts du 9 août 2006, http://www.scripps.edu/news/press/080906.html)

Nouvelles en bref

***Canada: conférence sur le sida
C’est la première fois, lors d’une conférence internationale sur le SIDA qu’aura lieu un exposé sur l’utilisation thérapeutique du cannabis. L’exposition sera proposée à la à Toronto. L’exposition est parrainée, à l’occasion de la 16ème conférence internationale sur le SIDA de Toronto, par le MMIRC (Medical Marijuana Information Resource Center) et l’association canadienne du SIDA. «Il est possible qu’il s’agisse de la première fois avant longtemps, qu’un évènement pareil ne se produise avant l’apparition d’un changement politique radical au sujet de cette plante», a déclaré Hillary Black, porte-parole du MMIRC. Les exposants surent tirer profit du programme canadien pour le cannabis médical pour
présenter au public leurs échantillons de cannabis séché. (Source: Reuters du 14 août 2006)

***Etats-Unis: soutien pour le cannabis médical
Le premier syndicat des services publics américains (syndicat des employés des états, des comtés et des villes) a adopté, lors de sa réunion nationale du 8 août à Chicago, une résolution pour soutenir l’utilisation du cannabis médical. Cette formation devient ainsi la dernière organisation civique la plus importante pour défendre l’idée de l’accès au
cannabis thérapeutique pour les citoyens. (Source: Drug War Chronicle du 11 août 2006)

***Argentin: utilisation du cannabis à des fins médicales
Trois députés de la Chambre basse ont déposé un projet de loi au Parlement qui vise la légalisation de l’utilisation de THC. Le projet de loi stipule «qu’il faut considérer l’utilisation à des fins thérapeutiques ou pour la recherche du composé chimique tétrahydrocannabinol (THC) d’origine naturelle ou synthétique». Le Dr. Ginés Gonzàles García, ministre argentin de la santé, s’est prononcé en faveur du projet. (Source: El Civismo du 19 août 2006, http://www.elcivismo.com.ar/edicion/2006/agosto/19/7207masinfo02.htm)

***Science: épilepsie
Selon une étude menée sur des animaux, les endocannabinoïdes influencent directement certaines cellules nerveuses dans la zone cervicale de l’hippocampe pour prévenir les crises d’épilepsie. Les chercheurs en ont conclu que ces observations «pourraient constituer une cible thérapeutique prometteuse pour traiter des troubles liés à une activité d’excitation excessive des neurones». (Source: Monory K, et al. Neuron 2006; 51(4):455-66)

***Science: grossesse
Conformément à une communication destinée à la publication dans le magazine Addiction, la consommation de cannabis pendant la grossesse augmente le risque pour l’enfant de consommer du cannabis à l’âge de 14 ans. (Source: Day NL, et al. Addiction 2006; 101(9):1313-22)

IL Y A UN AN
– Etats-Unis: la législature de l’Oregon augmente la quantité de cannabis dont les patients peuvent être en possession

IL Y A DEUX ANS
Pas de parution de l’IACM-Bulletin

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IACM-Bulletin Spécial du 8 septembre 2006
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Les dates de la prochaine Conférence de l’IACM ont été modifiées. La manifestation, initialement prévue pour les 21 et 22 septembre, va finalement se dérouler les 5 et 6 octobre 2007 à Cologne (Allemagne). Pour plus d’informations, rendez-vous sur http://www.cannabis-med.org/english/nav/home-conference.htm Les inscriptions et la mise à disposition des résumés se feront dès janvier 2007.

 

* Science: GW Pharmaceuticals annonce une nouvelle étude clinique (phase III) en Europe et en Amérique du Nord, et pour la première fois aux Etats-Unis

* Etats-Unis: un juge du Dakota du Sud ordonne la reformulation d’un projet de loi sur le cannabis médical

Science: GW Pharmaceuticals annonce une nouvelle étude clinique (phase III) en Europe et en Amérique du Nord, et pour la première fois aux Etats-Unis

Le début d’une étude clinique en phase III avec l’extrait de cannabis sativex, produit par la société britannique GW Pharmaceuticals, est prévu pour la fin de l’année aux Etats-Unis. GW Pharmaceuticals a été appuyée par la société consultative Apjohn Group, qu’elle avait engagée début 2005 dans le but de rapprocher le médicament des études cliniques qui sont menées aux Etats-Unis. D’après GW, les essais en cours ciblent des patients atteints d’un cancer avancé et chez qui des traitements à base d’opiacés, comme la morphine, n’ont pas pu soulager suffisamment les douleurs.

De plus, GW Pharmaceuticals a annoncé le 9 août le début d’une deuxième étude en phase III chez des personnes atteintes de sclérose en plaques et qui souffrent de douleurs neuropathiques centrales. L’étude sur le sativex, contrôlée par placebo, est menée chez 218 patients (un premier patient vient d’être recruté) conjointement en Grande-Bretagne, au Canada, en France, en Espagne et en République Tchèque. Les participants souffrent d’une neuropathie centrale induite par la sclérose en plaques et chez qui les traitements existants n’ont pas été suffisants pour soulager leurs douleurs. Des résultats prometteurs d’une étude (phase III) précédente sur le sativex dans le traitement des douleurs induites par la SEP ont été publiés dans le magazine Neurology.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur: http://www.mlive.com/business/kzgazette/index.ssf?/base/business-3/1156652675255420.xml&coll=7 http://www.gwpharm.com (Sources: Kalamazoo Gazette du 27 août 2006, GW Pharmaceuticals du 9 août 2006)

Etats-Unis : un juge du Dakota du Sud ordonne la reformulation d’un projet de loi sur le cannabis médical

Le 25 août, un juge a ordonné aux responsables politiques du Dakota du Sud d’effectuer des modifications considérables quant à la formulation d’un projet de loi, qui doit être mis au vote au mois de novembre, relatif à la légalisation de l’utilisation médicale du cannabis. C’est donc en novembre prochain que les électeurs décideront si oui ou non, dans le Dakota du Sud, l’utilisation du cannabis sera autorisée aux personnes souffrant d’un cancer, du sida ou de douleurs chroniques. Le projet de loi sera présenté par le procureur général, Larry Long.

Le juge Max Gors a proposé au procureur général de se servir d’un nouveau texte rédigé par le juge ou alors de modifier considérablement sont texte. D’après M. Gors, la formulation est à plusieurs reprises trop partiales et il a ajouté que « le lecteur a l’impression que le procureur général souhaite que le projet soit rejeté». Ainsi le procureur général a, entre autres, noté plusieurs fois que même en cas d’adoption de la loi par le vote, l’utilisation de cannabis médical restera illégale conformément à la loi fédérale.

Pour plus d’informations, rendez-vous sur: http://cache.trafficmp.com/tmpad/content/vendare/uproar/1205/720X300-J-intro_20051215172322.htm (Source: Associated Press du 25 août 2006)

Nouvelles en bref 

***Science: cannabinor

Pharmos Corporation a annoncé le 10 août le début d’une seconde étude clinique en phase II sur les effets du cannabinor pour traiter les douleurs. Cette étude contrôlée par placebo a pour objet d’évaluer l’efficacité et la sûreté du cannabinor par voie intraveineuse chez des personnes en bonne santé à qui des douleurs expérimentales ont été provoquées par l’administration de capsaïcine, une composante de piment rouge. L’étude se déroule à l’université de Londres. Pharmos Corporation a également indiqué que le recrutement de patients dans une autre étude clinique en phase II est en train de se poursuivre afin d’évaluer les effets du cannabinor dans le traitement de la douleur induite par l’extraction des dents de sagesse. Le cannabinor est un cannabinoïde synthétique qui se lie sélectivement au récepteur CB2. Pour plus d’informations, rendez-vous sur http://www.biospace.com/news_story.aspx?StoryID=27123&full=1 http://www.pharmoscorp.com/development/cannabinor.html (Sources: Biospace.com du 10 août 2006, www.pharmoscorp.com)

***Canada/Etats-Unis: Renee Boje

Renee Boje a finalement été libérée. En 1998, R. Boje risquait une condamnation de 10 ans d’emprisonnement par un tribunal fédéral pour sa participation mineure à une affaire de culture de cannabis médical en Californie. Suivant le conseil de son avocat, R. Boje s’est réfugiée au Canada ou elle a tenté en vain d’obtenir le statut de réfugiée. Sur la base d’un accord entre R. Boje et le procureur fédéral, elle a plaidé coupable pour avoir possédé une petite quantité de cannabis. Le 14 août, un juge californien l’a condamnée à un an de prison avec sursis. Pour plus d’informations, rendez-vous sur: http://www.cannabisculture.com/articles/4803.html. (Source: Cannabis Culture du 22 août 2006)

***Science: complexe THC-cyclodextrine

Le complexe THC-betacyclodextrine, un composant annulaire du sucre, augmente de quatre fois la solubilité du THC. Une concentration maximale de près de 14 mg/ml en THC a pu être obtenue. Le complexe est resté stable pendant au moins huit semaines.

(Source: Hazekamp A, Verpoorte R. Eur J Pharm Sci, du 16 juillet 2006;

***Science: acide ajulémique

Dans des essais sur cellules, le cannabinoïde synthétique acide ajulémique (CT3, IP751) a inhibé la sécrétion d’une protéine (metallprotéinase), responsable de la résorption du cartilage et de la destruction osseuse chez des patients atteints d’arthrite inflammatoire. Les chercheurs en ont conclu que «ces résultats laissent supposer que l’acide ajulémique peut être utile dans les traitements de l’arthrose et de l’arthrite rhumatoïde». (Source: Johnson DR, et al., J Cell Biochem, du 22 août 2006;

***Science: estomac et intestins

Dans une étude contrôlée par placebo chez 30 sujets en bonne santé, des chercheurs de la clinique Mayo de Rochester ont évalué les effets du THC lors du passage des aliments dans l’estomac et dans les intestins. Le premier jour de l’étude, on a administré trois fois soit 5 mg THC soit un placebo aux participants de l’étude. Chez les sujets ayant reçu du THC, un ralentissement de la vidange gastrique et, chez les hommes, un volume plus important de l’estomac à jeun ont été observés, comparés aux résultats obtenus dans le groupe témoin. Aucun effet significatif n’a été observé sur le passage des aliments dans les intestins. (Source: Esfandyari T, et al. Neurogastroenterol Motil 2006;18(9):831-8)

***Science: sécrétion salivaire

Des récepteurs CB1 et CB2 sont présents dans les glandes salivaires. L’activation de ces récepteurs provoque une diminution de la sécrétion salivaire. (Source: Prestifilippo JP, et al. Exp Biol Med (Maywood) 2006;231(8):1421-9)

***Science: Congrès de l’ICRS

Dans l’un de nos derniers bulletins, nous vous avions communiqué le lien d’accès au recueil contenant les résumés du dernier Congrès de l’ICRS qui s’est déroulé en Hongrie. Malheureusement, une erreur au niveau de l’écriture (lettres majuscules/minuscules) s’est glissée dans notre communiqué. Nous vous prions de nous en excuser. Voici donc le lien correct: http://cannabinoidsociety.org/SYMPOSIUM.2006/2006.ICRS.Program.an d.Abstracts.pdf

IL Y A UN AN

– Etats-Unis: le NIDA rejette une étude sur du cannabis en spray

– Etats-Unis: la police autorise les patients californiens à transporter du cannabis dans leur voiture

 

IL Y A DEUX ANS

– Pas de parution de l’IACM-Bulletin

 

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IACM-Bulletin Spécial du 26 septembre 2006
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Un nouvel article, intitulé « Les cannabinoïdes et le système endocannabinoïde» du Dr. Franjo Grotenhermen de l’Institut Nova de Hörth en Rhénanie (Allemagne) vient d’être publié dans CANNABINOIDS, le magazine en ligne de l’IACM. Pour l’instant, l’article est seulement disponible en anglais. Les traductions dans les autres langues vont suivre d’ici une à deux semaines et seront mises en ligne sur http://www.cannabis-med.org/english/journal/index.php.

* Science: la consommation de cannabis améliore le résultat d’un traitement antiviral chez des patients atteints d’hépatite C

* Italie: la ministre de la Santé autorise l’importation de médicaments qui contiennent du THC

Science: la consommation de cannabis améliore le résultat d’un traitement antiviral chez des patients atteints d’hépatite C

Des toxicomanes ayant contracté le virus de l’hépatite C et qui continuent de consommer du cannabis poursuivent leur traitement médicamenteux plus souvent jusqu’à la fin et présentent de meilleurs résultats que ceux qui n’en consomment pas. C’est ce qu’ont rapporté des chercheurs de l’université de Californie dans un article paru dans le magazine «European Journal of Gastroenterology and Hepatology». Selon eux, le cannabis est susceptible d’aider ces patients à mieux tolérer les effets secondaires des médicaments antiviraux, capables de combattre le virus de l’hépatite C, qui sont à l’origine de poussées de fièvre, de frissons et de douleurs musculaires et articulatoires.

La Dr. Diana Sylvestre et ses collègues ont testé 71 patients à qui on a administré de l’interféron et de la ribavirine comme traitement contre l’hépatite C. L’interféron renforce les défenses immunitaires et comme la ribavirine, il s’attaque au virus même. 22 participants (31 %) ont consommé du cannabis en plus de ce traitement. 24 % du total des patients ont interrompu la thérapie avant la fin, dont seulement un consommateur de cannabis par rapport aux 16 non consommateurs. Ce traitement médicamenteux a été bénéfique pour plus de la moitié des consommateurs de cannabis (54 %) – ce qui signifie que le virus n’est plus détectable – comparés aux 18 % du groupe témoin. Seulement 14 % des consommateurs de cannabis ont rechuté, comparés aux 61 % des non consommateurs. Une telle rechute veut dire que le virus de l’hépatite C est à nouveau détectable quelques temps après avoir disparu.

Les chercheurs ont conclu que «ces résultats suggèrent que des points de vue symptomatique et virologique, la consommation modérée de cannabis est utile pour certains patients qui suivent un traitement VHC parce qu’il les aide à mieux supporter et aussi à pouvoir tenir ce traitement souvent lourd». (Sources: Reuters du 13 septembre 2006; Sylvestre DL, Clements BJ, Malibu Y. Cannabis use improves retention and virological outcomes in patients treated for hepatitis C. Eur J Gastroenterol Hepatol 2006;18(10):1057-63.)

Italie: la ministre de la Santé autorise l’importation de médicaments qui contiennent du THC

Livia Turco, la ministre de la Santé a décrété la poursuite de l’importation de médicaments qui contiennent du THC, autorisés par la commission des stupéfiants du ministère pour les patients qui ont besoin de tels traitements et pour qui des alternatives thérapeutiques n’existent pas. Le décret de la ministre est valable jusqu’au 30 novembre 2006.

La loi sur les stupéfiants du gouvernement précédent, toujours en vigueur, stipule que le cannabis ne possède aucune valeur thérapeutique acceptable. De même, l’ensemble des cannabinoïdes a été exclu du tableau II, la liste officielle de tous les stupéfiants et substances psychotropes présentant un bénéfice thérapeutique. Ce décret est la réponse de la ministre actuelle à l’appel lancé par plus de 100 employés et chercheurs travaillant dans le domaine de la santé publique dans l’intérêt des patients, qui dépendent de l’importation régulière de médicaments à base de cannabis, tels que la nabilone, le dronabinol, le sativex et le bedrocan. En attendant, la ministre attend la décision du Conseil Supérieur de la Santé afin de savoir si oui ou non les cannabinoïdes seront à nouveau listés dans le tableau II.

Le texte intégral du décret est disponible (seulement en italien) sous http://medicalcannabis.it. (Source: Annonce par l’Associazione per la Cannabis Therapeutical

 

Nouvelles en bref 

***Science: cannador

Au mois de juillet, 20 centres de recherche britanniques ont lancé une étude en phase III avec le cannador, l’extrait de cannabis en gélules, après l’étude CAMS (Cannabinoids in Multiple Scleroris) de 2003. Les laboratoires Weleda (Suisse) et la Société pour la Recherche Clinique de Berlin financent cette étude. Il est prévu qu’au cours des quinze prochains mois, 400 patients atteints d’une sclérose en plaques et qui souffrent de spasticité et de diverses douleurs n’ayant pas pu être traitées suffisamment avec les médicaments disponibles, vont participer à cette étude contrôlée par placebo. Comme pour l’étude CAMS, les recherches sont conduites sous la direction du prof. John Zajicek de la Peninsula Medical School à Plymouth. (Source: Annonce par l’Institut de recherches cliniques de Berlin)

***Europe : GW Pharmaceuticals

GW Pharmaceuticals a annoncé le 5 septembre qu’ils ont déposé des demandes d’autorisation de mise sur le marché pour l’extrait de cannabis sativex dans quatre pays européens. La demande concerne le soulagement symptomatique de la spasticité chez des personnes atteintes d’une sclérose en plaques. Les demandes ont été déposées selon un procédé dit décentralisé en Grande-Bretagne, en Espagne, au Danemark et aux Pays Bas. Selon ce procédé, la Grande-Bretagne fait fonction d’Etat membre de référence par la coordination des décisions des trois autres pays. Si la Grande-Bretagne réussit sa mission, l’autorisation de mise sur le marché octroyée selon le procédé décentralisé conduirait à une autorisation égalitaire du sativex dans les quatre pays. (Source: Communiqué de presse de GW Pharmaceuticals du 5 septembre 2006, http://www.gwpharm.com)

***Etats-Unis: dispensaires de cannabis médical

Dans un rapport de 23 pages de l’association de malades Americans for Safe Access, il est écrit que l’utilité des dispensaires de cannabis médical concernait autant les patients que les autorités locales. Le rapport a été présenté le 7 septembre lors d’une conférence de presse à San Diego. Il décrit en outre l’impact des différentes dispositions mises en place par les autorités de plusieurs villes en Californie. Les informations sont basées sur des témoignages recueillis auprès de fonctionnaires locaux au cours des neuf mois d’investigation. Puis il décrit également l’utilité de ces dispensaires pour les patients en s’appuyant sur de récents travaux réalisés par un chercheur de l’université de Californie. Le rapport est disponible sur: http://www.safeaccessnow.org/downloads/dispensaries.pdf. (Source: Americans for Safe Access)

***Science: dépressions

Des chercheurs de l’université John Hopkins de Baltimore ont travaillé sur l’influence de la consommation de cannabis sur le développement de dépressions nerveuses. Ils se sont basés sur des informations issues de l’enquête National Longitudinal Survey of Youth qui est en cours depuis 1979, dont notamment la totalité des informations concernant 8750 personnes âgées entre 29 et 37 ans et qui ont été questionnées en 1994 sur leurs habitudes de consommation de cannabis au cours de l’année précédente et sur leur état dépressif actuel. Le risque d’une dépression s’est avéré 1,4 fois plus élevé chez les consommateurs de cannabis, comparés au groupe des non consommateurs. Or en considérant d’autres facteurs potentiels, le risque chez les participants consommateurs de cannabis n’a pas pu être considéré comme étant plus élevé que chez les autres participants. (Source: Harder VS, et al. Addiction 2006;101(10):1463-72.

 

IL Y A UN AN

– IACM: nouvelles de la conférence IACM 2005 à l’université de Leiden

– Etats-Unis: la consommation de cannabis chez les jeunes n’a pas augmenté dans les états qui ont légalisés l’usage thérapeutique du cannabis

– Canada: le ministère de la santé souhaite rendre disponible le cannabis en pharmacie l’année prochaine

IL Y A DEUX ANS

– Pas de parution de l’IACM-Bulletin

 

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IACM-Bulletin Spécial du 5 octobre 2006
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* Science: la nabilone réduit les douleurs chez des patients souffrant de spasticité

* Allemagne: bilan après une année d’activité de la pharmacie pour le cannabis

* Science: le THC diminue la pression intraoculaire chez des patients atteints de glaucome

 

Science: la nabilone réduit les douleurs chez des patients souffrant de spasticité

Des chercheurs de l’université de Innsbruck (Autriche) ont conduit une étude croisée avec le cannabinoïde synthétique nabilone et un placebo chez 13 patients qui souffrent de douleurs chroniques induites par la spasticité du syndrome du motoneurone supérieur. Lors des tests, on a administré aux patients 1 mg de nabilone par jour lors d’une phase de traitement et un placebo lors d’une autre phase. 11 patients ont terminé l’étude. La nabilone a provoqué une réduction notable des douleurs sans pour autant influencer la spasticité, les fonctions motrices et les activités quotidiennes. Dans l’ensemble, les effets secondaires ont été faibles. Parmi les deux patients qui ont abandonné l’étude, l’un a subi des signes de faiblesse importants mais passagers au niveau des extrémités inférieures et, l’autre patient, a observé une soudaine rechute de la sclérose en plaques.

Les motoneurones supérieurs sont des cellules nerveuses qui partent du cerveau à la moelle épinière. La sclérose en plaques, ou autres troubles, provoque leur dégénérescence entraînant la spasticité et des douleurs musculaires. La nabilone est un dérivé synthétique de THC possédant un profil pharmacologique similaire à celui-ci. (Source: Wissel J, Haydn T, Muller J, Brenneis C, Berger T, Poewe W, Schelosky LD. Low dose treatment with the synthetic cannabinoid Nabilone significantly reduces spasticity-related pain : A double-blind placebo-controlled cross-over trial. J Neurol, du 20 septembre 2006;

Allemagne: bilan après une année d’activité de la pharmacie pour le cannabis

Selon un communiqué de la pharmacie pour le cannabis, à ce jour, 43 patients ont été admis au programme parrainage sur recommandation d’un médecin. 31 donneurs anonymes ont jusqu’à présent fourni au moins une fois du cannabis aux patients admis. 15 donneurs se sont engagés à fournir la totalité des besoins en cannabis médical à au moins un patient, dont deux qui s’occupent de deux patients et un de trois patients. Aujourd’hui, 22 patients sont encore sur la liste d’attente pour être parrainés. Aucune poursuite par les autorités fédérales n’a été engagée à ce jour contre l’activité de la pharmacie pour le cannabis médical.

Le communiqué a relaté: «Nous considérons toujours comme scandaleux le fait d’exister parce que les politiciens et les autorités d’une part n’assistent pas les personnes gravement malades et, d’autre part, continuent à s’opposer effectivement à cette forme de thérapie nécessaire afin que ces personnes ne soient plus condamnées à subir des douleurs et des souffrances qui, pourtant, pourraient être évitées. Nous sommes tout à fait conscients que notre projet ne peut pas répondre intégralement à l’étendue de souffrances endurées inutilement par les patients. Pour toutes ces raisons, nous avons le devoir de poursuivre notre activité.»

Site Internet de la pharmacie pour le cannabis: http://www.hanfapotheke.de (Source: Annonce par la pharmacie pour le cannabis du 25 septembre 2006)

Science: le THC diminue la pression intraoculaire chez des patients atteints de glaucome

Des chercheurs britanniques ont étudié l’effet du THC et du CBD chez six patients avec une pression intraoculaire élevée ou un glaucome. Au cours de cette étude croisée, on a administré 5 mg de THC, 20 mg de CBD, 40 mg de CBD et un placebo sur les muqueuses buccales des patients.

Deux heures après la prise de THC par voie sublinguale, la pression intraoculaire (PIO) a été considérablement plus basse qu’après la prise du placebo (en moyenne de 23,5 mm Hg versus 27,3 mm Hg). Quant à quatre heures après la prise, la pression mesurée avait à nouveau atteint sa valeur initiale. Le CBD, en revanche, n’a pas fait baisser la pression intraoculaire; le dosage plus élevé a même conduit à une légère augmentation de la tension, 4 heures après la prise de la substance. L’acuité visuelle n’a pas été influencée de manière notable. L’un des patients a réagi au traitement à base de THC avec un léger accès de panique passager. Les chercheurs ont conclu que «une dose unique par voie sublinguale de 5 mg de delta-9-THC pouvait réduire passagèrement la PIO et était bien tolérée par la plupart des patients». (Source: Tomida I, Azuara-Blanco A, House H, Flint M, Pertwee RG, Robson PJ. Effect of sublingual application of cannabinoids on intraocular pressure: a pilot study. J Glaucoma. 2006 Oct; 15(5):349-353.)

Nouvelles en bref 

***Canada: programme de recherche

Suite à une coupure au budget, communiquée cette semaine par le gouvernement canadien, les moyens financiers, initialement prévus pour la recherche clinique sur l’utilisation thérapeutique de cannabis, ne seront désormais plus attribués aux chercheurs. Le programme de recherche médicale sur la marijuana, doté au départ de 7,5 millions de dollars, a été créé en 1999. Or, jusqu’à présent, une seule étude clinique avec du cannabis fumé chez des patients souffrant de douleurs chroniques a été autorisée par les autorités canadiennes. Cette étude sera poursuivie. (Source: NORML du 28 septembre 2006, http://www.cihr-irsc.gc.ca/e/4628.html)

***Science: improgan

L’improgan est un nouvel analgésique sans opiacés et qui n’agit pas sur les récepteurs connus des histamines ou des cannabinoïdes. Il est bloqué par un antagoniste des récepteurs CB1 sans se lier à ces derniers et ne produit aucun effet psychotrope, comme celui provoqué par le cannabis. Des recherches récentes suggèrent que l’improgan pouvait libérer des endocannabinoïdes ou activer de nouveaux sites de liaison spécifiques pour les cannabinoïdes. Les chercheurs ont conclu que «les deux possibilités révèlent un fort potentiel pour le développement d’une nouvelle forme de médicaments contre les douleurs». (Source: Flygare J, et al. Eur J Pharmacol, 26. August 2006;

IL Y A UN AN

– Science: le cannabis réduit les neuropathies selon une étude clinique sur la sclérose en plaques

– Science: étude sur l’utilisation médicale du cannabis sur l’anémie à hématies falciformes

IL Y A DEUX ANS

– Pas de parution de l’IACM-Bulletin

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IACM-Bulletin Spécial du 28 octobre 2006
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* Italie/Suisse: les gouvernements des deux pays élaborent un projet pour la légalisation du cannabis médical

* Science#: le THC réduit la spasticité chez des patients atteints d’un traumatisme médullaire

* Pays-Bas: un patient atteint de sclérose en plaques est autorisé à cultiver du cannabis pour sa consommation personnelle

* Espagne/Science: une étude pilote sur le sativex montre des effets positifs chez 65 % de patients atteints de maladies chroniques

* Science: le THC réduit les crampes à l’estomac selon une étude menée à la clinique Mayo

Italie/Suisse: les gouvernements des deux pays élaborent un projet pour a légalisation du cannabis médical

En Italie, le gouvernement en place a décidé qu’à l’avenir les patients souffrant de douleurs pourraient être autorisés à utiliser du cannabis médical. D’après les explications de Livia Turco, la ministre italienne de la Santé, ce projet «#n’a rien à avoir avec fumer des joints ». Pour une entrée en vigueur de la réforme, il faut encore que la Chambre des députés et le Sénat adoptent le projet. Or, sur cette question, l’opposition reste fortement divisée. D’un côté, certains reprochent au gouvernement de vouloir légaliser une drogue douce et, de l’autre côté, Chiara Moroni de «Forza Italia» – le parti du chef de l’opposition, Silvio Berlusconi – soutient la proposition.

En Suisse, les législateurs ont également fait un premier pas vers une possible légalisation des médicaments à base de cannabis. Ainsi la Commission parlementaire de la santé a décidé à une large majorité pour la soumission au Parlement (Conseil fédéral) d’une modification de la Loi sur les stupéfiants, d’après Felix Gutzwiller (médecin, président du PRD et membre de la Commission parlementaire de la santé) lors du journal télévisé suisse alémanique du 24 octobre dernier. Il a expliqué qu’il y aurait même au sein du Conseil fédéral suisse une majorité des personnes pour la légalisation du cannabis médical».

Pour en savoir plus, rendez-vous sur http://tagesschau.sf.tv/nachrichten/archiv/2006/10/24/schweiz/58113 http://www.netzeitung.de/wissenschaft/447655.html

Sources: Schweizer Fernsehen du 24 octobre 2006, Netzzeitung du 20 octobre 2006)

Science: le THC réduit la spasticité chez des patients atteints d’un traumatisme médullaire

Une étude clinique ouverte menée au centre REHAB de Bâle (Suisse) a démontré l’efficacité du THC pour réduire la spasticité chez 25 patients atteints d’un traumatisme médullaire. L’étude s’est déroulée en trois phases, chacune d’une durée de six semaines, lors desquelles les patients ont reçu d’abord du THC par voie orale, puis du THC- hémisuccinate (THC-HS) et, lors de la dernière phase, les deux et/ou un placebo. Initialement, il était prévu, après la première phase ouverte avec le THC oral, d’enchaîner directement avec le THC-HS par voie rectale avant de terminer avec l’étude croisée impliquant du THC oral, du THC-HS rectal et un placebo. Or, suite à des problèmes logistiques affectant l’importation du THC-HS, la deuxième phase de l’étude a dû être suspendue pour les sept personnes qui y participaient. La troisième phase a été modifiée en une étude parallèle avec du THC oral et un placebo.

15 patients ont terminé la première phase de l’étude. Chez tous, une réduction moyenne du taux de la spasticité a été observée, allant de 16,7 (au début de l’étude) à 8,9 (43ème jour de traitement). En moyenne, le taux maximal du dosage utilisé était de 31 mg de THC oral par jour. Les résultats obtenus avec le THC-HS par voie rectale (en phase 2) ont été similaires à ceux obtenus avec le THC, avec toutefois un dosage de THC-HS plus élevé (une moyenne maximale de 43 mg de THC-HS). En fin d’étude, il a été possible de comparer les résultats obtenus chez les sept patients qui ont suivi un traitement à base de THC oral (en phase 1) et d’un placebo (en phase 3) démontrant une amélioration significative de la spasticité grâce au traitement à base de THC. Les principales raisons d’abandon du traitement étaient une augmentation de l’intensité des douleurs et des effets secondaires psychiques. Les auteurs de l’étude ont conclu que «le THC représente un médicament à la fois efficace et sûr pour traiter la spasticité. Cependant, pour obtenir un effet thérapeutique positif, il est nécessaire d’administrer aux patients entre 15 et 20 mg de THC par jour.»

Le résumé est disponible sur : http://www.cannabis-med.org/studies/study.php (Source : Hagenbach U, Luz S, Ghafoor N, Berger JM, Grotenhermen F, Brenneisen R, Mäder M. The treatment of spasticity with Delta(9)-tetrahydrocannabinol in persons with spinal cord injury. Spinal Cord, du 17 octobre 2006; [publication électronique avant impression])

 

Pays-Bas: un patient atteint de sclérose en plaques est autorisé  cultiver du cannabis pour sa consommation personnelle

Pour la première fois, une cour d’appel néerlandaise autorise un homme, atteint de sclérose en plaques, à cultiver du cannabis pour traiter ses douleurs. Ça c’est passé à Leeuwarden, au nord du pays, où, le 17 octobre, le tribunal a jugé que l’intérêt d’un tel traitement pour ce patient, âgé de 51 ans, l’emportait sur l’intérêt public représenté par la loi en vigueur et qui interdit de cultiver du cannabis. «Cela signifie que d’autres patients pourraient eux aussi être autorisés à cultiver leur propre cannabis médical#», a déclaré Wim Anker, avocat du patient en question, à l’agence de presse néerlandaise ANP. En 2004, un tribunal inférieur avait condamné Wim Moorlag et sa femme Klasiena Hooijer à une amende pour avoir cultivé illégalement du cannabis. Le couple avait récolté près de 300 g toutes les 15 semaines. W. Moorlag avait fait appel à ce jugement en expliquant qu’il ne lui était pas possible d’acheter du cannabis dans un Coffee-Shop du fait que celui-ci pouvait être porteur de champignons ou de bactéries représentant ainsi un réel danger pour sa santé, déjà fragilisée par la sclérose en plaques.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur http://derstandard.at/?url=/?id=2627586 (Source: Der Standard du 17 octobre 2006)

Espagne/Science: une étude pilote sur le sativex montre des effets positifs chez 65 % de patients atteints de maladies chroniques

Le 20 octobre, le Comité de Santé publique de la Catalogne a présenté les résultats d’une étude sur l’utilisation thérapeutique de l’extrait de cannabis sativex chez des patients souffrant de diverses maladies chroniques, dont la sclérose en plaques, des neuropathies, la perte de poids et de l’appétit. Sur les 123 participants à l’étude, 65 % de patients ont observé une amélioration de la qualité de vie et une réduction des douleurs. Quant aux autres 35 %, ils ont interrompu la thérapie à cause des effets secondaires du traitement, notamment des vertiges, de la sécheresse de la bouche et des accès de fatigue.

Cette étude pilote a été lancée en 2006 dans 6 centres hospitaliers de la région de Barcelone. D’après un communiqué de presse du Comité de santé publique, l’étude a démontré que le cannabis pouvait représenter un traitement alternatif pour «#des patients qui souffrent de maladies chroniques d’origines diverses et chez qui les traitements habituels ne sont pas suffisamment efficaces et, par conséquent, diminuait la qualité de vie des patients ».

Pour en savoir plus, rendez-vous sur http://www.cadenaser.com/articulo/sociedad/65/pacientes/tratados/cannabis/mejoran/csrcsrpor/20061020csrcsrsoc_2/Tes/ (Source: Cadenser.com du 20 octobre 2006)

Science: le THC réduit les crampes à l’estomac après les repas selon une étude menée à la clinique Mayo

D’après une étude, présentée lors du 71ème Congrès annuel du Collège Américain de Gastro-entérologie, le THC offre un effet calmant sur le gros intestin en réduisant les crampes à l’ estomac après avoir mangé. Lors de cette étude, les effets du dronabinol (THC) sur les sensations et les coliques du gros intestin chez des adultes en bonne santé ont été comparés à ceux obtenus avec le placebo.

Des médecins de la clinique Mayo de Rochester (Etats-Unis) ont mené une étude en double aveugle chez 52 volontaires à qui on a administré au hasard soit une dose unique de dronabinol soit un placebo. Les chercheurs ont découvert que le THC présentait un effet calmant sur le gros intestin réduisant ainsi les contractions et les crampes après avoir mangé. De plus, les effets ont été plus prononcés chez la femme que chez l’homme. «#Le potentiel thérapeutique des cannabinoïdes pour moduler les fonctions motrices du gros intestin dans divers troubles mériterait davantage d’attention#», a déclaré le directeur de l’étude, le Dr. Tuba Esfandyari.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur http://www.acg.gi.org/media/releases/ACG%2006%20Cannabinoids%20and%20Stomach%20Pain.pdf (Source: Communiqué de presse de la Société américaine de gastroentérologie du 23 octobre 2006)

IL Y A UN AN

– Etats-Unis: taxation des distributeurs de cannabis médical en Californie

– Canada/Etats-Unis: un malade californien réfugié au Canada extradé vers les Etats-Unis

 

IL Y A DEUX ANS

 

– IACM: appel à publication pour la conférence 2005 à l’Université de Leien

– Science: trois études mettent en évidence des effets thérapeutiques du cannabis sur la sclérose en plaques

– Canada: une nouvelle réglementation envisage la mise en vente de cannabis en pharmacie

– Science: des études remettent en question la relation de causalité entre consommation de cannabis et dépression

 

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IACM-Bulletin Spécial du 29 novembre 2006
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* Pays-Bas: le Canada, l’Allemagne et l’Italie sont intéressés par le cannabis médical cultivé aux Pays-Bas

* Etats-Unis: décision provisoire pour le maintien de la Loi sur le cannabis médical en Californie

* Science: des patients évaluent le cannabis naturel dans une étude contrôlée

* Science: la cause pour laquelle le cannabis nuit à la mémoire et pourrait être efficace contre l’épilepsie

Pays-Bas: le Canada, l’Allemagne et l’Italie sont intéressés par le cannabis médical cultivé aux Pays-Bas

Dans une lettre adressée au Parlement, Monsieur H. Hoogervorst, ministre néerlandais de la Santé publique, du Bien-être et du Sport a signalé que les gouvernements canadien, allemand et italien sont intéressés par le cannabis médical cultivé sous surveillance du ministère de la Santé et vendu dans les pharmacies du pays afin de pouvoir le distribuer aux patients de leur pays.

Sur deux pages, Monsieur Hoogervorst fait le point sur la situation du programme de cannabis médical et confirme que celui-ci sera poursuivi au moins encore pendant une année, voire même, sous certaine conditions, pendant quatre années de plus. La décision a été prise sur la base d’un projet pour le développement de médicaments, élaboré par un groupement de sociétés néerlandaises, et d’une demande déposée par GW Pharmaceuticals pour une autorisation d’utilisation du sativex aux Pays-Bas. Un point important supplémentaire a été le fait qu’à l’avenir, les recettes issues du projet devront couvrir, voire dépasser, les frais d’investissement, ce qui, aujourd’hui, n’est toujours pas le cas.

En effet, moins de patients qu’initialement prévu achètent du cannabis médical en pharmacie. Des recettes complémentaires proviennent de sociétés nationales et internationales qui achètent du matériel végétal pour ensuite isoler le THC et développer des produits pharmaceutiques. De plus, les gouvernements canadien, allemand et italien ont exprimé la volonté d’acheter du cannabis médical néerlandais pour ensuite le distribuer à certains de leurs patients. Une augmentation des ventes à des patients et des sociétés, voire des gouvernements, permettrait en plus de baisser le prix du cannabis médical acheté en pharmacie par les patients néerlandais, a ajouté le ministre dans sa lettre.

La lettre du ministre de la Santé publique est disponible sur: http://www.minvws.nl/kamerstukken/gmt/2006/medicinale-cannabis.asp (Sources: lettre de M. H. Hoogervorst à l’attention de M. le Président de la deuxième Chambre du Parlement néerlandais du 31 octobre 2006 ; Circulaire du Bureau pour le Cannabis médical du 24 novembre 2006)

 

Etats-Unis : décision provisoire pour le maintien de la Loi sur le cannabis médical en Californie

Le 16 novembre dernier, un juge de l’Etat de Californie a rejeté la contestation par le comté de San Diego relative à la Loi autorisant l’utilisation du cannabis médical sous certaines conditions dans l’Etat de Californie. La décision prise par William R. Newitt, juge à la Cour suprême, est considérée comme provisoire. Lors de l’audition, les avocats du comté auront la possibilité d’essayer de convaincre le juge afin qu’il change d’avis.

Au mois de février, le comté de San Diego a porté plainte à la fois contre l’Etat de Californie et son ministre de la Santé. Le motif de la plainte se base sur l’affirmation selon laquelle la loi fédérale, interdisant le cannabis était au-dessus de la loi fédérale qui autorise son utilisation pour des patients ayant reçu une ordonnance spéciale. Deux autres comtés californiens, San Bernadino et Merced, se sont joints à cette plainte. Les trois comtés, bien qu’ils enregistrent les patients sur une liste, refusent, en dépit de la loi, de délivrer des cartes spéciales donnant droit au traitement à base de cannabis à certains patients.

Dans sa décision, le juge Newitt s’est aligné dans le rang des avocats généraux qui défendait le principe selon lequel la Californie peut promulguer ses propres lois sur les stupéfiants et mener à bien ses programmes juridiques autorisant l’utilisation du cannabis à des fins médicales. (Source: Associated Press du 16 novembre 2006)

Science: des patients évaluent le cannabis naturel dans une étude contrôlée

Des chercheurs canadiens ont mené une étude croisée contrôlée par placebo avec quatre produits naturels du cannabis pour traiter les douleurs chroniques chez 8 consommateurs expérimentés de cannabis et ayant une autorisation spécifique. Les préparations des produits variaient selon la taille des particules, la teneur en THC et le taux d’humidité. Les participants à cette étude ont reçu chaque jour une préparation différente qu’ils pouvaient préparer et consommer selon leur habitude. On leur a demandé d’évaluer les produits d’une part selon les critères suivants: odeur, couleur, humidité, taille des particules, degré de facilité pour la préparation et apparence en général; mais aussi selon les caractéristiques de consommation par inhalation (combustion, chaleur, dureté et goût). La taille des particules signifie la grosseur des éléments après écrasement du matériel végétal brut.

Sept participants ont terminé l’étude. Le produit présentant la plus forte teneur en THC (12 %), le plus fort taux d’humidité (14 %) et la plus grande taille des particules (10 mm) a obtenu la meilleure note. Des différences considérables ont été observées dans l’évaluation subjective de l’aspect et de la couleur des quatre préparations. Les chercheurs en ont conclu qu’un «produit à base de cannabis plus attrayant pouvait inciter davantage les patients à participer et à mener à terme des études cliniques avec du cannabis médical». Ils ont également noté qu’en septembre 2006, près de 20 % de consommateurs de cannabis ayant une autorisation spéciale recevaient du cannabis naturel de la part du ministère canadien de la Santé, comparé à environ 10 % de patients en septembre 2004.

L’article dans son intégralité peut être consulté sur http://www.harmreductionjournal.com/content/pdf/1477-7517-3-32.pdf (Source: Ware MA, Ducruet T, Robinson AR. Evaluation of herbal cannabis characteristics by medical users: a randomized trial. Harm Reduct J 2006;3(1):32)

Science: la cause pour laquelle le cannabis nuit à la mémoire et pourrait être efficace contre l’épilepsie

Des chercheurs semblent avoir trouvé la cause pour laquelle le cannabis nuit à la mémoire et pour laquelle les endocannabinoïdes offrent des effets bénéfiques sur l’épilepsie. Les neuroscientifiques David Robbe et Gyorgy Buzsaki et leurs collègues de l’université Rutgers ont enregistré l’activité de l’hippocampe chez des rats. Les cellules cérébrales normales localisées dans cette région du cerveau synchronisent généralement leur activité électrique.

En injectant du THC ou un cannabinoïde synthétique aux rongeurs, les chercheurs ont découvert que cette activité est interrompue par la substance. Bien qu’aucune modification des cellules sur la libération des influx nerveux n’ait pu être observée, leur cadence vacillait de plus en plus. Imaginez-vous un orchestre composé de musiciens sourds et pourquoi pas aveugle en plus, a expliqué G. Buzsaki. Les chercheurs supposent que la synchronisation de l’activité cérébrale est décisive quant au travail de mémorisation alors que le THC interrompt celle-ci.

Les chercheurs proposent que la manière dont le THC intervient dans la synchronisation de l’activité des cellules cérébrales pourrait représenter un bénéfice dans le traitement des crises d’épilepsie, puisque, lors de ces attaques, l’activité cérébrale est synchronisée de manière anormalement forte.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur : http://www.livescience.com/humanbiology/061119_pot_memory.html Sources: LiveScience.com du 19 novembre 2006, Robbe D, Montgomery SM, Thome A, Rueda-Orozco PE, McNaughton BL, Buzsaki G. Cannabinoids reveal importance of spike timing coordination in hippocampal function. Nat Neurosci, 19. November 2006;

 

Nouvelles en bref

***Science: migraine

Le taux de l’endocannabinoïde anandamide dans le liquide cérébral est plus faible chez les patients souffrant de migraines chroniques que chez les personnes en bonne santé. C’est ce qui pourrait expliquer pourquoi le THC soulage les crises de migraine. (Source: Sarchielli P, et al. Neuropsychopharmacology, 22 novembre 2006;

***Science: épilepsie

Dans une étude expérimentale, l’administration de l’antagoniste du récepteur CB1 aux cellules nerveuses, qui jouent un rôle dans l’épilepsie, a provoqué le développement ininterrompu de l’activité épileptique. Le déclenchement de cette activité par les agonistes du récepteur CB1 n’a pas été irrévocable puisqu’il a pu être interrompu par une présence maximale d’agonistes CB1. Les chercheurs en ont conclu que les endocannabinoïdes jouent un rôle important lors de la prévention de l’épilepsie. (Source: Deshpande et al. Neurosci Lett 2007;411(1):11-16.)

***Science: acide ajulémique

Des études antérieures avaient rapporté que l’acide ajulémique, un dérivé synthétique du THC-COOH, possédait des propriétés anti-inflammatoires et anti-douleurs sans l’apparition d’effets secondaires provoqués par le THC. Or des chercheurs de l’université Commonwealth de Virginie viennent d’étudier les propriétés pharmacologiques de l’acide ajulémique. Ils en ont conclu que l’acide ajulémique, tout comme le THC, se lie aux récepteurs CB1 et produit dans le modèle préclinique des effets thérapeutiques similaires à ceux obtenus par le THC, à un dosage quasiment identique. Par conséquent, l’acide ajulémique n’est pas plus avantageux que le THC.» (Source: Vann RE et al. J Pharmacol Exp Ther, 14 novembre 2006;

IL Y A UN AN

– Grande-Bretagne: le sativex disponible sans prescription pour les patients

– Pays-Bas: l’Agence pour le Cannabis médical optimiste quant à la poursuite du programme de cannabis médical

 

IL Y A DEUX ANS

– Etats-Unis : projet de loi visant à protéger les patients recourant à la marijuana présenté au Senat

– Italie: difficultés pour obtenir des médicaments à base de cannabis

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IACM-Bulletin Spécial du 29 décembre 2006
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* Suisse: le parlement a décidé de proposer l’assouplissement des dispositions relatives à l’utilisation de cannabis à des fins médicales

* Science: la nabilone réduit les douleurs et autres symptômes chez des patients atteints d’un cancer

Suisse: le parlement a décidé de proposer l’assouplissement des dispositions relatives à l’utilisation de cannabis à des fins médicales

Conformément à une initiative de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national du 4 mai 2006, ce dernier (le parlement suisse) a décidé le 20 décembre d’assouplir l’interdiction relative à l’utilisation médicale des produits naturels du cannabis.

Il est écrit dans cette initiative que «la Commission propose de rendre possible l’application médicale limitée de stupéfiants à effet de type cannabique sur autorisation exceptionnelle de l’Office fédéral de la santé publique. Parallèlement, la substance doit pouvoir être soumise au régime de l’Institut suisse des produits thérapeutiques (ISPT) applicable aux médicaments dès le moment où le stupéfiant correspondant est introduit en tant que principe actif dans un médicament autorisé par l’ISPT. Les médecins pourraient ensuite prescrire le médicament en question pour les indications autorisées

Initiative parlementaire – Révision partielle de la loi sur les stupéfiants du 4 mai 2006:

http://www.admin.ch/ch/f/ff/2006/8211.pdf (Source: Rapport de la Commission de la sécurité sociale et de la santé publique du Conseil national du 4 mai 2006)

Science: la nabilone réduit les douleurs et autres symptômes chez des patients atteints d’un cancer

Selon des résultats présentés le 15 décembre lors du Symposium sur le cancer du sein qui s’est déroulé à San Antonio, le cannabinoïde synthétique nabilone réduit les douleurs, les nausées, les troubles de l’appétit, les angoisses et les dépressions chez des patients atteints d’un cancer. Le Dr. Vincent Maida de l’université de Toronto et son équipe ont collecté rétrospectivement des données relatives à des patients qui ont participé entre le 1er mai 2005 et le 30 juin 2006 à un programme médical palliatif spécifique. Ils ont ainsi exploité des données de 139 patients, dont 82 à qui l’on a administré de la nabilone.

En moyenne, les deux groupes ont été observés pendant une durée quasi similaire (avec nabilone: 53 jours, sans nabilone: 52 jours). Les patients qui ont suivi un traitement avec nabilone ont indiqué une réduction significative des douleurs, comparés à ceux traités sans nabilone. L’intensité des symptômes, tels que l’engourdissement, la fatigue, l’appétit et le bien-être est restée stable dans le groupe avec nabilone et a augmenté dans le groupe sans nabilone. Tandis que les patients du groupe avec nabilone ont signalé au début du traitement davantage de nausées que ceux du groupe sans nabilone, celles-ci se sont ensuite calmées plus significativement que chez les patients du deuxième groupe. De même, les dépressions et les angoisses au début du traitement ont été considérablement plus fréquentes dans le groupe avec nabilone que dans le deuxième groupe, mais, là encore, elles ont diminué notablement grâce à l’utilisation du cannabinoïde; par contre, les dépressions et les angoisses se sont amplifiées dans le groupe sans nabilone. De plus, la nabilone semble avoir provoqué un effet positif pour réduire les insomnies, les sueurs nocturnes et le stress.

Les chercheurs ont conclu que malgré les limites imposées à cette étude «l’administration à long terme de nabilone, en complément au traitement standard, semble offrir une amélioration considérable de certains symptômes chez des patients souffrant d’un cancer, dont la diminution des douleurs, des nausées, des dépressions, des angoisses, des insomnies, de la fièvre ainsi que des sueurs nocturnes, et du stress en général».

Le résumé est disponible sur: http://www.abstracts2view.com/sabcs06/view.php?nu=SABCS06L_1211 et la base de données relatives aux études cliniques sur le site Internet de l’IACM sur http://www.cannabis-med.org/german/nav/home-science.htm (Source: Maida V. The synthetic cannabinoid nabilone improves pain and symptom management in cancer patients. Abstract vom San Antonio Breast Cancer Symposium du 15 décembre 2006.)

 

Nouvelles en bref

***Science: Douleurs abdominales

Une étude menée par des chercheurs français a révélé que l’administration de la bactérie Lactobacillus acidophilus, que l’on trouve habituellement dans les yaourts, augmente l’expression des récepteurs opioïdes et cannabinoïdes dans les cellules intestinales et produit un effet antalgique sur le tube digestif, semblable à celui provoqué par la  morphine. Ils ont conclu que les résultats laissent supposer que la microbiologie relative au transit intestinal influence notre perception au niveau de l’abdomen ce qui «pourrait représenter une nouvelle approche de traitement des douleurs abdominales, un symptôme dont la prévalence est élevée dans la population générale». (Source: Rousseaux C, et al. Nat Med, du 10 décembre 2006;

 

***Etats-Unis: Californie

Le comté de Merced (Californie) a décidé de délivrer prochainement des cartes spéciales pour les consommateurs de cannabis médical, suite à la récente décision d’un juge de l’Etat confirmant la validité de la loi sur le cannabis médical en vigueur dans l’Etat de la Californie. Avant cette décision, Merced s’était joint à la plainte déposée par les comtés de San Diego et de San Bernardino à l’encontre de l’Etat de Californie pour être obligé de délivrer lesdites cartes. San Diego et San Bernardino ont décidé de contester le jugement. (Sources: Associated Press du 12 décembre 2006, Merced Sun-Star du 16 décembre 2006)

 

***Etats-Unis: consommation de drogues chez les adolescents

Selon un rapport établi dans le cadre du Projet de politique de la marijuana (MPP), les lois sur le cannabis médical qui concernent les adultes n’ont pas d’influence sur la consommation de drogues chez les adolescents. Le rapport fait référence à des études indépendantes, menées par RAND Europa et le Conseil national de recherche américain, qui rapportent que la prohibition de la consommation de cannabis n’influençait manifestement peu, voire pas du tout, les chiffres relatives à la consommation de cannabis. Un autre rapport de la MPP a révélé qu’aux Etats-Unis la valeur productive du cannabis (avec une production estimée à 13,8 milliards $, env. 10,5 milliards €) surpasse celle des autres produits agricoles. (Source: www.mpp.org)

 

***Science: douleurs

Des chercheurs italiens ont démontré que l’administration orale de cannabidiol CBD (cannabinoïde non psychoactif) réduisait les douleurs neuropathiques et inflammatoires chez des rats. (Source: Costa B, et al. Eur J Pharmacol, 10 novembre 2006;

***Science: maladie de Parkinson

Selon des conclusions publiées par des chercheurs de l’université de Francfort, les cannabinoïdes possèdent un potentiel thérapeutique pour des patients atteints de la maladie de Parkinson. Ils pourraient d’une part améliorer certains symptômes (dyskinésie associée à la levodopa) et, d’autre part, grâce à leurs effets neuroprotecteurs, ralentir l’évolution de la maladie. (Source: Lastres-Becker I, Fernandez-Ruiz J. Curr Med Chem. 2006;13(30):3705-18.)

PARUTION D’UN NOUVEAU LIVRE

* ElSohly M, Hrsg. Marijuana and the Cannabinoids. Totowa (USA): Humana Press, 2006. ISBN:1-588-29-456-0

 

IL Y A UN AN

– Espagne/Grande-Bretagne: accord pour la commercialisation de Sativex en Europe

– Allemagne: la commission des pétitions du Bundestag soutient une demande de prise en charge de THC (dronabinol) par les caisses d’assurance maladie

– Allemagne: la Cour constitutionnelle fédérale se prononce en faveur d’une obligation de remboursement par les caisses d’assurance maladie des frais médicaux pour de nouveaux moyens traitement

IL Y A DEUX ANS

– Canada: le Sativex bientôt autorisé au Canada

– Etats-Unis : l’université du Massachusetts non autorisée à faire pousser du cannabis

 

 

 

 

 

Auteur: Philippe Sérié

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