PARLONS CANNA : Fabienne Lopez – Principes Actifs : information et prévention ne peuvent coexister avec répression du cannabis

Bienvenue à tous dans ce nouvel épisode de Parlons Canna ! Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’accueillir Fabienne Lopez, une figure incontournable dans le domaine du cannabis. Fabienne est actuellement porte-parole de l’association Principes Actifs et a également occupé le poste de présidente du Circ, le Collectif d’information et de Recherche du Cannabis, pendant de nombreuses années.

Passionnée par le cannabis, Fabienne est une fervente adepte de la réduction des risques et possède une expertise approfondie dans le domaine du cannabis thérapeutique. Au cours de cet épisode, nous aurons l’opportunité d’explorer divers sujets en sa compagnie. Dans un premier temps, Fabienne nous présentera son parcours et partagera avec nous son riche engagement militant lié au cannabis et à l’addiction.

Ensuite, nous plongerons dans une brève rétrospective de l’état actuel du cannabis thérapeutique. Fabienne nous éclairera sur les avancées récentes, les défis rencontrés et les perspectives prometteuses de cette forme de traitement.

Enfin, pour clôturer notre discussion, nous nous projeterons vers l’avenir en abordant avec Fabienne les meilleurs modèles d’accès au cannabis thérapeutique, selon son point de vue d’experte engagée.

Nous sommes ravis d’avoir Fabienne à nos côtés aujourd’hui et nous sommes impatients de partager avec vous toutes les connaissances et les réflexions passionnantes qui découleront de cette conversation enrichissante. Restez à l’écoute et laissez-vous guider par la voix de l’expertise et de l’engagement de Fabienne Lopez dans le monde du cannabis thérapeutique.

Fabienne Lopez : Une militante pionnière du cannabis

Dans le monde du militantisme cannabis, il existe des figures emblématiques qui ont consacré leur vie à défendre cette plante aux multiples facettes. Parmi elles, Fabienne Lopez occupe une place de choix. Depuis ses débuts dans les années 1993-1994, elle s’est investie avec passion dans la cause du cannabis et a été l’une des militantes de la première heure. Son parcours a été marqué par son engagement au sein du Collectif d’Information et de Recherche sur le Cannabis (Circ), où elle a non seulement contribué à la diffusion d’informations objectives, mais a également occupé le poste de présidente du Circ Paris Île De France pendant quatre ans, de 1994 à 1998.

Durant cette période, Fabienne Lopez a été un moteur essentiel pour sensibiliser le public, promouvoir des politiques basées sur la réduction des risques et plaider en faveur d’une reconnaissance du potentiel thérapeutique du cannabis. Son implication précoce dans le mouvement a contribué à façonner le paysage du militantisme cannabis, et son expertise est aujourd’hui reconnue dans le domaine du cannabis thérapeutique.

Au fil des années, Fabienne a acquis une connaissance approfondie de toutes les facettes du cannabis, de son histoire à ses applications thérapeutiques, en passant par les actualités et les défis liés à sa réglementation. Aujourd’hui, en tant que porte-parole du groupe Principes Actifs, elle continue de plaider pour des politiques éclairées et des modèles d’accès au cannabis thérapeutique qui répondent aux besoins des patients.

Le Circ aujourd’hui : Informer, défendre et promouvoir

Le Circ a connu une évolution significative depuis sa création à une époque où la situation était bien différente. Lors de sa fondation, il n’y avait pratiquement aucun espace pour discuter du cannabis et de ses enjeux. Le Circ, sous l’impulsion de pionniers tels que Jean Pierre Galland et Stéphane Karcher, a ouvert la voie en donnant la parole à des personnes comme Fabienne Lopez et d’autres utilisateurs récréatifs de cannabis, qui étaient confrontés à une répression féroce.

À cette époque, où Internet n’existait pas encore, il était nécessaire de se débrouiller avec les moyens du bord pour faire entendre leur voix. La répression était très sévère, et seuls les médecins et les professionnels de l’addiction avaient le droit de s’exprimer sur le sujet. Les usagers, même ceux qui utilisaient le cannabis à des fins thérapeutiques, étaient immédiatement condamnés pour incitation.

Cependant, malgré les difficultés et les risques encourus, le Circ et ses responsables régionaux ont continué à œuvrer pour faire avancer la cause du cannabis et à défendre les droits des usagers. Cette période a été marquée par des situations où les militants ont souvent été victimes de répressions financières et d’autres formes d’attaques.

Aujourd’hui, grâce aux efforts du Circ et d’autres acteurs, la situation a évolué. Les discussions sur le cannabis se sont élargies, et il existe des espaces pour aborder les enjeux liés à cette plante. Cependant, le travail du Circ n’est pas terminé, et l’organisation continue de jouer un rôle important dans la diffusion d’informations objectives, la promotion de politiques basées sur la réduction des risques et la défense des droits des usagers de cannabis.

Le Circ demeure un symbole de la lutte pour la reconnaissance et la légitimité du cannabis, et il continue de s’adapter aux nouvelles réalités et aux défis actuels pour soutenir les utilisateurs et promouvoir des politiques plus justes et éclairées.

Les objectifs du Circ : Informer, légaliser et remettre en question la loi de 1970

Le Collectif d’Information et de Recherche sur le Cannabis s’est donné pour mission de poursuivre plusieurs objectifs essentiels liés à la reconnaissance et à la légitimité du cannabis. À l’époque de sa création, l’un des principaux enjeux était de donner accès à l’information objective sur le cannabis et de combattre les stigmates associés à son usage. Voici les principaux objectifs du Circ :

1. Donner accès à l’information :

Face à la répression et au manque de sources d’information fiables, le Circ a joué un rôle crucial en fournissant des informations objectives sur le cannabis, ses usages récréatifs et thérapeutiques, ainsi que sur les enjeux politiques et sociaux qui l’entourent.

2. Légalisation et arrêt des poursuites : 

Le Circ s’est engagé activement en faveur de la légalisation du cannabis et a demandé l’arrêt des poursuites pénales à l’encontre des usagers. Il a plaidé pour une réglementation plus juste et respectueuse des droits individuels, tout en promouvant une approche basée sur la réduction des risques.

3. Remise en question de la loi de 1970 : 

La loi du 31 décembre 1970, connue sous le nom de “loi de 70”, a été une cible majeure pour le Circ. Cette loi a classé les usagers de cannabis comme des criminels ou des malades, créant une dichotomie restrictive. Le Circ a cherché à remettre en question cette loi et à sensibiliser le public sur ses conséquences néfastes pour les usagers.

La loi de 1970 continue d’avoir un impact significatif, et le Circ persiste dans ses efforts pour dénoncer ses effets néfastes et promouvoir des réformes législatives nécessaires. Le Circ a également subi les contrecoups de son engagement, notamment sur le plan financier. Des condamnations ont été prononcées à l’encontre des responsables du Circ pour l’organisation d’événements tels que les “18 joints à la Villette”. Ces sanctions financières ont eu un impact sur les activités et les ressources de l’association.

Il convient de souligner que le paysage militant de l’époque était marqué par une violence institutionnelle. Les saisies et la censure étaient monnaie courante, et les militants étaient régulièrement convoqués par les forces de l’ordre pour être “recadrés”. Cependant, malgré ces difficultés, le Circ a persisté dans son combat pour la reconnaissance du cannabis et la défense des droits des usagers.

Heureusement, au fil du temps, les choses ont évolué. La liberté d’expression s’est accrue, et aujourd’hui, de nombreux journaux en ligne et imprimés tels que Soft Secret et CBD Info traitent librement de la question du cannabis. Ces avancées témoignent de la transformation du paysage médiatique et de l’ouverture croissante à des discussions éclairées sur le cannabis, ce qui était inimaginable il y a trente ans.

Le Circ, en tant que pionnier du militantisme cannabis, a joué un rôle déterminant dans ces évolutions en permettant aux usagers et aux défenseurs du cannabis de s’exprimer, de s’informer et de lutter pour des changements positifs dans la société.

État des connaissances sur l’usage récréatif et thérapeutique du cannabis : Recherches et Sources d’Informations

À l’époque où le Circ s’est formé, les connaissances sur l’usage récréatif du cannabis étaient limitées en raison du manque de moyens de communication et d’analyse disponibles. Les informations sur la composition du cannabis, tels que les taux de THC, étaient difficiles à obtenir. L’accès à des données précises sur le cannabis était une quête constante, et l’on se sentait parfois plongé dans la préhistoire de la recherche sur cette plante.

Les informations sur l’usage récréatif provenaient principalement des États-Unis, où des magazines tels que High Times jouaient un rôle important dans la diffusion de connaissances sur le cannabis. Les personnes ayant la possibilité de se rendre à Amsterdam avaient également accès à des informations plus avancées. Cependant, en France, l’accès à ces informations était extrêmement difficile, et l’on était constamment à la recherche de sources d’informations fiables.

En ce qui concerne l’usage thérapeutique du cannabis, les États-Unis étaient également une source d’informations essentielle. On commençait à avoir connaissance de l’utilisation du cannabis à des fins thérapeutiques aux États-Unis, mais en France, les informations étaient encore rares et limitées. La recherche d’informations sur l’usage thérapeutique du cannabis était une préoccupation majeure pour le Circ, et il s’efforçait de recueillir des données provenant de sources américaines et d’autres pays pionniers dans ce domaine.

Dans l’ensemble, l’accès à des informations précises et fiables sur l’usage récréatif et thérapeutique du cannabis était un défi majeur à l’époque. Les sources d’informations provenaient principalement des États-Unis, où les avancées dans la recherche et l’utilisation du cannabis étaient plus développées. Cependant, grâce aux efforts des militants et des chercheurs, une base de connaissances solide a pu être établie, ouvrant la voie à une meilleure compréhension des usages du cannabis et à la reconnaissance de ses applications thérapeutiques.

Heureusement, les choses ont changé depuis lors. Les évolutions des 20 dernières années ont été incroyables, notamment au niveau de la diffusion d’informations sur le cannabis. Aujourd’hui, la connaissance sur l’usage récréatif et thérapeutique du cannabis est devenue internationale, marquant une véritable révolution dans le partage des savoirs.

L’évolution de l’engagement de Fabienne Lopez : Du Circ à Principes Actifs

De l’engagement au sein du Circ à la création de Principes Actifs, Fabienne Lopez a parcouru un chemin marqué par sa prise de conscience de l’usage thérapeutique du cannabis. À la fin des années 90, elle a rencontré des personnes séropositives qui utilisaient le cannabis à des fins thérapeutiques, en complément de leur substitution à la méthadone. Ces individus avaient constaté des améliorations significatives de leur appétit et de la gestion des effets secondaires liés aux traitements médicamenteux. En s’inspirant de ces témoignages, Fabienne a fondé Principes Actifs avec d’autres militants atteints de diverses pathologies et également engagés dans l’automédication. Elle s’est rendu compte qu’il n’existait pas d’initiative spécifique pour défendre cette question et a commencé à former des petits collectifs pour partager des conseils et des expériences. Pour offrir une protection contre les poursuites judiciaires, Fabienne a pris l’initiative de demander à des médecins de fournir des attestations reconnaissant l’effet bénéfique du cannabis sur certains symptômes liés aux pathologies des patients.

Reconnaissance médicale et communication entre patients et médecins

La valeur des attestations médicales et leur impact positif

L’obtention d’attestations médicales reconnaissant les effets positifs du cannabis thérapeutique a été un tournant significatif dans le militantisme de Fabienne Lopez. Ces documents, délivrés par des médecins, témoignaient de la légitimité de l’usage thérapeutique du cannabis, malgré l’absence de reconnaissance génétique. Cette démarche était extraordinaire car elle permettait aux médecins de prendre position en affirmant qu’ils savaient que leurs patients consommaient du cannabis dans un but thérapeutique.

La protection des patients et le dialogue avec les médecins

Ces attestations médicales avaient une valeur de protection pour les patients, car elles témoignaient que leur consommation de cannabis était motivée par des raisons thérapeutiques légitimes. De plus, elles facilitaient la communication entre les patients et leurs médecins, leur permettant d’aborder ouvertement leur consommation, de discuter de la manière dont ils l’utilisaient, et d’échanger sur les effets ressentis. Ce dialogue ouvrait la voie à une meilleure compréhension des bénéfices médicaux du cannabis.

L’engagement des médecins et leur rôle dans la lutte contre les préjugés

La collaboration de deux médecins, le Dr Guedel et le Dr Lebeau, a été essentielle dans ce processus. Leur soutien a été précieux, en particulier parce que le Dr Lebeau était un addictologue. Son expertise a permis de contrer l’idée répandue selon laquelle les patients cherchaient simplement à se droguer, même s’ils étaient malades. En tant qu’addictologue, il a apporté une perspective qui reconnaissait l’usage thérapeutique du cannabis et a contribué à dépasser les préjugés.

Ainsi, grâce à l’obtention d’attestations médicales et à l’engagement des médecins, Fabienne Lopez et son collectif ont pu créer un environnement favorable à la reconnaissance et à la compréhension de l’usage thérapeutique du cannabis. Ces avancées ont permis de briser les stigmates associés à la consommation de cannabis à des fins médicales et d’ouvrir la voie à une communication plus ouverte et constructive entre les patients et les professionnels de santé.

Évolution des mentalités médicales et déconstruction des préjugés

Sortir des schémas et croire en l’évolution

Face à un médecin qui rejette l’idée de l’usage thérapeutique du cannabis en le considérant comme une simple raison de se droguer, Fabienne Lopez souligne l’importance de sortir de ces schémas restrictifs. Elle exprime sa conviction envers l’évolution des mentalités, rappelant qu’il y a 25 à 30 ans, les faits en faveur du cannabis thérapeutique étaient également rejetés en France. Cependant, au fil du temps, on observe une évolution significative, illustrée par l’expérimentation en cours. Fabienne met en lumière cette progression, même si elle reconnaît que la situation reste complexe et politisée.

La longue histoire de la répression et des idées erronées

Fabienne Lopez souligne les raisons pour lesquelles certains médecins peuvent être réticents à reconnaître l’usage thérapeutique du cannabis. Elle évoque les 50 années de répression et les fausses informations véhiculées sur le cannabis, engendrant une hystérie collective. Les craintes irrationnelles liées aux effets supposés du cannabis ont été utilisées pour dissuader et stigmatiser les consommateurs. Des exemples d’affirmations absurdes, comme la naissance d’enfants à deux têtes ou la mort par leucémie, sont cités pour illustrer l’ampleur des préjugés existants.

L’influence des médecins et la déconstruction des peurs

Fabienne mentionne certains médecins qui ont exercé une influence négative en perpétuant ces préjugés, tels que le Pr Constantin et le Dr Naas. Ces praticiens ont contribué à instiller la peur chez les patients en utilisant des discours alarmistes. Fabienne souligne ainsi l’impact des 50 années de répression et de désinformation sur l’attitude de nombreux médecins, ce qui peut expliquer leur réticence initiale à soutenir l’usage thérapeutique du cannabis.

L’évolution des mentalités et la déconstruction des préjugés demandent du temps et de la persévérance, mais Fabienne Lopez demeure optimiste quant à la prise de conscience grandissante autour de l’usage thérapeutique du cannabis. Elle insiste sur la nécessité de poursuivre les efforts de sensibilisation et de recherche pour permettre une meilleure compréhension de cette plante et de ses bienfaits médicaux potentiels.

L’état actuel de l’expérimentation et les défis rencontrés

Des critères complexes limitant l’accès

L’expérimentation du cannabis thérapeutique en France est en cours, mais elle est mise en place de manière complexe, reposant sur cinq critères spécifiques. Cela crée des difficultés pour les patients, notamment lorsqu’il s’agit de prouver la chronicité de leurs douleurs. Certains médecins se montrent réticents à établir un diagnostic de douleur chronique, ce qui rend l’accès au cannabis thérapeutique compliqué. Cette situation conduit parfois les patients à devoir convaincre leur médecin, créant une certaine tension dans la relation médicale.

Des pathologies exclues de l’expérimentation

Un autre défi de l’expérimentation réside dans le fait que certaines pathologies pour lesquelles le cannabis présente des effets positifs ne sont pas incluses dans le cadre de l’expérimentation. Des exemples cités sont la maladie de Crohn et l’endométriose. On promet une ouverture après la fin de l’expérimentation, mais cela soulève des préoccupations quant au délai d’attente, car il est déjà prévu que l’expérimentation se termine en 2030. Pendant ce temps, d’autres pays ont déjà accordé aux patients un accès au cannabis thérapeutique pour ces pathologies, ce qui suscite des critiques quant à la lenteur du processus en France.

Les obstacles liés à l’industrie et à la filière française

Fabienne Lopez souligne que les enjeux économiques et les défis liés à la mise en place d’une filière française du cannabis thérapeutique compliquent également l’avancement du processus. Elle précise qu’elle n’est pas directement impliquée dans cet aspect de l’industrie, mais elle observe que ces difficultés peuvent ralentir le progrès et prolonger le temps nécessaire pour une véritable accessibilité au cannabis thérapeutique en France.

Malgré l’expérimentation en cours, il est clair que des obstacles subsistent dans l’accès au cannabis thérapeutique en France. Les critères complexes et la non-inclusion de certaines pathologies, associés aux défis économiques et à la mise en place de la filière française, ralentissent la progression du processus. Cela suggère que des efforts supplémentaires seront nécessaires pour accélérer l’évolution de l’usage thérapeutique du cannabis en France.

Durée et objectifs de l’expérimentation en cours

Dates et échéances de l’expérimentation

L’expérimentation du cannabis thérapeutique a débuté en mars 2021 et était initialement prévue pour une durée de deux ans, se terminant donc en mars 2023. Cependant, il est évident que l’expérimentation ne sera pas achevée en 2024, comme on aurait pu l’espérer.

Objectifs de l’expérimentation

L’expérimentation avait pour objectif de mettre à disposition du cannabis thérapeutique aux patients et de former les médecins à son utilisation, plutôt que de prouver son efficacité. Cette distinction est importante, car il s’agissait principalement d’évaluer les conditions de mise en œuvre pratique du cannabis thérapeutique, y compris les modalités de prescription et les protocoles de suivi.

Délais pour rendre l’usage prescriptible

Fabienne Lopez soulève le fait que même après la conclusion de l’expérimentation, il est peu probable que le cannabis thérapeutique devienne prescriptible immédiatement. Selon ses informations, l’expérimentation devrait se poursuivre jusqu’en 2030 avant que des avancées significatives ne soient réalisées en termes de prescription par les médecins et de remboursement par l’assurance maladie.

Malgré le lancement de l’expérimentation en 2021, il est clair que les délais pour rendre le cannabis thérapeutique prescriptible par les médecins s’étendront bien au-delà de 2024. L’expérimentation vise à évaluer les conditions de mise en place et de formation, plutôt qu’à prouver l’efficacité du cannabis. Par conséquent, il est prévu que des délais supplémentaires soient nécessaires avant que le cannabis thérapeutique ne soit pleinement accessible aux patients et couvert par les systèmes de remboursement en place.

Auditions et objectifs réels de l’expérimentation

Auditions préliminaires auprès du Comité Temporaire Scientifique

Fabienne Lopez et d’autres associations ont été auditionnées en 2018 par le Comité Temporaire Scientifique pour expliquer l’usage thérapeutique du cannabis et son utilité pour les patients. L’objectif de ces auditions était de présenter des fiches thérapeutiques détaillant les pathologies, les traitements existants, les effets secondaires et comment le cannabis pouvait remplacer certains médicaments. Les taux de THC et de CBD ont également été discutés, avec des ratios de THC atteignant parfois 20%. Malgré certaines réserves quant aux taux de THC, l’argument a été avancé que ces taux n’étaient pas effrayants lorsqu’il s’agit d’une consommation thérapeutique contrôlée, notamment par vaporisation ou ingestion.

Difficultés pour les patients et les médecins

Lors de la deuxième audition, les associations ont souligné les difficultés que les patients rencontrent pour négocier leur entrée dans l’expérimentation auprès de leurs médecins. Certains médecins ont refusé d’y participer, soit par manque de temps pour suivre la formation requise, soit par conviction personnelle. Certains médecins sont pro-opiacés mais opposés au cannabis thérapeutique. Lorsque cela a été mentionné au comité, la réponse a été simpliste : il faudrait simplement changer de médecin spécialiste, ce qui n’est pas une solution facilement réalisable pour les patients déjà suivis dans un hôpital ou une structure médicale spécifique.

La réalité des auditions révèle que les objectifs de l’expérimentation ne visaient pas spécifiquement à prouver l’efficacité du cannabis thérapeutique, mais plutôt à évaluer sa mise à disposition et à former les médecins à son utilisation. Les auditions ont permis de mettre en avant les avantages thérapeutiques du cannabis, mais aussi les obstacles auxquels sont confrontés les patients dans leur accès à cette alternative médicale. Les résistances des médecins, qu’elles soient liées à des contraintes de temps ou à des convictions personnelles, ajoutent des difficultés supplémentaires à la mise en place effective du cannabis thérapeutique en France.

Déception et incertitude dans l’expérimentation

La confusion entre l’avis du médecin et les résultats de recherche

La difficulté pour les patients réside dans le fait que l’on s’attend à ce que la médecine se base sur des résultats de recherche indépendants, indépendamment des convictions personnelles du médecin. Lorsqu’un médecin prescrit un traitement, on suppose qu’il le fait en se basant sur des preuves scientifiques. Ainsi, l’idée qu’un autre médecin puisse avoir une opinion différente peut être déconcertante et difficile à accepter pour un patient.

Les objectifs initiaux de l’expérimentation

Lors des auditions de 2018 et 2019, il était clair que l’objectif de l’expérimentation était de former les médecins, spécialistes et pharmaciens à la mise à disposition du cannabis thérapeutique. Il était également prévu de s’appuyer sur les études menées à l’international pour ne pas perdre de temps. Les études françaises sur le sujet étaient rares, et l’expérience acquise à l’étranger était essentielle pour avancer dans ce domaine.

Le rôle de Nicolas Authier et l’absence de soutien gouvernemental

Nicolas Authier a joué un rôle clé dans l’ouverture de l’expérimentation du cannabis thérapeutique en France, malgré les difficultés initiales. Cependant, le gouvernement n’a pas apporté de soutien financier à cette initiative, laissant la charge financière à l’ANSM. Cela inclut la fourniture de vaporisateurs aux patients, la gratuité des traitements, etc. Le manque de soutien gouvernemental est notable.

Retards et incertitudes dans l’expérimentation

En 2023, on constate que l’expérimentation n’a pas abouti comme prévu. Un nouveau ministre de la Santé déclare que les 3 000 patients n’ont pas été intégrés, et qu’il faudra un an de plus pour obtenir davantage d’informations sur l’efficacité du traitement. Ce changement de discours met en évidence l’influence des décisions politiques sur le processus de l’expérimentation. Ce revirement crée de l’incertitude quant aux objectifs réels et aux délais à venir. Certains remettent en question l’expertise et les connaissances du nouveau ministre dans ce domaine.

La frustration face aux critiques et retards dans l’expérimentation

L’absence de patients intégrés et les critiques du nouveau ministre

Lorsque le nouveau ministre de la Santé a évoqué l’absence des 3 000 patients prévus dans l’expérimentation du cannabis thérapeutique, il a suscité de vives réactions. Pourtant, il est noté que la question du nombre de patients n’était pas son sujet de prédilection, étant donné son parcours en tant qu’urgentiste. Cette situation soulève un sentiment d’exaspération quant à l’intervention de personnes non spécialisées dans des domaines qui les dépassent.

Les retards dans la mise en place de l’expérimentation

Le processus de mise en place de l’expérimentation du cannabis thérapeutique a été ralenti par divers facteurs. Il a fallu informer les médecins, mettre en place une communication adéquate et coordonner les différentes étapes. Malheureusement, le nouveau ministre a ajouté un délai d’un an supplémentaire, sans tenir compte de la souffrance des patients. Cette attitude indifférente envers les personnes concernées est particulièrement préoccupante, surtout venant du ministre de la Santé.

Les conséquences des retards sur l’avenir de l’expérimentation

Avec cette prolongation, la date prévue pour la conclusion de l’expérimentation est désormais fixée à fin mars 2024. Cependant, si cette question n’est pas prise en compte dans le plan de la loi de financement de la Sécurité Sociale en juin, un délai supplémentaire d’un an pourrait être ajouté. De plus, l’avenir du remboursement du cannabis thérapeutique dépendra également de l’avis de la Haute Autorité de Santé, ce qui rend la situation encore plus incertaine. Rien n’est encore acquis dans cette histoire, et il est important de rester vigilant.

L’impact politique et les enjeux futurs

Les années 2024, 2025 et 2026 sont cruciales, car elles se situent à un an des élections présidentielles, ce qui ajoute une dimension politique à la question du cannabis thérapeutique. Si ce problème n’est pas résolu dans les délais impartis en fonction des résultats des élections de 2027, rien ne garantit sa continuité. En effet, si les problèmes d’organisation et de mise en place ne sont pas résolus rapidement, cela pourrait compromettre l’avenir de l’expérimentation et la prise en charge par la sécurité sociale.

Les enjeux politiques et les retards dans la production

Les enjeux politiques et les délais prolongés

Il est frappant de constater à quel point l’expérimentation du cannabis thérapeutique est soumise à des enjeux politiques. Malgré l’existence de preuves solides dès 2018, il a fallu beaucoup de temps pour organiser la marche à suivre. Au lieu d’une mise en place rapide, on parle maintenant d’une attente de trois à quatre ans. Cette situation met en évidence la complexité des décisions politiques et leur impact sur la mise en œuvre des avancées médicales.

Les complications liées aux fournisseurs étrangers et à la production française

Une autre problématique est apparue suite à la demande d’un délai supplémentaire d’un an par le ministre de la Santé. Les sociétés étrangères qui fournissent des traitements, notamment ceux à base de CBD, ont exprimé leur mécontentement face à l’augmentation du nombre de patients pris en charge gratuitement. De plus, la production française de cannabis thérapeutique n’a pas encore été pleinement intégrée, ce qui a engendré des retards supplémentaires. Cette situation souligne les défis rencontrés lors de l’expansion du marché et la nécessité de trouver des solutions équilibrées.

L’impact politique sur les acteurs du marché

L’aspect politique de l’expérimentation est également perceptible dans la manière dont certains acteurs se sont positionnés. Certains députés, producteurs de chanvre et autres acteurs ont été prévoyants et ont pris une longueur d’avance pour participer à ce marché. Cependant, il semble que ce n’est que maintenant qu’une ouverture se profile pour eux, avec un cahier des charges à respecter pour intégrer les traitements. Malheureusement, seuls quelques-uns auront probablement la possibilité de s’approprier une part du marché, laissant peu de place à la concurrence.

La complexité du processus et les perspectives futures

La question du cannabis thérapeutique met en évidence la complexité des processus politiques et administratifs. Les retards accumulés, tant au niveau de l’expérimentation que de la production, soulèvent des inquiétudes quant à l’efficacité de la mise en place du traitement. Il est essentiel de trouver un équilibre entre les enjeux politiques, les besoins des patients et la viabilité économique pour garantir une accessibilité adéquate et une efficacité médicale optimale dans les années à venir.

Qualité et traçabilité des produits

L’importance de la qualité et de la traçabilité des produits

Lorsqu’il s’agit de produits à usage médical, tels que le cannabis thérapeutique, la qualité et la traçabilité revêtent une importance capitale. Les patients, en particulier ceux qui sont déjà affaiblis ou immunodépressifs, ne peuvent se permettre de consommer des produits de mauvaise qualité qui pourraient les affaiblir davantage.

Le cahier des charges de l’ANSM pour une réglementation rigoureuse

Consciente de cet enjeu, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a établi un cahier des charges auquel les acteurs souhaitant entrer sur le marché doivent se conformer. Ce cahier des charges a été suivi par les sociétés étrangères qui distribuent gratuitement les traitements, et il s’applique également aux producteurs français qui souhaitent participer à ce marché. Il comprend des exigences en matière de traçabilité, de taux de substances actives, d’analyses et de normes de qualité.

La nécessité d’un laboratoire pour garantir la qualité du CBD

Par exemple, pour les chanvriers qui souhaitent extraire et produire du CBD, un laboratoire sera indispensable. Cette condition vise à garantir la qualité du produit et à assurer sa conformité aux normes médicales. De même, pour les producteurs de fleurs de cannabis thérapeutique, la culture en extérieur sera interdite afin de prévenir toute contamination. Les cultures devront donc être réalisées en intérieur, offrant un meilleur contrôle des conditions de culture.

La priorité : la sécurité des patients

Dans l’ensemble, la priorité est de veiller à ce que les produits de cannabis thérapeutique soient sûrs, de haute qualité et répondent aux normes médicales strictes. La traçabilité et la rigueur dans la production contribuent à garantir la sécurité des patients qui dépendent de ces traitements. Il est essentiel que les acteurs du marché respectent ces exigences pour assurer une offre fiable et adaptée aux besoins des patients.

 Témoignage de Fabienne Lopez – L’expérience des patients dans l’usage thérapeutique

Dans le monde des patients utilisant le cannabis à des fins thérapeutiques, il y a deux catégories distinctes. D’un côté, il y a ceux qui cultivent leur propre cannabis, conscients que les choses ne se dérouleront jamais comme prévu. Ils savent ce qu’ils plantent, cela leur convient et fonctionne pour eux. Le seul problème est la question de la justice et de l’illégalité.

D’un autre côté, il y a les patients dépendant du traitement qu’ils doivent obtenir en pharmacie. Pour eux, c’est une situation empreinte de désespoir. Ils ne nourrissent plus beaucoup d’illusions quant à la possibilité d’obtenir leur traitement de manière régulière. Ceux qui n’ont pas pu participer à l’expérimentation et qui ne cultivent pas leur propre cannabis continueront à se débrouiller pour l’acheter comme ils le peuvent. Cependant, cette situation est loin d’être idéale, à moins de connaître quelqu’un qui cultive du cannabis et de pouvoir établir une relation de confiance. Acheter sur le marché noir ne garantit ni la qualité du produit ni son efficacité en termes d’effets thérapeutiques recherchés.

Pour certains patients, cela devient extrêmement compliqué. Certains sont même retournés aux traitements qu’ils utilisaient auparavant, même si ces derniers ne leur faisaient pas réellement de bien. Il y a une certaine détresse dans cette réalité. Cependant, je représente plutôt les patients qui pratiquent l’autoproduction, c’est-à-dire ceux qui ne dépendent de personne. Nous sommes un peu les rebelles de cette histoire, mais cela est logique. On ne nous a jamais écoutés. J’ai connu des personnes séropositives à l’âge de 30 ans qui cultivaient déjà leur cannabis à cet âge-là. Maintenant, on leur dit d’aller chez le médecin et d’obtenir leur traitement en pharmacie. Pourquoi ? Ce que je fais chez moi ne nuit à personne, me convient et ne coûte rien à la population ou à la communauté. Ainsi, je représente en quelque sorte ces personnes-là, qui aspirent à leur autonomie dans leur traitement.

Une situation idéale dans cinq ou dix ans – Le point de vue de Fabienne Lopez

Autorisation de l’autoproduction et des Cannabis Social Clubs 

Dans une situation idéale, l’autoproduction de cannabis à des fins thérapeutiques serait autorisée. Les patients pourraient se rendre dans des dispensaires fonctionnant comme des Cannabis Social Clubs, offrant ainsi un système bien établi et sécurisé. Cela permettrait à ceux qui le souhaitent d’obtenir leur cannabis auprès de ces clubs, tout en garantissant une qualité et une traçabilité optimales. Pour Fabienne Lopez, c’est une solution très prometteuse.

Accès en pharmacie pour ceux qui le préfèrent 

Dans cette situation idéale, les patients qui préfèrent avoir l’assurance d’un produit provenant d’un laboratoire pourraient toujours se le procurer en pharmacie. Cela répondrait aux besoins de ceux qui recherchent une petite boîte de médicament traditionnelle, tout en offrant un choix plus large aux patients.

Autonomie pour les “Rebelles de l’histoire”

Fabienne Lopez insiste sur le fait qu’une solution idéale devrait permettre aux patients qui pratiquent l’autoproduction d’être libres de toute poursuite légale. Ils pourraient cultiver un nombre autorisé de pieds de cannabis, par exemple, trois ou quatre, selon les normes établies par des pays comme l’Allemagne ou le Luxembourg. Cette autonomie donnerait aux patients une plus grande confiance et un meilleur contrôle sur leur propre traitement.

Coopératives de production françaises pour garantir la qualité 

Pour assurer la qualité, la traçabilité et la propreté des produits, Fabienne Lopez propose un système où les Cannabis Social Clubs seraient approvisionnés par des coopératives de production française. Cette approche permettrait de s’assurer que les produits répondent aux normes élevées et aux exigences médicales, tout en renforçant l’économie locale.

En résumé, l’idéal serait d’avoir une diversité d’options pour les patients, allant de l’autoproduction aux Cannabis Social Clubs en passant par les pharmacies, avec une réglementation claire et un contrôle de la qualité. Une telle approche permettrait de répondre aux besoins et aux préférences individuels tout en garantissant la sécurité et l’efficacité des traitements à base de cannabis thérapeutique.

Lien entre l’activité de jardinage et le bien-être psychologique

Les avantages de l’autoproduction et du système de Cannabis Social Clubs sont nombreux, et ils offrent des avantages uniques qui seraient difficiles à obtenir avec une approche plus industrielle et centralisée.

Contrôle de la qualité et de la variété 

L’autoproduction permet aux patients de cultiver leur propre cannabis thérapeutique, ce qui leur donne un contrôle total sur la qualité et la variété des plants. Chaque individu a des besoins spécifiques en matière de traitement, et l’autoproduction permet de cultiver des variétés adaptées à leurs besoins personnels, en optimisant les profils de cannabinoïdes et de terpènes. Cela permet d’obtenir des produits plus adaptés et plus efficaces pour chaque patient.

Autonomie et confiance 

Le fait de pouvoir produire son propre traitement confère aux patients une autonomie et une confiance accrues dans leur thérapie. Ils ne dépendent pas entièrement des fournisseurs externes et des contraintes d’approvisionnement. Cette autonomie renforce leur implication et leur engagement dans leur propre traitement, ce qui peut avoir un impact positif sur leur bien-être mental et émotionnel.

Activité thérapeutique complémentaire 

L’acte de jardiner et de prendre soin de ses propres plants de cannabis thérapeutique peut avoir des effets thérapeutiques complémentaires. Il offre une activité gratifiante, qui peut être bénéfique pour le moral et le bien-être général des patients. Le jardinage peut également être considéré comme une forme d’autosoins, permettant aux patients de se concentrer sur quelque chose de positif et d’apaisant, ce qui peut avoir un impact positif sur leur santé mentale.

Coût réduit 

L’autoproduction peut également présenter un avantage économique, en réduisant les coûts associés à l’achat de cannabis thérapeutique auprès de fournisseurs externes. Les patients peuvent économiser de l’argent en produisant eux-mêmes leur traitement, ce qui peut être particulièrement avantageux pour ceux qui doivent utiliser régulièrement du cannabis thérapeutique.

L’efficacité de l’autoproduction vs l’industrie spécialisée

Fabienne Lopez soutient que l’autoproduction peut être tout aussi efficace, voire plus, qu’une entreprise spécialisée avec des spécialistes en laboratoire. Selon elle, cela a été observé au sein de l’association et à travers les témoignages d’autres patients. Elle souligne que l’autoproduction offre une praticité supérieure, notamment en évitant les problèmes juridiques liés à la possession ou à l’achat de cannabis thérapeutique. De plus, les patients qui cultivent leur propre cannabis thérapeutique ont constaté des différences par rapport aux produits fournis dans le cadre de l’expérimentation officielle. Bien que les effets thérapeutiques recherchés aient été présents avec le cannabis fourni par l’expérimentation, certains patients estiment que les variétés qu’ils cultivent leur conviennent mieux. Ils mentionnent notamment des différences de saveur, de parfum et soulignent l’importance des flavonoïdes présents dans le cannabis. Malgré ces différences, les patients confirment que l’autoproduction reste efficace en termes d’effets thérapeutiques.

L’autoproduction et la personnalisation du traitement

Fabienne Lopez est convaincue que l’autoproduction peut être plus efficace que les produits achetés dans l’industrie. Elle souligne l’importance de pouvoir personnaliser son traitement en cultivant son propre cannabis thérapeutique. Selon elle, il peut y avoir plusieurs raisons à cela, notamment un lien affectif avec sa propre production ou la possibilité d’essayer différentes variétés pour trouver celle qui convient le mieux. La personnalisation permet d’aller encore plus loin dans l’adaptation du traitement, ce qui serait difficile avec des produits standardisés. Fabienne est donc impatiente d’observer les évolutions de cette pratique et de voir si elle sera autorisée à plus grande échelle.

La prise en compte des principes actifs et des synergies

Fabienne rappelle qu’il y a six ans, un livret intitulé “Cannabinoïdes :  Etat des Lieux” avait été publié pour informer les personnes qui n’étaient pas familières avec le sujet. Ce livret abordait déjà la notion d’effet synergique entre les principes actifs du cannabis, tels que les terpénoïdes et les flavonoïdes, et soulignait leur contribution à l’effet thérapeutique global de la plante. Aujourd’hui, ces éléments sont de plus en plus pris en compte. Cependant, Fabienne se demande si les entreprises étrangères qui fournissent les produits thérapeutiques en tiennent réellement compte, ce qui reste une question en suspens.

Les deux aspects du cannabis : thérapeutique et récréatif

Fabienne souligne l’existence de deux mondes différents liés au cannabis. D’un côté, il y a l’imaginaire collectif qui associe le cannabis à la drogue, avec des comportements excessifs et des risques d’addiction. D’un autre côté, elle met en avant l’usage responsable et thérapeutique du cannabis, où il peut être utilisé pour soulager la douleur, stimuler l’appétit, etc. Elle reconnaît que ces deux aspects du cannabis sont bien distincts et ne peuvent être occultés.

La nécessité de l’information et de la prévention

Fabienne est convaincue que l’information et la prévention sont essentielles pour faire face aux comportements excessifs liés au cannabis. Cependant, elle souligne que ces actions ne peuvent être réellement efficaces que s’il n’y a pas de répression associée. Elle estime qu’il est difficile d’informer et de prévenir lorsque le cannabis est réprimé, car cela crée une division entre les personnes qui sont dans un comportement addictif et celles qui en font un usage responsable. Elle considère que pour que les jeunes puissent entendre les messages de prévention, il est nécessaire de lever la répression et d’avoir des intervenants qui sont des utilisateurs de cannabis, capables de partager leur expérience et de prévenir des risques réels liés à une consommation excessive.

La nécessité de la formation des intervenants

Fabienne estime que l’approche actuelle de l’information et de la prévention, qui implique souvent la présence des forces de l’ordre dans les établissements scolaires, est inefficace et perçue comme de la répression. Selon elle, il est préférable de former des personnes qui sont elles-mêmes des utilisateurs de cannabis, afin qu’elles puissent parler en connaissance de cause, informer et prévenir les populations à risque. Elle souligne l’importance de sensibiliser les gens sur les conséquences de la consommation excessive et de les aider à prendre des décisions responsables. Elle reconnaît que tout le monde ne partage pas forcément cette approche, mais elle est convaincue que c’est le meilleur moyen d’avancer dans la prévention des comportements excessifs liés au cannabis.

L’importance du ratio CBD/THC pour réduire les effets psychotropes

Fabienne aborde l’importance du ratio entre le CBD et le THC dans les produits à base de cannabis. Elle explique qu’un ratio correct entre le CBD et le THC rend le produit moins nocif et réduit les risques d’événements psychotiques, tels que les crises de schizophrénie. Elle souligne que le CBD a la capacité de diminuer les effets psychotropes du THC. Par conséquent, plus une variété de cannabis contient de CBD, moins elle aura d’effets psychotropes liés au THC. Fabienne met en garde contre la consommation de THC chez les personnes atteintes de schizophrénie, car cela pourrait aggraver leurs symptômes. Elle souligne ainsi que le CBD a un effet positif en atténuant les effets psychotropes du THC. Cependant, le ratio et le taux de THC doivent être pris en compte pour déterminer les effets spécifiques d’une variété de cannabis.

Le choix des produits et l’éducation pour prévenir les comportements excessifs

Fabienne évoque le besoin d’une éducation adéquate concernant le choix des produits afin de prévenir les comportements excessifs. Elle souligne que cela relève en grande partie de l’éducation et de la connaissance des effets potentiels. Elle compare la consommation de cannabis à la consommation d’alcool, soulignant qu’un choix éclairé et mesuré est nécessaire.

Elle explique que certains produits à forte teneur en THC peuvent être comparés à la consommation quotidienne de vodka, mettant en garde contre les risques associés. Elle préconise d’éviter les variétés à taux élevé de THC et de privilégier celles avec un ratio CBD/THC équilibré. Fabienne insiste sur l’importance de considérer les conséquences d’une consommation excessive de THC, mettant en évidence la nécessité de dissuader cette pratique.

Accès à l’expérimentation du cannabis thérapeutique : Qui consulter et comment procéder ?

Pour quelqu’un qui se pose la question de savoir s’il peut entamer une expérimentation avec le cannabis thérapeutique, Fabienne Lopez donne des indications précises. Si la personne présente une pathologie dont les symptômes entrent dans les critères établis par l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), il est conseillé d’en discuter avec son spécialiste ou son médecin traitant. Toutefois, il est important de noter que le médecin de ville devra éventuellement vous orienter vers un centre spécialisé, comme un centre antidouleur ou un spécialiste hospitalier. Ces professionnels de santé doivent avoir suivi une formation spécifique pour être habilités à prescrire du cannabis thérapeutique. Ainsi, il est recommandé de consulter un professionnel compétent et dûment formé pour obtenir des informations précises et adaptées à sa situation.

Le rôle du cannabis dans la réduction des effets secondaires des traitements lourds

Effets secondaires des traitements : une réalité difficile à surmonter

Les effets secondaires des traitements médicaux de base peuvent être extrêmement contraignants et entraîner une détérioration de la qualité de vie des patients. Fabienne, ayant personnellement fait face à un cancer, a vécu cette réalité. Son traitement initial lui procurait des effets secondaires tels que des nausées, une perte d’appétit, des démangeaisons, des douleurs osseuses et de l’insomnie. Malgré ses préoccupations, elle se heurtait souvent à des réponses minimisant ses symptômes, laissant penser que tout cela pouvait être psychologique.

L’apport bénéfique du cannabis thérapeutique

C’est grâce à sa propre expérience et à sa culture de Jack Herer que Fabienne a découvert les bienfaits du cannabis thérapeutique. Elle a constaté que la consommation de cette variété qu’elle cultivait personnellement lui permettait de continuer son traitement initial sans subir les effets secondaires indésirables. Cette constatation n’était pas unique à son cas, car elle a également observé des personnes séropositives et des patients atteints de sclérose en plaques bénéficier de la même approche.

Une amélioration de la qualité de vie malgré la maladie

Il est important de noter que le cannabis thérapeutique ne prétend pas guérir ces pathologies, mais il joue un rôle essentiel dans l’amélioration de la qualité de vie des patients et dans la facilitation du traitement médical. En contrant les effets secondaires des traitements lourds, le cannabis permet aux patients de mieux tolérer ces thérapies et de mieux affronter les défis associés à leur condition médicale. Cette approche ne cherche pas à remplacer les traitements de base, mais plutôt à les accompagner en réduisant les effets secondaires indésirables.

Une lueur d’espoir pour les patients

L’expérience de Fabienne et les témoignages d’autres patients démontrent que l’utilisation du cannabis thérapeutique peut être bénéfique dans la gestion des effets secondaires des traitements lourds. Bien qu’il ne représente pas une solution miracle, il offre une perspective positive en permettant aux patients de mieux supporter les traitements et de vivre avec une meilleure qualité de vie malgré leur pathologie. Cette approche souligne l’importance d’aborder la maladie de manière globale, en considérant non seulement la guérison, mais aussi le bien-être et le confort des patients tout au long de leur parcours de soins.

L’importance du cannabis dans la gestion des effets secondaires des traitements lourds

Des effets secondaires qui compromettent la guérison

Lorsque des patients sont confrontés à des traitements médicaux lourds, les effets secondaires indésirables peuvent devenir un véritable obstacle à leur rétablissement. Les symptômes tels que le manque d’appétit et le trouble du sommeil peuvent avoir un impact considérable sur leur capacité à se soigner. En effet, un traitement médicamenteux peut être très efficace pour traiter la maladie sous-jacente, mais si le patient ne parvient pas à dormir ou à se nourrir correctement, cela complique grandement son rétablissement. Cette situation peut entraîner une escalade de problèmes de santé, créant un cercle vicieux difficile à briser.

Le rôle crucial du cannabis dans la réduction des effets secondaires

C’est précisément dans ce contexte que le cannabis thérapeutique joue un rôle essentiel. Il permet de contrer les effets secondaires indésirables des traitements, offrant ainsi aux patients une meilleure qualité de vie et une plus grande capacité à suivre leur thérapie médicale. Il convient de souligner que cela ne signifie pas que les patients doivent arrêter de prendre leurs traitements de base, qui restent indispensables. Le cannabis agit principalement contre les effets secondaires, ce qui représente déjà une avancée significative dans la gestion des traitements lourds.

L’efficacité remarquable dans certaines pathologies

Il est intéressant de noter que dans certaines pathologies spécifiques, le cannabis thérapeutique s’est révélé être d’une efficacité redoutable. Un exemple frappant est l’épilepsie, où les résultats ont été particulièrement prometteurs, notamment dans la réduction des crises. Des enfants atteints de formes sévères d’épilepsie, pouvant entraîner jusqu’à 200 ou 300 crises épileptiques par jour, ont connu une amélioration considérable grâce à l’utilisation du cannabis, en particulier du cannabidiol. Cette découverte a ouvert de nouvelles perspectives pour ces patients, dont les traitements existants ne parvenaient pas à contrôler efficacement la maladie.

Un espoir pour les patients et leurs familles

L’expérience vécue par ces patients atteints d’épilepsie et les témoignages de leurs familles illustrent parfaitement l’importance du cannabis thérapeutique dans la gestion des pathologies graves. Bien que cela ne puisse pas garantir une guérison totale, cela permet d’améliorer significativement la qualité de vie des patients et de les aider à mieux supporter les symptômes et les effets secondaires des traitements. Pour les parents dont les enfants sont confrontés à des conditions médicales complexes, l’espoir d’une réduction des crises et d’une meilleure qualité de vie est une lueur d’espoir précieuse, les encourageant à poursuivre la recherche de solutions thérapeutiques efficaces.

Le mot de la fin

 Si je devais conclure, je dirais qu’il est nécessaire de faire preuve de patience. Nous sommes en chemin vers notre objectif. Cette évolution est inévitable, et il est essentiel de suivre notre propre voie. Tant que nous ne nuisons à personne, c’est une question de liberté fondamentale. Je ne porte préjudice à personne. Ainsi, ce que je choisis de faire, je peux le faire. Surtout lorsque cela améliore ma condition de malade et contribue à ma guérison.”

Soutenons l’autoproduction. Il est primordial que les gens comprennent que nos actions ne relèvent en aucun cas du crime ou du diabolique. Au contraire, il s’agit d’une pratique parfaitement normale. Il est essentiel que nous recevions un soutien plus important à cet égard.”

Cliquez ici pour écouter le podcast de Fabienne Lopez

Source : parlonscanna.biz

Auteur: Philippe Sérié

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