Ancien skipper désormais installé à Meucon, Quentin Beauvais a lancé sa start-up dans le but de cultiver et produire du cannabis thérapeutique, ici, en centre Morbihan.
Quentin Beauvais, 38 ans, le sait. En matière de reconversion professionnelle, on peut faire bien plus simple. Mais l’ancien skipper qui ne se voyait pas concilier une telle activité (trop d’absences) avec une vie de famille en construction (il a une fille de 6 ans et demi), aime les défis et le risque.
La législation avance
Ce Breton d’adoption (par sa femme) qui réside aujourd’hui à Meucon a décidé de se lancer dans une folle aventure : produire du cannabis à des fins thérapeutiques. Pas simple car la filière en France peine à se développer à cause d’une législation qui ne permet pas encore d’ouvrir le champ des possibles.
Le ministère chargé de la Santé et de l’Accès aux soins a annoncé le 20 mars dernier que « les textes définissant le cadre de production et d’autorisation du cannabis à usage médical ont été notifiés à la Commission européenne. Il s’agit d’une nouvelle étape pour le développement d’un accès encadré et sécurisé au cannabis médical en France. »
« Il faut réussir à dédiaboliser le mot cannabis dans l’opinion publique et ça, ce n’est pas simple ».Quentin Beauvais, fondateur de la start-up Chenevia à Meucon.
« Les barrières à faire tomber sont donc nombreuses, mais on avance, pas à pas ».
Quatre ans déjà que le projet se construit. « Mon mantra, c’est une citation de Nelson Mandela : « Je ne perds jamais ; soit je gagne, soit j’apprends ». C’est dans les échecs que l’on se construit ».
Le cannabis bien-être
Avec son frère aîné qui a l’expérience d’avoir déjà travaillé dans une ferme produisant du cannabis en Australie et avec qui il a fondé la start-up Chenevia, Quentin cultive déjà du cannabis sur 6 hectares dans le bassin Ploërmelais depuis 3 ans. Mais pour la filière CDB (cannabis bien-être). Une partie de leur production, alimente d’ailleurs les trois boutiques CDB que l’épouse de Quentin a ouvert à Auray, Vannes et Ploërmel. « Mais demain, notre objectif est de faire en sorte que 80 % de notre production soit destinée à des fins thérapeutiques. »
Les vertus du cannabis médical
Car sur ce plan, des certitudes existent. « Selon une étude menée sur 5 ans, 75 % des patients qui ont recours à cette molécule, estiment que cela a amélioré leurs conditions de vie ».
Le cannabis thérapeutique ne soigne pas. Il soulage. C’est sa vertu. Des maladies graves à la fin de vie, « c’est une nouvelle alternative à tout ce qui existe déjà ».
Et pour Quentin qui s’est aussi associé avec un pharmacien, c’est tout ce qui compte.
« Face à la gestion de la douleur, on ne peut pas se passer de la moindre solution. »
Quentin Beauvais, fondateur de la start-up Chenevia à Meucon.
Or aujourd’hui, seule la législation interdit son utilisation.
Un site industriel à construire
En attendant, Chenevia s’y prépare. La start-up a réussi à lever des fonds et fait de plus en plus parler d’elle. « Une banque nous suit. La région Bretagne aussi. Une synergie est en train de se mettre en place avec tout un réseau, ici dans le Morbihan ». Il y a quelques semaines, une première récompense est même tombée pour Chenevia aux Oscars du Morbihan.
« C’est un formidable signe de reconnaissance pour notre travail. Tout cela valide le fait que nous sommes sur la bonne voie ».
Quentin Beauvais, fondateur de la start-up Chenevia à Meucon.
Quentin Beauvais et son équipe (7 personnes à temps plein) travaillent désormais à la construction d’un site industriel. « Il nous faut 3 millions d’euros pour cela ».
Un site qui sera fermé (hors-sol) et forcément ultra-sécurisé. « Et qui sera le moins énergivore possible ». L’ambition est d’espérer de le voir commencer à sortir de terre d’ici la fin de l’année. Car il faudra être prêt, sûrement dès 2026, pour enclencher la première.
« Nous n’attendons plus que l’autorisation de l’Agence nationale de sécurité du médicament. » Plus que. Et après cela, Chenevia pourra déployer ses ailes…
Publié le 14 avr. 2025
