Raquel Peyraube, addictologue et militante pour le cannabis médical

Cette médecin a joué un rôle majeur dans la légalisation du cannabis médical en Uruguay en 2013, une première mondiale. Début juin, elle a rencontré en France des responsables de santé publique.

Raquel Peyraube, à Paris, le 5 juin 2018

 

Portée par sa volubilité, elle engage ses mains, ses bras, tout son corps au service de son argumentation. Une force de persuasion hors du commun anime Raquel Peyraube, médecin, invitée à Paris début juin pour le colloque de l’Union francophone pour les cannabinoïdes en médecine (UFCM). Alors que, en France, la ministre de la santé, Agnès Buzyn, vient de faire un signe vers une possible utilisation médicale du cannabis en reconnaissant sur France Inter que la France avait « peut-être un retard » en la matière, l’Uruguayenne a joué un rôle central dans la légalisation par son pays, en 2013, du cannabis médical et thérapeutique : une première mondiale.

 

« Depuis toute petite, j’ai toujours été dans la transgression, raconte-t-elle en riant, dans un français presque parfait. A 7 ans, je voulais déjà être “una medica” et non “un medico” comme on le déclinait, à l’époque, seulement au masculin. » Sa maîtresse lui conseille d’être plutôt avocate, vu ses qualités d’oratrice.

Mais la jeune Raquel n’est pas du genre influençable. Elle démarre médecine en Uruguay, puis, chassée par la dictature, part en Argentine. Elle revient à Montevideo pour accompagner son père, atteint d’un cancer. C’est à l’occasion d’un stage dans un service de toxicologie qu’elle choisit finalement cette spécialité. « J’ai rencontré des patients qui parlaient de leur souffrance physique, psychique, et je me suis vite rendu compte que ces pathologies de l’addiction étaient imbriquées dans des questions sociales et politiques. C’est cela qui m’a passionnée. Au lieu de me spécialiser en oncologie, j’ai préféré l’addictologie et la psychiatrie. »

Dépasser le dogme médicalC’était en 1987, et c’est là que démarre ce chemin qu’elle va tracer quasi sans détour jusqu’au plaidoyer pour un usage adulte responsable du cannabis. « Je refuse d’employer le terme de “récréatif” qui vise à séduire les adolescents, alors qu’à haute dose, cette…

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Auteur: Philippe Sérié

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