Carnet de voyage de sœur Rose 26 avril 2019

Carnet de Voyage – Principes Actifs – 26 Avril 2019

 

Bonsoir à toutes et tous,

 

Et bienvenue à bord du dernier épisode de ce Carnet de voyage en Californie !

Dimanche 21 Avril, ce fût le jour de la grande Célébration de l’anniversaire de notre Ordre. Les festivités se déroulaient dans le célèbre Dolores Park.

Après une courte nuit, on s’est tartiné la tronche dès potron minet pour être dans le parc vers 11h, pour y faire la Messe sur la scène à midi et demi.
On était pas fraiches mais ça nous a filé une pèche de partager cette part de l’action des Soeurs en France avec toutes nos sœurs réunies.
Le reste de la journée a glissé sur nous comme un ouragan sur l’océan. Un tourbillon de bisous, de câlins, de rencontres, de photos, de prières et de corn flakes.
Ah oui, parce qu’Aunt Gaggy a eu la bonne idée de ramener des corn-flakes avec du cannabis, fait maison s’il vous plait !
T’aurais vu les frangines boulotter leur space cornflakes dans une petite boite, ça avait de la dégaine.

Après cette semaine interminable, j’avais besoin de repos. J’ai donc décidé d’aller dans le nord de la Californie, rejoindre les Soeurs de la Russian River à Guerneville.

Soeur Sorenda tente une dernière fois de se débarrasser de moi en me donnant rendez vous en haut d’une des collines les plus hardues de la baie. Mais il en faut plus pour tuer la Rose.
Surtout qu’en arrivant, je sais que le DAB m’attend.

Le Dab, c’est une espère de bong sophistiqué qui permet de fumer une espèce de concentré, qui ressemble à du hash mais encore plus collant et translucide. Vous pouvez constater la qualité de mon investigation.

Comme pour les bongs, à peine je tire, je tousse. On saute dans la voiture, on traverse le Golden Gate Bridge et soudain, la vie est douce.

On a pas le temps d’arriver à Guerneville que Sorenda décie de me montrer le plus grand dispensaire du comté de Sonoma : OrganiCann
C’est dans un grand entrepôt, on dirait un terminal d’aéroport. Il y a un contoir dédié pour chaque chose : les vapos, les fleurs, les comestibles, les boutures. Des promos dans tous les sens pour le 420 day.
J’essaye d’être raisonnable, mais je m’en sors pour cent dollars pour un huitième d’once (soit 3,5 gramme) en promo, un autre hors promo et un sachet de dix bonbons à 10mg de THC chacun.

Après nos courses, on s’arrête manger un bout et puis on arrive enfin dans la maison de Soeur Beatrix, posé sur le flanc d’une colline (je te raconte pas mes mollets), au milieu de pins gigantesques.
En moins de 24 heures, j’étais habillé en tye and dye psyché de toutes les couleurs, je jouais du banjo, on aurait dit une beatnik sur le retour, le paradis <3

L’objectif affiché de Soeur Sorenda et Soeur Beatrix est que je sois mûre jusqu’à la cornette, faite comme une américaine dans la Baie des Cochons, bref que je sois bien bien bien stone.

Et bien évidement, la complétion d’un tel challenge, qui ferait passer le nettoyage des écuries d’Augias pour une aimable bataille d’eau, passe par une visite à la fameuse Aunt Gaggy.

Alors moi, clairement, j’ai laissé mon cœur et mon âme là bas. Nan, j’déconne, j’ai ni l’un ni l’autre.

Aunt Gaggy vit dans une jolie maison en bois mauve au creux de la vallée, la vue sur les forêts c’est de la pornographie pour pyromanes, le jardin est fleuri, un carillon carillonne, les papillons dansent, les oiseaux chantent et je me prends pour Dolly Parton.
C’est le genre de maison à laquelle on rêve quand on se dit qu’on vivra toutes ensembles avec les copines, l’intérieur est encore plus précieux que l’extérieur. Des œuvres d’art partout, de beaux bibelots, des colifichets de sœurs, des préciosités partout où se glisse le regard.

Aunt Gaggy est une militante pro-cannabis, une Sainte des Sœurs et une femme d’une douceur légendaire.
Elle a la majesté de celles qui ont tout traversé, et la paix de celles qui ont tout bravé. Si je devais être un Pokemon, j’aimerai être elle.

Aunt Gaggy n’aime rien tant que de partager sa fleur préférée, et bien sûr, la légalisation l’exaspère. Plutôt que de créer une nouvelle industrie à l’image de Big Pharma ou Big Tobbacco, elle préfèrerait que la plante soit libre de vivre sa vie, et que la nature fasse sont œuvre plutôt que des labos leur compte.
Depuis une vingtaine d’années, elle fait pousser une petite Sativa des familles qui lui permet de supporter ses douleurs et de mener sa vie. Elle ne connait même pas le nom de la variété, elle s’en cogne, une amie lui a offert une bouture qu’elle continue de cloner tous les ans.

Elle n’hésite jamais à préparer un peu trop de gâteaux pour les partager avec qui veut.
Son mari Paul me fait visiter leur petit potager, je suis à deux doigts de leur demander de remplir les papiers pour l’adoption.

Mais il faut être raisonnable et je finis par rentrer à San Francisco pour attraper l’avion qui doit me ramener en France

Lors d’une des dernières soirées, alors que nous étions en route avec Sœur Flora et Nico pour aller se baffrer au Mandalay en compagnie de Sœur Desi, on s’est rendu compte qu’on avait rien pris à fumer pile quand nous passions devant un dispensaire. Flora a braqué, s’est garée sur le parking et en deux minutes nous avions acheté quelques pré-roulés d’Indica.

Aussi grisant qu’une telle expérience soit, elle laisse un étrange goût dans la bouche.
La légalisation semble bien bancale, l’Etat semble en mesure de tout arrêter du jour au lendemain et l’offre proposée par les grandes entreprises est d’un qualité médiocre, cherchant à produire un produit standardisé d’une plante qui ne saurait l’être.
Le système reste profondément raciste. La loi excluant des emplois liés à la légalisation toute personne ayant eu la moindre interaction avec la justice pour du cannabis. Quant on sait qu’aux USA – comme en France d’ailleurs – ces lois ne servent qu’à justifier le harcèlement policiers envers les populations non perçues comme « blanches » et que la simple possession d’un joint à demi fumé en 1983 peut être encore visible sur votre casier judiciaire en 2019 – ce qui est moins courant en France.

Avant de décoller, je médite une bonne heure à l’Aéroport de San Francisco sur la pertinence d’y fumer un dernier petit pure, c’est un territoire fédéral, ou de tenter de l’emporter avec moi en France. Je fini par me dégonfler et l’abandonner avec la petite pipe et le petit pot de popo qui me restait de Flora dans les toilettes au niveau des arrivés, en espérant qu’il fasse le plaisir de quelqu’une arrivant vers la Baie.
Une fois arrivé chez moi, je prends le temps de raconter une partie de mon périple à mon grand frère, et là, dans la cuisine, je passe la main dans la poche arrière de mon jean. Mes doigts n’en reviennent pas et j’en sors d’un merveilleux cul de joint faisant facile 2 centimètres.

Je l’allume, je souris.

On a pas le cul sorti des orties !

Merci à chacune et chacun de m’avoir lu jusque là <3

Merci à toute la merveilleuse équipe de Principes Actifs

Je vous aime si fort

Soeur Rose

Auteur: Philippe Sérié

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