Marseille : coupable de se soigner avec du cannabis, il est dispensé de peine

Sébastien Beguerie, inventeur d’une cigarette électronique au chanvre, a été reconnu coupable ce mardi à Marseille d’avoir utilisé du cannabis pour soigner ses troubles psychiques, tout en étant dispensé de peine.

Selon son avocate spécialisée dans ce type de dossiers, Ingrid Metton, il s’agit de «la première dispense de peine pour un prévenu atteint de troubles psychiques» et non d’une maladie entraînant des souffrances physiques.

Âgé de 31 ans, Sébastien Beguerie était poursuivi pour la détention et l’usage à son domicile marseillais de dix-neuf plants de cannabis. Devant le tribunal, il a affirmé cultiver ce cannabis pour traiter deux pathologies dont il souffre : des troubles de l’attention avec hyperactivité et une bipolarité.

En 2011, alors qu’il suivait un Master 2 en sciences des plantes au Pays-Bas, des études sponsorisées par des producteurs de cannabis médical, il avait été traité avec du cannabis à visée thérapeutique. De retour en France, il revient à un suivi médical classique. «Les traitements chimiques administrés en ont fait un zombie», a plaidé Me Metton, citant le père du jeune homme qui l’avait «vu dépérir petit à petit». Sébastien Beguerie renoue donc avec le cannabis médical et fourni au tribunal des ordonnances de médecins luxembourgeois, français et hollandais lui.

Visé par une enquête pour son «e-joint» 

Le procureur, Denis Devallois, avait requis quinze jours de prison avec sursis : «Il ne s’agit pas de ne pas prendre en compte la maladie, on peut exprimer de la compassion mais en l’état du droit positif, l’usage du cannabis, quels qu’en soient les motifs, demeure interdit en France», a-t-il rappelé.

L’usage médical du cannabis est reconnu par décret depuis 2013 mais le seul médicament autorisé pour les malades de scléroses en plaques à crampes, le Sativex, n’est toujours pas disponible, a précisé Ingrid Metton.

Malgré cette dispense de peine, Sébastien Beguerie n’en a pas pour autant pas terminé avec ses ennuis judiciaires. Il a fondé une start-up, KanaVape, avec laquelle il ambitionnait de commercialiser en France une vapoteuse au chanvre, surnommé le «e-joint». Selon ses fabricants, celui-ci ne contient pas de THC, le principe psycho-actif du cannabis, mais le ministère de la Santé a menacé de l’interdire et la vapoteuse n’est toujours pas disponible à la vente dans l’Hexagone. En janvier, le pôle santé publique du parquet de Marseille a ouvert une enquête pour exercice illégal de la profession de pharmacien, un délit passible de deux ans d’emprisonnement et de 30 000 euros d’amende. Les investigations sont toujours en cours.

 

Source : leparisien.fr

Auteur: Philippe Sérié

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