Effets modulateurs des cannabinoïdes « mineurs » dans un modèle in vitro d’hypersensibilité neuronale

Objectif : Le traitement efficace de la douleur neuropathique demeure un besoin clinique non satisfait. Les bienfaits thérapeutiques du cannabis sont bien connus, notamment pour le soulagement de la douleur. Dans cette étude, nous avons évalué les effets analgésiques de dix cannabinoïdes « mineurs » dans un modèle établi d’hypersensibilité neuronale, un mécanisme clé sous-jacent à la douleur neuropathique.

Méthodes : Des neurones DRG de rats adultes ont été cultivés pendant 48 heures dans un milieu contenant 100 ng/mL de facteur de croissance nerveuse (NGF) et 50 ng/mL de facteur neurotrophique dérivé des cellules gliales (GDNF) afin de les sensibiliser. L’imagerie calcique a permis de mesurer les réponses à une stimulation douloureuse par la capsaïcine et de déterminer les effets modulateurs des cannabinoïdes sur chaque neurone.

Résultats : Les neurones témoins (nocicepteurs) ont présenté une forte réponse d’influx de Ca²⁺ à l’application de capsaïcine. En revanche, les neurones traités avec dix cannabinoïdes mineurs – tétrahydrocannabiorcol (THCC), cannabitriol (CBT), cannabidivarine (CBDV), cannabinol (CBN), cannabichromène (CBC), cannabichromévarine (CBCV), cannabicitran (CBCT), éther monométhylique de cannabigérol (CBGM), tétrahydrocannabutol (THCB) ou tétrahydrocannabiphorol (THCP) – à des concentrations de 0,001 à 100 µM, ont montré des effets dose-dépendants variables sur la réponse à la capsaïcine. L’influx de Ca²⁺ induit par la capsaïcine a été totalement inhibé pour chaque composé dans 35 à 78 % des neurones sensibles à la capsaïcine, tandis que les autres neurones ont présenté une réponse réduite. L’agoniste des récepteurs opioïdes, la morphine, et l’inhibiteur des canaux calciques α2δ1, la gabapentine, ont également été testés à titre de comparaison et ont montré des résultats similaires. Tous les cannabinoïdes testés ont inhibé l’influx de calcium induit par la capsaïcine, et deux d’entre eux, le CBN et le THCC, ont induit un influx de calcium à des doses plus élevées. L’inhibition de l’influx de Ca²⁺ par le cannabichromène (CBC) a été levée par l’inhibiteur des canaux potassiques, la tertiapine Q.

Conclusion : Tous les cannabinoïdes testés ont inhibé la signalisation TRPV1. Le CBC cible les canaux K⁺ pour bloquer l’influx de calcium médié par TRPV1 .Influx, démontrant des effets analgésiques potentiels in vitro.

Résumé en langage clair : Les lésions nerveuses dues à une maladie ou à une blessure provoquent des douleurs neuropathiques très difficiles à traiter et qui affectent la qualité de vie des personnes atteintes. Le cannabis est reconnu depuis des millénaires pour ses propriétés médicinales, notamment pour le traitement de la douleur. Ceci est dû à ses constituants, comme le THC, qui est psychoactif, ce qui limite son utilisation. Il existe plusieurs autres constituants, également appelés cannabinoïdes, qui ne sont pas psychoactifs et dont les effets médicinaux sont inconnus. Dans cette étude, nous avons examiné dix constituants différents du cannabis pour leur capacité à bloquer les signaux de douleur dans les cellules nerveuses qui perçoivent la douleur dans le corps. Pour ce faire, nous avons cultivé des cellules nerveuses, ou neurones sensoriels, sensibles à la douleur, dans une boîte de Petri et les avons traitées avec du NGF et du GDNF, qui augmentent les signaux nerveux conduisant à la douleur neuropathique. Nous avons ensuite utilisé de la capsaïcine, le composé piquant du piment, pour stimuler ces neurones et générer des signaux de douleur. Ces signaux ont été mesurés à l’aide d’un indicateur de calcium afin d’identifier les neurones répondant à la capsaïcine et d’évaluer l’amplitude de leur réponse. Nous avons observé que le traitement des neurones avec différents cannabinoïdes bloquait complètement ou réduisait fortement la réponse à la capsaïcine dans la plupart des neurones. Nous avons également montré que le cannabichromène bloquait la réponse à la capsaïcine en activant les canaux potassiques de la membrane neuronale, grâce à l’utilisation de venin d’abeille, qui bloque ces mêmes canaux. L’inhibition plus ou moins importante de la réponse à la capsaïcine par différents cannabinoïdes nous permet d’identifier les cannabinoïdes les plus susceptibles d’être efficaces pour bloquer la transmission de la douleur et ainsi développer de nouveaux médicaments analgésiques sans effets secondaires.

Source : https://www.dovepress.com/modulatory-effects-of-minor-cannabinoids-in-an-in-vitro-model-of-neuro-peer-reviewed-fulltext-article-JPR

Publié le 24/11/2025

Auteur: Principes Actifs 1

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