Edito.
A la veille de Noël, 24 policiers et 2 chiens ont été mobilisés pour « sécuriser et rechercher des stupéfiants » à l’hôpital Saint Jacques de Rezé, près de Nantes. Bilan de cette descente massive : 7 grammes (grammes !) de résine découverts dans la chambre d’un patient.
L’opération étant un franc succès, la Direction Départementale de la Sécurité Publique de la Loire-Atlantique décide d’en faire un tweet élogieux, emoji et hashtags compris.
Pour ajouter du contexte à cette opération policière, rappelons que l’hôpital Saint-Jacques se plaint depuis quelques temps d’un trafic de drogue qui se passerait entre ses murs. Les dealers viendraient ainsi livrer les patients directement à l’hôpital, provoquant l’inquiétude des personnels hospitaliers pour eux-mêmes et les patients.
Quelle meilleure solution alors que de mobiliser 24 personnes et 2 chiens et perquisitionner des personnes malades ? On ne doute pas que les dealers ont pris peur et que le problème aura été réglé dès le lendemain.
Reflet de l’échec de la situation française
Au-delà de notre évidente ironie, cette descente policière n’est tristement que le reflet de l’échec de la prohibition française : stigmatisation des consommateurs, interdiction du cannabis thérapeutique, politique du chiffre qui force nos policiers à boucler leurs stats de fin d’année en choisissant des cibles faciles, gaspillage d’argent et de temps publics, efficacité nulle. Et surtout pas de proposition qui aille dans le sens d’une sortie du statu quo. Les ordres, c’est les ordres, alors allons-y !
Nous nous posons alors plusieurs questions :
- Comment peut-on prendre un après-midi et une brigade cynophile pour aller taper des malades alors que nos forces de l’ordre se plaignent régulièrement du manque de temps et de moyens ?
- Comment peut-on penser régler un problème de trafic en réprimant un malade ?
- Comment peut-on penser que cela améliore les relations entre forces de l’ordre et citoyen ?
Et plus largement, quel est le bilan réel de cette opération, et pour quel coût ?
De notre côté, nous voyons surtout un patient qui utilisait peut-être du cannabis pour se soulager interpellé, un hôpital censé être un lieu de paix et de tranquillité, investi, un tweet dont tout le monde s’est moqué, et une police française qui a davantage hérité des talents de l’Agent 212 que de ceux d’Hercule Poirot.
Pour aller plus loin :
- NORML France a aussi réagi à cet événement
- Libération en a fait le bilan axé réseaux sociaux
- Mathieu Kassovitz s’est exprimé avec la délicatesse qu’on lui connaît
Source : Newsweed