Maroc-Une proposition de loi pour la légalisation du « kif » thérapeutique

L’utilisation du cannabis à des fins thérapeutiques était au centre des débats hier mercredi au Parlement marocain. Intitulé « rôle de la culture du kif dans la création d’une économie alternative », le débat a été organisé à la demande de députés favorables à sa légalisation du parti Authenticité et modernité (PAM).

Intervenant lors de cette journée inédite, le président du groupe du PAM à la Chambre des conseillers, Hakim Benchamass, a souligné que les deux groupes « comptent élaborer une proposition de loi qui portera sur la délimitation des surfaces cultivées notamment dans les régions où il est difficile de créer des économies alternatives et la mise en place d’un organisme public qui sera chargé de la culture et la commercialisation de ce produit ».

Pour lui, il ne s’agira pas d’une légalisation complète mais d’une exploitation positive et contrôlée de cette culture. Faut-il rappeler  que l’idée de l’exploitation positive de cette culture a été maintes fois évoquée. Un collectif s’est même constitué en juillet dernier pour prendre langue avec les parlementaires au sujet de la légalisation cannabis.

De son côté,  la présidente du groupe du PAM à la Chambre des représentants, Milouda Hazib, a appelé à ouvrir cette question au débat public afin de discuter de l’exploitation positive de cette plante et de son rôle dans l’économie alternative, affirmant que les groupes du parti sont parfaitement conscients des “risques sécuritaires, sociaux et économiques” inhérents à cette question.

Scepticisme sur la rentabilité du kif thérapeutique

Les experts marocains et étrangers ayant participé aux débats ont souligné la difficulté de mettre en œuvre cette légalisation et restent sceptique sur sa rentabilité pour les petits producteurs. Khalid Benomar, responsable de l’Agence pour la promotion et le développement économique et social du Nord (APDN), a prévenu, selon une dépêche AFP,  qu’une « culture (légale) du cannabis à des fins médicales et industrielles » ne serait « vraiment rentable qu’au-delà de 100 hectares ». « Cela ne profitera donc qu’aux grands propriétaires terriens », a-t-il noté.

« Or, la plupart des superficies cultivables ne dépassent généralement pas deux à quatre hectares », a souligné Chakib Al Khayari, de la Coalition marocaine pour l’utilisation médicale et industrielle du kif. Selon lui, il s’agit de « réfléchir à des cultures alternatives, des projets alternatifs », pour « assurer le développement local », alors que « 80% du cannabis consommé en Europe provient du Maroc ».

La surface de production de cannabis a baissé de près de 60% en 10 ans, à près de 50.000 hectares dédiés à cette culture, ce qui fait du Maroc le plus grand producteur au monde. Cette culture fait néanmoins vivre environ 80.000 marocains, selon rapport 2013 de l’Office des Nations-Unies contre la drogue et le crime (ONUDC).

 

Source : http://www.maghrebemergent.info/actualite/maghrebine/item/32461-maroc-une-proposition-de-loi-pour-la-legalisation-kif-therapeutique.html

Auteur: Philippe Sérié

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