Neuf Français sur dix favorables au cannabis médical, selon une enquête

Selon une enquête de l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), 91 % des Français sont favorables à la prescription de médicaments à base de cannabis.

Le cannabis médical rassemble les produits issus du cannabis pouvant être prescrits par des médecins, dispensés par des pharmaciens, et qui sont de qualité pharmaceutique. | BORIS ROESSLER/DPA

Selon la dernière enquête sur les représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes (Eropp), menée en 2019 par l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT), plus de neuf Français sur dix (91 %) sont favorables à la prescription de médicaments à base de cannabis « par les médecins dans le cadre de certaines maladies graves ou chroniques ».

La classe politique ne semble pas faire exception : le président de la République lui-même a souligné que l’exécutif était « plutôt favorable » à l’usage médical du cannabis et des élus de tout bord souhaitent avancer sur ce point.

Pour Jean-Baptiste Moreau, ex-député Renaissance de la Creuse et rapporteur général de la mission d’information relative à la réglementation et à l’impact des différents usages du cannabis : « L’expérimentation sur le cannabis médical en cours au CHU de Clermont est concluante. On a des exemples d’autres pays où ça marche. Maintenant, il faut que ça bouge. »

Idem pour Erwan Balanant, député MoDem du Finistère (Bretagne) : « Les études montrent les bénéfices pour la santé d’un usage encadré du cannabis thérapeutique. Il serait dommage que la France reste en retard sur ce point. »

Même du côté des plus frileux, on semble prêt à franchir le pas : « Il n’y a pas de dogme chez Les Républicains (LR) sur la question du cannabis thérapeutique. Des interrogations subsistent, mais pas de fermeture absolue », confie Philippe Gosselin, député LR de la Manche (Normandie).

Qu’est-ce qui bloque ?

Alors, si opinion publique et élus politiques font corps, qu’est ce qui bloque pour légaliser le cannabis médical en France ?

« Depuis la loi du 31 décembre 1970 – qui considère l’usager de stupéfiants comme un malade et un délinquant – quand on parle du cannabis en France, c’est sous l’angle de la morale. Pas sous celui de la santé. Le cannabis correspond à l’interdit. Ainsi, aujourd’hui, certains discours politiques, notamment du côté du ministère de l’Intérieur, supposent que le cannabis médical serait un cheval de Troie pour, ensuite, légaliser le cannabis récréatif (psychotrope) », note Marie Jauffret-Roustide, sociologue à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) qui travaille sur les politiques des drogues. « Des politiques de tous bords prennent position pour une légalisation du cannabis médical. À l’instar de Caroline Janvier, députée du Loiret, ils plaident aussi pour des formes de légalisation contrôlées du cannabis en général. Ce qui renforce les craintes du gouvernement. »

Jouany Chatoux, producteur de cannabis CBD et porte-parole de l’association française des producteurs de cannabinoïdes, va plus loin : « Si la légalisation du cannabis médical en France prend du temps, c’est à cause d’un nombre restreint de politiciens obstinés à vouloir l’interdire sous toutes ses formes, estime-t-il. Le ministère de la Santé devrait être plus aux manettes que l’Intérieur sur ce dossier », affirme l’agriculteur, en référence à Gérald Darmanin, opposant résolu à la légalisation du cannabis.

« Il y a des contraintes techniques mais, s’il faut aller plus vite, c’est avant tout pour les patients qui attendent des traitements. Certains sont dans des situations désespérées », conclut Marie Jauffret-Roustide.

Source : ouest-france.fr

Auteur: Philippe Sérié

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