« Ils pensent vraiment qu’en autorisant le cannabis thérapeutique on va légaliser les drogues ? » : Romain, atteint de myopathie et bientôt privé d’antidouleurs

Romain Marchès a 41 ans. Il est atteint de la myopathie de Becker, une maladie qui se manifeste par des atteintes musculaires. Pour lui, le cannabis lui a permis de soulager les douleurs qui l’assaillent depuis ses 7 ans. Depuis l’annonce de la fin de l’expérimentation, il assure vivre dans l’angoisse.

Roman Marchés, greffé à deux reprises, souffre de douleurs chroniques liées aux traitements de sa maladie.
© Ayoub Benkarroum/REA pour L’Humanité

« À l’âge de 7 ans, on m’a diagnostiqué une myopathie de Becker, une maladie qui se manifeste par des atteintes musculaires. À 21 ans, j’ai eu une greffe cardiaque. Cela signifie un traitement à vie. Entre la cortisone et les médicaments antirejet, néphrotoxiques et neurotoxiques, mes reins se sont abîmés. J’ai commencé à souffrir d’insuffisance rénale dix ans après.

Un jour que j’étais avec des amis, j’avais tellement mal, des douleurs comme des coups de couteau, que je restais dans un coin, prostré. Un ami m’a proposé de fumer un joint. La douleur s’est estompée. Pendant pas mal d’années, j’ai fumé, j’ai consommé des produits de rue. Cela me soulageait.

Quand mes problèmes de reins se sont aggravés, j’ai dû arrêter. J’ai bénéficié d’une greffe de rein à la mi-2021, après deux ans de dialyse. Quatre mois avant, j’ai intégré l’expérimentation. À l’époque, plus rien ne me soulageait. La morphine était exclue en raison de mes problèmes de reins, idem pour les opioïdes.

Pour moi, cela a été 70 % de soulagement. J’ai toujours des douleurs résiduelles, mais je dors mieux. J’arrive à manger. Et comme je ne pèse que 43 kg (pour 1,74 mètre), c’est important. Mais, depuis que j’ai reçu une lettre m’informant de l’arrêt prochain du traitement, je vis dans l’angoisse.

On nous avait pourtant promis que le cannabis médical allait rentrer dans le droit courant. Je ne sais pas ce que je vais devenir à partir du 1er juillet. J’ai un rendez-vous le 27 février et on va certainement commencer à diminuer le traitement. Je vais peut-être avoir du marinol, du THC (tétrahydrocannabinol, principe actif du cannabis – NDLR) de synthèse. Certains réagissent bien, d’autres mal.

Des patients pensent au suicide. Moi, je ne l’exclus pas. Je suis allé à Liège rencontrer un professeur qui pratique l’euthanasie, pour faire un dossier. Au cas où le marinol ne fonctionne pas et qu’on nous interdise le cannabis sous forme d’huile. Je ne comprends vraiment pas qu’on veuille nous le retirer. Comment Gérald Darmanin et Bruno Retailleau n’arrivent-ils pas à faire la différence entre le récréatif et le médical ? Ils pensent vraiment que si on autorise le cannabis thérapeutique on va légaliser les drogues ? »

Source : humanite.fr Publié le 24 février 2025

Auteur: Principes Actifs 1

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