Les effets complexes de la nicotine lorsqu’elle est mélangée au cannabis

NICOTINE

Depuis des siècles, le tabac et le cannabis entretiennent une relation étrange pleine de turbulence. Pourquoi est-ce qu’autant de gens les utilisent ensemble ? Comme il est régulièrement le cas dans le monde scientifique des cannabinoïdes, la réponse est des plus étranges.

De plus, beaucoup de fumeurs nord-américains s’allument une cigarette immédiatement après avoir fumé un joint, ce qui provoque sensiblement les mêmes effets synergétiques que de mélanger du tabac à son joint. Cette pratique, selon plusieurs, accroît les effets du cannabis.

DE NOMBREUSES DIFFÉRENCES SONT RAPPORTÉES

Il existe de nombreux rapports de différences subjectives quant aux effets dérivés du cannabis fumé pur, et du cannabis mélangé avec du tabac.

L’effet le plus souvent rapporté au sujet du mélange cannabis-tabac est une intensification du high, bien que certains ressentent le contraire. Un autre effet communément rapporté est celui de rendre le fumeur plus calme et d’apaiser l’anxiété qui surgit parfois en fumant du cannabis.

Les mécanismes biologiques à la base de cette étrange relation sont extrêmement complexes. Ils sont liés à une variété d’autres processus, autrefois considérés comme indépendants, mais aujourd’hui identifiés comme y étant associés. En effet, au fur et à mesure que nous approfondissons notre connaissance de tous ces systèmes interdépendants de récompenses, de manques et de besoins, d’addiction et de satiété, nous comprenons de plus en plus à quel point l’activité cérébrale est indissociable de l’activité corporelle.

LE CANNABIS, LE TABAC ET L’HIPPOCAMPE

Une étude récente et largement diffusée a établi une corrélation entre l’usage de cannabis et une diminution de volume et de densité de l’hippocampe, région cérébrale associée à la mémoire, l’inhibition et l’addiction. Cette étude de 2011 est aussi arrivée à une telle conclusion, bien qu’elle ait également pris en considération l’effet que pouvaient avoir différents facteurs, incluant le ratio THC/CBD. Au moins une étude a déterminé qu’il n’existait aucun changement à long terme, et une autre étude a souligné la possibilité que des différences génétiques pouvaient modifier la réponse de l’hippocampe au cannabis.

Cette réduction de taille a été trouvée autant chez les consommateurs de cannabis seulement que chez les consommateurs de cannabis/tabac, alors qu’elle n’affectait pas les consommateurs de nicotine seulement. Chez les consommateurs de cannabis pur, une corrélation a été établie entre la taille réduite de l’hippocampe et une mémoire affaiblie (ce qui n’est pas surprenant puisqu’une bonne mémoire est normalement associée à un hippocampe en santé et de taille normale). Ainsi, on a pu constater à l’échelle du groupe que plus la taille de l’hippocampe était réduite, plus la mémoire était affectée.

Cependant, les chercheurs ont aussi découvert quelque chose de très surprenant : dans le groupe de consommateurs de cannabis/tabac, l’inverse s’appliquait, c’est-à-dire qu’un hippocampe de volume réduit était corrélé avec une mémoire accrue ! Les sujets fumant un nombre plus élevé de cigarettes possédaient un hippocampe de volume réduit tout en obtenant de meilleurs résultats de mémoire (bien que leur mémoire était généralement plus affaiblie que dans tous les autres groupes).

Il est vrai que cette étude aurait pu être de plus grande envergure et mieux conçue en établissant, en plus de la corrélation, un lien de causalité (une étude transversale se concentre sur une brève période de temps alors qu’une étude longitudinale, par exemple, suit les mêmes sujets sur de longues périodes de temps afin d’être mieux en mesure d’enregistrer l’évolution des changements et parvenir à établir une causalité). Néanmoins, elle note tout de même un effet inhabituel qui n’a pas encore été complètement expliqué.

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Auteur: Philippe Sérié

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