La dame de 62 ans avait tout le matériel nécessaire pour cultiver du cannabis./Photo illustration
Le 18 juillet 2017, c’est à la faveur d’une patrouille pédestre au cœur de la commune de Cépie, que les gendarmes ont senti une forte odeur de cannabis en passant devant le n° 2 de la rue des Troubadours. Deux jours plus tard, c’est dans ce contexte que les militaires vont décider de perquisitionner le domicile suspect, qui s’avérera être celui d’une femme de 62 ans, retraitée de la fonction publique.
Près de 4 kilos d’herbe saisis
Là c’est la stupéfaction, avec la découverte d’une chambre aménagée avec tout le matériel du parfait cannabiculteur. Un peu plus loin, c’est sur un pied de cannabis de 1,60 mètre que les militaires vont tomber, sans oublier des graines et près de 4 kg d’herbe de cannabis, dont la moitié était en cours de séchage. Placée en garde à vue, la sexagénaire a expliqué qu’elle cultivait du cannabis depuis trois ans, et qu’elle fumait trois à six joints par jour pour soulager son cancer des os qui l’a fait énormément souffrir. Dans leurs investigations, les gendarmes vont aussi apprendre que la retraitée donne régulièrement du cannabis à son fils, ainsi qu’à son beau-fils à raison d’un bocal d’environ 50 g toutes les trois semaines.
Hier après-midi, c’est dans ce contexte que Sylvie, Bertrand et Mohamed ont comparu devant le tribunal. Sylvie, tout d’abord, a expliqué qu’elle s’était lancée dans la petite culture fin 2011, «lorsque mon cancer s’est déclaré. En fait, je me suis aperçue que mes douleurs étaient moins pénibles à supporter quand je fumais. Le cannabis soulage les cancers et c’est ce qui m’a décidé à faire ça.» Sylvie a tout de même investi 2 500 € pour installer le matériel nécessaire.
Bertrand, âgé de 41 ans, a indiqué à la présidente Céline Fleury qu’il était consommateur et que sa mère lui fournissait une partie de son cannabis : «Je considère que c’est plus un produit médicamenteux qu’illicite !» Mohamed, âgé de 27 ans, a pour sa part reconnu sa consommation à usage récréatif. «Après, je n’ai pas aidé ma belle-mère à installer sa culture, c’est elle qui l’a fait», a précisé Mohamed, déjà condamné pour «infraction à la législation sur les stupéfiants».
Dans son réquisitoire, la vice-procureure Sun-Yung Lazare a reconnu qu’on était face à un trafic de cannabis, «bien que la culture était très organisée, avec des pièces dédiées à ça.
«On est dans un contexte familial»
Pour Sylvie (5 mois avec sursis requis), Me Gilbert Aupin est revenu sur les raisons de cette culture : «Ma cliente, qui n’a jamais été condamnée, souffre d’une maladie incurable. C’est là qu’il faut chercher l’explication !» Me Frédéric De Rinaldo, pour Bertrand (5 mois avec sursis et mise à l’épreuve requis), a plaidé la nécessité de soins pour son client, «qui n’est pas une mauvaise personne… On est dans un contexte familial.»
Pour la défense de Mohamed (6 mois ferme requis), Me Annabelle Lacombe a dénoncé «des réquisitions sévères dans un dossier qui n’établit pas de rôle particulier à mon client. Il faut abandonner cette théorie du trafic qui n’existe pas.» Au bout du compte, le tribunal a condamné Sylvie à 4 mois de prison avec sursis, Bertrand à 3 mois avec sursis et mise à l’épreuve, et Mohamed à cent jours amende à 7 €.
Source : ladepeche.fr