
L’entreprise publique brésilienne Embrapa propose de relever le taux légal de THC dans le chanvre de 0,3 % à 1 % afin de rester compétitive face à ses voisins et d’adapter les cultures au climat tropical. Ce débat intervient alors que la Cour supérieure de justice a donné au gouvernement fédéral et à l’Anvisa (l’Agence brésilienne de réglementation sanitaire) jusqu’au 31 mars 2026 pour réglementer la culture du cannabis à usage médical et industriel.
Pour Embrapa, ce chiffre n’est pas arbitraire. Avec la limite de 0,3 %, de nombreuses variétés de chanvre cultivées dans des climats à fort ensoleillement, comme au Brésil, dépassent le seuil de THC et doivent être détruites, bien qu’elles n’aient aucun effet psychoactif significatif. Une limite de 1 % offrirait une marge de sécurité agronomique et permettrait une meilleure utilisation des variétés riches en cannabidiol (CBD) pour la production nationale d’intrants et d’extraits pharmaceutiques, réduisant ainsi la dépendance aux importations.
Cette demande reflète une tendance internationale qui s’éloigne du dogme des 0,3 % de THC. La Suisse autorise la vente de cannabis contenant jusqu’à 1 % de THC sans qu’il soit considéré comme une substance contrôlée, ce qui a stimulé le marché des fleurs et résines riches en CBD. En Amérique latine , l’Uruguay et l’Argentine utilisent également 1 % comme seuil pour définir le moment où le cannabis devient psychoactif, tandis que l’Équateur a adopté cette limite pour son chanvre industriel. La norme des 0,3 %, héritée de la recherche nord-américaine, apparaît de plus en plus comme une anomalie restrictive.
Le Brésil demeure cependant englué dans un labyrinthe réglementaire. Bien que la Cour supérieure de justice (STJ) ait statué que le cannabis à faible teneur en THC n’entrait pas dans le champ d’application de la loi sur les stupéfiants et ait fixé au 31 mars 2026 la date limite pour réglementer sa culture à des fins médicinales et industrielles, ces délais ont été repoussés à plusieurs reprises sans que la culture ne soit légalisée. Dans ce contexte, l’Anvisa a autorisé Embrapa, en novembre 2025, à cultiver du cannabis à des fins exclusivement scientifiques, à créer une banque de semences et à développer des variétés – un progrès significatif, mais encore loin d’une production commerciale de chanvre intégrant les agriculteurs.
En fin de compte, débattre de la teneur en THC du chanvre (0,3 % ou 1 %) revient à se demander si les bénéfices profiteront à une poignée d’importateurs et de laboratoires ou à un réseau plus large d’agriculteurs. Le Brésil possède les sols, le climat et les connaissances scientifiques nécessaires pour piloter une filière chanvre diversifiée et durable ; ce qui lui fait défaut, c’est une réglementation qui dépasse la simple interdiction et prenne véritablement en compte les données probantes .
Source : https://canamo.net/noticias/mundo/en-brasil-piden-elevar-al-1-el-limite-de-thc-del-canamo
Publié le 27/11/2025







