
Introduction
L’utilisation cosmétique des cannabinoïdes, notamment sous forme d’huiles topiques au cannabidiol (CBD), connaît un engouement croissant dans les soins capillaires. Malgré l’absence de régulation claire et de validation clinique robuste, de nombreux utilisateurs se tournent vers ces produits pour stimuler la repousse, densifier la chevelure ou apaiser le cuir chevelu. Cette étude explore les usages clandestins et la perception de ces produits dans la population générale.
Matériel et méthodes
Une enquête descriptive transversale a été réalisée anonymement via un questionnaire en ligne diffusé sur les réseaux sociaux entre mai et juin 2025, incluant 555 participants adultes atteints d’alopécie androgénétique ou diffuse. Les variables étudiées comprenaient l’âge, le sexe, le type d’alopécie, la connaissance des cannabinoïdes, le type d’usage, les motifs et la fréquence d’utilisation, le canal d’achat, les produits utilisés, les effets perçus, les effets indésirables, ainsi que l’opinion des participants sur la sécurité de ces produits.
Résultats
Parmi les 555 répondants, 92 % étaient de sexe féminin ; l’âge médian était de 36 ans. L’alopécie androgénétique était la forme la plus fréquente, rapportée par 68 % des participants. L’usage d’huiles à base de cannabinoïdes était déjà établi ou en cours chez 78 % d’entre eux. Les produits les plus utilisés (63 %) étaient des mélanges combinant CBD à des huiles végétales telles que le sésame et l’argan. Une de la densité capillaire a été rapportée par 82 % des utilisateurs, tandis que 76 % ont noté une réduction de la chute. Des effets positifs ont également été observés sur la brillance (38 %), la longueur (32 %) et le lissage des cheveux (14 %). Des effets mineurs indésirables ont été rapportés par 6 % des participants, parmi lesquels figuraient du prurit localisé (2 %), des pellicules (1 %) et une accentuation de la chute (0,5 %). Malgré une méconnaissance fréquente de la composition réelle des produits utilisés (71 %), 58 % des répondants se déclarent prêts à recommander ces huiles. Enfin, 43 % considéraient que ces produits échappaient à toute régulation claire, soulevant des inquiétudes quant à leur sécurité et leur traçabilité.
Discussion
Le module CBD plusieurs cibles biologiques au niveau des follicules pileux, notamment par l’inhibition des récepteurs CB1, favorisant ainsi l’élongation du cheveu et la prolifération des kératinocytes, ainsi que par l’activation de la voie Wnt/β-caténine, impliquée dans le maintien de la phase anagène. Ces mécanismes pourraient rendre compte de l’amélioration de la densité du cuir chevelu observée chez plus des deux niveaux des utilisatrices. Néanmoins, les effets sont dose-dépendants et des concentrations élevées pourraient activer les récepteurs TRPV4, associés à un risque d’apoptose folliculaire. Cela pourrait expliquer certains effets indésirables tels que le prurit ou la desquamation rapportés dans une minorité de cas.
Conclusion
L’usage des huiles à base de cannabinoïdes est fréquent chez les femmes souffrant d’alopécie, souvent motivées par une recherche d’alternatives naturelles. Malgré des effets perçus globalement positifs, l’absence de cadre réglementaire et la méconnaissance des compositions posent des questions de sécurité. Cette molécule, à l’interface du domaine médical et cosmétique, mérite d’être explorée de manière rigoureuse.
Source : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S2667062325006567
Publié le 11/11/2025







