L’essor – Notre focus en libre lecture : cannabis thérapeutique, lancement de l’expérimentation en 2020

C’est un double combat qu’ils sont en train de remporter. Celui de la douleur liée à une lourde pathologie réfractaire aux traitements médicamenteux mais également celui de l’usage du cannabis médical. Jusqu’à présent hors la loi, les malades souffrant de glaucome, cancer, sclérose en plaques et autres pathologies du système nerveux central pourront enfin avoir recours en toute légalité à du cannabis médical. Le 11 juillet dernier, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a donné son feu vert pour le lancement d’une expérimentation au premier trimestre 2020. Il faudra toutefois patienter jusqu’en 2022 pour connaître les résultats de l’étude. Cette expérimentation entraînera une modification de la réglementation, quant à la modification de la législation, elle ne devrait intervenir que dans un second temps.

Dossier réalisé par Sévim Sonmez

Olivier Véran : « Une réelle avancée médicale pour notre pays »
Le député LREM de l’Isère a annoncé le 9 octobre qu’il défendrait un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) autorisant l’expérimentation pour deux ans de l’usage du cannabis médical.

Pourquoi le sujet de la légalisation du cannabis est-il si controversé ?
Il y a deux thématiques bien distinctes dont l’une qui est plus controversée que l’autre. Le cannabis récréatif dont la légalisation n’est pas d’actualité et le cannabis thérapeutique qui lui, pour des raisons médicales, va être expérimenté en France dans les prochains mois. Et c’est une bonne chose pour des milliers de malades qui sont en attente de se traiter.

Vous êtes en faveur de cette légalisation en tant que parlementaire et médecin pourquoi ?
Le paradoxe est qu’en France un médecin a le droit de prescrire du cannabis à usage médical mais les patients ne peuvent pas se fournir en France. Ils vont donc s’en procurer à l’étranger, prenant le risque de se faire arrêter aux frontières.

J’exerce toujours en tant que neurologue au CHU de Grenoble en consultation. Beaucoup de mes patients souffrant de maladies neurologiques s’auto-médiquent avec succès avec du cannabis. Pour des personnes atteintes de douleurs neuropathiques, il s’agit de remplacer les traitements traditionnels qui sont lourds (morphine, cortisone etc) par des huiles ou des médicaments à base de cannabis médical. Prenons l’exemple d’une personne qui a un cancer. Si ses douleurs sont atténuées par l’usage du cannabis médical, elle retrouvera l’appétit, donc une certaine forme physique pour reprendre ses activités de loisirs. La voie de la guérison commence ainsi. Tous les patients ne seront pas répondeurs, et on n’explique pas forcément ceux qui le sont, mais c’est un constat partagé par de nombreux médecins.

Cette expérimentation est-elle une réelle avancée ?
Bien évidemment cela représente une réelle avancée médicale pour notre pays. J’ai initié le sujet il y a déjà plusieurs années et je ne peux que nous féliciter de pouvoir enfin l’expérimenter pendant ce quinquennat. Je dis « enfin » puisqu’il est déjà autorisé dans une trentaine de pays, dont 17 dans l’Union européenne. Nous avons pris le temps pour bien définir les contours de cette expérimentation avec une qualité certaine des produits qui seront utilisés. L’agence du médicament y est favorable.

Les français sont aujourd’hui prêts pour que ce soit expérimenté et nous allons le faire.

 

Peut-on espérer à terme une modification de la législation en la matière ?
S’agissant de l’usage médical du cannabis, c’est l’objectif de cette dynamique. Montrer que ça peut fonctionner, montrer chez qui ça fonctionne, et préparer la mise sur le marché de la pratique courante.

Source : lessor38.fr

Auteur: Philippe Sérié

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