Cliniques privée, importations, production locale : comment le Royaume-Uni facilite l’accès au cannabis médical

 

Le Royaume-Uni a légalisé le cannabis médical fin 2018, après que les cas de Billy Caldwell et Alfie Dingley, deux enfants souffrant d’épilepsie rare et se traitant au cannabis, aient attiré un fort soutien populaire. Depuis, le pays a néanmoins rencontré de nombreuses difficultés pour réellement délivrer du cannabis aux personnes malades, que ce soit à cause de restrictions plus poussés qu’avec d’autres médicaments, un manque de médecins prêts à les prescrire ou une réticence à autoriser des ordonnances financées par le système de santé britannique (NHS) et des retards bureaucratiques dans leur importation.

Quelques récentes décisions prises par le gouvernement britannique suggèrent néanmoins que le Royaume corrige le tir.

Faciliter les prescriptions

Une première, prise le 2 mars 2020, a été un assouplissement des exigences d’importation. Les grossistes autorisés de cannabis médical seront désormais en mesure d’importer de plus grandes quantités de produits à base de cannabis et de conserver des stocks pour une distribution future. Les patients pourront ainsi obtenir leur traitement en quelques jours plutôt qu’en plusieurs mois.

Une deuxième, prise le 29 avril 2020 en réponse directe à la crise du coronavirus, était un ensemble de mesures qui permettront aux pharmaciens de délivrer plus facilement des médicaments en cas d’urgence ou en période de grave pénurie. Cette mesure préventive ne se réfère pas spécifiquement aux Produits à base de cannabis à usage médicinal (CBPM), mais qui les englobe et tient compte des besoins des patients qui accèdent au cannabis médical pour diverses raisons de santé.

Une troisième a été d’autoriser un essai clinique sur du cannabis médical pour 20 000 patients. Ce projet-pilote visait à récolter des données patient à plus grande échelle que le système officiel pour faciliter in fine la prescription de cannabis médical. Annoncé en novembre 2019, les premières prescriptions ont été faites début mai.

Cliniques privées

Les prescriptions remboursées par la NHS étant longues et difficiles à avoir, des cliniques privées ont ouvert à partir de début 2019 pour délivrer de manière effective du cannabis aux patients. Les équipes comprennent des spécialistes en neurologie pédiatrique et adulte, soins palliatifs, psychiatrie, gastro-entérologie, médecine générale aiguë et douleur neuropathique, qui respectent les directives formelles de prescription établies par le NHS, le MHRA et le GMC.

Une chaîne de cliniques a par ailleurs annoncé qu’elle devrait bientôt être en mesure de réaliser des consultations à distance pour les patients qui ne peuvent pas se déplacer en clinique en raison de problèmes de mobilité ou de limitations géographiques.

Le coût de ces cliniques laisse néanmoins le cannabis à distance des malades les moins favorisés. La première consultation coûte 250£, puis 150£ par spécialiste, sans inclure le coût du traitement qui s’élève entre 600 à 700£ par mois.

Production nationale

Si le cannabis est toujours illégal au Royaume-Uni, c’est néanmoins le premier pays producteur de cannabis légal au monde. En 2016, le pays en a produit 95 tonnes selon les chiffres des Nations Unies, et en exportait plus de 2 tonnes en 2016, soit 70% des quantités légales à cette époque.

Plusieurs sites de culture ont récemment émergé, dont ce site en Ecosse, pour fournir le marché interne en huile de cannabis. En 2019, plusieurs installations de production de cannabis ont vu le jour en Grande-Bretagne, par exemple dans un endroit secret du Wiltshire ou dans le Somerset. GW Pharmaceuticals cultive également depuis plusieurs années du cannabis dans le Kent, pour s’approvisionner en cannabinoïdes pour ses produits Sativex et Epidiolex.

Source : newsweed.fr

Auteur: Philippe Sérié

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