Berlin – Depuis la légalisation du cannabis en Allemagne, on sait peu de choses sur la façon dont les patients atteints de maladies rhumatismales inflammatoires consomment cette substance. Une enquête multicentrique menée auprès de 651 participants examine les habitudes de consommation, la gestion de la douleur et l’attitude des patients et des médecins. Les jeunes hommes, en particulier, consomment plus fréquemment du cannabis, même sans ordonnance.
Depuis la légalisation du cannabis en Allemagne, tant pour un usage récréatif que pour une prescription simplifiée de cannabis médical, on sait peu de choses sur l’ampleur de son utilisation parmi les patients atteints de maladies rhumatismales inflammatoires.
Pour combler cette lacune, une enquête multicentrique a été menée pour examiner la consommation de cannabis, la gestion de la douleur et les attitudes des patients et des médecins à l’égard du cannabis médical.
Les hommes plus jeunes consomment plus souvent
Au total, 651 patients atteints de polyarthrite rhumatoïde, de spondylarthrites (maladies inflammatoires de la colonne vertébrale et des articulations) et de collagénoses (maladies auto-immunes systémiques du tissu conjonctif) ont participé.
Trois pour cent ont déclaré consommer du cannabis actuellement, et 12,4 % ont déclaré en avoir consommé auparavant. Les hommes plus jeunes, âgés de 18 à 30 ans, et les patients atteints de spondylarthrite consommaient plus fréquemment du cannabis. Parmi les consommateurs actifs, le niveau médian de douleur était de cinq sur une échelle de zéro à dix, tandis que les non-consommateurs rapportaient une médiane de quatre.
Les consommateurs de cannabis consommaient également plus fréquemment des analgésiques tels que le paracétamol, le métamizole, les anti-inflammatoires non stéroïdiens et les opioïdes faibles et forts. Parallèlement, ils présentaient des comportements à risque plus élevés, notamment le tabagisme et la consommation de drogues illicites.
Écart entre l’usage et la prescription
Parmi les consommateurs actifs, 53,9 % ont déclaré consommer du cannabis exclusivement à des fins récréatives, 28,4 % exclusivement à des fins médicales et 17,6 % aux deux fins. Malgré la forte efficacité annoncée, seuls 17 % avaient déjà reçu une ordonnance de cannabis médical et 97 % ont refusé un avis médical.
Sur les 127 médecins interrogés, seulement 20 % avaient déjà prescrit du cannabis médical. Globalement, l’ouverture au cannabis était élevée : 62 % des patients et 54 % des médecins étaient favorables à son utilisation.
La majorité des plus de 50 ans souffrent de douleurs chroniques
D’autres données démographiques et thérapeutiques ont montré que 232 des 651 patients étaient des hommes et 415 des femmes. 4 % des patients étaient âgés de 18 à 30 ans, 27,9 % de 31 à 50 ans et 67,5 % de plus de 50 ans. Des douleurs chroniques ont été rapportées par 75,9 % des patients. Pour la prise en charge de la douleur, 33 % n’ont reçu aucun antalgique, 47 % ont pris des anti-inflammatoires non stéroïdiens, 11,7 % du métamizole, 3,5 % des opioïdes faibles et 8 % des opioïdes forts.
La fréquence des traitements contre la douleur était de 15,9 % plusieurs fois par jour, 11 % une fois par jour, 16,7 % plusieurs fois par semaine et 45,7 % moins d’une fois par semaine. Une polyarthrite rhumatoïde était présente chez 38,6 % des patients, une spondylarthrite chez 37,6 % et une collagénopathie chez 23,8 %.
L’enquête, intitulée « Forte acceptation et efficacité élevée rapportée du cannabis pour le traitement de la douleur chez les patients atteints de maladies rhumatismales : une enquête post-légalisation en Allemagne », a été menée par Filippo Fagni, chercheur principal à l’hôpital universitaire d’Erlangen, en collaboration avec la Charité – Universitätsmedizin Berlin, et présentée au Congrès allemand de rhumatologie à Wiesbaden.
Publié le 06/10/2025
