

Dr Mark Viner
Le cannabis est depuis longtemps un sujet d’intérêt et de controverse en psychiatrie. Le Dr Mark Viner a exploré les implications cliniques de la médecine à base de cannabis. Il a travaillé avec la Clinical Society of Cannabis Clinicians et l’International Alliance of Medicinal Cannabinoids pour fournir des informations sur la façon dont le cannabis se compare à d’autres substances psychoactives.
Avant de discuter de l’impact psychiatrique du cannabis, il est essentiel de définir le cannabis de manière exhaustive. Les cannabinoïdes sur ordonnance diffèrent des extraits de plantes entières de cannabis comme l’huile de Rick Simpson. Les effets pharmacologiques varient considérablement selon la forme : isolats de tétrahydrocannabinol (THC) et de cannabidiol (CBD), extraits à haute puissance ou différentes parties de la plante comme l’inflorescence, les feuilles, les tiges, l’écorce et les racines. Les voies d’administration compliquent encore davantage le tableau, avec des options telles que la voie orale, topique et même intraveineuse.
L’interaction entre le cannabis et les médicaments psychiatriques est un sujet de préoccupation sous-estimé. Par exemple, le cannabis peut aggraver le syndrome sérotoninergique lorsqu’il est associé à des inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine. De même, si certains phytocannabinoïdes présentent des propriétés antipsychotiques, leurs effets sur la schizophrénie et le trouble bipolaire restent ambigus. L’association du cannabis avec des hallucinogènes, une tendance croissante chez les patients qui expérimentent le microdosage, peut être particulièrement dangereuse, entraînant parfois de graves réactions toxiques.
La polymédication impliquant les cannabinoïdes présente un autre défi. Les patients mélangent souvent du THC, du CBD et des cannabinoïdes moins connus comme le cannabigérol (CBG) dans des extraits à haute puissance. Bien que le cannabis soit souvent comparé aux hallucinogènes, il a un profil neurobiologique distinct, notamment en termes de sevrage et d’effets neuronaux. Contrairement aux psychédéliques classiques, qui favorisent la croissance synaptique et la ramification dendritique (comme on le voit avec la kétamine), le cannabis semble élaguer les neurones. Ce processus d’élagage peut être bénéfique dans certaines conditions psychiatriques, tout comme les démolitions contrôlées permettent une reconstruction plutôt que des rénovations perpétuelles.
Dans les pathologies impliquant des souvenirs traumatiques, comme le syndrome de stress post-traumatique, cet effet d’élagage pourrait offrir un potentiel thérapeutique. Des recherches menées à Stanford mettent en évidence le rôle de la taxonomie cellulaire dans les troubles psychiatriques, suggérant que l’élimination ciblée des neurones dysfonctionnels pourrait être bénéfique. Tout comme un élagage inadéquat est lié à l’autisme et à la démence, l’élagage neuronal contrôlé via le cannabis pourrait servir d’approche novatrice pour les pathologies caractérisées par une rétention de mémoire inadaptée.
Bien que le cannabis ait un impact bien documenté sur la mémoire, cet effet pourrait être une arme à double tranchant. Pour les patients accablés par un traumatisme grave, la modulation stratégique de la mémoire pourrait apporter un soulagement. À mesure que la recherche progresse, la psychiatrie doit rester ouverte aux risques et aux avantages potentiels du cannabis dans le traitement de la santé mentale.
Source : https://www.psychiatrictimes.com/view/how-cannabis-interacts-with-psychedelics-and-the-memory
Publié le 24 février 2025