Et si le zamal remplaçait la culture sucrière….

D’ici quelques semaines, le cannabis thérapeutique sera autorisé au Royaume-Uni, selon les déclarations du ministre britannique de l’Intérieur. Ce pays rejoindra ainsi les 18 pays qui ont autorisé cet usage médical de la drogue préférée des adolescents. En France, même si la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s’est déclarée le 24 mai 2018 favorable à l’ouverture d’études autour des bénéfices thérapeutiques du cannabis, on n’en est pas là. Au grand dam des quelques rêveurs qui se verraient bien remplacer la culture de la canne à sucre à La Réunion par celle du zamal thérapeutique.

Et si on remplaçait la culture de la canne à sucre par celle du zamal à visée thérapeutique ?  La perspective a de quoi faire saliver quelques agriculteurs, quand on estime le prix moyen au marché noir de cette drogue encore illicite sur le territoire.   » Ne rêvons pas, tempère le Dr David Mété, addictologue au CHU Félix Guyon. Même si la plante présente quelques éléments intéressants, ce n’est pas la panacée universelle ! « . Certes pas, cependant dans les campagnes, les Réunionnais se souviennent des tisanes de zamal, efficaces pour combattre les effets de l’épidémie du chikungunya en 2005/2006, qui a touché jusqu’à 40% de la population. Comme quoi, le zamal, ça ne sert pas qu’à planer.

Du bon usage du cannabis thérapeutique

Certains pays, moins frileux que la France sur la question, en sont convaincus et ont étudié les bénéfices que pourraient apporter les cannabinoïdes, prescrits pendant de courtes périodes. Selon une méta-analyse américaine, le cannabis thérapeutique pourrait réduire les douleurs chroniques chez les patients adultes soufrant de sclérose en plaques ou de fibromyalgie et limiter les effets secondaires de la chimiothérapie tels que les nausées et les vomissements.

 » Des molécules autres que le THC (ndlr, tétrahydrocannabinol) présentes dans la plante, comme le CBD (cannabidiol), pourraient être intéressantes en psychiatrie, en neurologie ou pour traiter des épilepsies, d’autant que cette molécule n’a pas d’effet euphorisant et ne peut pas être détourné en cannabis récréatif « , souligne le Dr David Mété.

Si notre expert se montre favorable à l’avancée de la recherche autour du cannabis thérapeutique, il reconnaît toutefois que ces molécules ne sont pas sans effets secondaires, addictions, troubles de l’anxiété.  » C’est tout l’intérêt de lancer des recherches pour déterminer quels cannabinoïdes sont les moins nocifs tout en étant efficaces « .

Ce spécialiste en addictologie regrette que la recherche soit bloquée en France par une frilosité quasi conservatrice :  » Le cannabis, c’est comme le débat sur l’homosexualité ou l’IVG, en France on est sur l’idéologie en permanence. La France, pays des droits de l’homme, est finalement très conservatrice, limite rétrograde « .  Mais comme le souligne le Dr David Mété, la plupart des pays ayant autorisé le cannabis thérapeutique ont fini par légaliser le cannabis récréatif. Et c’est peut-être bien là que ça coince en France.

Un médicament français bloqué

Si des médicaments existent dans les pays ayant légalisé le cannabis à visée thérapeutique (ndlr, une dizaine en Europe), en France, on n’est pas en reste. Il existe actuellement un médicament, contenant du THC et du CBD, qui a reçu une APMM (autorisation provisoire de mise sur le marché) en raison de sa très faible concentration en THC (euphorisant) qui ne permettrait pas un usage récréatif. Mais le prix proposé posant problème, le Sativex, puisque tel est son nom, est toujours dans les tiroirs du laboratoire fabricant.

Même si 58% des professionnels de santé sondés récemment par le Journal International de Médecine se sont déclarés favorables à la légalisation du cannabis thérapeutique, il faudra encore attendre pour le zamal devienne culture autorisée et pourvoyeuse d’emplois légaux à La Réunion.

Source : ipreunion.com

Auteur: Philippe Sérié

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