Le HHC, un cannabinoïde aussi puissant que la morphine

Les Américains peuvent pour l’instant l’acheter librement sur internet ou en magasin. L’hexahydrocannabinol (HHC) fait peu à peu son trou auprès des consommateurs. Cet engouement est poussé par les marques, qui mettent en avant un vide juridique né de la légalisation du chanvre en 2018. Problème : ce cannabinoïde mineur n’est approuvé par aucune norme ISO ou certificat d’analyse. De plus, il est potentiellement très puissant.

Le HHC est un composé présent en faible quantités dans le cannabis. Sa base chimique est proche du THC, sauf qu’il possède deux atomes de carbone supplémentaires. Pour créer du HHC, il faut donc ajouter de l’hydrogène au THC. Un processus appelé hydrogénation.

Mais il ne suffit pas de prendre une pipette et d’ajouter de l’hydrogène à un plant de cannabis, comme on fait pour transformer de l’huile en margarine. Pour le HHC, c’est un petit peu plus compliqué que ça. Pour l’obtenir, la réaction chimique se fait dans un laboratoire, souvent avec des métaux lourds.

Méthodes peu respectueuses

« Le HHC n’est pas une molécule sur laquelle vous tombez facilement dans une plantation de cannabis. Les réactions chimiques pour l’obtenir sont si éloignées d’une manipulation classique d’un cannabiculteur, il n’y a aucun point commun entre les deux », avertit le docteur Markus Roggen, patron de Delic Labs, cité par Cannabis Life Network.

En plus de ces méthodes peu respectueuses, aucune norme, aucun certificat ne vient donner son feu vert au HHC. Il est donc vendu librement, sans être testé de manière indépendante. La marque Binoid, par exemple, assure que « chaque produit est testé cinq fois avant d’être envoyé à un laboratoire tiers. Nous testons chaque échantillon pour être certain qu’il convienne à nos standards ». Il n’est toutefois pas fait mention de standard fixé par une agence protégeant la santé publique.

Ajoutez à cela que le HHC se consomme uniquement en e-liquide, un mode de consommation déjà épinglé pour une présence de substances indésirables, et vous obtenez un cocktail 100 % naturel. Ou pas.

Équivalent à la morphine, ou proche du THC ?

L’autre risque principal lié au HHC, c’est sa potentielle puissance. Une étude de 1977 le considère même comme 1000% plus puissant que le THC. Il serait équivalent à la morphine, bien que les effets diffèrent. Le HHC est en effet très proche du « Spice », le surpuissant cannabinoïde de synthèse mis au point par le géant Pfizer dans les années 1980. Aujourd’hui, on considère qu’il est à peu près équivalent au THC en termes de puissance.

La vérité, c’est que nous en savons bien peu. Même les marchands de HHC ne connaissent pas très bien ce qu’ils vendent. « Il n’existe pas d’études à long-terme et définitives concernant l’effet du HHC », écrit noir sur blanc Binoid, dans la description de son produit. Dans les commentaires, les clients parlent d’un effet « si proche du THC qu’il est impossible de déceler la différence », de « doux et apaisant » ou encore de « super relaxant ». 

Le HHC va-t-il rester longtemps en vente libre ? On l’a vu avec le Delta-8-THC : les cannabinoïdes mineurs qui surfent sur un vide juridique ne résistent jamais longtemps. Le D8 était très populaire, et même célébré par le New York Times. Mais le vent a tourné en seulement quelques mois, et plusieurs États américains l’interdisent déjà.

Source : newsweed.fr

Auteur: Philippe Sérié

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