Le Danemark autorise désormais les exportations massives de cannabis médical

Le Danemark a lancé en 2018 deux programmes expérimentaux de cannabis médical de 4 ans chacun : l’un autorisant sa consommation, l’autre sa production. Dans un premier temps, seul le cannabis médical en dose unique était autorisé à l’exportation mais un décret est venu étendre ces provisions. Ce dernier est entré en effet le 1er janvier et permet l’exportation de cannabis médical sans limites de forme ni de quantité. Le Danemark se place désormais sur le devant de la scène européenne de cannabis médical.

Le leadership européen

Les autorités danoises ont fait preuve d’une efficacité redoutable pour mettre en place le programme de cannabis médical : en l’espace d’un an à peine, le cannabis médical était légalisé, les régulations mises au point et les exportations autorisées. En comparaison, l’Allemagne peine encore à mettre en place son programme. Cela fait plus d’un an qu’elle cherche à lancer une culture domestique de cannabis médical mais celle-ci est sans cesse retardée. De fait, le Danemark prend désormais l’avantage sur les autres pays européens dont les programmes sont toujours en cours d’élaboration.

Cet avantage se traduit par une arrivée massive d’investissements étrangers dans le pays. Selon l’Association d’Horticulture danoise et Invest in Denmark, le secteur du cannabis danois a déjà attiré plus de 306 millions de dollars en investissements directs étrangers. Le pays cristallise notamment les investissements des grandes entreprises canadiennes qui cherchent à entrer sur le marché européen. Parmi celles qui sont déjà implantées au Danemark on compte les géants Aphria, Aurora cannabis, The Green Organic Dutchman et Canopy Growth. Au travers de filiales et de partenariats avec des entreprises locales, les compagnies étrangères cumulent la construction d’environ 2 millions de m² de culture pour répondre à la demande locale et européenne.

Pour l’instant, seul un producteur danois a reçu une licence pour produire du cannabis médical : StenoCare. Lors de son opération initiale d’introduction en bourse, en octobre dernier, StenoCare a presque quadruplé de valeur. Ses actions se sont désormais stabilisées au double de leur valeur initiale. « Je pense que l’année prochaine le marché va exploser » affirme Rikke Jakobsen, PDG de Cannabis Danmark, une ONG qui travaille avec les producteurs, les patients, les docteurs et les politiciens.

La concurrence des pays du Sud

Pour l’instant, l’industrie danoise a l’avantage de la priorité mais elle risque d’être rapidement confrontée à la compétition des pays du Sud de l’Europe comme le Portugal, Malte et la Grèce. Leur climat permet des saisons de culture plus longues et la main d’œuvre y est beaucoup moins chère. La Grèce a déjà commencé à accorder ses premières licences pour la production domestique et Malte se prépare à le faire. Conscients de leurs avantages comparatifs vis-à-vis des pays du Nord, ces pays envisagent de devenir des hubs du marché de cannabis médical européen en concentrant l’activité de production.

Ces pays représentent une menace substantielle pour l’industrie de cannabis danoise mais selon Michael Prytz, manager des investissements pour Invest in Denmark et conseiller au Ministère des Affaires Étrangères danois, la compétition des pays européens du bassin méditerranéen dans le domaine agricole n’est pas nouvelle et le pays dont un quart des exports est lié au secteur agricole a su rester compétitif. “Ce qu’il s’est passé c’est que la compétition est arrivée du Sud, où le climat est clairement meilleur, alors les installations danoises ont du devenir plus sophistiquées et automatisées (…) Il y a toujours eu un besoin de faire plus avec moins ici » explique-t-il. Sa technologie agricole et son savoir dans la génétique des plantes font même du pays un endroit idéal pour la culture en intérieur.

Ainsi, malgré la concurrence, le Danemark reste attractif quand il s’agit de culture en intérieur ou en serre. Le pays a l’avantage d’avoir l’une des énergies les moins chères d’Europe, un paramètre essentiel pour l’industrie du cannabis qui est très énergivore. Sa proximité avec le marché allemand, considéré comme la poule aux œufs d’or du marché européen grâce à sa population vieillissante et sa prise en charge sociale du coût des médicaments, attire également. Pour l’instant, le programme danois n’est qu’expérimental mais, selon Prytz, il est improbable qu’il ne soit pas reconduit. Il avait reçu le soutien de nombreux partis et de 94% des parlementaires.

Source : newsweed.fr

Auteur: Philippe Sérié

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