Gabriel Attal vient d’être nommé à Matignon pour succéder à Elisabeth Borne. Le bon élève du gouvernement, désormais premier de la classe, a sur le cannabis des idées plus ouvertes que ses prédécesseurs. Un espoir pour la légalisation ? Éléments de réponse.
Le 15 janvier, au micro de BFMTV, Gabriel Attal, secrétaire d’État auprès du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, prenait position sur la légalisation de l’herbe qui fait rire. Interrogé par Jean-Jacques Bourdin alors qu’une mission interministérielle sur le cannabis venait de lancer ses travaux à l’initiative du député de la Creuse Jean-Baptiste Moreau, le plus jeune membre d’un gouvernement sous la Vème République a tenu un discours des plus progressistes.
“On ne peut pas simplement dire : oui, il faut légaliser, sans se poser la question de savoir comment on l’accompagne” G. Attal
Lorsque Jean-Jacques Bourdin lui demande s’il faut ouvrir un débat sur la légalisation du cannabis, le futur ex-ministre de l’éducation nationale se fait très libertaire, tout du moins au regard de l’opinion du ministre de l’intérieur Christophe Castaner et du reste du gouvernement Philippe.
« Le débat, il doit se faire sur l’ensemble du sujet. Il doit se faire aussi sur les questions de prévention, sur les questions de sanctions, sur les questions de contrôle. Il y a quelques mois j’étais en déplacement au Québec, dans le cadre de mes fonctions liées à la jeunesse, je préside l’Office franco-québécois de la jeunesse, et j’en ai profité pour aller rencontrer des acteurs, puisque le cannabis a été légalisé au Québec il y a maintenant quelques mois. J’ai vu la Cité québécoise du cannabis, j’ai vu des médecins de prévention, de santé publique, j’ai vu des personnes qui consomment. Ma conviction, la conviction que ça m’a donné, c’est que l’enjeu principal c’est celui de la prévention. On ne peut pas simplement dire : oui, il faut légaliser, sans se poser la question de savoir comment on l’accompagne » développait alors Gabriel Attal dans “Bourdin direct”.
La connaissance vient de l’expérience
Si l’ancien élève de l’école Alsacienne est aussi souple et renseigné, c’est parce qu’il parle en connaissance de cause. Lorsque Jean-Jacques Bourdin lui tance un « vous avez déjà fumé ? », le 1er ministre en devenir répondra d’un « oui » franc et massif… Pondérant ensuite d’un raisonnable et pudibond « je ne suis pas un consommateur, et j’ai vu aussi auprès de camarades, lorsque j’étais plus jeune, j’ai vu ce que ça a produit aussi pour des jeunes qui étaient complètement accros, parce que franchement il faut aussi le rappeler ça, on parle de cannabis récréatif, on parle de manière assez légère, pour des jeunes qui fument régulièrement, qui tombent là-dedans, ça ramolli les neurones, et moi j’ai vu des jeunes qui ont été totalement déscolarisés et qui sont sortis de tout circuit, et ça, ce n’est pas acceptable. Donc c’est pour ça que c’est un sujet qui est très important, très lourd et qui mérite qu’on regarde l’ensemble des facettes ».
Une pandémie et nombre de crises politiques plus tard, le discours de Gabriel Attal s’est fait plus ambigüe, notamment lorsqu’il était ministre délégué chargé des Comptes publics auprès de Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique. En février 2023, le futur locataire de Matignon s’était en effet félicité, en compagnie de son n+1 à Bercy, des saisies record de cannabis.
Reste à savoir comment, après avoir formé son gouvernement, il conjuguera la question cannabis sur le mode du « en même temps » cher au président.
Note de l’administrateur : la version de l’interview de Gabriel Attal a été raccourcie à la partie « Cannabis » Émission diffusée le 15 janvier 2024
Source : zeweed.com