Cannabis. Les députés disent oui à l’expérimentation de l’usage médical auprès de 3 000 patients

Le cannabis est consommé illégalement par certains malades qui estiment que cela apaise leur douleur – Philippe Lopez/AFP

Le projet de budget de la Sécu pour 2020 prévoyant à titre expérimental, pour deux ans, d’autoriser l’usage médical du cannabis a été adopté mercredi à une large majorité.

Les députés se sont largement mercredi 16 octobre prononcés en commission en faveur d’une expérimentation de l’usage médical du cannabis, même si certains élus se sont interrogés sur le signal envoyé aux jeunes ou sur la question de la production de la substance.

L’amendement du rapporteur Olivier Véran (LREM) au projet de budget de la Sécu pour 2020 prévoit à titre expérimental, pour deux ans, d’autoriser l’usage médical du cannabis. Il a été adopté « à une très large majorité » en commission des Affaires sociales, selon une source parlementaire.

L’expérimentation devrait concerner environ 3 000 patients, pour traiter des douleurs liées par exemple au cancer ou à la sclérose en plaques, a expliqué M. Véran. Elle se fera sur prescription médicale dans plusieurs centres hospitaliers, et la substance pourra être administrée sous forme de « fleurs séchées, huiles ou tisanes ».

Soutien venu de tous les bords

Soulignant que « 17 pays de l’Union européenne l’ont déjà autorisé sous différentes formes », M. Véran, neurologue de profession, a dit avoir vu des patients qui ne « tiennent le coup » qu’en consommant du cannabis, pointant « beaucoup d’hypocrisie » sur le sujet.

L’amendement devra être revoté la semaine prochaine dans l’hémicycle pour être intégré au projet de budget.Des députés de tous bords se sont montrés favorables à cette expérimentation, à l’instar de Jean-Pierre Door (LR), Alain Bruneel (PCF), Paul Christophe (UDI-Agir) ou d’Adrien Quatennens (LFI) qui a souligné qu’en France, « des malades s'(en) procurent dans le circuit illégal ».

Certains députés, dont Stéphane Viry (LR) ou Philippe Vigier (Libertés et Territoires) se sont néanmoins interrogés sur les besoins de production de cannabis découlant de cette possibilité nouvelle. Sur ce point, M. Quatennens a estimé que l’amendement ouvre « la boîte de Pandore », Boris Vallaud (PS) plaidant, « s’il y a une manne », pour qu’elle demeure publique.

Du cannabis venu de pays l’autorisant déjà comme médicament

Olivier Véran a répondu que dans le cadre de l’expérimentation, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) sera « chargée de se procurer » le produit auprès de pays où il est « considéré déjà comme médicament », récusant toute incitation à « développer une filière de production ».

« On parle de 3 000 malades, pas une quantité astronomique de gens qui se refileraient sous le manteau des sacs de ‘beuh’ » (herbe, N.D.L.R.), a-t-il insisté.

Plusieurs élus se sont aussi interrogés sur le calendrier alors qu’une mission d’information parlementaire planche sur les « usages du cannabis ». Aux élus tels Cyrille Isaac-Sibille (Modem) s’interrogeant sur le signal envoyé aux jeunes, Olivier Véran a répondu ne pas croire qu’ils « attendent qu’on parle d’usage médical pour s’intéresser au cannabis, hélas ».

Source : ouestfrance.fr

Auteur: Philippe Sérié

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