
Contexte : La consommation d’alcool chez les femmes varie selon l’âge. Les jeunes femmes sont plus susceptibles de consommer de l’alcool de façon excessive et ponctuelle, tandis que les femmes plus âgées ont plus souvent une consommation régulière et prolongée. Les deux groupes sont exposés à des risques pour la santé, notamment des maladies chroniques, des troubles de santé mentale et des troubles du sommeil. Le cannabis a été proposé comme alternative à l’alcool pour réduire les risques de dépendance et d’effets néfastes sur la santé. Cette étude vise à :
- a) identifier les différences entre les jeunes femmes et les femmes plus âgées quant à leur choix d’utiliser des produits à base de cannabis comme substitut à l’alcool ;
- b) explorer les différents facteurs (sommeil, stress, état de santé, syndrome de stress post-traumatique [SSPT], dépression et gravité de la consommation d’alcool) qui influencent ce choix.
Méthodes : Une enquête transversale en ligne a été menée auprès de 413 femmes âgées de 18 ans et plus ayant déclaré avoir consommé du cannabis au moins une fois dans leur vie. Les participantes ont été réparties en deux groupes : les plus jeunes (< 56 ans) et les plus âgées (≥ 56 ans). Les mesures comprenaient des données sociodémographiques, les comportements de substitution au cannabis (cannabidiol [CBD], tétrahydrocannabinol [THC] ou les deux), l’auto-évaluation de la santé, les troubles du sommeil et le stress, ainsi que des échelles validées : AUDIT (Alcohol Use Disorders Identification Test), PC-PTSD-4 (Primary Care PTSD Screen), GAD-7 (Generalized Anxiety Disorder-7) et PHQ-8 (Patient Health Questionnaire-8). Les différences entre les groupes ont été analysées par les tests du χ² et de Student, et une régression logistique a permis d’identifier les facteurs prédictifs de la substitution.
Résultats : Les femmes plus jeunes (âge moyen : 44,2 ans) étaient significativement plus susceptibles que les femmes plus âgées (âge moyen : 62,9 ans) de remplacer l’alcool par du THC (14,0 % contre 7,8 %, p = 0,019) et rapportaient des taux plus élevés de troubles du sommeil (52,5 % contre 39,1 %, p = 0,007) et de difficultés à gérer le stress (37 % contre 27 %, p = 0,013). Leurs scores aux questionnaires AUDIT, PTSD, GAD et PHQ étaient également plus élevés (p < 0,01 pour tous les questionnaires). Les femmes plus âgées étaient moins susceptibles de remplacer l’alcool par du cannabis (83,5 % contre 71,0 %, p = 0,002). Les analyses de régression ont montré que les femmes plus jeunes, en moins bonne santé (OR = 1,76, IC à 95 % : 1,04-3,00) et présentant des scores AUDIT plus élevés (OR = 1,07, IC à 95 % : 1,01-1,14), étaient plus susceptibles de substituer à la fois du CBD et du THC. Les troubles du sommeil étaient un facteur prédictif important de la substitution par le THC chez les femmes plus jeunes (OR = 5,82, IC à 95 % : 1,58-21,45). Chez les femmes plus âgées, les symptômes de stress post-traumatique étaient prédictifs de la substitution par le CBD et le THC (OR = 1,60, IC à 95 % : 1,01-2,55), et les troubles du sommeil étaient prédictifs de la substitution par le THC (OR = 3,05, IC à 95 % : 1,00-9,32).
Conclusions : Des différences liées à l’âge sont apparues dans le recours au cannabis à la place de l’alcool chez les femmes. Les femmes plus jeunes substituaient plus fréquemment le THC et étaient influencées par la gravité de leur consommation d’alcool, leur état de santé précaire et leurs troubles du sommeil, tandis que les femmes plus âgées y recouraient moins souvent, le syndrome de stress post-traumatique et les troubles du sommeil étant des facteurs prédictifs clés. Ces résultats soulignent que la substitution par le cannabis constitue une stratégie de réduction des risques nuancée qui nécessite des approches adaptées à l’âge.
Publié le 31/10/2025







