La députée du Lot s’explique. « Oui au cannabis thérapeutique et au chanvre agricole »

Huguette Tiegna précise pourquoi elle est favorable au cannabis à des fins thérapeutiques et à la culture du chanvre agricole ; le département du Lot, comme exemple ?

Huguette Tiegna, députée du Lot

 

Huguette Tiegna, chargée d’un rapport scientifique sur les enjeux sanitaires du cannabis, explique pourquoi elle est favorable au cannabis à des fins thérapeutiques et au développement de la culture du chanvre ; le Lot, retenu département pilote.

Jeudi 11 juillet 2019, Huguette Tiegna, députée du Lot, et des parlementaires impliqués dans les domaines agricoles et de la santé se sont retrouvés au sein de l’Assemblée Nationale, dans le cadre d’un colloque sur la filière du chanvre en France.

À l’ordre du jour, deux sujets principaux ; l’un concernant l’utilisation du chanvre agricole, l’autre traitant de l’usage du cannabis.

Quelles sont les avancées de vos travaux, quant à l’utilisation du chanvre agricole et l’usage du cannabis thérapeutique ?

Huguette Tiegna : Tout d’abord, je tiens à rappeler que le gouvernement reste clairement opposé à la légalisation du cannabis, dont les risques pour la santé humaine, notamment sur le fonctionnement cérébral, sont avérés. En ce qui me concerne, mes études portent sur deux niveaux de réflexion : d’une part l’usage du Cannabidiol (CBD), molécule non psychotrope, contenue dans la plante du chanvre agricole. D’autre part, l’utilisation thérapeutique du cannabis, c’est-à-dire l’utilisation de certaines molécules issues du cannabis, dans la fabrication de médicaments. J’ai d’ailleurs, dans le cadre de mon engagement parlementaire, en tant que vice-présidente de l’OPECST (Office Parlementaire d’Évaluation des Choix Scientifiques), été nommée responsable d’un rapport concernant les enjeux sanitaires du cannabis, pour le dernier trimestre 2019.

« Oui au développement de la culture du chanvre agricole dans le Lot »

Quel est l’enjeu du développement de ce chanvre agricole et du cannabidiol qui le compose ?

D’un point de vue agricole, on appelle « chanvre » les variétés non psychotropes de l’espèce Cannabis Sativa L. cultivées en milieu tempéré pour ses fibres solides et ses vertus nutritives. Cette culture est très intéressante du fait des vertus dépolluantes et à faible besoin en eau. Les chercheurs catégorisent ces variétés comme ayant la particularité de posséder de forts taux de cannabidiol (CBD) dans les sommités florales. À l’inverse, le taux de THC, principe actif psychotrope, est infime dans le chanvre agricole. Le chanvre est cultivé en France et dans nos départements ruraux pour son usage industriel, agricole et textile. À ce titre, le code de Santé Publique définit ses conditions de culture, d’importation, d’exportation et d’utilisation industrielles et commerciales (cosmétique, fourrage pour les animaux, huiles, textiles, isolation).

Aujourd’hui, la législation française permet aux agriculteurs d’utiliser les graines et les tiges de ces plantes à l’exception des sommités florales. J’ai donc entamé des réflexions, avec des agriculteurs et entrepreneurs lotois, sur les enjeux et opportunités tant pour le tissu sanitaire, économique et environnemental de l’utilisation de la totalité de la plante. Un encadrement strict des variétés de cannabis, dépourvues de propriétés stupéfiantes, impliquant une origine, une fabrication locale, une qualité contrôlée, un savoir-faire préservé et une utilisation dûment établie, participerait à la valorisation du dynamisme de notre agriculture. C’est l’objectif poursuivi de mon initiative pour laquelle le Lot pourrait servir d’exemple afin de structurer et développer durablement la filière du chanvre agricole et bien-être.

L’actualité est centrée sur le sujet du cannabis thérapeutique, pouvez-vous nous dire à quel stade d’avancement en est le gouvernement ?

D’après le corps médical, le cannabis thérapeutique permet de répondre à des douleurs chroniques difficiles à traiter, liées à certaines maladies. De nombreux pays le permettent, il serait donc absurde de ne pas se poser la question. Mme Buzyn, Ministre des Solidarités et de la Santé, a d’ailleurs saisi l’Agence nationale de la sécurité des médicaments (ANSM), afin de disposer d’un état des lieux, des spécialités pharmaceutiques contenant des extraits de la plante de cannabis, ainsi qu’un bilan des connaissances relatives aux effets et aux risques thérapeutiques liés à l’usage de la plante elle-même.

« Oui au recours au cannabis à des fins thérapeutiques »

L’ANSM a rendu, jeudi 11 juillet, un avis favorable à l’usage du cannabis à visée thérapeutique pour les patients concernés par certaines situations cliniques précises et limitées. L’ANSM a également donné son accord pour une expérimentation du cannabis thérapeutique en France, selon le cadre proposé. Il appartient désormais au Ministère des solidarités et de la santé, en lien avec les autres ministères concernés, de conduire les travaux préparatoires, notamment juridiques, pour la mise en œuvre de cette expérimentation, ainsi que de déterminer, le cas échéant, la filière de production.

En quoi pourra consister le test réalisé en situation réelle, auquel vous faites allusion ?

Pour ce test en situation réelle, le cannabis thérapeutique pourra être prescrit chez des patients en impasse thérapeutique. Pas question toutefois de « joint sur ordonnance » : les produits prescrits seront inhalés ou ingérées. Le comité d’experts a aussi recommandé de réserver la « prescription initiale » de produits à base de cannabis aux médecins exerçant dans des centres de référence (centres antidouleur, centres experts de la sclérose en plaques). Les médecins participant à l’expérimentation seront volontaires et auront obligatoirement suivi une formation.

Propos recueillis par JEAN-CLAUDE BONNEMÈRE

Le cannabis et le chanvre appartiennent à la même famille, le Cannabis Sativa L.. La plante de chanvre sera bien souvent plus grande que celle du cannabis et a un taux de THC, le cannabinoïde responsable de l’effet psychoactif, beaucoup plus faible. (©Pixabay)

Source : actu.fr

Auteur: Philippe Sérié

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