
« En fin de compte, si vous dites quelque part au début « je suis un patient sous cannabis », le regard de la personne change déjà. J’ai aussi remarqué cela à l’hôpital. J’étais à l’hôpital l’année dernière avec un ulcère à l’estomac. J’avais tellement mal au ventre que lorsqu’ils entendaient parler de cannabis, ils ne voulaient plus m’examiner correctement » .
Une étude réalisée en Allemagne sur la manière dont les consommateurs de cannabis médicale vivent la stigmatisation, sur la manière dont elle affecte leur vie quotidienne et sur son impact sur l’accès aux soins
Malgré sa prévalence croissante au sein de la population, la consommation de cannabis est toujours perçue comme un comportement déviant et par conséquent stigmatisée. Cependant, on ne comprend toujours pas bien l’impact de cette stigmatisation sur les patients qui utilisent le cannabis à des fins thérapeutiques. Cette recherche qualitative s’est efforcée d’explorer les expériences de stigmatisation des consommateurs de cannabis médical (MC) en Allemagne, dans le but de discerner les défis qui peuvent entraver leur vie quotidienne et leur accès aux soins de santé. L’objectif principal de cette étude était d’identifier les cas de stigmatisation associés à la consommation de MC dans diverses sphères.
Cette étude fournit des informations de première main essentielles sur les expériences des utilisateurs de MC, offrant une compréhension nuancée des avantages et des défis associés à la thérapie au cannabis. En s’appuyant sur les points de vue de personnes atteintes de maladies chroniques, notamment de cancer, elle met en évidence les améliorations significatives de la qualité de vie signalées par de nombreux participants. Des effets positifs, tels qu’une réduction de la douleur, une augmentation des niveaux d’énergie et du bien-être général, ont été fréquemment mentionnés, soulignant le potentiel thérapeutique de la MC. En outre, l’étude reflète l’acceptation croissante de la MC par la société, certains participants notant une évolution vers une plus grande ouverture au public ces dernières années.
L’un des points forts de cette étude réside dans son exploration détaillée de la dynamique patient-soignant, un aspect souvent négligé de la recherche sur le cannabis médical. Si certains participants ont fait état de médecins compréhensifs et compréhensifs, beaucoup ont décrit des difficultés persistantes à accéder à des soins médicaux appropriés. Les résultats mettent en évidence un important manque de connaissances parmi les professionnels de la santé, renforçant la nécessité d’améliorer l’éducation et la formation en matière de thérapie au cannabis. Une communauté médicale mieux informée et plus réceptive pourrait non seulement améliorer les relations entre le soignant et le patient, mais aussi contribuer à réduire la stigmatisation qui continue d’entourer la consommation de cannabis médical.
Au-delà des expériences individuelles des patients, cette étude offre une perspective plus large sur les obstacles structurels et sociétaux auxquels sont confrontés les utilisateurs de MC. Malgré ses avantages reconnus, la MC n’est toujours pas pleinement acceptée comme une option de traitement légitime au sein du système médical. Les complexités bureaucratiques associées à l’obtention d’ordonnances et au remboursement aggravent encore ces difficultés. De plus, si les participants ont généralement trouvé du soutien auprès de leurs amis proches et de leur famille, plusieurs ont signalé des relations tendues en raison d’idées fausses persistantes sur la MC. Ces résultats suggèrent que la stigmatisation, à la fois sociétale et auto-imposée, reste un problème central, qui façonne la façon dont les utilisateurs de MC abordent leur traitement et leurs interactions sociales.
Néanmoins, les résultats indiquent que les expériences positives avec la MC vont au-delà de ses effets médicaux. Pour de nombreux participants, la gestion réussie des symptômes a conduit à des améliorations de l’emploi, de la stabilité financière et de la santé mentale globale. Ces aspects renforcent la valeur plus large de la MC, non seulement en tant qu’intervention médicale, mais aussi en tant que moyen d’améliorer le fonctionnement quotidien et la participation sociale. Cependant, la stigmatisation persistante et les obstacles réglementaires soulignent le besoin urgent de réformes politiques visant à améliorer l’accès, à simplifier les processus administratifs et à favoriser une plus grande acceptation au sein du secteur des soins de santé.
À la lumière de ces constats, les efforts futurs devraient donner la priorité à l’éducation à plusieurs niveaux, en ciblant les professionnels de la santé, les décideurs politiques et le grand public. La lutte contre la stigmatisation, qu’elle soit vécue ou ressentie, nécessite une approche multidimensionnelle qui combine des informations fondées sur des données probantes avec des changements structurels significatifs. En outre, des recherches plus poussées sont essentielles pour affiner les directives cliniques, garantir la sécurité des patients et intégrer plus efficacement la MC dans la pratique médicale traditionnelle. En fin de compte, cette étude met en évidence le droit fondamental des patients à recevoir un traitement équitable, renforçant la nécessité d’aborder la MC avec le même professionnalisme et la même légitimité que toute autre option thérapeutique.
Etude complète : https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC11884029/
publié le 05 Mars 2025