Nonchalance, grèves et coronavirus, l’expérimentation du cannabis thérapeutique a jusqu’ici fait les frais de l’actualité et d’un manque de considération des autorités sanitaires. Alors que plusieurs associations de patients montent au créneau et s’inquiètent d’un éventuel retard, la confirmation de la tenue de l’expérimentation du cannabis thérapeutique en France se fait à demi-mots.
Le cannabis médical, une urgence facultative
Sur le papier, l’expérimentation du cannabis thérapeutique devait commencer fin 2019. Une première phase de 6 mois consacrée aux modalités de mise en place de l’expérimentation devait initier le processus, suivie par 1 an de prescription à 3000 patients puis 6 mois d’analyse des données terrains pour une éventuelle légalisation ensuite.
Problème : à ce jour, la phase d’étude n’a toujours pas été finalisée. L’expérimentation manque des 3000 patients, n’a pas formé les professionnels de santé et ne sait toujours pas quels produits seront dispensés ni qui les fournira, et encore moins avec quel budget.
Alerte supplémentaire, l’alinéa 3 de l’Article 1er du projet de loi pour faire face aux conséquences de la COVID-19 prévoyait le report « d’expérimentations conduites sur le fondement de l’article 37-1 de la Constitution ». Un amendement déposé par des députés attachés au sujet comptait néanmoins exempter le cannabis thérapeutique d’un éventuel report. Le gouvernement a finalement supprimé l’alinéa 3. Et Emmanuelle Fontaine Domeizel, rapporteure de la thématique cannabis médical de la MI, de confirmer que le projet de loi COVID-19 ne reportera pas l’expérimentation.
L'expérimentation du #cannabisthérapeutique doit rester une priorité pour les patients et nous restons attentifs avec mes collègues députés à son évolution. Malgré certaines craintes, le projet de loi sur les conséquences du Covid-19 ne reporte pas l'expérimentation. pic.twitter.com/n03GIruSWs
— Emmanuelle Fontaine Domeizel (@FontainDomeizel) May 14, 2020
Les patients membres du CST et les associations de patients n’ont toutefois pas la garantie qu’une autre raison soit invoquée en septembre prochain, la plus rationnelle étant le calendrier. En 7 ans, la France n’a pas su mettre le Sativex en pharmacie. Il reste ici 3 mois et demi pour fournir en produits 3000 patients et mettre en place un système de prescription d’un produit nouveau, avec la période estivale dans l’intervalle.
Bien conscients de l’enjeu, les associations Principes Actifs et UFCM-I-Care, qui siègent au CST de l’ANSM, appellent d’ores et déjà le gouvernement à « généraliser la possibilité de prescrire du cannabis thérapeutique » et « délivrer du cannabis sur l’ensemble du territoire national sans les difficultés d’inscription et/ou de participation à cette expérimentation ».
Communiqué Principes Actifs UFCM-I Care Usage thérapeutique du cannabis, confinement, réponse aux tribunes.
Source : newsweed.fr