Cannabis thérapeutique : un millième patient inclus dans le protocole expérimental

Sept mois après le début de l’expérimentation, mille patients participent à cet essai qui doit durer deux ans. Pour ces patients souffrant notamment d’épilepsie ou de sclérose en plaques, le premier bilan est positif.

A l’hôpital des Diaconesses à Paris, le docteur Stéphane Picard manipule des fleurs de cannabis pour les utiliser dans un vaporisateur. Les patients peuvent ensuite les inhaler. (SOLENNE LE HEN / FRANCE-INFO / RADIO FRANCE)

Il n’a pas encore trop l’habitude. Le docteur Stéphane Picard écrase des fleurs de cannabis pour les placer dans un vaporisateur, un boîtier qui ressemble à une grosse cigarette électronique. « Ce sont des fleurs que je vais mettre dans la petite capsule et après les patients n’ont plus qu’à aspirer pour que le produit passe dans les bronches », explique-t-il. Ils sont désormais mille patients français à utiliser du cannabis médical.

Sept mois après le début de l’expérimentation qui doit durer deux ans et compter jusqu’à 3 000 patients. Pour tous ces malades souffrant d’épilepsie, de douleurs neuropathiques ou encore de sclérose en plaques et pour qui la douleur est devenue insupportable, le cannabis médical est souvent la dernière option. Au bout de sept mois, et pour ces mille patients, le premier bilan apparaît positif à l’hôpital des Diaconesses-Croix Saint-Simon à Paris. 

Le docteur Stéphane Picard tient le vaporisateur permettant d’utiliser le cannabis thérapeutique.  
(SOLENNE LE HEN / FRANCE-INFO / RADIO FRANCE)

Le cannabis médical est utilisé sous forme de fleurs inhalées ou de gouttes d’huiles sur la langue. À l’hôpital des Diaconesses, franceinfo devait rencontrer une patiente, mais à la dernière minute, la patiente souffrant trop, c’est donc son médecin le docteur Laure Copel, cheffe du pôle soins palliatifs qui prend alors la parole. « C’est une patiente qui a eu à peu près toutes les classes thérapeutiques de médicaments contre la douleur qui existent et au final ce qu’on a pu voir avec elle c’est qu’elle a repris de l’appétit, qu’elle a repris du sommeil, note le docteur Laure Copel. On a quand même le sentiment qu’elle a vraiment bénéficié du cannabis. »

Ce médecin accompagne une vingtaine de patients qui expérimentent de façon très encadrée ce cannabis médical pour réduire leurs douleurs. « Ce qu’on ressent globalement c’est qu’il y a certaines douleurs pour lesquelles c’est effectivement magique presque en terme d’efficacité. Ce sont des douleurs comme les spasticités neurologiques que l’on peut avoir dans les maladies comme la sclérose en plaques mais aussi dans d’autres maladies de la moelle osseuse ou dans d’autres maladies neurologiques. Là ces douleurs sont vraiment très spectaculairement soulagées avec ce produit », explique le médecin. 

« Ils sont moins envahis par la douleur, ils arrivent à composer avec et au final ces patients améliorent leur qualité de vie. »Docteur Laure Copel, chef du pôle soins palliatifs 

à franceinfo

Selon elle, « pour tous les autres patients qui ont des douleurs plus classiques, ce que l’on ressent c’est que la douleur est diminuée, elle n’est pas complètement abolie. Ce n’est pas un antalgique aussi puissant que les opiacés par contre on ressent que les patients sont très apaisés, ils vivent mieux avec cette douleur. »

« Une dynamique positive » 

Pour ces 1 000 premiers patients, le bilan est positif, estime Nathalie Richard, directrice du projet à l’ANSM, Agence nationale de sécurité du Médicament. « Chaque mois on fait un bilan pour certains patients, le traitement par cannabis médical était bien perçu, avait des effets. On voit de plus en plus des nouveaux centres qui vont inclure des patients. On voit également qu’on a de plus en plus de professionnels de santé, médecins ou pharmaciens qui se forment donc c’est vrai qu’il y a une dynamique positive pour l’inclusion des patients et l’implication des médecins. »

Les autorités de santé réfléchissent à élargir dans les prochaines années l’usage du cannabis médical à des patients atteints de troubles psychiatriques, de Parkinson ou encore de maladies digestives comme la maladie de Crohn.

Source : francetvinfo.fr

Auteur: Philippe Sérié

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