« Avec le cannabis, je n’ai plus mal, la douleur est contenue » : du cannabis récréatif au cannabis thérapeutique, histoire d’une plante controversée
En France, l’expérimentation de l’usage thérapeutique du cannabis a débuté en mars 2021. Elle aurait dû prendre fin en décembre 2024. Elle a été prolongée jusqu’au 31 mars 2026 par le ministère de la Santé pour assurer la continuité de la prise en charge des patients traités. Le documentaire « Les business légaux du cannabis » de Carole Mangold revient sur la longue histoire du cannabis.
« Il voyait des étoiles dans son assiette et le firmament au fond de la soupière. Puis, il tourna le nez contre le mur, parlant tout seul, riant aux éclats » Théophile Gautier, Le Club des Hachichins, 1846.
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Au milieu du XIXème, le psychiatre Jacques-Joseph Moreau, crée à Paris, le Club des hachichins. Y participent, entre autres, Charles Baudelaire, Théophile Gautier, Eugène Delacroix, Honoré de Balzac. Au Club on déguste de la « confiture verte » dont l’ingrédient principal est le haschich (nom arabe du chanvre), souvenir de voyage du médecin. Ici on explore les effets psychédéliques de la plante et on échange sur les expériences vécues. On y découvre des effets créatifs et thérapeutiques. Quand certains voient leur imagination stimulée et leur production artistique augmentée, d’autres retrouvent le sommeil et la plupart sont dépendants.
Un laboratoire
Pour le psychiatre Jacques-Joseph Moreau, le club est aussi un laboratoire. Pour lui « l’intoxication au haschich » est un moyen unique d’explorer l’aliénation mentale. Il est un des premiers médecins à avoir travaillé sur l’activité des drogues dans le système nerveux central.
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Le psychiatre du XIXème serait sans doute agréablement surpris de voir qu’aujourd’hui en France, on reconnaît les valeurs thérapeutiques du cannabis. À tel point qu’on en cultive des champs entiers. Une culture réservée aux agriculteurs habilités et à quelques laboratoires de recherche.
Le cannabis à usage thérapeutique
Malgré l’interdiction majoritaire du cannabis en Europe, 21 des 27 États membres distinguent le cannabis récréatif du médical. En France, il est utilisé à titre expérimental depuis mars 2021 et le sera encore jusqu’à fin décembre 2026. La dynamique s’est mise en place en 2018 autour de plusieurs comités scientifiques pilotés par l’ANSM ( agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé). Peuvent en bénéficier les patients souffrant de douleurs neuropathiques réfractaires aux thérapies classiques, certaines formes d’épilepsie et certains symptômes rebelles en oncologie liés à un cancer ou à un traitement anticancéreux.
La notion de cannabis médical acceptée par la population commence à l’être clairement aussi par les politiques. Nicolas Authier, psychiatre et président de la fondation Analgesia
C’est un médecin qui prescrit le cannabis thérapeutique. Et c’est le même praticien qui en déterminera le dosage en fonction des pathologies : « Souvent le cannabis est récréatif, festif ce qui implique des jugements moraux sur lesquels s’appuient les politiques pour en combattre la consommation, explique le professeur Nicolas Authier, psychiatre et président de la fondation Analgesia (institut de recherche contre la douleur) Mais on sait depuis longtemps qu’il peut aussi être médical. Une notion acceptée par plus de 90 % de la population et des politiques. »
Le CBD
Attention à ne pas confondre le cannabis médical et le cannabidiol, le CBD, dont les boutiques de vente se développent depuis 2018 en France. Consommés pour leurs vertus thérapeutiques avérées ou non, les produits à base de CBD ne contiennent pas de THC (tétrahydrocannabidiol), la molécule psychotrope du cannabis récréatif. Leur taux en THC ne doit pas dépasser les 0,3 %.
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Une culture autorisée sous contrôle
La culture du chanvre (autre nom du cannabis) est réservée aux agriculteurs, sous conditions :
- Obtenir l’autorisation du maire de la commune concernée
- S’enregistrer à la préfecture
- Se déclarer à la gendarmerie
- Acheter les graines auprès de semenciers certifiés
- Faire contrôler régulièrement la production par des laboratoires d’analyses agréés par les douanes
Et si le taux de THC dépasse les 0,3 %, la récolte sera détruite.
Pour Thomas Muzelle, producteur de chanvre de bien-être, il était important de se diversifier : « Le chanvre est un moyen de redynamiser l’exploitation. C’est un revenu supplémentaire qui nous permet de nous dire que demain, économiquement parlant, c’est possible ».
Les textes qui définissent l’autorisation du cannabis à usage thérapeutique ont été transmis fin mars 2025 à la Commission européenne, ce qui constitue une étape importante vers sa généralisation en France.
Si le cannabis est le stupéfiant le plus consommé en France (5 millions d’usagers), sa consommation reste illégale tout comme sa culture dans les potagers personnels.
« Les business légaux du cannabis » de Carole Mangold, une coproduction TGA/Nomade/Francetv, à voir le jeudi 24 avril à 22h50 sur france 3 Auvergne-Rhône-Alpes et disponible sur france.tv
Publié le 24/04/2025