Le flou règne toujours sur l’avenir des patients inscris depuis 2021 dans l’expérimentation française des traitements à base cannabis thérapeutique.
Le 19 décembre dernier, le ministère de la Santé avait donner son accord à l’Agence nationale du médicament de poursuivre jusqu’en juillet les traitements à base de cannabis pour ces patients mais seulement dans «une perspective de sevrage ou de recherche d’alternative» .
Des comités scientifiques, des médecins, des professeurs, des responsables de centre pour malades et des associations de patients étaient montés au créneau dans une tribune pour faire part de leurs inquiétudes au sujet de l’avenir des malades.
« Je pense qu’il faut étudier cette voie de cannabis thérapeutique«
En ce début d’année, a l’issue d’une visite à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris, le ministre de la santé, Yannick Neuder, a évoqué la suite de l’expérimentation en ces termes :
« Chaque patient qui actuellement, dans l’expérimentation, prend du cannabis thérapeutique
pourra continuer à le prendre en attendant de réorganiser, de consulter
pour savoir effectivement si on fait une filière autour de cette nouvelle source de médicaments.
Et je suis très clair sur la position, c’est une position que j’avais déjà clairement exprimée.
Je pense qu’il faut étudier cette voie de cannabis thérapeutique
parce que ça couvre un champ de douleurs rebelles
qui ne sont souvent pas soulagées par d’autres médicaments.
Des douleurs dans la cancérologie, dans les raideurs, dans les algies faciales,
dans tout un tas de domaines, donc on a peut-être besoin de cette nouvelle classe thérapeutique.
Et je suis naturellement toujours contre le cannabis récréatif,
donc on peut très bien avoir une position très équilibrée.«
source: Le Parisien
Le cannabis thérapeutique chez nos voisins et à travers le globe
Le cannabis à des fins thérapeutiques a déjà été légalisé dans une trentaine de pays à travers le monde. Parmi eux, le Canada s’engage en 2001 dans le traitement à base de cannabis médical concernant des maladies graves ou incurables telles que le sida ou le cancer. En 2006, Israël lui emboite le pas et le cannabis thérapeutique peut être prescrit pour des patients souffrant de cancer, d’épilepsie, de stress post-traumatique ou de maladies dégénératives.
En Europe et en Amérique, de nombreux pays ont commencé à adopter la voie de la légalisation ces dernières années. Dans 33 États aux États-Unis, le cannabis est autorisé à des fins médicales, le dernier en date étant le Missouri en 2018 pour les patients atteints de cancer, de sida ou de sclérose en plaques.
La production et l’utilisation du cannabis à des fins thérapeutiques sont autorisées dans une dizaine de pays d’Amérique latine et des Caraïbes depuis 2013.
Enfin, 21 des 27 États de l’Union Européenne l’autorisent, dont la Belgique, l’Italie ou l’Espagne, et plus récemment l’Allemagne en 2017 et Chypre au début de 2019. Il est principalement employé pour traiter les douleurs chroniques, telles que les tremblements causés par la maladie de Parkinson ou les effets secondaires d’une chimiothérapie. En France, une expérimentation s’est terminée fin 2024, et le ministre de la Santé a récemment exprimé son souhait d’étudier la possibilité de légaliser le cannabis à des fins médicales.
Pourquoi ça bloque en France
En dépit de la fin de l’expérimentation, le ministre de la Santé a donc déclaré que le traitement à base de cannabis médical serait maintenu pour les patients qui en étaient bénéficiaires. Cependant, le gouvernement n’a pas encore pris de décision quant à l’autorisation pérenne de ces médicaments.
Tout comme en février 2024, l’Agence nationale de sécurité du médicament, responsable de l’expérimentation, déclarait l’octroi d’une autorisation pour 5 ans. L’introduction de traitements à base de cannabis avait même été approuvée par les députés. Cependant, le gouvernement n’a toujours pas appliqué cette autorisation.
Alors pourquoi ça bloque ?
La première raison est l’absence de consensus dans le monde médical.
Selon l’Académie de médecine, l’efficacité de ce traitement n’est pas encore admise, tandis que la Direction générale de la Santé se montre favorable.
Un autre motif, l’instabilité de la vie politique de l’après dissolution . En 2024, la France a eu plusieurs ministres de la Santé, ce qui rend difficile la prise de décisions.
Bruno Rotailleau, ministre de l’Intérieur, et Gérald Darmanin, garde des Sceaux, ont fait de la lutte contre la drogue une priorité, ce qui peut également entraîner des tensions entre les différents ministères.
Yannick Noder a également souligné son opposition à l’autorisation du cannabis récréatif.