L’herboristerie en danger.

La parole est aux herboristes !

Chère amie, cher ami,

Cette semaine, je vous invite à lire cette interview de Michel Pierre, herboriste de référence en France, membre du comité d’éthique de l’IPSN et auteur de plusieurs ouvrages sur les plantes. Sans doute serez-vous, comme moi, révolté par la façon dont les autorités persécutent ceux qui permettent de soigner par les plantes.

En bas de ce message, vous trouverez des informations sur le congrès des herboristes qui a lieu les 17 et 18 mai prochains à Lyon (inscriptions, programme, stands).

Michel Pierre est herboriste depuis plus de 50 ans. Sa boutique, l’Herboristerie du Palais Royal résiste encore et toujours à l’interdiction qui est faite aux herboristes d’exercer depuis la suppression du diplôme en 1941. Mais les temps ont bien changé et le vent tourne. Car malgré une condamnation récente par le tribunal correctionnel de Paris, il sait que de meilleurs jours attendent l’herboristerie. La preuve en est que son livre Les plantes du bien être, publié au mois de mars 2014 aux éditions du Chêne, est déjà un succès en librairie.

1/ IPSN : Que retenez vous du procès qui vous a condamné simplement parce que vous tenez une herboristerie ?

Au-delà de l’injustice que représente cette procédure, qui vient me punir après plus de 50 ans de métier sans incidents, sans plainte de qui que ce soit et sans que jamais la clientèle ne faiblisse, je reconnais avoir eu de la chance : pour moi les autorités ont attendu tout ce temps. J’ai vu tous mes camarades se faire attaquer et condamner. Pas un n’y a échappé. C’était mon tour !

Mais la condamnation ne change rien. Pourquoi changerais-je ma façon de faire alors qu’elle apporte satisfaction au public depuis toujours ? La vérité, c’est que la législation est mal faite. Il n’y a pas de place au plan juridique pour les herboristes, alors que l’attente du public est forte. L’herboristerie appartient théoriquement au monopole pharmaceutique, mais même les pharmaciens ne peuvent pas exercer ce métier : ils ne sont pas formés pour et ils n’ont pas le droit de s’inscrire à l’ordre des pharmaciens en tant qu’herboristes. Cherchez l’erreur… Personnellement, je travaille pour ma part avec une pharmacienne dûment diplômée. Ce qui ne m’a même pas évité la condamnation…

Ce qu’il faut retenir, c’est le soutien du public. Lui est prêt à voir changer les choses. Les autorités finiront bien par suivre le mouvement. Et faire avancer le débat, c’est aussi un devoir citoyen. Nous devons continuer à nous battre jusqu’au bout pour que cette situation intenable change. Un diplôme d’herboriste doit voir le jour !

2/ IPSN : Les écoles d’herboristerie font le plein depuis un certain nombre d’années et le public se passionne pour la médecine par les plantes. Il y a donc une relève ?

Une relève ? Quelle relève ? Il y a des passionnés oui. L’engouement que suscite le congrès des herboristes ou la fête des simples (1) en sont des preuves. Le flot continu de clients dans les différentes herboristeries en France, y compris de médecins et de pharmaciens, en est une autre.

Mais il n’y a pas de relève. Il ne peut pas y en avoir. Tant que nous n’aurons pas de diplôme, nous n’aurons pas de garantie pour ceux qui veulent exercer ce métier. Il y a des gens qui ont des connaissances sur les plantes. Mais qui souhaiterait ouvrir une boutique en risquant, tout au long de sa vie professionnelle, de passer devant les tribunaux comme un délinquant simplement parce qu’il fait bien son métier ?

3/ IPSN : En attendant que nous obtenions ce fameux diplôme, que conseillez-vous à ceux qui voudraient s’installer ?

Il y aurait eu peut être un coup à jouer pour les magasins de diététique s’ils s’étaient positionnés autrement. Mais ils ont raté le coche. Ce qui fait l’herboriste, c’est son amour des plantes, sa capacité à les reconnaître au premier coup d’œil, à les conseiller selon ce qu’il connaît de leurs vertus et de ce qu’en dit la tradition. C’est celui qui est prêt à affronter les stocks de plantes en vrac, les fournisseurs et leurs cahiers des charges. Aujourd’hui, c’est aussi celui qui connaît les compléments alimentaires par le biais desquels on peut vendre davantage de plantes. C’est enfin celui qui connaît la législation et qui a de bons avocats. Vous voulez être herboriste ? Mon conseil est simple : provisionnez pour les procès et les tracasseries administratives. Pour le reste, allez-y, le monde est à vous !

Congrès des Herboristes : 17 et 18 Mai 2014

Le congrès des herboristes a lieu cette année à Lyon, au parc de la Tête d’or, les 17 et 18 mai prochains. Il est ouvert à tous professionnels et au grand public. L’objectif est de réunir tous les passionnés des plantes et de débattre sur l’avenir d’un métier qui doit retrouver toute sa place dans la société.

 

Pour les professionnels, il est possible de tenir un stand à l’occasion du congrès. Une salle dédiée est spécialement prévue pour l’exposition des stands. Pour plus d’information contactez nous à l’adresse mail suivante : adelivois@ipsn.eu

Enfin, nous cherchons encore deux ou trois bénévoles pour tenir l’accueil ou le bar à tisanes. N’hésitez pas à nous contacter si vous souhaitez (contact@ipsn.eu), vous aussi, être acteur du congrès !

Bien à vous,

Augustin de Livois

Président de l’Institut pour la Protection de la Santé Naturelle

 

Auteur: Philippe Sérié

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