USAGE MÉDICAL : «Le cannabis n’est pas seulement une drogue»

USAGE MÉDICAL

23 juillet 2013

«Le cannabis n’est pas seulement une drogue»

LUXEMBOURG – Illégale et considérée comme une drogue, la marijuana permet pourtant à des personnes malades de se soigner. Rencontre avec deux Luxembourgeois qui en font un usage médical.

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Max prend du Bedrocan, non autorisé au Luxembourg. (photo: L’essentiel)

Des fortes crampes musculaires et une fatigue incessante, cela fait quatre ans que Jacqueline* souffre de sclérose en plaque. Mais depuis environ deux mois, les symptômes ont presque disparu. «Je prends du Sativex (médicament à base de cannabis) et je ressens vraiment la différence. Même mon kiné est surpris. Je suis remontée sur un vélo, je n’ai plus de douleurs dans la jambe et je tiens beaucoup plus longtemps».

Dans les pays frontaliers: 
-En Allemagne: la commercialisation de produits contenant du cannabis ou ses dérivés à des fins thérapeutiques est autorisée.
-En Belgique: la Belgique fonctionne un peu comme le Luxembourg et autorise uniquement la prescription de dérivés du cannabis comme le Marinol.
-En France: le cannabis thérapeutique est autorisé en France depuis le 7 juin dernier.
Plusieurs types de médicaments :
Les médicaments à base de cannabis peuvent se présenter sous forme naturelle, comme le Bedrocan que Max inhale par infusion ou avec des aliments, mais qui n’est pas autorisé au Luxembourg. Ils existent également en spray buccal comme le Sativex que Jacqueline prend. L’autre médicament autorisé au Luxembourg, le Marinol, est quant à lui un médicament de synthèse, disponible en gouttes ou en capsules. Il est souvent prescrit aux personnes souffrant du sida et redonne l’appétit.

Seul problème, autorisé au Luxembourg, le médicament n’est toujours pas remboursé. «Je sors 516 euros de ma poche tous les trois mois. Je ne vais pas pouvoir assurer cette dépense très longtemps», s’inquiète-t-elle. Alors quand on lui parle de l’interdiction du cannabis, sa réponse est sans appel: «Le cannabis n’est pas seulement une drogue et je ne suis pas une droguée. Aucun autre médicament ne m’a encore permis de me sentir bien comme cela».

 » JE PRÉFÈRE PRENDRE CELA QUE DU VALIUM »

Pour le moment, deux produits sont autorisés au Luxembourg: le Sativex et le Marinol. Mais pour les patients qui ont besoin de médicaments non autorisés, se soigner devient encore plus difficile. «Je suis atteint d’une maladie appelée Attention deficit disorder. Cela me provoque de grosses angoisses, une tendance à la dépression et une hypersensibilité. Je prends du Bedrocan, illégal au Luxembourg», explique Max*.

Le jeune homme va chez un médecin allemand qui lui prescrit le médicament. Il le fait ensuite venir des Pays-Bas. «Il m’apaise et me permet de me concentrer pour le travail. Je préfère prendre cela que du Valium». Il y a quelques mois, le cannabis qu’il ingère lui a pourtant causé des problèmes. La direction de son école à Ettelbruck l’a découvert et il s’est fait renvoyer pendant plusieurs semaines.

Le cannabis est-il nécessaire?

«Je risque également de perdre mon permis de conduire», déplore le Luxembourgeois. Si sa famille le soutient, elle a encore du mal à considérer ce qu’il prend comme un médicament: «Ma sœur pense que c’est plus une drogue. J’admets une simple accoutumance mais je respecte les doses prescrites». Le ministre de la Santé, Mars Di Bartolomeo, n’a pas la même perception des choses. «Il ne faut pas sous-estimer les effets négatifs. Le cannabis est une drogue avant d’être un médicament», affirme-t-il avec conviction.

Les avis du corps médical restent également partagés. «Dans le cadre de la médecine dite factuelle le cannabis ne constitue certainement pas la thérapie du premier choix pour la plupart des maladies, mais il reste une alternative possible dans un milieu spécialisé si les autres thérapies ont échoué», précise le neurologue Robert Thill-Heusbourg. Le médecin et député Jean Colombera a lui un avis plus tranché. «Il faut savoir que le cannabis a des vertus uniques et permet de soulager des personnes qui souffrent de dépression ou même de maladies dégénératives comme Parkinson», conclut-il.

*Les prénoms ont été changés

(Nastassia Solovjovas/L’essentiel Online)

 

Source : lessentiel.lu

Auteur: Philippe Sérié

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