
Efficacité et innocuité à long terme du traitement par inhalation de cannabis de la neuropathie diabétique douloureuse : une étude observationnelle longitudinale de 5 ans
Contexte/Objectifs : La neuropathie diabétique (ND) est une complication fréquente du diabète, touchant jusqu’à 50 % des patients au long cours et entraînant des douleurs importantes, une altération de la qualité de vie et un coût élevé pour le système de santé. Les traitements conventionnels, notamment les anticonvulsivants, les antidépresseurs et les opioïdes, présentent une efficacité limitée et sont associés à des effets indésirables. Des données récentes suggèrent que le cannabis, agissant via le système endocannabinoïde, pourrait procurer des bienfaits analgésiques et neuroprotecteurs. Cette étude évalue les effets à long terme du cannabis inhalé comme traitement adjuvant de la ND douloureuse réfractaire. Le cannabis inhalé présente une pharmacocinétique à action rapide (quelques minutes, durée d’action de 2 à 4 heures) grâce à son absorption pulmonaire, ciblant les récepteurs CB1 et CB2 pour moduler la douleur et l’inflammation.
Méthodes : Dans cette étude observationnelle prospective, 52 patients atteints de ND douloureuse confirmée, réfractaire à au moins trois analgésiques antérieurs et aux interventions non pharmacologiques, ont été recrutés dans un seul centre de soins. Après une période d’élimination d’un mois, les patients ont débuté un traitement par cannabis médical inhalé (20 % de THC, < 1 % de CBD), dont la posologie a été adaptée individuellement. Les évaluations ont été réalisées à l’inclusion puis annuellement pendant 5 ans. Elles comprenaient l’échelle d’évaluation de la douleur (BPI) pour évaluer l’intensité et l’impact de la douleur, le degré de soulagement, le score LANSS (Leeds Assessment of Neuropathic Symptoms and Signs), le taux d’HbA1c et la consommation de médicaments. Les analyses statistiques ont utilisé une ANOVA à mesures répétées, des tests de Kruskal-Wallis, des tests
t de Welch et des corrélations de Pearson, via le logiciel Analyze-it pour Excel.
Résultats : Sur 52 patients (âge moyen : 45,3 ± 17,8 ans ; 71,2 % d’hommes ; durée du diabète : 23,3 ± 17,8 ans), 50 ont effectué les visites de suivi. On a observé des réductions significatives de l’intensité de la douleur (échelle BPI) (de 9,0 ± 0,8 à 2,0 ± 0,7 ; p < 0,001), de son impact sur les activités quotidiennes (de 7,5 ± 1,7 à 2,2 ± 0,9 ; p < 0,001 ), du score LANSS (de 19,4 ± 3,8 à 10,2 ± 6,4 ; p < 0,001) et du taux d’HbA1c (de 9,77 % ± 1,50 à 7,79 % ± 1,51 ; p < 0,001). La consommation d’analgésiques a diminué de façon marquée (par exemple, équivalents morphine : de 66,8 ± 49,2 mg à 4,5 ± 9,6 mg). La dose de cannabis était positivement corrélée au soulagement de la douleur (r = 0,74, p < 0,001) et négativement corrélée à la consommation de narcotiques (r = −0,43, p < 0,001) et à l’impact de la douleur sur les activités quotidiennes (r = −0,43, p < 0,001). Aucun effet indésirable grave n’a été rapporté ; des effets secondaires légers (par exemple, sécheresse buccale ou euphorie) sont survenus chez 15,4 % des patients.
Conclusions :L’inhalation de cannabis a démontré un soulagement durable de la douleur, une amélioration du contrôle glycémique et une réduction de la consommation d’opioïdes chez les patients atteints de néphropathie diabétique réfractaire sur une période de 5 ans, avec un profil de sécurité favorable. Ces résultats sont indicatifs, compte tenu de la nature observationnelle de l’étude ; des essais contrôlés randomisés (ECR) sont nécessaires pour confirmer l’efficacité et déterminer le mode d’emploi optimal, en tenant compte des limitations telles que le biais lié à l’étude monocentrique et la petite taille de l’échantillon ( n = 52). De futures études intégrant l’analyse de biomarqueurs (par exemple, les taux d’endocannabinoïdes) pourraient permettre d’élucider les mécanismes d’action et d’améliorer la précision de la thérapie par le cannabis.
Source : https://www.mdpi.com/2227-9059/13/10/2406
Publié le 30/09/2025







