Qu’est-ce que le HHC, cette drogue à la mode dérivée du cannabis ?

  • Pas encore interdit, le HHC s’achète le plus souvent en boutique de CBD ou en ligne.
  • Encore peu connus, ses effets semblent proches de ceux du cannabis.
  • Des addictologues s’inquiètent des risques pour la santé de ses consommateurs.

Après le THC, le CBD, voire, plus récemment, la 3-MMC, un nouvel acronyme commence à se faire connaître des consommateurs de stupéfiants : le HHC. Cette substance psychotrope débarque en force en France, vendue dans tous les magasins de CBD ou en ligne sur des sites spécialisés. Derrière ce sigle mystérieux, se cache en fait l’hexahydrocannabinol, une molécule proche de celle du THC, responsable des effets psychoactifs du cannabis. Constat surprenant : si le HHC apporte lui aussi de tels effets, le produit n’est pourtant pas interdit en France. « Il est donc parfaitement légal… En tout cas, pour l’instant« , précise sur le web un site commercialisant des fleurs et de la résine de HHC, parmi d’autres substances. 

De quoi attirer les consommateurs de drogue à se pencher sur cette substance, dont les effets se situent entre cannabis et CBD, cet autre dérivé du cannabis autorisé en France sous certaines conditions. Sur le web, les différents sites qui vendent des produits à base de HHC vantent la substance pour ses sensations proches de celles du cannabis. « Il s’agit encore une fois de profiter du goût authentique du cannabis avec un effet high apprécié par les aficionados« , détaille un des sites commercialisant certains de ces produits. « Ces résines HHC sont idéales pour tous les connaisseurs à la recherche de sensations fortes« , promet un autre revendeur en ligne. 

Effets psychoactifs semblables au THC 

« Nous n’avons pas encore beaucoup d’informations sur la composition du HHC« , explique à TF1info Anne Bâtisse, cheffe de service du pôle Addictovigilance de l’AP-HP, le pôle régional qui analyse l’évolution de la consommation de stupéfiants. Au sein de ce centre, des analyses sont en cours pour déterminer les effets et les risques précis du HHC, dont on retrouve les traces dans les données franciliennes pour la première fois en 2021. « On a quelques retours de gens qui se plaignaient des effets psychoactifs du HHC, quelques autres ont fait des ‘bad trips’« , souligne la spécialiste. « Les effets sont visiblement assez semblables à ceux du THC, même s’ils ne reprennent pas non plus tout l’éventail de ces effets« , ajoute de son côté Grégory Fritsch, addictologue à Courbevoie.

Le HHC fait partie de la famille des cannabinoïdes de synthèse. Bien que cette molécule soit présente en très petite quantité dans la plante de cannabis, les produits sont le plus souvent reproduits artificiellement en laboratoire, avant d’être vendus. La molécule peut être consommée sous des formes très différentes : par des gouttes d’huile à mettre sous la langue, par des bonbons gélifiés ou encore à travers le liquide parfumé d’une cigarette électronique. Un peu plus chers que les produits classiques fabriqués uniquement à base de CBD, ceux contenant du HHC se vendent autour d’une dizaine d’euros le gramme. 

Des dangers pour la santé

Profiter d’effets proches du cannabis mais de façon légale, et parfois, en dépensant moins qu’avec l’achat de la drogue traditionnelle : la consommation de HHC peut paraître rentable à tous les niveaux pour les habitués de stupéfiants. Pourtant, même s’ils ne sont pas encore tout à fait connus, les risques pour la santé sont réels. « Ce n’est pas une bonne idée pour les consommateurs déjà dépendants au cannabis« , confirme Anne Bâtisse. Ni pour les moins de 18 ans, les femmes enceintes ou allaitantes, pour qui les risques sont encore plus importants. Conduire après avoir consommé du HHC s’avère aussi très dangereux. Sentiment de perte de contrôle, anxiété, paranoïa, possibles conséquences neurologiques… Certains de ces autres dangers pour la santé pourraient être aussi prouvés dans les prochains mois par les recherches scientifiques. 

Comment expliquer, dans ce contexte, que le HHC soit toujours autorisé à la vente ? Les producteurs de ces cannabinoïdes profitent, comme dans le cas d’autres substances de synthèse, de la législation sur le sujet. En France, chaque nouveau produit  sur le marché doit être contrôlé avant d’être considéré comme stupéfiant, et donc, potentiellement interdit. 

Mais ce processus peut prendre du temps : chaque année, 400 nouveaux stupéfiants de synthèse sont recensés par l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies ! Le passage en revue de chaque substance donne le temps aux producteurs de ces nouveaux produits de les commercialiser durant plusieurs mois, en toute légalité. Au sein de l’Union européenne, seules l’Autriche et la Finlande ont déjà interdit la substance. D’autres Etats, dont la France, pourraient suivre.


Theodore AZOUZE

Source : tf1info

Auteur: Philippe Sérié

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