Le développement d’un cannabis plus sûr pour les personnes sujettes à ses effets secondaires les plus sévères pourrait être possible. C’est ce que révèle une étude menée par des chercheurs de Western University.
Paranoïa, anxiété, comportements addictifs… Il a déjà été prouvé que ces effets psychiatriques accrus chez les personnes consommant du cannabis peuvent être provoqués par les souches du produit contenant des niveaux élevés en THC – delta-9-tétrahydrocannabinol, la principale substance chimique psychoactive du cannabis – et faibles en CBD – cannabidiol. Seulement, la raison pour laquelle cette réaction se produit restait inconnue.
C’est pour obtenir des réponses que des chercheurs de Western University ont travaillé sur le rôle d’une molécule localisée dans l’hippocampe : l’ERK (extracellular-signal regulated kinase), qui déclenche les effets neuropsychiatriques du THC. En menant des expériences sur des rats, les scientifiques – dont l’étude a été publiée le 30 septembre dans The Journal of Neuroscience – ont identifié pour la première fois les mécanismes moléculaires par lesquels le CBD peut bloquer les effets psychiatriques secondaires causés par le THC.
Le cannabidiol, capable d’inverser le comportement anxieux et addictif causé par le THC
Les rats auxquels il avait été injecté du THC présentaient des niveaux plus importants d’ERK active. Ainsi, ils ont montré davantage d’anxiété et étaient plus sensibles à un apprentissage basé sur la peur. À l’inverse, les rats auxquels les chercheurs ont administré du CBD ainsi que du THC présentaient des niveaux normaux d’ERK. Ils étaient donc moins anxieux et moins sensibles à un apprentissage basé sur la peur.
Les chercheurs ont conclu que le CBD bloque la capacité du THC à stimuler excessivement la voie ERK et empêche alors ses effets secondaires négatifs. Autre découverte : seul, le CBD n’a aucun effet sur la voie ERK. « Cependant, en co-administrant le CBD et le THC, on inverse complètement la direction du changement au niveau moléculaire, explique l’auteur principal de l’étude, Roger Hudson, dans un article paru sur le site de Western University. Le CBD était aussi capable d’inverser le comportement anxieux et addictif causé par le THC ».
« Ouvrir la porte à une nouvelle molécule »
Les chercheurs ne comptent pas s’arrêter là. Ils ont déjà prévu de poursuivre leur identification des caractéristiques spécifiques de ce mécanisme moléculaire. Pour ce faire, ils vont examiner des manières de concevoir le THC avec peu d’effets secondaires et d’améliorer l’efficacité des produits dérivés du CBD.
« Nos travaux ont des implications importante pour la prescription du cannabis et pour son utilisation à long-terme. Par exemple, pour les individus plus sujets aux effets secondaires du cannabis, il est critique de limiter la consommation aux souches avec un fort CBD et une faible teneur en THC, assure le professeur Steven Laviolette, membre de l’équipe de chercheurs. Plus important encore, cette découverte ouvre la porte à une nouvelle molécule pour développer des formules de THC plus efficaces et plus sûres »
Source : pourquoidocteur.fr