Cannabis, thérapeutique , oui ! Mais surtout pour la qualité de vie globale – Chronisante – 2011

Cannabis, thérapeutique , oui ! Mais surtout pour la qualité de vie globale  

 

Les principes actifs issus de cette drogue ont-ils un rôle pour atténuer les symptômes des insuffisants rénaux ? Nous sommes au Canada. Y débutent des essais cliniques pour éprouver les médicaments issus de ces substances proscrites en France. Au moment on l’on débat dans notre pays de la légalisation du cannabis, des auteurs canadiens suggèrent d’utiliser les cannabinoïdes pour les malades insuffisants rénaux chroniques, alors que des essais cliniques manquent encore sur le long terme. 

 

Pour traiter des douleurs rebelles, on est parfois amené à utiliser les dérivés de l’opium (les opiacés tels que la morphine). Ils entraînent de nombreux effets indésirables. Les insuffisants rénaux, parfois sous dialyse [1] à un stade avancé souffrent… Cinquante pour cent d’entre eux rapportent des douleurs, et 82 % les jugent modérées à sévères. Outre des douleurs chroniques diverses, des douleurs osseuses, ils souffrent aussi de douleurs neuropathiques, douleurs très pénibles d’origine neurologique, en particulier chez les diabétiques, qui répondent mal au divers traitements recommandés. Selon les auteurs, spécialistes de la douleur, la composante émotionnelle [2] des symptômes pourrait être modulée par cette médication. Ainsi dans l’article en source ci-dessous, les auteurs passent en revue le « fardeau » que constitue pour un malade insuffisant rénal chronique son cortège de symptômes altérant la qualité de vie. Ils peuvent parfois se retrouver piégés par de nombreux désagréments tels que la nausée, l’anorexie, le prurit ou l’insomnie, exacerbés par les dérivés de la morphine. Les dérivés pharmacologiques du cannabis seraient alors une piste à explorer.

 

Les dérivés du cannabis sont intégralement métabolisés par le foie. On connaît parmi eux le tétrahydrocannabinol (le THC), composé très actif, mais moins les 33 métabolites retrouvés dans les urines de patients traités par du « cannabis » ! Les auteurs passent en revue au niveau cellulaire le « système endocannabinoïde » et décrivent les cannabinoïdes exogènes à usage médical.

 

Selon eux, de nouvelles approches thérapeutiques pour les douleurs et des symptômes de maladie rénale chronique sont nécessaires. Ils affirment que pour prendre en charge de façon globale un patient insuffisant rénal, la recherche fondamentale et les essais cliniques devraient pouvoir confirmer l’intérêt grandissant des cannabinoïdes dans ces maladies complexes.

 

Source : Davison, S.N., Davison, J.S., (2011) Is there a legitimate role for the therapeutic use of cannabinoids for symptom management in chronic kidney disease ?. J Pain Symptom Manage, 41(4) : p. 768-78.

 

Douleurs chroniques, Chronisanté : * (2010) L’expérience de douleur est authentique et sa perception subjective peut en modifier l’intensité. – (2010) Douleur et dépression méritent une détection plus systématique chez les malades chroniques..* (2009) La pluridisciplinarité dans la prise en charge de la douleur chronique. * (2009) Prendre en charge la douleur chronique des malades « complexes ». * (2010) Douleur et dépression méritent une détection plus systématique chez les malades chroniques.

 

[1] L’hémodialyse ou la dialyse péritonéale est l’épuration artificielle extrarénale. Le sang ou le liquide péritonéal sont débarassés de leur « impuretés » – des composés non utilisés par le corps – par des machines, pour suppléer l’absence de fonction du rein.

 

[2] Emotionnelle signifie qu’elle emprunte les voies de l’émotion, dans le cerveau.

 

Source : http://chronisante.inist.fr/spip.php?article456

 

Auteur: Philippe Sérié

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