VIDÉO. Ils se soignent avec du cannabis, quitte à risquer la prison

Depuis mars 2021, pour un test, seuls 3000 patients sont autorisés à bénéficier de médicaments contenant du THC, molécule psychotrope extraite du cannabis. Dans la clandestinité, des malades ont décidé d’en produire eux-mêmes pour apaiser leurs maux.

Sur la table basse du salon de Laurent (le prénom a été modifié), les boîtes de médicaments s’empilent. La marijuana a beau embaumer la pièce, le cendrier est vide, aucun joint à l’horizon. L’odeur de cannabis émane à la fois d’une petite pièce sombre où il fait pousser son chanvre que du vaporisateur « high-tech » lui servant à inhaler les vapeurs de son traitement « maison »

. Laurent est séropositif. « Entre avoir mal et ne pas avoir mal, entre manger et ne pas manger, entre dormir et ne pas dormir », il a choisi de vivre dans l’illégalité et de faire pousser ses plantes chargées en THC. « Je ne peux pas arrêter, assure-t-il. Ce n’est pas une question d’addiction ou de toxicomanie, c’est un usage thérapeutique. »

Si le marché des produits « bien-être » à base de cannabis concentré en CBD (Cannabidiol, molécule aux propriétés anti-inflammatoires et antiépileptiques) se développe très rapidement en France, l’Hexagone reste l’un des seuls pays de l’Union Européenne (7 Etats sur 27 y rechignent) à en interdire l’usage médical lorsque ceux-ci contiennent du THC, une molécule aux effets psychotropes. « La prohibition fait courir un risque aux malades », affirme Laurent, qui se dit « incapable de supporter » les traitements contre le VIH sans sa dose quotidienne de cannabis. « On est traité comme des délinquants, alors qu’on essaye simplement de se soigner. Ce n’est pas normal de devoir faire soi-même son médicament ».

Employés aux Etats-Unis et d’autres pays du monde pour atténuer les symptômes de maladies telles que Parkinson, la sclérose en plaques ou encore certaines formes d’épilepsie, les médicaments à base de cannabis sont basés sur un savant équilibre des molécules extraites de la plante. « Il est clair d’après les toutes les études, que le CBD est beaucoup plus performant à partir du moment où il y a une association avec le THC », explique le docteur Delphine Lhuillery, médecin de la douleur spécialisée dans le traitement de l’endométriose. Néanmoins, le THC « peut-être le lit de syndromes dépressifs et de maladies psychiatriques », c’est pourquoi « un juste dosage est important », tempère-t-elle.

Depuis mars 2021, la France a lancé une expérimentation visant à « évaluer, en situation réelle, le circuit de prescription et de délivrance du cannabis ainsi que l’adhésion des professionnels de santé et des patients ». 3 000 patients « atteints de douleurs neuropathiques, d’effets secondaires des chimiothérapies ou de certaines maladies invalidantes » seront ainsi suivis dans 215 structures volontaires de l’AP-HP. « Si on me dit : demain tu peux aller prendre un médicament en pharmacie à base de cannabis. J’y cours sans aucun problème », insiste Laurent. Mais ça fait trop longtemps que les malades attendent leur solution ».

Source : leparisien.fr

Auteur: Philippe Sérié

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