Atteint d’une sclérose en plaques évolutive, Laurent Puisais a entamé une nouvelle grève de la faim pour réclamer un antidouleur à base de cannabis.
Le 7 mai, Laurent Puisais a entamé sa troisième grève de la faim. Il réclame le droit d’utiliser le cannabis comme antidouleur.
C’est un combat que cet habitant de La Puye mène depuis près de trois ans maintenant. Laurent Puisais réclame à nouveau le droit de soulager ses douleurs qui l’accompagnent au quotidien. Il est atteint d’une sclérose en plaques évolutive, une maladie qui l’a déjà privé de l’usage de ses jambes et de son bras droit. « Je sais que je vais perdre l’usage de mon autre bras, qu’un jour je ne pourrai plus parler, ni manger », raconte-t-il simplement.
La course contre la montre s’est engagée il y a plus de vingt ans, après un vaccin contre l’Hépatite B administré pendant son service militaire. Six mois après, les premiers troubles se font sentir. Ils disparaîtront pour réapparaître à l’âge de 30 ans. Depuis plus de dix ans, il est cloué dans un fauteuil roulant.
« Pourquoi je ne peux pas vivre la chienne de vie qui m’attend sans souffrance ? »
Aujourd’hui,il sait qu’il existe un médicament pour apaiser son mal, le Sativex. Un spray buccal à base de cannabis destiné aux personnes atteintes de sclérose en plaques et disponible dans 17 pays européens et aux États-Unis. Autorisé en France depuis 2014, il n’est toujours pas commercialisé. Ce traitement, indiqué pour pallier les troubles de spasticité devait pourtant l’être en 2015.
En cause, l’échec d’une négociation sur le prix du médicament entre les autorités de santé et l’industriel. En effet, le prix proposé par le Comité économique des produits de santé (CEPS), l’organisme chargé en France de déterminer le prix des médicaments, ne correspond pas au prix demandé par Almirall, le laboratoire espagnol qui commercialise le Sativex. Un bras de fer qui dure depuis novembre 2014. « C’est un manque de considération des malades. Aujourd’hui, on refuse de nous soigner avec un traitement qui a fait ses preuves », regrette Laurent Puisais.
Une histoire de gros sous qui le met en colère, mais ne le décourage pas. « Le Sativex, ça réduirait de 20 % mes douleurs », souligne-t-il. Depuis le 7 mai, date de la 15e édition de la Marche mondiale pour le cannabis, il a entamé sa troisième grève de la faim : « Je me suis dit, il faut qu’un malade aille sur la place publique. On n’a jamais demandé l’avis d’un malade. »
Installé à La Puye, Laurent Puisais n’en est pas à son coup d’essai. Sa première grève de la faim, il l’a débutée en 2012, il demandait déjà le droit de consommer du cannabis à usage thérapeutique. Sa demande auprès du Procureur de la République de Poitiers avait été refusée. En juillet 2015, il récidive. Impatient de voir le Sativex arriver sur le marché français. Le mois suivant, fort de nombreux soutiens, il a créé son association S.E.Possible.
Aujourd’hui, c’est un nouveau cri d’alarme qu’il lance.
A 52 ans, Laurent Puisais, s’accroche pour continuer le combat, « pour lui et les autres ». « Moi, j’aimerais bien vivre. Pourquoi je ne peux pas vivre la chienne de vie qui m’attend sans souffrance ? » interroge-t-il.
Contact : s.e.p.possible@ gmail.com
Caroline Lelièvre
Source : lanouvellerepublique.fr