Le cannabis un quasi-médicament

Le cannabis étant composé de quelque 200 molécules, il ne peut être évalué ou produit comme un médicament classique.

Le cannabis peut-il être considéré comme un médicament ? Pas selon sa définition moderne, puisqu’il est composé de plus de 200 molécules actives, et non d’une seule avec un mode d’action reposant sur un mécanisme biologique élucidé – ce qui permettrait de le prescrire contre une maladie bien précise. L’académie de pharmacie, gardienne du dogme, ne dit pas autre chose : « Mélange végétal composé de 200 principes actifs différents, variables en quantités et en proportion en fonction des modalités de culture, de récolte, de conservation, n’étant ni dosé, ni contrôlé, le cannabis ne peut apporter les garanties d’un médicament ».

Aujourd’hui, seules deux molécules issues du cannabis ont été étudiées. Il s’agit du cannabidiol, communément appelé par son sigle, CBD, dont les propriétés sont plutôt relaxantes et anti-inflammatoires, et du tétrahydrocannabidiol ou THC, responsable, lui, des effets psychotropes mais aussi antalgiques. Ces molécules peuvent être obtenues par synthèse chimique, mais on soupçonne que les effets du cannabis tiennent à l’ensemble des molécules contenues dans la plante, avec une potentialisation résultant de leurs interactions. Dans ce cas, la solution la plus simple reste bien d’extraire le cannabis de la plante.

Légalisation dans 41 pays

Sans ses propriétés psychotropes, le cannabis serait relégué en compagnie du millepertuis au rayon de la phytothérapie, qui consiste à se soigner avec les plantes. Mais son usage thérapeutique ne permet pas aux pouvoirs publics de s’en désintéresser, d’autant que ses bénéfices sont attestés – à défaut d’avoir pu être établis dans le cadre d’essais cliniques en bonne et due forme pour cause d’illégalité. La légalisation de cet usage thérapeutique est d’ailleurs largement enclenchée, déjà adoptée par 41 pays.

Même la France, parmi les dernières à accompagner le mouvement, vient de s’y engager. Une expérimentation doit démarrer dans l’Hexagone en début d’année prochaine . Cela devrait permettre de déterminer les situations cliniques où une telle prescription sera possible et le type de formulation la plus adaptée. Ne disposant pas de production nationale, la France devra, au moins dans un premier temps, recourir aux importations. Les entreprises comme Tilray sont dans les starting-blocks. Les Français, eux, sont déjà acquis à la cause : plus de 80 % d’entre eux y sont favorables.

Catherine Ducruet

 

Source : lesechos.fr

Auteur: Philippe Sérié

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