Nantes. Il cultivait du cannabis à usage thérapeutique, il est relaxé

70 pieds de cannabis ont été découverts. | ARCHIVES OUEST-FRANCE

Pour soulager le mal incurable de son ami, un homme a fait pousser du cannabis chez lui, au nord de Nantes : 70 pieds ont été découverts. Les deux cultivateurs sont dispensés de peine, vendredi 12 avril.

L’affaire a éclaté le 7 janvier, après le cambriolage du domicile du premier prévenu, un dessinateur industriel de 37 ans vivant au nord de Nantes.

Appelés sur les lieux, les policiers ont d’abord été intrigués par du matériel suspect dans le garage, avant de découvrir à l’étage une chambre de culture comprenant 70 pieds et plus de 1 000 € en liquide. Le cultivateur a expliqué s’être lancé dans la cannabiculture pour et avec un ami, présent à ses côtés à la barre, vendredi 12 avril, au tribunal correctionnel de Nantes. « Sa situation m’a touché, ça fait des années que je le vois dépérir », explique-t-il.

L’ami en question, domicilié à Petit-Mars et âgé de 32 ans, souffre depuis dix ans d’une maladie orpheline très rare, provoquant de vives douleurs musculaires. Son quotidien est rythmé par de gros coups de pompes, des pertes de mémoire et des évanouissements. Il ne peut plus travailler ni conduire et les sorties sont devenues exceptionnelles. « C’est quelqu’un qui n’attend plus rien de la vie, déclare son avocate, une personne à qui on n’ose pas demander si ça va et que je culpabilisais de faire venir à mon cabinet. »

Médecine impuissante

Pendant des années, la médecine est restée impuissante face à son cas. En l’absence de traitement, il est seulement question de réduire la douleur par les cachets, l’hypnose ou les chocs électriques au crâne. « Je suis arrivé à une période où je n’en pouvais plus, j’étais devenu un rat de laboratoire », confie celui qui a consulté une trentaine de spécialistes en dix ans.

Un soir de 2016, en tirant pour la première fois sur un joint, il découvre que cela le soulage. Après quelques recherches Internet sur les effets du cannabis thérapeutique, il en parle à son copain, qui accepte de dédier une pièce de sa maison à la culture. « C’est mon seul ami, dévoile l’homme. Je m’étais renfermé et il m’a tendu la main. »

Cataplasme antidouleur

Pendant près de trois années et à raison de deux récoltes par an, les deux hommes vont dégager près de 4 kg d’herbe. Pour un bénéfice à la revente d’au moins 5 000 €, rappelle la procureure qui requiert deux lourdes amendes. Si les prévenus ont reconnu avoir revendu un peu de marchandise à une poignée de clients, la majeure partie de l’herbe a été utilisée comme cataplasme à répartir sur les zones douloureuses du malade.

En raison de « ces circonstances particulières », le tribunal a finalement prononcé une dispense de peine. Les sommes d’argent issues de la revente seront néanmoins saisie

Source : ouestfrance.fr

Auteur: Philippe Sérié

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